Chapitre 2 : Zéro, Néant

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Jene sais pas combien de temps j'ai passé dans les bras de mon père,mais bien assez pour lui montrer à quel point il m'avait manqué.Après cela, je me dégageai pour le regarder de la tête aux pieds,un grand sourire aux lèvres :


–Ilsne t'ont pas raté, ceux qui ont écrit sur tes plâtres !

Ilpartit d'un rire franc en hochant la tête, avant de me prendre parl'épaule et m'amener vers la salle de briefing :


–Lesautres doivent t'attendre, vas-y Tao !

Il me poussagentiment, et je passai les portes opaques avant de m'asseoir auprèsdes autres pilotes, sans même leur accorder un seul regard.
Lecommandant leur expliqua quand décoller, la mission en général,mais cela m'ennuyait profondément ; je savais déjà commentmanipuler un avion, et je ne me suis intéressé qu'à la vitesse desavions, leur poids avec la charge, la forme du cockpit, avant dem'endormir effrontément en plein briefing.

Je commençais àbattre des paupières vers la fin des explications rébarbatives,puis nous partîmes découvrir la véritable face des avions, nosderniers compagnons de voyage.

Lorsque je pus enfin voir lesZéro-sen, je n'ai pas eu la réaction solennelle que j'avaisespérée. Mes jambes se sont dérobées, et je me suis écroulé àgenoux sur le sol, les yeux grands ouverts, la bile remontant presquedans ma bouche.
Je ne savais pas si c'était de la stupéfactionou de la peur, mais cet avion a fait surgir en moi toutes les imagesd'horreur possibles et imaginables. Je savais que j'allais mourir, etcette sensation d'accepter la mort était sans doute la pire de mavie.
Le commandant nous laissa quelques minutes qui me parurentbeaucoup trop courtes pour se confronter à la réalité, puis nousemmena dans nos dortoirs pour y déposer nos affaires.
Commedernier luxe, les chambres étaient individuelles et bien éclairées; on ne se sentirait presque pas dans une base militaire.


Jedéposai mes affaires au sol et mis mon uniforme sur un cintre,laissant l'omamori de ma mère dans la poche du torse, avant del'accrocher à une barre au dessus de mon lit.
Une fois fait, jefinis d'écrire ma lettre à ma mère, lui exprimant par écrit toutce que je n'avais pas eu le courage de lui dire en face.

Aprèsavoir fini de l'écrire, je suis allé la mettre dans la boîte auxlettres, avant de partir pour le réfectoire avec les autres, mêmesi je n'avais plus aucune envie de manger. Cependant, je me suis faitviolence après un encouragement de mon père, qui se tenait dans uncoin en se faisant servir à manger.

Une fois le repas fini,je me suis dirigé à nouveau dans ma chambre sans un regard pour lesautres aviateurs. À quoi bon les connaître, si ce n'est pourmieux les perdre, après tout.
Je me suis endormi dans l'instantqui a suivi, fatigué des émotions de cette journée. J'avaiscomplètement accepté mon sort et je m'en voulais un peu.

End'autres circonstances, je me serais battu pour vivre, maismaintenant, je n'avais plus d'autre choix que de quitter tous ceuxque j'aimais.

Je n'ai pas rêvé cette nuit, ni cellesd'après. Une semaine d'ennui s'était passée, rythmée par lesinstructions de vol du commandant auxquelles j'étais déjàfamilier, et les anecdotes de combat de mon père, qui prenait mieuxque ma mère l'idée que je ne revienne jamais de ma mission.

*

Lejour de l'envol, je me suis réveillé une minute avant mon radioréveil, et l'ai éteint par réflexe. Je n'avais pas envie dem'apitoyer sur mon sort aujourd'hui. Il fallait que je sois aumeilleur de ma forme pour réussir ma mission, alors aucun faux pasn'était toléré ; telle était la devise militaire, aprèstout.
Une fois levé, j'enfilai mon uniforme, le bandeau blanc etrouge et rabattai le col de ma veste, arrangeant l'amulette de mamère dans la poche, non sans regrets pour tout ce que je laissaisderrière moi, avant de partir pour le repas du matin avec mescompagnons d'un jour.
Pour moi, nous étions surtout desmalchanceux, mais aussi des futurs héros. Autant mourir avecpanache.

Après le repas, nous partîmes sur les pistes pourle voyage, et je dois avouer que je n'avais pas fière allure, avecmes yeux peinés, mon teint pâle et une constante anxiétémalsaine.



Jerefusai cependant toute aide pour entrer dans le cockpit du premierdes Zéro-sen, et commençai à reprendre la main avec les commandessous le regard impétueux de notre supérieur, lorsque le commandantnous intima d'arrêter de s'émerveiller :

–Bon,vous voilà pilotes des nouveaux modèles de Zéro-sen, les enfants.Votre destination est affichée sur une carte dans le cockpit, maisil vous suffira juste de suivre les autres, vous ne pourrez pas vousperdre. Pendant vos essais en vol, une fausse bombe était installéeà bord, pour éviter la différence de poids en vol aujourd'hui...


Jecessai d'écouter les commandes à partir de cet instant, m'imaginantla mission en elle-même, à la fois pour me rassurer et peut êtreaussi faire grimper l'adrénaline.

Quelques minutes plus tard,le premier avion décollait devant moi, avant que je ne le suive,ainsi que tout l'escadron. À chaque fois que les roues quittaient lesol, j'avais la même impression de liberté qui m'entourait, medisant qu'une fois parmi les oiseaux, mes soucis auxquels je n'avaisde solution restaient cloués au sol. Si je le pouvais, j'auraispassé ma vie dans un avion, mais le destin en avait vouluautrement.

Mais cette fois-ci, mes soucis ne quittèrent pasla cabine de pilotage, et je continuais à me morfondre pendant letrajet jusqu'à notre destination finale.
C'est après quelquesminutes passées à broyer du noir qu'un appel radio du commandant metira de ma rêverie solitaire :

–Shiota,concentrez vous, nous y voilà.

Je replaçai mon bandeau etmes lunettes d'aviateur, avant de réprimer un cri de surprise, à lafois effrayé et excité. Un immense cuirassé se tenait droit devantnous, arborant fièrement les couleurs de l'ennemi de mapatrie.
Notre cible se tenait devant nous, mais je me surprenais àpenser que je n'avais rien pour justifier mon acte, sinon unedévotion patriotique. J'aimais la culture américaine, mais j'étaisobligé de combattre pour les valeurs de mon foyer et ma famille.

Enchassant cette pensée désinvolte, je pris l'initiatived'accélérer le trajet vers notre cible, qui fut suivie par mesderniers collègues.



Lesmains tremblantes, je me dirigeais vers mon exécution, plutôtspectaculaire...

Nous arrivâmes à environ un mile nautiquede l'ennemi, avant de recevoir un ultime appel radio :

–Avisà tous les aviateurs, ceci est notre dernière communication.Essayez de trouver l'endroit idéal pour vous écraser, et ne vousfaites pas tirer en vol.

Il rajouta alors en riant un peu :


–Aussi...vivel'Empire, il est fier de vous.

J'acquiesçai en silence,poussant le manche vers le mastodonte d'acier, peuplé d'hommes qu'onnous décrivait comme tout aussi monstrueux.
C'est à ce moment-làque l'enfer débutait pour nous. Notre escadron s'est divisé autourde la cible, et les tirs ennemis ont débuté. À cet instant, jesavais que je n'étais plus dans les simulations de voltige, maisdans la réalité, où un tir pouvait me tuer, et que je n'étaisplus contre des mannequins.

Je me battais contre de vraishommes, que j'allais tuer.

J'essayai de chasser tant bien quemal cette pensée morbide lorsque je voyais les traits de balles depart et d'autre de ma cabine de pilotage. À cet instant, je melaissais aller, je tentais de faire corps avec l'avion, comme à monhabitude. C'était seulement là que mon véritable talents'exprimait, et que je pouvais me démarquer des autres aviateurs.C'était comme si je vivais à travers lui, alors que je tournais latête vers le premier ami tombé en l'air.


Jeme suis rapproché dangereusement de la cible, voletant autour descanons, esquivant chacun des tirs de barrage tel une goutte d'eauinsaisissable, en cherchant le point parfait. Dans cet état desymbiose avec l'appareil, rien ne pouvait m'arrêter dans macourse effrennée.

J'avaisl'impression de vivre au ralenti, observant les visages casqués dessoldats ennemis alors que je me précipitai vers la coque du navire.

C'est fou comme ils me ressemblent, au fond. Ils sonthumains, comme moi je l'étais.




Plusmaintenant. À présent, je n'étais plus qu'une bombe humaine auservice de mon pays.

Malgré ma tentative de vivre à traversl'avion, quelques mètres avant l'impact, je me suis senti inondéd'un flot de souvenirs, reflets de mon enfance, mon adolescence ettous les moments marquants de la courte vie, et la lettre que j'avaisenvoyée à ma mère, dont les mots me revenaient l'un après l'autre:

"À toi, Hiyoko, ma mère, que je n'oublieraijamais.

J'en suis à mon dernier jour d'entraînement. Si tureçois cette lettre, c'est que je suis mort à l'heure qu'il est.Sache que je pense à toi, et que j'ai vu mon père à la base. Il vabien, mais ses mains sont dans des plâtres, donc il ne peut past'écrire de lettres ( tu le connais, il est toujours aussi têtu !). Il pense énormément à toi, et rentrera dans moins d'un mois,je ne sais pas quel jour. De toute façon, la base t'appellera pourte prévenir de sa venue.

Lasemaine d'entraînement s'est très bien passé, mais lanourriture est aussi ignoble que papa le disait ! Après tout, aucunene vaudra la tienne, même si je me suis amélioré.



Sacheque de là où je suis, je veillerai pour toujours sur toi et papa.Je n'ai jamais été très religieux, mais prier pour vous est ladernière chose qu'il me reste à faire.



Jen'ai pas beaucoup à te dire, malheureusement, mais sache que jet'aime toujours, malgré nos disputes et nos mauvais moments. Je n'aijamais eu le courage de te le dire, j'aurais dû te le rappelercent fois plus souvent, mais je t'aime vraiment, et je n'en aijamais douté.



Adieu,sache que je suis fier d'avoir eu la meilleure maman du monde,

Tao"
Toutrefaisait surface avec force dans mon esprit, et j'ai senti ma maindévier inconsciemment.
Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai déviéde ma trajectoire au dernier moment, à quelques centimètres del'impact, et j'ai senti une larme perler le long de ma joue, puisêtre emportée par la déflagration. Je venais de m'écraser contrele métal, et ma mort n'allait pas être vaine.

À ce moment,j'ai vu une intense lumière rougeâtre envahir ma cabine. Desflammes multicolores léchaient les commandes de l'avion. J'aientendu une succession d'explosion, un grand "Boum !", puisplus rien. Mon nez était gorgé de l'odeur de chair et de métalbrûlés, et ce fut le noir complet.

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"Boum !" Haha, nouveau chapitre ! Il est un peu plus sombre, mais j'espère qu'il vous aura plu ! Suspense pour le chapitre 3... À la semaine prochaine pour découvrir !

N'hésitez pas à voter ou commenter, c'est toujours un plaisir !

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