Interlude II

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SURPRISE ! ^-^

Pour vous faire patienter avant la reprise dans encore 1 mois et demi (rappel de la date : 22/05), voici un Interlude du point de vue de Jungkook, en gros la suite de l'Interlude I ;)

Ceci est plutôt un Interlude bonus, c'est surtout pour vous faire plaisir, même si vous allez davantage comprendre le personnage de Jungkook à travers ce chapitre.

Bonne lecture les amis, merci pour votre patience pour le tome 3 ! ~ ♥


********************************


Boom.

Mes dents profondément ancrées dans sa chair ne m'avaient pas empêché d'entendre ce bruit sourd.

Est-ce que c'était lui ?

Mes mains agrippèrent les bras fins de Nayung. Elle gémit dans mon oreille, les doigts sur mon torse. Elle était en transe. Je savais que je lui faisais du bien. Mais elle était la seule à se perdre dans le plaisir ; son sang est bon, délicieux, mais ne rendait pas mon esprit brumeux, ne me donnait pas le tourni, ne me rassasiait pas.

Je ne savais d'ailleurs pas ce que cela faisait, d'être rassasié, d'avoir le tourni, d'avoir l'esprit brumeux après avoir bu le sang de quelqu'un. Le livre sur le lien disait que le sang d'un humain lié pour son vampire était une extase. Mieux qu'un orgasme.

Je mordis plus fort à l'idée que ce soit sa gorge.

Mais j'y pensais trop puissamment.

Et ce qui devait arriver arriva.

J'entendis au loin, dans le couloir, qu'il se remettait debout. Il était tombé. Est-ce qu'il s'était fait mal ? Il était tellement maladroit. Comment pouvait-on l'être à ce point ?

Arrête, Jungkook, t'es en train de l'attirer.

Je grognai contre l'épiderme de ma femme, qui se laissait complètement aller dans mes bras, mais mes yeux étaient figés sur l'embrasure de la porte, celle qui laissait un léger accès visuel au couloir. Embrasure qui se fit vite remplacer par de l'ombre.

Oui, viens, viens à moi. Tu sais que c'est vers moi que tu dois venir.

Je clos les paupières avec force.

Non, va-t-en, enfuis-toi, ne m'approche pas.

Je les rouvris.

Il était là.

Je pouvais apercevoir ses pas incertains et ses mains tremblantes qui maintenaient le livre contre la maigreur de son torse. Je levai les yeux de ses pieds à son visage. Il ne me regardait pas. Je devins fou, et mordis plus fort quand mes pupilles vermillons glissèrent sur sa gorge pâle.

Putain, Taehyung, dégage.

Il resta. Il resta, jusqu'à remonter ses yeux dans les miens.

Mon cœur cessa de battre.

Des billes brunes. Des reflets parfaits. Il me regarda comme s'il avait vu la mort. C'était peut-être le cas.

J'attendis, sans jamais lâcher Nayung qui subissait ma violence, sans jamais lâcher Taehyung qui subissait mon obsession.

Il lâcha son livre sur le sol. Ca interpella à peine la proie dans mes bras. Les lèvres entrouvertes de l'humain qui me tourmentait depuis treize années laissèrent échapper un souffle entrecoupé de réalisation.

Je n'étais à rien de lui sauter dessus, de le retourner, de plaquer son corps contre le mur et de le vider de son sang. Un son guttural sortit de mes lèvres, Nayung répondit d'un gémissement en pensant que c'était pour elle.

Je la relâchai, prêt à fauter, à franchir les limites, parce que plonger mes yeux dans les siens était bien trop que ce que je pouvais supporter. Si les dieux voulaient me chercher à ce point, ils me trouveraient.

J'approchai d'un pas et je manquai un sourire incontrôlable à mesure que je marchai en sa direction.

La seconde suivante, Taehyung écarquilla davantage les yeux, posa une main sur son estomac, se pencha, et vomit sur le sol.

Je pris une inspiration, prêt à dire son nom, mais me retins de justesse. Je revins à la réalité. Ma soif était toujours là, Seigneur, elle ne me laissait jamais de répit. Mais la lucidité me revint, et avec elle, la réalisation des possibles conséquences de mes actes.

L'avoir appelé. L'avoir fait croiser mon regard.

Est-ce que je venais de déclencher le lien ?

"Taehyung !" S'écria Nayung.

Elle me regarda vivement, avec choc, avec peur, et se précipita vers lui.

Je le vis vomir à en perdre haleine et mes poings se serrèrent. Je crois même que mes ongles étaient sur le point de pénétrer la chair de mes paumes.

Qu'est-ce que j'ai fait ?

**

"Je vous l'avais dit. Je v-vous l'avais dit. Tu m'avais promis de faire attention."

Je l'entendis encore se vider l'estomac. Ma mère me dévisageait avec ce fameux doigt accusateur qu'elle jetait sur tout le monde à la première occasion.

"Je te dis que je vais bien. Ça n'a rien changé, maman. Arrête de t'inquiéter pour rien.

-Parce que tu as l'impression qu'au vu de son état, rien n'a changé ?!"

C'était ce qui me terrifiait. Je chassai un frisson d'angoisse. Il avait mal au ventre. Par ma faute, par mon égoïsme, je l'ai appelé à moi et il est venu. J'étais de la pire espèce.

Je ne savais pas quoi faire pour qu'il aille mieux. Il n'était pas que malade, il était dans un état déplorable. Je pouvais l'entendre prendre des inspirations profondes, probablement dans l'espoir de se calmer, mais vomir à nouveau juste ensuite.

Je sentis une goutte de sang couler dans ma main et cessai de serrer les poings.

"Nayung." Prononçai-je, plus bas.

Elle me regarda, les ongles rongés d'inquiétude.

"Reste avec lui." Ordonnai-je.

Elle hocha immédiatement la tête et alla le voir.

"Taehyung, ça va ? Entendis-je plus loin de la voix féminine.

-O-oui."

Je posai une main sur mon visage. Ma mère me dévisagea, surprise par ma réaction. Je cessai ce mouvement qui trahissait mon état d'esprit.

Garde ton sang froid. Garde ton sang froid. Garde ton sang froid.

Il vomit encore.

Une montée d'adrénaline me traversa. J'avais envie de retourner la pièce. En entier. Ne pas épargner un seul meuble, une seule décoration. Tout briser en mille morceaux.

Je savais déjà que je n'étais pas quelqu'un de bien, mais je n'aurais jamais cru un jour lui faire du mal.

"Tu ne te rends pas compte de ce que tu viens de déclencher, Jungkook. Tu es inconscient !

-Il ne s'est rien passé et il ne va rien se passer. Je ne ressens rien."

A part l'envie irrépressible de me donner la mort si ça lui permettait d'aller mieux ne serait-ce qu'une minute.

"Pour l'instant." Grogna-t-elle.

Je voulus répliquer, mais elle fit volte-face et s'approcha des toilettes.

L'adrénaline me submergea et je secouai la tête, saisis ma veste, mes clés, et claquai la porte. Mes pas sur les graviers étaient durs. Je rejoignis ma voiture en quelques enjambées, y entrai, puis clos la porte dans un fracas terrible. L'instant d'après, je levai les deux poings, prêt à frapper mon volant, mais me retins de justesse et les plaquai plutôt sur mon front.

Je pris une profonde inspiration, puis soufflai. Encore une fois. Je devais me calmer. J'inspirai, j'expirai, j'inspirai, j'expirai, encore, et encore.

Une solution se présentait à moi.

J'attrapai mon téléphone, tapotai dessus quelques instants, puis le posai contre mon oreille.

"Jungkook ?

-Jin." Soufflai-je.

Il émit un léger rire.

"Woah, m'appeler à cette heure, j'espère que c'est important parce que je suis occu-

-Il faut que tu viennes." Murmurai-je.

Ma voix tremblait un peu ; je glissai une main sur mes poumons.

"Quelque chose ne va pas ?" Demanda-t-il, bien plus inquiet à présent.

Je déglutis.

"Je l'ai vu.

-Quoi ?"

Il avait immédiatement compris.

"C'est ma faute, c'est ma faute Jin, et maintenant il est malade, tellement malade, qu'est-ce que je peux faire ?

-Malade comment ? Putain attends je prends la voiture."

Rassuré, je m'enfonçai dans mon siège et m'autorisai à clore les paupières quelques instants.

Je pouvais l'entendre démarrer.

"Je te mets en haut parleur. Raconte-moi.

-Je l'ai appelé sans le vouloir, j'ai pas réussi à me contrôler, Jin, je te jure que-

-Ne te justifie pas. Treize années que tu te contrôles sur tout par rapport à lui, ne te blâme pas pour une petite erreur.

-Petite ?! Il vomit ses tripes, Jin, c'est le lien ? Dis-moi que ce n'est pas ça.

-Vomir... ? Mmh... Je sais pas trop. J'ai jamais entendu parler d'une réaction pareille, au contraire ça devrait plutôt le soulager, pas le rendre malade."

Je hochai la tête même s'il ne pouvait pas le voir. Moi aussi je m'étais dit que cette réaction était bien plus qu'étrange.

"Je raccroche, je suis bientôt là.

-T'étais dans le coin ?

-Ouais."

Il ne lui fallut en effet que quinze minutes supplémentaires pour arriver. Je sortis de ma voiture en voyant la sienne approcher.

"Ah ouais, t'as l'air vraiment inquiet." Fit-il en m'apercevant.

Il écarta les bras et je posai mon front contre son épaule. Sa main se faufila dans mes cheveux, l'autre tapota mon dos.

"Allez, détends-toi, on va trouver une solution. Viens."

Je hochai la tête, et le suivis, un peu d'espoir dans le coeur depuis qu'il était là.

Jin était mon meilleur ami. Celui en qui j'avais le plus confiance. Jamais je ne le trahirais, et je savais que jamais il ne le ferait non plus. Il était toujours là pour moi, et si à l'époque je m'étais plusieurs fois demandé pourquoi j'avais droit à tant d'attention de sa part, aujourd'hui j'osai penser qu'il m'appréciait comme je l'appréciais. J'étais plus proche de lui que de mes propres parents.

Il m'avait sauvé la mise plusieurs fois. Il m'avait retenu quand je voulais entrer dans le monde des morts.

Sans lui, je ne pense pas que je serais encore en vie.

"Joohee ?" Fit-il en entrant, tandis que je clos la porte.

Ma mère revint dans le salon.

"Jin ?

-J'ai su ce qui s'est passé. Jungkook vient de me le raconter. Je suis venu tout de suite. Est-ce que tout va bien ?

-Jungkook, tu aurais dû m'en parler avant d'aller le voir. Me réprimanda ma mère.

-Il n'y a que lui qui peut nous aider et tu le sais." Rétorquai-je.

C'était vrai. Jin savait beaucoup de choses sur le lien. Je ne savais pas vraiment comment ; il me disait que c'était grâce aux livres, mais moi-même après toutes mes recherches je n'avais jamais été aussi cultivé sur le lien qu'il l'était.

Et puis il était lucide, aussi. Très lucide. Très intelligent. Plus perspicace que moi.

Je préférais m'en remettre à lui dans des situations aussi alarmantes.

Parce que c'était le seul moyen, pour moi, d'être sûr qu'une décision sécurisante serait prise pour Taehyung.

Car aussi étrange que cela puisse paraître, Jin m'avait toujours conseillé de sorte à protéger l'humain qui m'était lié.

Toujours.

Et, je l'espérais, à jamais.

**

"Rah, putain de téléphone."

Je soupirai et retapai ma recherche après l'avoir effacée sans le faire exprès.

Qu'est-ce que les humains aiment mettre dans leurs sandwichs.

Je fronçai les sourcils et parcourus plusieurs sites.

Ouais, comme nous, quoi. Du jambon, du beurre, du fromage. Je vais lui mettre de la salade, il en a besoin. J'ouvris le réfrigérateur.

Plus de salade.

Je me redressai et me pinçai l'arête du nez entre deux doigts.

Très bien.

"Où...Où vas-tu ? Me demanda Nayung en me voyant attraper ma veste.

-Acheter de la salade."

Elle haussa les sourcils, confuse.

Je ne pris pas la peine de conduire et marchai rapidement vers une petite épicerie. J'attrapai un paquet de salade et du pain ; j'en avais déjà mais il était un peu sec. Son sandwich sera meilleur si le pain est croustillant et frais.

Je déposai l'argent sur le comptoir.

"Gardez la monnaie."

Je sortis de l'épicerie et trottinai presque jusqu'à la maison. En rentrant, je déposai la salade et le pain sur le plan de travail, me lavai les mains, et repris ma tâche. Je mis du beurre, puis des tranches de salade, du fromage et du jambon. Je le fermai, satisfait, et l'enroulai dans du cellophane. Je le lui donnerai quand il se réveillera.

Je me laissai tomber sur le sofa.

Je ne comprenais toujours pas ce qui était arrivé hier soir. Entre le bain froid que j'avais dû lui faire prendre pour baisser sa température et l'attaque de cet inconnu, je ne pouvais plus dire que Taehyung était en sécurité avec moi.

Je regardai ma montre.

Quand va-t-il se réveiller ? Il faut qu'il mange.

Je fixai l'écran noir de ma télévision pendant peut-être une demi-heure.

Puis, au loin, j'entendis une conversation.

Nayung ?

Je me levai et m'approchai des escaliers.

Nayung et Taehyung.

Il était réveillé.

Je filai en cuisine, le pas rapide, et attrapai son sandwich. Je gravis les marches quatre à quatre, ignorant la manière dont mon cœur s'était accéléré.

J'ouvris la porte, m'inquiétant peu de couper court à leur conversation.

Taehyung se courba malgré sa position assise. Nayung se redressa, me sourit, et disparut bien vite. La porte fut close, et toute mon attention se porta sur son fin corps déposé sur le matelas.

"Comment tu te sens ?

-Bien, m-monsieur Jungkook."

Je pris une discrète inspiration.

Ses yeux étaient toujours si grands quand il les posait sur moi, ou regardait-il tout le monde ainsi ?

J'observai un instant ses mèches toujours si lisses recouvrir ses yeux, sa mâchoire prononcée, ses lèvres gercées et rouges, ses pupilles noisettes à cause du jour, sa maigreur.

Je tendis le sandwich. Il le considéra avec surprise.

"Mange." Ordonnai-je.

Je t'en prie.

Il leva ses fines mains et le saisit. Pour éviter de le dévisager plus encore, j'attrapai la chaise de son bureau et la posai non loin du lit. Je m'y installai et fus ravi de le voir croquer généreusement dans la nourriture.

Il aimait ça.

Parfait.

"Tu sais qui était cet homme ?"

Il secoua la tête. Evidemment qu'il ne savait pas. J'avais personnellement ma petite idée, qui me rendait d'ailleurs fou de rage.

Je n'arrivais pas à comprendre comment des gens pouvaient se résoudre à lui faire du mal. Si je retrouvais ce type, je crois que je prendrais un malin plaisir à lui arracher chaque membre du corps.

"C'est quelqu'un qui n'est pas d'accord avec le futur nouvel ordre. Il a essayé de te tuer pour cette raison." Lui expliquai-je.

Putain, je vais trop loin. Je m'étais promis de ne pas lui dire tout ça. Mais il a failli perdre la vie, je ne pouvais pas le laisser dans l'ignorance. Je voulais qu'il comprenne au moins que les personnes qui lui veulent du mal ne sont pas partout ; elles sont une seule et unique secte.

Il fallait qu'il comprenne qu'il n'était plus en sécurité, il fallait qu'il le sache. Je ne voulais pas l'effrayer mais je voulais qu'il soit sur ses gardes, pour sa propre protection.

"Je... Le nouvel ordre... ?

-C'est très compliqué. Beaucoup trop. Moi même je ne comprends pas tout."

Et c'était vrai. Je me passai une main dans les cheveux.

"Tout ce que je peux te dire c'est que tu n'es plus en sécurité.

-Pourquoi... Pourquoi est-ce qu'il v-veut me tuer... ?" Bégaya-t-il, la voix tremblante.

Oh, non, Tae.

Je le dévisageai.

Je devais lui dire que j'étais là, que j'allais tout faire pour que rien ne lui arrive.

Mais ce serait de la folie. Il saurait ce que je ressens. Et il considérerait la sécurité comme acquise. Il fallait qu'il s'émancipe, lui dire que j'étais chaque seconde à l'affût l'empêcherait d'être sur ses gardes. Et la vérité c'est que je suis un vampire, mais je reste un humain.

Un humain qui peut faire des erreurs.

"Il n'est pas le seul à le vouloir."

Je me mordis la langue jusqu'au sang pour me punir.

"Oh m-mon Dieu..."

Sa panique fut trop douloureuse à regarder ; je me redressai.

"Monsieur J-Jungkook je vous en supplie... J'ai besoin de réponses..."

Taehyung.

Mon coeur s'emballa face à ses yeux suppliants.

"Je veux juste comprendre... !"

Non, hors de question que tu saches tout. Je ne veux pas que tu saches à quel point nous sommes condamnés.

"Si tu comprends, tu vas devenir ingérable. Tu l'es déjà assez."

Les voilà. Ces yeux blessés. J'étais dégoûtant. Je voyais sans cesse ce regard, car je lui faisais sans cesse du mal.

Si seulement tu pouvais comprendre pourquoi je te fais ça.

Si seulement je pouvais te prendre dans mes bras.

"Je ne suis pas aussi bête et i-ignorant que les autres." Lâcha-t-il.

Mon Dieu, c'était un euphémisme.

"Je sais." Ne pus-je m'empêcher de rétorquer.

Il fut surpris.

"Alors pourquoi ne rien me dire... ?"

Je ne pouvais pas. Y penser, seulement, me torturait. Lui dire ce qui nous attendait, à quoi bon ? Je voulais qu'il vive aussi longtemps que possible, sans s'inquiéter de rien. Je voulais qu'il sache qu'il n'est pas totalement en sécurité pour qu'il se méfie des autres. Mais je ne voulais pas aller jusqu'à lui dire que la Corée serait bientôt un bain de sang.

Je ne voulais pas voir ces yeux déjà chargés de tant de choses être définitivement noyés de terreur.

Ca me serait trop insupportable.

"Parce que tu vas tenter d'influencer mes choix."

Grossière excuse. Je donnerais n'importe quoi pour entendre son avis et m'y fier.

"Et si je vous aidais à la place ? Peut-être q-que... Me laisser en savoir un peu plus vous aiderait.

-Non. Loin de là."

Si. Tellement.

Il se redressa et je fronçai les sourcils ; il devait se reposer. Il se mit à genoux sur le lit et je pivotai vers lui, confus.

"Pourquoi je me sens comme ça ?"

Comment, Tae ?

"Pourquoi... Pourquoi quand vous êtes là, je... Je me sens..."

Il posa une main sur son torse. Je suivis son geste, et en comprenant soudain la tournure de la conversation, ma mâchoire se serra.

Putain, non. Ne me fais pas ça.

Il fallait que je coupe court à ce qu'il s'apprêtait à dire. J'attrapai la chaise et la rangeai.

Je voulus partir, mais ses yeux m'emprisonnèrent.

Merde.

Une pulsion me fit avancer et je ne pus m'empêcher de saisir les magnifiques articulations de sa mâchoire. Je restai de marbre, mais sa peau douce sous mes doigts me rendit fou. Mon corps se contracta contre mon gré et je le tirai vers moi ; il retomba à quatre pattes face à moi, et sa position éveilla tous mes sens.

"Je veux que tu portes ton collier tout le temps. Même si tu restes ici. On ne sait pas qui peut regarder à travers les fenêtres."

Et je te le jure, Tae, que je ne supporterais pas que quiconque repose la main sur toi. Alors, s'il te plaît, fais ce que je te dis.

"Mais p-pourquoi-"

Putain.

Je tirai plus fort et il dut se redresser. Il fallait qu'il comprenne. Je serrai les dents.

"Et j'en ai vraiment ma claque que tu rediscutes tout ce que je te demande. Si je te dis de faire quelque chose, tu obéis. Tout ce que tu traverses est dur et j'en ai conscience. Mais tout ça, ça dépasse ton imagination et de loin. Il y a bien pire en jeu."

J'aurais pensé que le pire serait la guerre.

Mais le pire en jeu pour moi, était sa vie.

Alors oui, j'étais dur. J'étais dur parce que Taehyung était un petit insolent et que ça mettait en jeu sa sécurité, et je ne le laisserais pas faire.

Je frémis lorsqu'il posa sa main sur mon poignet. Je pressai davantage sa peau pour avoir une réponse claire. Je voulais qu'il comprenne que je ne plaisantais pas.

"Oui m-monsieur Jungkook."

Sa panique me fit le relâcher. Il retomba sur le matelas et pour éviter de faire encore tout et n'importe quoi, je sortis de la pièce en vitesse.

Je me haïssais.

Profondément.

**

"Ecoute Taehyung je ne sais pas pourquoi tu es blessé que je te renvoie chez ma mère. Je ne sais pas ce que tu t'es imaginé, mais ce lien ne représente rien pour moi. Tu ne représentes rien pour moi. Tu es juste une tâche noire dans ma vie, une tâche que je n'arrive pas à effacer. Rien de plus."

Le néant total.

C'était ce qui se situait dans le trou béant que venait de créer ma poitrine après mes propres mots.

Le vide. Le rien. La chute.

"Je vois." Murmura-t-il.

Sa voix tremblait, ses yeux aussi si j'en croyais ce que je voyais à travers le rétroviseur. Mes mains pressèrent le volant.

Et si je l'embrassais maintenant ? Est-ce que le monde exploserait ?

Non, il doit te détester. Tu viens de manquer de le vider de son sang, tout-à-l'heure, il doit retourner chez ta mère et y rester en sécurité, là où tu ne pourras plus jamais lui faire du mal.

J'atteignais déjà mes limites depuis quelques jours. Je les ai franchies aujourd'hui. En me réveillant de ma drôle d'inconscience, j'ai vu les lèvres de Taehyung. Son visage. Ses yeux.

Sa gorge.

Je ne l'aurais pas mordu. Je l'aurais dévoré, si je ne l'avais pas violemment poussé en arrière.

Alors c'était assez.

Qu'il perde la vie était un cauchemar. Qu'il perde la vie par ma faute était...

Aucun mot ne me vint pour décrire ce que je ressentirais. Je me torturerais pendant des années, je me forcerais à rester en vie pour vivre avec ça, jusqu'au bout, en guise de punition. Puis je prierais pour finir dans les profondeurs des Enfers. Je demanderais à être renié des dieux, ou je les renierais moi-même pour me blesser davantage. J'aurais tout fait pour-

"Je suis désolé m-monsieur Jungkook."

Je cessai de penser.

"Je suis d-désolé d'être venu au monde."

Oh, putain de merde.

**

"Jungkook, tu entres cinq minutes ?

-Non, j'ai à faire. Je pars tout de suite."

Ma mère fut surprise, mais acquiesça.

Je le sentais me fixer.

"Bon, j'emmène les valises à l'intérieur, à plus tard mon grand. Appelle-moi de temps en temps. Taehyung, suis-moi quand tu auras pris ton dernier sac."

Je l'observai se pencher, prendre le sac dans ses bras fins qui tremblèrent sous le poids de ce dernier, puis se mettre face à moi. Je fermai le coffre d'un coup de main.

Quand je plongeai mes yeux dans les siens, confus, inquiets, suppliants, peut-être de me voir rester, de me voir réagir, car c'était normal de vouloir une réaction quelconque, je décidai que c'en était assez.

Je vais finir par le prendre dans mes bras et ce serait la pire idée du monde. Tout s'envolerait, le détachement que j'essayai de provoquer, notamment. Il ferait tout pour revenir, il ne me laisserait pas partir, et j'avais découvert à quel point il pouvait être tenace. Je suis sûr qu'il serait capable de venir jusqu'à moi en pleine nuit, courir des heures dans la rue pour rentrer.

"Au revoir monsi-"

Je me tournai vivement, les yeux écarquillés maintenant qu'il ne me voyait plus que de dos, et entrai dans la voiture. Je n'arrivai même pas à cligner des yeux lorsque je la démarrai.

Là, à me regarder partir, avec son gros sac dans les bras, le visage décomposé, je le voyais dans la rétroviseur. Il espérait un signe. Un au revoir même muet.

Mais avant même que je ne puisse y réfléchir davantage, je dus tourner, et il disparut de mon champ de vision.

A la seconde même où je m'engageai sur les petites routes, je frappai le tableau de bord jusqu'à ce que ma peau ne saigne. Puis, essoufflé, je repris le contrôle en inspirant calmement, mais la colère revint bien vite et je serrai les dents jusqu'à entendre ma mâchoire craquer. La douleur irradia ma tête, en partant de l'os que je venais de presser un peu trop fort, et je laissai mon crâne retomber sur le dossier de mon siège, sans lâcher la route de mes yeux mi-clos.

Plus je m'éloignai et plus faible étaient mes membres.

Je savais très bien que je n'allais pas tenir longtemps.

Mais il fallait que j'essaie.

Hein, Tae ? Il faut que j'essaie, tu le sais.

**

"Jungkook, ça fait deux jours... Tu pourrais peut-être essayer de boire le mien ?"

Allongé sur le sofa, un bras sur les yeux, je secouai légèrement la tête.

Je sentis le fauteuil s'affaisser.

"Jungkook... S'il te plaît, tu peux me- me parler ?"

Elle glissa trois doigts sur mon avant-bras, et tira dessus avec une telle douceur que je ne pouvais rien faire d'autre que d'obéir. Lorsqu'elle découvrit mes yeux, elle émit un sourire triste.

"Tu as soif ?

-Mmh."

Elle approcha son poignet.

"Essaie."

Je le regardai, puis revins dans ses yeux.

"Si je gerbe le sang du frigo je vois pas pourquoi ce serait différent avec le tien."

Une lueur, dans ses yeux, s'éteignit lentement après mes mots. Je m'insultai intérieurement en réalisant la rudesse de ces derniers, et me forçai à m'asseoir en grimaçant. Nayung recula un peu pour me laisser de la place, jusqu'à ce que je sois bien installé.

Je ne fis aucun commentaire supplémentaire et, sous ses yeux surpris, rattrapai son poignet fin pour l'approcher de mes lèvres.

Elle s'empêcha de soupirer quand je mordis. Ce n'était pas le moment de montrer un quelconque désir ou plaisir, et elle le savait.

Mais la voir se retenir de gémir me fit la fixer intensément.

Son sang était absolument abject. Je cessai bien vite de le boire, et l'avalai à contre-coeur. Je clos les paupières pour tenter de l'accepter.

Non.

"Jungkook-"

Je me redressai et me précipitai dans la cuisine. Je vomis l'intégralité de son sang.

Putain de lien de merde.

Ce n'était même pas que j'avais besoin du sang de Taehyung, c'était que le lien savait que nous n'avions pas encore totalement déclenché le lien, alors il me punissait, il nous punissait. Il m'empêchait de boire un quelconque autre sang pour prendre exclusivement celui de Tae. Quel merdier.

"Jungkook... Ça va ? Viens là."

Elle passa une main dans mon dos, et m'aida quand je me rinçai la bouche. Ce n'était pas du vomi, c'était seulement comme si j'avais recraché le sang dans ma bouche, alors je n'étais pas si mal en point, mais j'étais faible. Elle me fit me rasseoir sur le sofa.

Elle voulut parler mais je la vis soudain masquer un étourdissement.

"Excuse-moi." Fit-elle, gênée.

Je fronçai les sourcils, avant de comprendre.

La morsure faisait encore effet. Elle était encore emprise au plaisir.

Elle se passa une main sur le front et m'accorda un sourire désolé. Cependant, avant de vouloir se relever, j'attrapai son bras.

"Tu sembles avoir un problème... Murmurai-je.

-Jungkook... Tu... Tu es épuisé, ne t'en fais pas. C'est juste que ça fait longtemps, mais ça va all-"

Je m'allongeai en la tirant sur moi. Elle cria et se retrouva sur mes hanches. Je sentais ses fesses, sous sa robe, presser mon entrejambe.

Je souris avec malice.

"Je suis jamais trop épuisé pour ça.

-Jungkook..."

Je glissai une main dans sa nuque et l'attirai vers moi. Elle se laissa faire, et scella nos fronts.

"Tu... Tu es sûr ? Me demanda-t-elle.

-Enlève-moi cette robe." Soufflai-je.

Elle déglutit et je la vis rougir lorsqu'elle se redressa. Je ne savais pas ce qui me prenait, mais je la trouvais soudain aussi jolie que la première fois que je l'avais vue. Timide, elle glissa les doigts sur les pans de sa robe rose, et la ôta par le haut.

Ses maigres cuisses, son ventre plat et sa petite poitrine se révélèrent à moi.

"Pas de soutien-gorge ?" M'amusai-je pour la gêner davantage.

Elle frappa gentiment mon torse.

"On est seuls, alors...O-oh, Jungkook-"

La langue coincée entre mes dents, je m'amusai à glisser deux doigts sur sa culotte, au niveau de son plaisir. Elle me regarda faire, mais je la tirai à moi pour l'embrasser. Je passai mon autre main vers ses fesses, m'y attardai peu, et récupérai ses fluides pour la pénétrer d'un doigt.

Elle gémit contre mes lèvres.

Tandis que je la redécouvrais en douceur, ses mains tremblantes défirent comme elles le purent mon jean. Je cessai de la toucher pour l'aider à me ôter mes vêtements. Elle me prit en bouche à l'instant même où mon membre entra dans son champ de vision.

Je glissai une main dans ses cheveux et les enroulai autour de mon poignet pour la maintenir et la guider. Elle se laissa dominer et je soupirai, les yeux clos.

Et, brusquement, sous mes paupières fermées, je vis Taehyung à la place de ma femme.

Je sursautai et rouvris les yeux. Elle se retira.

"Tout va bien ? Demanda-t-elle, inquiète.

-Ouais, désolé.

-Je t'ai fait mal ?

-Non, continue." Soufflai-je.

Elle reprit, et j'eus beaucoup plus de mal à me détendre.

Putain.

Nayung continua un long moment, jusqu'à ce que je ne puisse plus me durcir davantage. Elle me chevaucha de nouveau et je glissai mes mains sur ses seins quand elle me fit fondre en son intérieur.

J'entrouvris les lèvres, un soupir s'y échappa, et elle gémit bruyamment en sautillant sur mes cuisses.

"Approche." Chuchotai-je.

Elle m'écouta et se pencha sur moi. Je pris sa poitrine en bouche.

Mais, quand je clos les paupières, de nouveau, je n'imaginais qu'un torse plat, qu'une voix plus grave qui soupirerait contre moi.

Je voulus lutter, mais au moment précis où j'y pensais, le plaisir se multiplia.

Je n'ouvris plus les yeux jusqu'à la fin.

La gorge de Taehyung se dévoila quand il jeta la tête vers le ciel. Je frappai sa cuisse et il me fit ce regard mi-paniqué mi-excité. Il se pencha sur moi et m'embrassa à pleine bouche, lécha ma mâchoire, il était si léger sur moi, comme une plume, aussi douce que sa peau de soie.

Je souris quand il posa son front contre le mien.

"Je t'aime." Murmura-t-elle, murmura-t-il.

Je ne répondis rien, attrapant ses hanches pour l'immobiliser et m'occuper d'y aller plus fort. Elle cria, il cria, et je jouis, me vidant du peu de force qui me restait encore.

Nayung eut un orgasme à son tour, et elle emporta son cri sur mes lèvres.

Je la laissai m'embrasser à pleine bouche.

Je rouvris les yeux.

La déception fut tenace.

Le gris de cette maison me frappa de plein fouet. Son sourire émerveillé me rendit immédiatement coupable de mes pensées plus obscènes encore que l'acte que l'on venait de commettre.

Dans mon imagination, je baisais Taehyung dans une maison blanche d'où la lumière coulait de partout, éclairait sa peau miel et blanche par endroits, ses cheveux brillants, nous étions dans des draps clairs, sur un énorme lit, et il me chevauchait comme s'il n'y avait pas de lendemain.

Dans la réalité, Nayung était en train de se rhabiller, la nuit tombait et j'avais mal au crâne, tous mes membres étaient désagréablement engourdis et j'avais envie d'être seul.

Elle ne méritait pas cela.

Quand elle me fit un doux sourire en me disant qu'elle m'apporterait de l'eau, je sus que j'allais divorcer.

Ma décision venait de se prendre toute seule.

J'allais divorcer et vivre seul avec moi-même.

C'était tout ce que je méritais.

"Tiens." Souffla-t-elle.

Je bus trois grosses gorgées d'eau et posai le verre sur la table.

"Tu veux te doucher?

-Demain." Grognai-je, déjà somnolent.

Elle embrassa mon front.

Et je m'endormis, en apparence sans aucun scrupule.

Au fond, honteux de respirer le même air que le sien.

**

Je le plaquai contre le mur, mes mains enroulées autour de ses cuisses avec fermeté. Il cria, et ce fut délicieux, dans mon oreille.

Ses jambes passèrent autour de ma taille et ses mains trouvèrent ma nuque.

Voilà. Accroche-toi à moi. Laisse-toi aller. Laisse-moi m'occuper de tout.

Je louchai sur sa gorge.

Plus d'appréhension. Plus de crainte du futur. En fait, si, elle était encore là, au fond, mais ma résignation prenait maintenant le dessus ; j'allais boire son sang. J'allais déclencher le lien, définitivement. Peu importait ce que ça allait entraîner. Je voulais être égoïste. Pour une fois, une seule fois, je voulais ne penser qu'à mes propres envies.

"J-Jungkook, a-attendez !"

Pour le calmer, car je ne ferai rien s'il continuait de paniquer, je fondis sur son cou, mais d'abord dans des baisers volatiles. Je le sentis se détendre immédiatement sous mes assauts légers. Je perçus un couinement et un frisson me parcourut ; je ne pus me retenir de sceller nos bassins.

Je voulais le sentir.

"Je vais boire ton sang." Grognai-je.

Il cessa tout mouvement.

"Il t'en a pris beaucoup. Tu vas sûrement t'évanouir. Ne t'inquiète pas, je sais ce que je fais. Tu te réveilleras dans ton lit.

-J-je-

-Je vais boire jusqu'à ce que tu perdes connaissance."

Ma soif parlait à ma place, mais je pensais tout ce que je disais. Et, surtout, je ne me déroberai pas. C'était maintenant, ou jamais. Si le lien m'empêchait d'apprécier tout autre sang que le sien, alors très bien.

Une seule goutte avait atterri sur ma langue, tout-à-l'heure, quand j'avais léché le couteau avec lequel il s'était coupé. Une seule goutte, qui avait éveillé tous mes sens. Qui m'avait fait comprendre ce dont je m'étais privé depuis toutes ces années.

Du bonheur. Sûrement, sûrement le bonheur le plus intense et le plus réel que les dieux aient pu façonner.

Je clos les paupières, les lèvres près de sa gorge. Puis je l'entendis, comme j'aimais tant l'écouter, parfois.

Boom. Boom. Boom.

"J'entends..."

Il inspira quand j'appuyai sur son torse.

"...Chacun de tes battements."

Je me délectai de sa réaction surprise. Ses expressions étaient le divertissement le plus délectable de l'univers.

Je l'embrassai encore, partout où je le pouvais, tandis qu'il gémissait presque, déjà, seulement pour cela, et ça me rendait dingue.

Mes dents griffèrent la peau de sa magnifique gorge.

Combien de fois en avais-je rêvé ? Je l'avais déjà mordu, mais jamais je n'avais planté mes crocs dans sa chair dans le but d'aspirer, de le sentir se tordre de plaisir, de le voir s'abandonner à me nourrir.

Je voulais qu'il le sache. Qu'il le sente.

Qu'il était une proie.

Non.

La mienne. Il était ma proie. Il était né pour l'être.

Je ne voulais pas qu'il ait peur. Je voulais qu'il s'abandonne complètement.

Et, quand je le sentis se fondre dans mes bras, quand sa tête rencontra doucement le mur et que ses paupières furent mi-closes, j'osai un sourire, et le mordis plus fort que jamais.

Il eut un spasme et j'eus envie de le prendre en même temps que je le mordrais.

Encore. Encore cette réaction, j'en veux encore.

Je ne bus pas son sang tout de suite ; je changeai de côté et plantai mes dents à nouveau. Il sursauta et mon ventre se contracta.

Ma belle proie et ses spasmes, ses soupirs de surprise.

Je mordis son épaule ensuite. Encore, encore, encore.

Il était pris de tremblements et de ces spasmes incessants. J'allais perdre connaissance, n'est-ce pas ? Le plaisir que je ressentais sans même encore boire son sang était tel que je m'inquiétais de quand j'allais aspirer ce qui le maintenait en vie.

Je le décollai du mur pour l'allonger sur le canapé, par sécurité pour moi, mais aussi pour lui ; si je tombais, je ne voulais pas le blesser en le lâchant au sol. Je le regardai un court instant. Se rendait-il compte de sa beauté ? Ses yeux qui attendaient un ordre des miens, ses membres tressautant, ses mains qui ne savaient pas où se mettre.

Je me penchai sur lui et attrapai son poignet avec délicatesse. Si je le mordais à la gorge tout de suite, je ne verrai plus ses réactions. Je voulais voir son visage.

Je ne le lâchai pas des yeux quand je mordis dans le creux de ce fin poignet, faible, fragile, et soumis à mes canines.

Il écarquilla les yeux quand j'aspirai enfin, enfin, un long filet de son sang.

Chaud. Doux. De la soie, comme sa peau. Sucré, même. Ma main trembla sur la sienne. Je dus arrêter de boire, déjà, pour me reprendre ; j'avais confiance en moi, mais j'avais également peur de perdre le contrôle.

Je jetai la tête en arrière pour apprécier à sa juste valeur le sang le plus délectable du monde.

Rien ne pouvait égaler cela. Je n'avais jamais bu un sang pareil.

Je le regardai de nouveau, les lèvres entrouvertes, la soif m'étreignant plus fortement encore la gorge.

Ses yeux impatients mais sages eurent raison de moi ; je me penchai et attrapai ses cheveux. Il glapit, et je mordis sa peau comme s'il n'était qu'une vulgaire proie de rue, la vérité était que je voulais l'honorer en lui montrant à quel point il me réduisait à l'être sauvage qu'était le vampire dans ses besoins primaires.

Il enfouit ses doigts dans mes cheveux, et je sus que je ne me passerais plus de lui. Plus jamais. Je pressai ses hanches sur le sofa quand elles s'élevèrent ; il fallait que mon corps garde de la distance avec le sien malgré la morsure, ou j'allais le baiser ici, sur ce putain de canapé.

Jamais je n'avais bu autant. Si je continuais, j'allais le tarir.

Et, soudain, Taehyung passa ses mains dans mon dos, et me colla à lui.

Je crus que c'était une mauvaise idée, jusqu'à ce que je ne sente que de la douceur émaner de ses mains. Ce n'était pas une approche intense ou sexuelle.

Il me voulait près de lui.

Mon coeur bondit dans ma poitrine à la manière ridicule d'un humain.

Il me serra contre lui et, faute de lui montrer de l'affection car je ne savais pas où ça nous mènerait, ou plutôt je le savais très bien et j'en étais terrifié, je bus plus fort pour lui répondre.

Il sanglota de plaisir.

"J-Jungkook... Je v-vais..."

Vas-y, Tae, abandonne-toi à moi, laisse-toi partir, remets ta vie entre mes mains car jamais je ne la toucherais d'un cheveu.

Il cessa progressivement de bouger, de soupirer, d'être éveillé. Je relâchai lentement sa chair et laissai échapper un long soupir de pur plaisir, de satisfaction profonde, la main longeant sa cuisse longue et fine.

Quand je me redressai, je découvris ses paupières qui recouvraient lentement ses yeux. Le voir perdre connaissance m'attendrit d'une drôle de manière.

Les humains penseraient sûrement que c'est bizarre, d'aimer faire s'évanouir celui qu'on aime.

C'était l'abnégation, en vérité, qui m'intéressait, à ce moment précis.

Et Taehyung me rendit digne de la sienne.

Il s'était laissé emporté dans les limbes de l'inconscient pour moi, il m'avait jugé digne et de confiance quant au moment précis où je savais qu'il fallait arrêter de boire.

Je m'approchai de lui et fis glisser mes lèvres contre les siennes.

Je l'embrassai dans un effleurement, une caresse.

Puis, doucement, je glissai un bras sous ses cuisses, l'autre dans son dos. Sa tête retomba contre mon torse et j'embrassai ses cheveux en marchant vers les escaliers.

Je le déposai dans son lit et m'affairai à doucement ôter ses vêtements. Je ne le touchai pas d'un pouce, mais mes yeux ne purent s'empêcher quelques coups d'oeil dont je me rendis coupable l'instant d'après. Je le relevai contre moi et son corps à moitié nu contre le mien, même si j'étais habillé, me donna du fil à retordre pour ne pas me faire d'idées. Taehyung fut allongé sur le matelas, et je posai sa tête sur le coussin le plus moelleux des deux. Je remontai la couverture jusqu'à son cou.

Puis je m'allongeai, au-dessus des draps pour ma part, juste un instant, à ses côtés.

Je passai une main sous ma joue, l'autre trouva la sienne et la caressa lentement.

J'écoutais sa respiration calme, vérifiant son pouls par sécurité. Mais je savais que je ne l'avais pas mis en danger.

Je restai là peut-être une demi-heure, ou une heure, je ne savais pas. Il n'y a qu'avec lui que le temps s'écoulait en un éclair. Ca m'était inconnu, jusque-là, cette sensation de ne pas compter les heures.

Je me penchai sur son corps et embrassai sa gorge, avant de me relever définitivement. Je profitai de sa somnolence pour lui montrer de l'affection, car je savais que je ne le ferai pas demain.

Je ne pouvais pas.

Si seulement il pouvait comprendre.

Comprendre que j'étais terrifié à l'idée de souffrir.

Mais encore plus terrifié à l'idée que lui ne souffre par ma faute.

Je clos doucement la porte, et descendis dans le salon. Je me laissai tomber dans le sofa et jetai la tête en arrière en appréciant la manière dont je me sentais si apaisé, avec son sang en moi, avec son corps non loin de moi.

Puis mes yeux glissèrent sur le mur sur lequel je l'avais hissé tout-à-l'heure.

J'avais décidé de donner ma vie pour sauver la sienne, s'il le fallait. Et j'étais certain qu'il le faudrait un jour. Alors je ne pouvais pas lui montrer qu'il était la raison pour laquelle je respirais encore.

Il m'aimerait dès lors encore plus, et souffrirait encore plus, si je disparaissais.

**

"Tae. Putain ça ne fait même pas une demi-heure.

-Je v-veux pas que vous mourriez... Je v-veux pas..."

J'arrêtai la voiture. J'étais à trente minutes de la maison.

"Bon. C'était pire que ce que je croyais."

Je ne devais pas faire demi-tour. Surtout pas. Il fallait qu'il apprenne à vivre seul, au cas où je...

Au cas où...

Il sanglota.

Merde.

"Taehyung, pourquoi tu me dis ça ?

-Vous me préparez à votre mort... ?"

Mens.

"Non, bon sang, je veux juste que-"

Je posai une main sur mon visage et m'enfonçai dans mon siège.

Fais chier.

"...Je veux juste que tu arrêtes de te torturer."

Je ne savais pas si c'était lui ou moi qui faisait n'importe quoi.

Les deux, sûrement.

Quoi que. Lui, il savait ce qu'il voulait. Moi je le torturais, je ne lui disais rien.

C'était ma faute. Je lui montrais trop d'affection, je commençais à lui faire réaliser que je n'étais pas indifférent.

Qu'il n'y avait pas que le lien.

"Quoi... ?

-Vivre ainsi doit t'être insupportable. Je n'ai pas eu à apprendre à me détacher de toi car je suis le plus fort d'entre nous deux. Le lien veut que le plus faible considère le plus fort comme un protecteur de sa vie, de sa sécurité. Taehyung, tu n'as pas besoin de moi pour te défendre."

Mais moi j'ai tellement besoin de toi. Tellement, tellement peur de te perdre. Si l'un de nous devait mourir, ce serait moi. Égoïstement, ce serait moi, car je ne pouvais pas vivre s'il n'existait plus.

Ca, c'était du bel égoïsme. Le pire de tous. J'étais pire encore qu'un déchet.

"Tu es fort. Tu le seras de plus en plus. Tu peux survivre sans moi."

Ca, j'y croyais. Il le pouvait, il pouvait vivre sans moi.

Si seulement il savait que le lien rendait le vampire plus dépendant que l'humain, il comprendrait ma démarche.

"Mais je-

-A quoi as-tu pensé depuis que je suis parti ?

-A v-vous.

-A moi, mais à quoi d'autre ?

-Oh... Chuchota-t-il.

-Tu comprends, maintenant ? Ce n'est qu'une variante de l'instinct de survie."

Je ne mentais pas là-dessus. Mais je savais pertinemment qu'il n'y avait pas que ça.

"Mais il n'y a pas que ça... Murmura-t-il, faisant écho à ma pensée.

-Si, Tae, il-

-Non." Me coupa-t-il fermement.

Je me tus, surpris par ce ton soudain.

"J'ai vraiment, vraiment peur qu'il vous arrive quelque chose.

-Parce que je ne pourrais plus te protéger si c'est le cas.

-Non, arrêtez de dire ça !"

Je clos les paupières.

Quand je les rouvris, je crois que ma vue se floutait.

"Je ne veux pas qu'il vous arrive quelque chose parce que je..."

Non.

Non, tais-toi.

"Ne le dis pas."

Silence.

Mon coeur se fracassait dans ma poitrine comme s'il voulait la traverser et s'écraser sur le tableau de bord. Ma main, sur le téléphone, se mit à trembler.

"Quoi... ?

-Ne le dis pas."

Je manquai de m'étrangler à la fin de la phrase, alors je refermai vite la bouche.

"Je raccroche.

-Jungkook, attendez, je ne voulais pas-

-Je n'ai pas envie de savoir ce genre de chose."

Pas de mensonge, là encore. Je ne voulais pas le savoir. Je ne pouvais pas l'entendre.

Une larme roula sur ma pommette ; je l'essuyai rageusement.

"Jamais." Insistai-je.

Je décollai mon téléphone de mon oreille pour raccrocher. J'entendis un faible "d'accord" avant que sa voix ne se fasse couper.

Je lâchai l'appareil, qui tomba sur mes cuisses puis sur le sol, et mon menton trembla. Je pris une inspiration et posai une main sur mon estomac. Le rétroviseur me renvoya un visage déjà couvert de larmes silencieuses. Je le tournai violemment sur le côté et enfonçai mes coudes dans le volant, pour me prendre la tête dans les mains.

Inspirer. Expirer. Encore. Inspirer, expirer, encore. Encore, inspirer, expirer.

Et puis, lentement, je relevai la tête, et mes yeux brouillés de larmes fondirent dans le ciel noir.

"Je..."

Je me pinçai les lèvres pour prévenir un sanglot que je ravalai.

"Je veux pas mourir." Chuchotai-je.

Mes mains tremblèrent contre mes tempes.

"S'il vous plaît." Les suppliai-je.

Je reniflai et essuyai ma joue.

"Je veux vivre avec lui..."

Mon corps se laissa emporter sur le côté, contre la portière, et ma joue fondit contre la vitre.

Je clos les paupières, le corps figé pour ne pas qu'il tremble.

Ce soir-là, je n'allais pas chez ma mère comme c'était prévu. Je me contentai de sombrer, dans ma voiture, sur le bas-côté d'une route près d'interminables champs, parce qu'il me fut impossible d'aller plus loin, trop loin de lui. J'étais déjà à trente minutes de son corps.

Avant de tomber dans les limbes du sommeil, je murmurai, les yeux mi-clos :





"Si vous me l'accordez... je veux le voir respirer pour l'éternité."












********************************


Hehe ^-^ J'espère sincèrement que cet Interlude assez riche en Taekook vous aura plu les amis. J'ai hésité à écrire le lemon qui suit la dernière scène mais je me suis dit que c'était pas vraiment nécessaire, que vous avez compris l'état d'esprit de Jungkook. Mais je compte peut-être faire un Interlude III, à voir, pour l'instant je trouve que c'est quand même bien assez pour comprendre son personnage !

Les scènes, si vous voulez les relire du côté Taehyung, apparaissent dans ces chapitres (c'est dans l'ordre des péripéties de cet Interlude) : chapitre 3/4, chapitre 11, chapitre 13, (lemon avec Nayung qui n'apparaît pas dans l'histoire), chapitre 17, et chapitre 35. 

Je vous dis un énorme merci pour votre patience pour le tome 3 (plus qu'un mois et 7 jours, vous voyez ça passe vite finalement !), et pour les 700K dépassés !!! C'est fou, merci du fond du coeur les amis ! ♥


J'ai tellement hâte de vous retrouver pour le tome 3 et, aussi, pour ma nouvelle histoire (rappel : 25/05, 3j après la reprise de Vermilion) ! Je vous fais pleiiin de bisous, je vous dis à fin mai, prenez grand soin de vous, je vous aime fort ♥♥♥

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