Chapitre 5 : Amusement puis tensions

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Ce mardi après-midi là, au parc du Monarque de Diamant, quatre silhouettes se distinguaient des passants, flânant pour la plupart, délaissant leurs téléphone pour rattraper leur bambin de même pas deux ans pour les autres.

-Alors comme ça les skates vont plus vite que les rollers ? ironisa Léona à l'attention d'Alban, qui peinait, malgré sa grande forme physique à la dépasser.

Il faut dire que la jeune fille allait à toute allure, ses longs cheveux bruns flottant au vent tel une trainée d'étoiles filantes. Là, c'en était trop ! Alban n'était pas forcément mauvais perdant, mais quand il s'agit de perdre contre le sexe opposé, c'était tout simplement inadmissible ! Au prix d'un grand effort, il réussit à distancer sa concurrente de plusieurs mètres.

Loin devant, le combat faisait rage : Lyllah et Stéphanie étaient au coude à coude, toutes deux armées d'une paire de rollers qui semblaient supersoniques aux yeux de Léona.

-Tu commences à fatiguer chérie ? cria sournoisement Stéphanie à son adversaire.

-Steph, tu me connais assez pour savoir que je ne renoncerai JAMAIS, non ?

Lyllah avait volontairement appuyé sur sa négation. Une lueur de défi brillait dans ses yeux. Tout à coup, une jeune fille déboula sur sa gauche, les cheveux tout ébouriffés.

-LEONA !! crièrent de surprise Steph et Lyllah.

-En personne ! dit-elle, sarcastique, avant de continuer la course sans aucun état d'âme ni un seul regard en arrière.

-Mais comment elle a fait ?! questionna Steph, ahurie par l'impressionnante remontée de son amie.

-On se pousse, les filles ! lança gaiement une voix masculine derrière elles.

"Oh non, je l'avait complètement oublié celui-là !" ragea intérieurement Lyllah.

Le garçon avait enfin réussit à monter un peu : celui-ci, après avoir récupéré un bout de sa fierté en distançant Léona, l'avait aussitôt reperdue après qu'un gamin inconscient ai failli lui foncer dessus. Il avait freiné sec (chose pas si facile avec un skate) pour ne pas être percuté. Ce malheureux temps avait suffit à Léona pour le re-dépasser.

-Dommage, beau garçon ! lui avait alors dit la jeune fille en passant, ce qui finit de l'achever.

Il lui restait pourtant un espoir : Steph et Lyllah. Il fallait à tout prix qu'il les dépassent, sans quoi son honneur sortirait de son être à tout jamais.

Et voilà comment il réussit l'exploit d'au-moins les concurrencer.

-Ça va les filles ?! les railla t-il lorsqu'il fût devant elles.

La sueur perlait sur leur front mais la détermination de chacune des deux amies restait bien en place.

-Ok Steph, quitte à ce qu'on ne gagne pas, essayons au moins de ne pas terminer dernières, d'accord ? fit Lyllah.

-C'est Ok !

Les deux filles, qu'un élan de solidarité réunies, s'élancèrent de tout leur cœur pour accomplir ce qu'elles avaient conclu plus tôt. En vain. Malgré une fin de course serrée, Alban arriva près de six secondes après Léona à la fontaine, laquelle s'était laissée choir sur un banc alentour. Steph et Lyllah, déçues, allèrent s'effondrer sur le banc auprès de leurs amis. Pendant que la grande gagnante chantonnait joyeusement, Steph, insatisfaite de sa course, pivota vers l'apprenti chanteuse et déclara brutalement :

"Je VEUX ma revanche ! "

Léona, peu habituée à se faire "agresser" comme ça, répondit avec condescendance :

"Si c'est vraiment ce que tu veux, rejouons encore un peu ..."

Elle fixa intensément celle qui avait osé lui lancer un défi, laquelle ne baissait aucunement les yeux. Alban et Lyllah se regardèrent. Sentant la tension monter d'un coup, Lyllah se leva.

-Bon bah je vais y aller, il est déjà dix-huit heures, deux heures qu'on est ici !

Elle fit la bise à Alban qui lui murmura à l'oreille :

"Je te raconterai ce soir, Princesse..."

Il lui fit un clin d'oeil avec un sourire crispé, puis elle partit.

En chemin, Lyllah repensait à chacune de ses amies se défiant du regard. Pourquoi fallait-il que Steph soit autant mauvaise perdante ? Même Alban, bien que très fier, n'avait pas bronché en n'accédant qu'à la seconde place, derrière une fille en plus, à qui il faisait plus ou moins la tête !! Mais il n'était pas tombé sur n'importe quel fille : Léona était une sportive acharnée qui possédait un esprit compétiteur dans divers domaines.

Aussi Lyllah se demandait réellement si Steph n'avait pas eu une très mauvaise idée en provoquant de la sorte sa meilleure amie.

***

Mme Atalay rentra du travail à vingt heures six.

-Salut 'man, t'es rentrée tôt aujourd'hui, dit Lyllah d'une voix ensommeillée.

La jeune fille, après son éprouvant après-midi (rythmé en outre de smoothie vanille, de grandes parties de rigolades et de course folle), s'était enroulée dans une fine couverture anthracite, et allongée sur le canapé. Elle regardait un dessin animé aux couleurs chatoyantes et au scénario un brin surréaliste. Elle avait ri dés les premières minutes de celui-ci tant il était absurde.

-Oui, pourquoi, cela te poses problème ? demanda sa mère sur un ton que Lyllah trouva très abrupt.

Elle se releva, forma ses cheveux en une queue, puis s'adressa à sa mère :

-Tu as passé une mauvaise journée, c'est ça ?

-Oh non, répondit Mme Atalay, tout se passait bien, jusqu'à ce que ton collège m'appelle.

La femme avait gardé un calme olympien en prononçant ses paroles.

Lyllah cligna des yeux. Elle venait de se souvenir de ce qu'avait dit Mme Salmon, son professeur d'histoire-géo, le matin même.

-Écoute maman... , commença t-elle.

-Non, stop, c'est bon ! la coupa sa mère en levant sa main. Je ne veux même pas savoir.

-Mais c'est la première fois que j'oublie de faire un devoir ! s'insurgea sa fille.

Sa mère l'ignora délibérément.

Furieuse, Lyllah s'élança vers l'escalier.

"Waaah, on dirait c'est un truc de fou !!!"

-Il est plus que clair que tu délaisses tes fonctions d'élève ; peut-être comprendras-tu la chance inouïe que tu avais d'aller à l'école quand tu seras chômeuse, lui asséna sa mère.

Tout l'élan de nervosité de l'adolescente s'effondra d'un coup. Ce n'était pas par pure logique qu'elle lui disait ça, c'était en référence à son père, Lyllah l'avait bien compris. Des larmes commencèrent à lui monter aux yeux.

"Comment as-tu pu ?" pensa t-elle, remuée.

Puis elle se dirigea lentement vers sa chambre.

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Nick Rommers, puissant agent immobilier, avait sombré dans la déprime et quitté son travail après le divorce de sa femme. Ce divorce, c'est elle qui l'a réclamé. Après plusieurs années de mariage, Alexandra Rommers avait découvert l'infidélité de son mari. Il la trompait avec une petite jeune de vingt-six ans, Faylicia Rossman, la fille ainée de sa voisine. Ils ne se sont vus que trois fois. Maintenant, elle vit avec lui ; elle s'était empressée de déménager lorsqu'elle avait appris la nouvelle du divorce de Nick, cette garce ! Lyllah la haïssait au plus au point. Malgré les encouragements de sa nouvelle petite amie, Nick avait traversé une longue période de chômage, bouleversé de sa rupture avec l'ex Mme Rommers. Malgré les apparences, ce n'était pas sa femme qui lui manquait le plus, c'était ses enfants. Il les aime plus que tout au monde.

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Lorsque Lana entra dans la chambre de sa sœur, elle la trouva allongée sur son lit en train de regarder de vieilles photos, les joues ruisselantes de larmes. Prise d'une subite envie, elle l'enlaça tendrement. Quelques minutes et paroles réconfortantes plus tard, les deux sœurs s'étaient assises au bord du lit et feuilletaient d'un regard nostalgique les anciennes photos. Lana pointa l'une d'entre elles du doigt.

-Regarde celle-ci, c'était ton tout premier noël, expliqua t-elle.

Lyllah sourit en se voyant affublée d'un bonnet lumineux rouge.

-Sous ton bonnet se cachait déjà une grosse touffe de boucles ! dit Lana, posant un doux regard sur sa petite sœur.

Elle déposa ensuite une de ses fines mains sur celle qui se trouvait à côté d'elle.

-Il est temps de faire tes devoirs maintenant, car, voyant tes Snaps, je suppose que tu ne les as pas faits.

-Ouai, t'as raison, approuva Lyllah.

Lana se leva, puis commença à s'avancer dans le couloir.

-Au fait, j'adhère complètement à ton smoothie vanille-chantilly ! lança t-elle.

-Ha, ha ! C'est Alban qui m'a rajouté le supplément chantilly !

-Ouh, mais quelle jolie attention ... la taquina sa sœur.

Lyllah rougit brusquement.

-Arrêtes-ça ! fit-elle. Ce n'est qu'un ami !

Pourquoi se sentait-elle obligée de le préciser ? Aucune idée.

Lyllah tenta d'ignorer la petite voix qui lui disait qu'elle le considérait bien plus qu'un simple meilleur ami.

-Un ami avec des beaux yeux en tout cas ... ajouta Lana, un air mutin peint sur son visage.

Cette fois-ci, Lyllah ne put s'empêcher de lui lancer un projectile moelleux.

-Ok, ok, dit son ainée les mains en l'air, j'arrête !

Puis elle sortit de l'encadrement de la porte en riant.

Une fois seule, Lyllah s'employa avec sérieux à faire ses devoirs.


Il était maintenant vingt-et-une heure onze quand Lyllah commença à pianoter sur les touches de son Iphone dernier cri un court commentaire sur l'Instagram d'une amie. C'est alors qu'elle entendit crier :

"A table !"

Ce soir-là, l'ambiance était tendue. C'est Lyllah qui décida de faire le premier pas :

-Je suis désolée, je ne comptais pas te mettre en colère. J'étais tellement occupée avec Léona que j'en ai oublié mes devoirs.

Non ! Pourquoi ne s'était-elle pas contentée de la première phrase ?! De simples excuses auraient surement suffit ! La gaffe ...

Lyllah sut deviner les pensées de sa mère en voyant celle-ci poser ses couverts sur le bord de son assiette et fermer les yeux.

"Elle pense que je ne suis pas capable de prendre mes responsabilités."

Elle se mordit la lèvre inférieure. En jouant la carte de la vérité, elle savait qu'elle venait de vraiment tout gâcher. Elle jeta un œil anxieux à Lana qui haussa les épaules. Visiblement lassée de ses pensées, leur mère lâcha un profond soupir. Consciente de l'attitude peu coopérative de sa mère envers sa sœur, Lana prit les choses en main.

-Maman, faut que j'te parle, fit-elle d'un trait.

Elle traina Mme Atalay jusqu'à la cuisine. Lyllah, elle, ne prit même pas le temps de finir son repas et fonça dans sa chambre. Quant à Kenzo, il s'installa devant la télé, n'ayant subitement plus faim.

-Est-ce-que tu te rends compte à quel point t'es dure avec elle ? Elle ne mérite pas ça, surtout après la pique que tu lui as lancée dans l'escalier !

-Ne te mêles pas de ça, d'accord ? répondit Mme Atalay, plus glaciale que l'océan Arctique lui-même.

-Oh, garde tes phrases typiques pour tes assistantes ! la rembarra insolemment sa fille.

-Votre ton, jeune fille !

Celle-ci leva les yeux au ciel, ce qui agaça prodigieusement son impeccable mère. Voyant que le ton montait dangereusement, Lana décida de se calmer.

-Maman, Lyllah s'est excusée, dit-elle d'une voix plus douce.

C'est alors que Mme Atalay, d'ordinaire une femme ne laissant en rien transparaitre ses émotions, explosa de colère.

-MAIS ENFIN LANA !! T'as sœur a tout ce qu'elle veut ! Moi qui suis une femme très occupée, je n'ai pas le temps pour ce genre de coup de fil téléphonique !

Kenzo, dans le salon, augmenta le volume sonore de l'écran plat. Lyllah, dans sa chambre, prit sa mini-enceinte et se mit à écouter une musique qui la relaxa un peu.

"Elle a pété un plomb !" pensa Lana. Elle avait raison ; d'habitude sa mère, en cas de dispute, se composait un masque froid et hautain qui cachait à merveille ses sentiments. Là, elle était carrément hors-d'elle, et tout le monde pouvait le confirmer !

-Non mais sérieusement, vous ne voyez pas tout ce que je fais dans cette maison ! continuait de vociférer sa mère. C'est moi SEULE qui paie vos vêtements, votre nourriture et le toit plu-tôt-pas-mal sous lequel vous vivez !

Avec un énième soupir, Mme Atalay éclata en sanglots.

-Maman... dit délicatement Lana, désarmée face à cette mère qu'elle ne reconnaissait plus.

Elle ne l'avait vue qu'une seule fois dans cet état : lorsque celle-ci avait découvert l'infidélité de son mari. Mais cela remontait à longtemps...

Lyllah, qui n'entendait rien de la scène qui de déroulait un étage plus bas, fût dérangée par son petit frère.

-Kenzo, je t'ai déjà dit cent fois de toquer avant d'entrer !

-Il y a maman qui pleure, lui dit-il les yeux brillants.

-Quoi ?

Lyllah éteignit son enceinte et descendit.

-Maman ! fit-elle en voyant sa mère écroulée sur le sol.

-Je suis désolée pour ce que je t'ai dit tout à l'heure, lui dit-elle tout bas. Je ne réalisais pas à quel point cela pourrait te faire souffrir.

Elle continua :

-Je suis peut-être une mauvaise mère parfois mais sachez que je vous aime.

-Tu n'es pas une mauvaise mère maman, la corrigea Lyllah pendant que Lana lui caressait les cheveux, tu t'es juste endurcie après le départ de papa.

La jeune fille avait souvent remarqué sa mère, pleurant quelques fois dans la cuisine. Elle avait aussi distingué le léger assombrissement de ses traits lorsqu'elle évoquait occasionnellement son géniteur ; aussi évitait-elle le plus souvent d'en parler. Lyllah évalua intérieurement que c'était pendant la période du divorce que sa mère s'était composé ce masque de distance et de condescendance.

-On t'aime tous maman, finit-elle par lâcher au comble de l'émotion. Et  on t'aimera toujours. Peu importe ton caractère, tu es notre mère, et c'est cela qui compte.

Elle finit par la prendre dans ses bras, aussitôt imitée par son frère et sa sœur.



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