[ 𝟏.𝟎𝟒 ] Hunted

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— 𝙅𝙚 𝙫𝙤𝙪𝙨 𝙖𝙞 𝙙𝙚𝙢𝙖𝙣𝙙é 𝙪𝙣 𝙚𝙭𝙥𝙤𝙨é 𝙨𝙪𝙧 𝙡𝙚𝙨 𝙩𝙧𝙤𝙪𝙗𝙡𝙚𝙨 𝙙𝙚 𝙡'𝙖𝙙𝙖𝙥𝙩𝙖𝙩𝙞𝙤𝙣, 𝙥𝙖𝙨 𝙪𝙣𝙚 𝙨𝙮𝙣𝙩𝙝è𝙨𝙚 𝙨𝙪𝙧 𝙡'𝙖𝙧𝙩 𝙙𝙚 𝙧𝙚𝙘𝙤𝙥𝙞𝙚𝙧 𝙪𝙣𝙚 𝙥𝙖𝙜𝙚 𝙒𝙞𝙠𝙞𝙥é𝙙𝙞𝙖, gronda Mme. Gibson.

⠀⠀C'était une femme brune aux cheveux courts, âgée d'une trentaine d'années environ.

Tandis qu'Aibee s'apprêtait à quitter son cours, elle l'avait interpellée, puis jeté sous les yeux une copie recouverte de notes rédigées au feutre rouge. En observant de plus près, la jeune fille comprit qu'il s'agissait de son devoir de psychologie.

— Quoi ? s'exclama-t-elle en feignant la surprise. Wikipédia ?

⠀⠀Elle s'esclaffa.

— Qu'est-ce qui vous fait dire ça ?

— Vous avez oublié de camoufler l'URL du site sur les pages que vous avez imprimées.

⠀⠀Aibee lui adressa un sourire forcé.

— Dans ce cas, je suppose que c'est une bonne chose que vous me remettiez ce devoir pour me permettre de faire mieux la prochaine fois, dit-elle.

— Je ne vous le remets pas, rétorqua Mme. Gibson. Je l'ai déjà corrigé.

⠀⠀Elle retira ses mains de la copie, lesquelles cachaient l'annotation inscrite au coin de la feuille. Aibee put y lire sa note sans difficulté. Un F.

— Les secondes chances se méritent, reprit l'enseignante. Quand vous réviserez vos cours et ferez correctement votre travail, nous pourrons peut-être envisager d'en reparler.

— Vous savez quoi ? C'est vrai, je n'ai fait aucun effort sur ce travail. J'ai été paresseuse et négligente. Ne me donnez pas de bonne note et dites à mes parents à quel point je suis médiocre et je peux vous assurer que j'éprouverai une grande admiration envers vous.

⠀⠀Mme. Gibson haussa un sourcil, perplexe.

— Seriez-vous en train de me manipuler en usant de la technique de la psychologie inversée ? demanda-t-elle.

— Bien sûr que non, répondit Aibee.

⠀⠀Elle s'interrompit.

— Est-ce que ça fonctionne ?

— Nous ne sommes qu'au début de l'année, lança la professeure. Vous êtes capable de faire beaucoup mieux. Étudiez plus sérieusement.

⠀⠀Comprenant qu'il était inutile d'insister, Aibee récupéra sa copie avant de s'éloigner en direction du hall principal, le dos voûté par la déception.

— Quelque chose ne va pas ? demanda quelqu'un.

⠀⠀Elle leva la tête et croisa le regard d'Andrew.

— Je viens de découvrir ma note pour le devoir de psychologie.

— C'est si mauvais que ça ?

⠀⠀Elle lui brandit la feuille sous le nez.

— Whoah, c'est vraiment mauvais, constata-t-il. Pourquoi est-ce que tu ne m'as pas appelé ?

— Tu voulais que je le fasse ? demanda-t-elle, étonnée.

⠀⠀Andrew rit.

— Pourquoi tu n'as pas fait ce devoir ? demanda-t-il.

— J'ai eu une fin de journée assez chargée hier. Tu savais que le mot substantiellement existait ?

⠀⠀Le jeune homme parut amusé par sa réponse.

— Je sais pas ce que tu fabriques après les cours, mais quoique ce soit, j'aimerais bien y participer un jour, dit-il en souriant. Un Scrabble ça pourrait être marrant.

— Tu me trouves marrante ?

— J'irais même jusqu'à dire hilarante.

— Oh, arrête, gloussa-t-elle en lui frappant l'épaule.

⠀⠀Ils rirent, puis une pensée traversa l'esprit de la jeune fille.

— Est-ce que tu m'espionnes ? demanda-t-elle.

— Quoi ? rétorqua Andrew.

— C'est la troisième fois qu'on se rentre dedans dans les couloirs de manière tout à fait inattendue. Je vais commencer à croire que tu m'espionnes.

— Je peux dire quelque chose pour ma défense ?

— Tu peux essayer, seulement tout ce que tu diras sera retenu contre toi.

— C'est inacceptable, s'offusqua-t-il. Je demande à parler à mon avocat.

⠀⠀Ils rirent à nouveau et à mesure qu'ils discutaient, elle sentait son humeur s'illuminer. Cependant, un nuage vint se profiler à l'horizon. Il se prénommait Rachel et venait de presser ses lèvres sur celles d'Andrew.

— Désolée. Je t'en ai mis partout.

⠀⠀Elle posa délicatement ses doigts sur la bouche d'Andrew afin d'essuyer les traces de son rouge à lèvres.

— Salut, dit-elle.

— Salut, répondit Aibee.

— Quoi de neuf ?

— Aibee me montrait son devoir de-

— J'aime beaucoup ton collier ! s'exclama Aibee pour faire diversion.

— Merci, dit Rachel. Je ne l'enlève jamais. Je le garde même quand je vais à la piscine.

— Tu fais de la natation ?

— J'en faisais, mais cette année j'ai décidé de faire de la danse. Tu as choisis quoi toi ?

— Oh non, je déteste le sport, déclara Aibee en ricanant. C'est nul, fatiguant et ça fait transpirer. Non, merci.

⠀⠀Andrew la regarda avec stupéfaction et elle réalisa alors ce qu'elle venait de dire.

— Mais j'adore les sportifs, ajouta-t-elle pour se rattraper. Sans eux, le sport ne serait pas aussi cool et agréable... à regarder.

— Si je comprends bien, ça veut dire que tu ne t'es inscrite à aucune des activités extra-scolaires proposées au programme ? demanda Rachel.

— Quel programme ?

— Celui qu'ils ont affiché sur tous les murs de l'école.

— Ah ouais ? s'étonna Aibee en regardant autour d'elle. J'avais jamais remarqué. Entre nous, la peinture laisse vraiment à désirer.

— Toutes les activités sur le programme sont obligatoires, informa Rachel.

— Eh bien, j'ai suivi des cours de ballet classique quand j'étais plus jeune alors, je suppose que ça ne me fera pas de mal d'en faire à nouveau.

— J'aime bien la danse, dit Andrew.

⠀⠀Un petit sourire apparut sur le visage d'Aibee.

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⠀Après la conversation que Kate avait eue avec Peter dans les égouts, elle avait accepté la proposition de passer la nuit dans son loft. Pour la première fois depuis plusieurs mois, elle avait enfin pu trouver le sommeil ailleurs que sur un sol dur et froid.

— Ce n'est pas trop tôt, lâcha Peter, tandis qu'elle descendait l'escalier en colimaçon qui menait au rez-de-chaussée.

⠀⠀Les mèches de ses cheveux s'égouttaient sur sa veste en cuir noire.

— Je sais que ça fait une éternité que tu n'es pas entrée dans une douche, mais même avec le savon le plus moussant du monde, tu n'arriveras pas à te débarrasser entièrement de cette odeur pestilentielle, ajouta-t-il.

⠀⠀Kate ne répondit pas et se contenta d'observer l'abondance de nourriture qui décorait la table de la cuisine. Elle roula des yeux, puis lui tourna le dos pour se diriger vers la porte d'entrée.

— Tu ne manges pas avec moi ? lança Peter, faussement vexé. J'ai pris du temps à commander toutes ces choses.

⠀⠀Mais Kate n'était pas d'humeur à profiter d'un petit-déjeuner. Encore moins en sa compagnie. Il avait beau se montrer hospitalier, elle continuait encore d'éprouver de la méfiance à son égard.

— Pourquoi est-ce que tu t'en vas ? demanda-t-il en se levant de table pour la rejoindre. Je croyais que nous avions un accord.

— Sauf qu'aux dernières nouvelles, je peux me débrouiller seule, rétorqua Kate en lui faisant face. Je n'ai pas franchement besoin de toi dans mes pattes.

— Vraiment ? Dans ce cas comment comptes-tu t'y prendre si tu n'es pas préparée ? N'est-ce pas la guerre que tu cherches ? Ne désires-tu pas te venger de Scott McCall ? Crois-tu réellement que deux Berserkers suffiront à l'éliminer alors que tu possèdes la capacité d'en créer toute une armée ?

— Que dis-tu ? répliqua Kate, stupéfaite.

— Je dis que je peux t'apprendre à créer ta propre armée de Berserkers. Celle-ci sera plus forte, plus rapide et plus expérimentée. Tu veux savoir comment t'y prendre ?

⠀⠀Elle plissa les yeux et il s'approcha d'elle.

— Le meilleur moyen d'assurer leur loyauté envers toi est d'en faire des loups-garous, dit Peter. Une fois que tu les auras mordus, tu devras utiliser tes pouvoirs pour les transformer définitivement.

— Je pourrais pratiquer un rituel dans le temple de Tezcatlipoca, souffla Kate qui commençait à comprendre. 

— La légende dit que toute âme qui pénétrerait dans le temple de la divinité serait transformée à son image en guise de châtiment. On raconte que certaines personnes ont été vouées à l'exil et chassées de leur village, mais ton cas est différent. Tu n'as pas vécu cette transformation comme une fatalité, mais comme une renaissance. Tu étais l'élue parfaite. Seulement, il y a une chose que tu ne dois pas oublier. Même si tu lui ressembles, tu n'es pas elle, mais tu possèdes ses facultés, ce qui n'est pas moins considérable. Les Berserkers son sous ton contrôle absolu. Si tu veux créer ton armée, tu vas devoir y retourner, mais tu as d'abord besoin d'entraînement.

⠀⠀La sonnerie de la porte d'entrée retentit et il alla ouvrir.

— Vous avez commandé une pizza ? lança un jeune homme en leur brandissant une large boîte en carton sous le nez.

⠀⠀Confuse, Kate posa les yeux sur Peter. Elle le vit sourire sournoisement et ils échangèrent alors un regard entendu. Lentement, elle s'avança vers le livreur, puis agrippa fermement le col de son polo juste avant de refermer la porte qui claqua en recouvrant le bruit de son hurlement.

⠀⠀Le jeune homme bascula violemment au sol. Dans sa chute, la boîte en carton lui échappa des mains. Effrayé, il recula pour s'éloigner de Kate qui s'était déjà transformée. D'un mouvement rapide, elle se jeta férocement sur lui et mordit son bras. Ses crocs acérés pénétrèrent dans la chair du livreur et ce dernier poussa un cri en se débattant. Il parvint à s'écarter d'elle en lui assénant un coup de coude à l'aide de son autre bras et courut vers la porte d'entrée.

⠀⠀Avant qu'il ne réussisse à atteindre la poignée, Kate se releva et enroula fermement son bras autour de son cou, le retenant ainsi prisonnier. Surpris, le jeune homme gémit d'une voix étranglée, tandis que les muscles de son corps se contractaient, alertés par le manque d'oxygène.

— Laisse-toi faire, lui souffla-t-elle à l'oreille. Je veux que tu m'aides.

⠀⠀Le livreur gesticula pour tenter de se libérer, mais elle resserra sa prise autour de son cou.

— Tout ce que tu auras à faire est d'être à mon service. Je veux que tu suives mes ordres très attentivement.

⠀⠀Elle saisit le menton du jeune homme et inclina sa tête afin de plonger ses yeux vert émeraude dans les siens.

— À la prochaine pleine lune, tu reviendras, seul, reprit-elle. D'ici là, tu ne devras parler à personne de notre rencontre ou de la morsure sur ton bras. Compris ?

⠀⠀Le livreur acquiesça, hypnotisé par chacun des mots qu'elle prononçait. Il semblait se détendre sous la caresse de ses paroles.

— Maintenant, tu vas rentrer sagement chez toi et prétendre que tout ça n'est jamais arrivé.

⠀⠀Satisfaite, Kate le relâcha et il s'en alla d'un pas calme et serein en direction de la porte.

— Une livraison gratuite ? lança Peter qui mastiquait une part de pizza. C'est sympa.

⠀⠀Il s'approcha de Kate.

— Pas mal, dit-il. Dis-moi, tu aimes les sushis ?

⠀⠀Elle fronça les sourcils. Quelques instants plus tard, la sonnerie retentit à nouveau. Aussitôt, un sourire malicieux étira ses lèvres, tandis qu'elle faisait glisser sa langue sur ses crocs.

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𝙋𝙡𝙖𝙮𝙡𝙞𝙨𝙩

Imagine Dragons - Natural

Skylar Grey - Back From The Dead

Whitney Houston -  I Wanna Dance With Somebody

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— Malia ? lança Mme. Fleming à la fin de son cours. Je peux vous parler une minute ?

⠀⠀La jeune fille jeta un regard paniqué à ses amis.

— On t'attend dehors, dit Lydia en quittant la salle, suivie de Stiles.

⠀⠀Rassurée, Malia hocha la tête et attrapa son sac avant de se rapprocher du bureau de l'enseignante. Celle-ci finit d'effacer le tableau, puis déposa sa craie avant de se tourner vers elle.

— J'ai jeté un œil à vos résultats et j'ai constaté que vous aviez de grandes difficultés à suivre le rythme du programme, dit-elle.

— Je n'aime pas vraiment les maths, rétorqua Malia.

— Il ne s'agit pas seulement de vos résultats concernant les mathématiques. Je parlais de l'ensemble de vos matières. Pour être honnête, je crains que vous n'ayez pas le niveau requis pour continuer l'année. En d'autres termes, si vous ne vous améliorez pas rapidement, vous courrez le risque de redoubler.

⠀⠀Malia déglutit, inquiète.

— C'est pour cette raison que je vous propose de passer un test qui nous permettra de juger et d'évaluer votre niveau d'aptitude. Je tiens à vous prévenir, si vous voulez réussir, vous devrez faire preuve d'énormément de motivation et de persévérance.

— Il me reste combien de temps avant de faire ce test ?

— Si vous vous y mettez dès aujourd'hui, je dirais un mois.

— Donc, ça veut dire qu'il me reste un mois pour rédiger mes antisèches ?

⠀⠀Mme. Fleming ricana, croyant qu'elle plaisantait. Elle quitta la pièce et Malia l'imita. Elle chercha Stiles et Lydia, mais ne les vit pas. Cependant, sur sa gauche, près des casiers, un garçon l'observait avec insistance. Il semblait en pleine discussion avec le coach Finstock, mais celle-ci n'avait guère l'air de l'intéresser. Ses yeux restaient fixés sur la jeune fille. En passant auprès d'eux, elle saisit quelques bribes de leur conversation.

— Je ne veux plus rejouer, dit le garçon.

— Nous avons à tout prix besoin de quelqu'un comme toi dans l'équipe ! insista Finstock. Notre joueur le plus prometteur s'est blessé, il nous faut un nouveau remplaçant et tu as toujours été un de nos meilleurs équipiers. Tu es notre dernier espoir, Lahey.

— Je regrette, coach, mais ma place n'est pas sur le terrain cette année.

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⠀⠀Pendant que Lydia s'était arrêtée pour prendre des livres dans son casier, Stiles, debout à côté d'elle, guettait de temps à autre les environs en attendant le retour de Malia.

— Hey, tu vas bien ? demanda-t-il en remarquant son air absent. Tu sembles ailleurs aujourd'hui.

— Pour changer, soupira-t-elle en massant son front d'un geste las.

— Aibee m'a dit que vous avez failli avoir un accident hier soir. Qu'est-ce qui s'est passé ?

— Rien, j'ai juste... perdu le contrôle.

— De la voiture ? s'exclama Stiles.

⠀⠀Lydia roula des yeux.

— Non, de mes émotions. Aibee m'a dit que Kate lui avait dit quelque chose de troublant.

— Qu'est-ce qu'elle lui a dit ?

— Qu'elle lui faisait penser à Allison.

⠀⠀Stiles se raidit en fronçant les sourcils.

— Qu'est-ce que ça signifie ?

— J'en sais rien, répondit Lydia en refermant son casier. Mais garde un œil sur elle.

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— Le triangle amoureux a toujours été un thème récurrent dans la littérature, dit Teresa à l'ensemble de ses élèves. Prenons le cas d'Orgueil et Préjugés de Jane Austen. Dans ce roman, Elizabeth Bennett attire à la fois l'attention du tendre et honnête Mr. Darcy et du séduisant Mr. Wickham. Au cours de l'ouvrage, il est évident qu'elle hésite entre les deux prétendants. Toutefois, dans d'autres cas de figure, le schéma narratif peut se complexifier et entraîner une succession de péripéties pour la plupart inattendues.

⠀⠀Elle interrompit soudain son explication, intriguée par l'air distrait d'une de ses élèves.

— Mademoiselle ?

⠀⠀Toute la classe se tourna vers Aibee. Assise au fond de la pièce, elle se redressa subitement sur sa chaise.

— Hein ? rétorqua-t-elle en détachant ses yeux d'Andrew qu'elle regardait distraitement depuis plusieurs minutes.

— Pourriez-vous répéter ce que je viens de dire ? demanda Teresa.

— Bien sûr, vous avez dit que pour attirer les préjugés, il fallait être amoureux et que les triangles étaient des formes très complexes.

⠀⠀Une épidémie de fous rires se répandit dans la salle.

— Êtes-vous sûre d'avoir bien lu le livre que je vous ai recommandé ?

— Eh bien, je ne sais pas si je l'ai lu, mais je l'ai ouvert pour récupérer l'épingle à cheveux que j'avais glissée à l'intérieur.

⠀⠀Les rires redoublèrent et Aibee prit part à l'hilarité générale avant de croiser le regard mécontent de la professeure.

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— Je n'arrive pas à croire que je vais devoir rédiger le compte rendu intégral d'un roman ! rouspéta la jeune fille à la fin du cours. J'ai déjà du mal à analyser un ticket de caisse ! Comment je vais faire ?

— Je ne sais pas, dit Andrew. Mais ne compte plus trop sur Wikipédia.

⠀⠀Aibee soupira.

— En revanche, tu peux toujours compter sur moi, ajouta-t-il.

— C'est vrai ? s'exclama-t-elle.

⠀⠀Il acquiesça et elle trépigna d'excitation.

— C'est génial ! Qu'est-ce que je peux faire pour te remercier ?

— Tu pourrais venir me soutenir aux entraînements ? Tu es une excellente supportrice.

— Crois-moi, j'aimerais vraiment, seulement, je viens de réaliser que je n'ai pas beaucoup étudié ces derniers temps et je ne veux pas avoir plus de problèmes avec mes professeurs. Après tout, l'école c'est important, n'est-ce pas ?

⠀⠀Andrew haussa un sourcil.

— Qui êtes-vous et qu'avez vous fait de l'ancienne Aibee ?

⠀⠀La jeune fille sourit, puis balança ses cheveux en arrière d'un geste de la main avant de s'en aller, sous le regard amusé du jeune homme.

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— BOUGE-TOI, STILINSKI ! hurla Fintosck, tandis que Stiles courait autour du terrain pour s'échauffer. Mon grand-père sur le dos d'un paresseux irait plus vite !

⠀⠀Le visage rouge et déformé par la fatigue, Stiles parcourut les derniers mètres qui lui restaient avant de s'écrouler aux pieds du coach, le visage enfoui dans l'herbe du gazon.

— Tu es arrivé cinq minutes après l'arrêt du chronomètre ! s'écria ce dernier. C'EST PITOYABLE !

⠀⠀Furieux, il siffla dans les oreilles de Stiles, puis s'éloigna en pestant.

— Tu vas bien ? demanda Scott en ramassant son ami.

— Ouais, emmène-moi quelque part, je vais vomir.

⠀⠀Assise dans les gradins, un surligneur rouge dans la main, Malia tentait de comprendre l'énoncé du livre de mathématiques posé sur ses cuisses. Si elle voulait réussir son test, elle devait commencer à s'y prendre le plus tôt possible. Néanmoins, elle éprouvait du mal à se concentrer et lâchait de nombreux grognements pour manifester son agacement.

⠀⠀Soudain, son flair la titilla. Elle releva la tête, puis regarda autour d'elle. Ses yeux se plissèrent quand elle vit le garçon qu'elle avait aperçu plus tôt dans les couloirs, assis quelques rangées plus haut. Cette fois, il ne la regardait pas et portait son attention sur le terrain. Malia se retourna pour reprendre la lecture de son livre, lorsqu'elle sursauta brusquement en remarquant la présence de Kira à côté d'elle.

— Je fais aussi peur à voir ? demanda cette dernière, le visage couvert de sparadraps.

— Honnêtement, oui.

⠀⠀Kira baissa tristement la tête.

— Qu'est-ce qui ne va pas ? demanda Malia. Tu empestes l'anxiété.

— Il s'est passé quelque chose entre moi et Scott et quand ça s'est produit, j'ai cru que ça signifiait le début d'une nouvelle chose, mais, finalement, il m'a fait comprendre que ce n'était pas grand chose et du coup, je commence à me dire que ça n'a jamais été quelque chose du tout.

⠀⠀Malia fronça les sourcils.

— Je n'ai rien compris à ce que tu viens de dire.

— Moi non plus, soupira Kira. Qu'est-ce que tu fais ?

— J'essaie de lire ce bouquin, mais on dirait que ça a été écrit dans une langue étrangère.

— Je crois que c'est parce que tu le tiens dans le mauvais sens.

— Je sais, mais même dans le sens normal, je ne comprends toujours rien.

⠀⠀Malia soupira avant de refermer son livre.

— Je n'arrive pas à me concentrer. Tu vois le garçon assis derrière nous ? Je crois qu'il me suit.

⠀⠀Kira se tourna discrètement vers la direction indiquée.

— Tu le connais ? demanda Malia.

— Oui, c'est Isaac Lahey, l'ex d'Allison.

— Allison, l'ex de Scott ?

⠀⠀Kira soupira. Il était évident que Scott n'avait toujours pas réussi à se remettre de la perte de son premier amour six mois auparavant.

⠀⠀Elle devait se rendre à l'évidence. Il n'était pas prêt pour une nouvelle relation.

— Tu pourrais dire quelque chose pour me remonter le moral ?

— C'est une bonne chose que tu n'aies pas de miroir pour te regarder en ce moment, dit Malia.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

— Comme vous le savez tous, Dunbar, notre étoile montante, s'est fracturé une jambe pas plus tard qu'hier, déclara Finstock. Ce tragique évènement a profondément ébranlé et fragilisé notre équipe, mais nous nous devons de rester forts. Nous n'allons pas nous laisser abattre parce que notre meilleur chance de remporter le prochain match se trouve coincé sur un lit d'hôpital.

⠀⠀Il s'interrompit.

— À qui est-ce que je vais faire croire ça ? C'est un véritable désastre ! Je suis fini ! Je n'ai plus qu'à retourner au Tennessee pour travailler à la ferme et traire les vaches de ma cousine Betsy !

— Tu sais pourquoi ce Dunbar n'est pas venu ? demanda Stiles à Scott.

— Non, mais selon le diagnostic de ma mère, son état n'avait pas l'air grave.

— En tout cas, on peut dire que cette situation t'arrange, non ? Là, au moins, il ne sera plus une menace pour toi.

— McCall, Stilinski ! beugla le coach en les attrapant tous les deux par le bout des oreilles. Tout est de votre faute !

— Aïe ! hurla Stiles. Calmez vous, coach !

— Me calmer ? rétorqua Finstock en le pinçant davantage. JE NE ME CALMERAI PAS TANT QUE JE N'AURAIS PAS UN NOUVEAU JOUEUR !

⠀⠀Il relâcha les deux garçons et ramassa une balle au sol avant de l'envoyer rageusement en direction des tribunes. La balle fendit l'air comme un missile.

⠀⠀Kira l'intercepta à main nue juste avant qu'elle n'aille heurter le visage de Malia.

— Whoah, bien rattrapé ! s'étonna le coach, bouche bée. Renvoie-moi la balle, fille au visage bandé !

⠀⠀Elle se leva pour lancer la balle. Celle-ci frappa violemment le coach à l'abdomen et il tomba par terre, sous la brutalité du choc.

— Oh mon dieu ! paniqua-t-elle en écarquillant les yeux.

— Que quelqu'un lui demande si elle a déjà joué à la crosse ! s'exclama Finstock en se tordant de douleur.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

— Bonjour, je viens pour emprunter un livre, dit Aibee à la bibliothécaire, assise derrière un comptoir.

⠀⠀La femme, blonde, grassouillette et âgée d'une vingtaine d'années environ, leva les yeux de son ordinateur et la considéra un instant.

— Vous avez une carte d'emprunt ? lui demanda-t-elle.

— Non, mais, mon père est le shérif de la ville et ma mère est une créatrice de vêtements.

⠀⠀Peu impressionnée, la bibliothécaire éclata la bulle du chewing-gum qu'elle était en train de mastiquer.

— Quel ouvrage est-ce que vous recherchez exactement ?

— Orgueil et Préjugés de Mary-Jane Olsen.

⠀⠀La femme s'arrêta de pianoter sur son clavier.

— Vous voulez dire Jane Austen ? rectifia-t-elle.

— Oui, c'est ça, répondit Aibee.

— Étagère numéro 12. Section B.

⠀⠀Aibee fronça les sourcils et inclina la tête d'un air confus.

— Suivez-moi, soupira la bibliothécaire.

⠀⠀Elle guida Aibee à l'endroit indiqué avant d'attraper l'ouvrage qu'elle lui avait demandé.

— Whoah ! s'exclama la jeune fille quand elle lui déposa le livre dans les mains. Il est lourd !

⠀⠀La bibliothécaire se contenta de rouler des yeux.

— Au fait, c'est Mary-Kate Olsen, lança-t-elle avant de retourner derrière son comptoir.

⠀⠀Aibee observait les livres présents autour d'elle pendant quelques instants quand son regard se posa sur une table située quelques mètres plus loin. Un jeune homme y était assis. Il était seul et semblait concentré dans sa lecture. Cependant, un autre détail lui sauta aux yeux.

⠀⠀Il ressemblait au garçon qu'elle avait rencontré dans le bus.

— Ça alors ! lança-t-elle en s'approchant de lui. Fred, c'est ça ?

⠀⠀Il releva la tête et arrangea la monture de ses épaisses lunettes. Lorsqu'il la vit, il déglutit, puis se redressa maladroitement sur sa chaise.

— Je m'appelle Jeff, dit-il.

— Peu importe, répliqua-t-elle en prenant place en face de lui. Qu'est-ce que tu fais ici tout seul ?

— J-j'étudie, répondit-il en bafouillant. Et toi ?

— Je lis un livre, rétorqua Aibee en posant l'ouvrage sur la table.

⠀⠀Elle l'ouvrit, puis le referma aussitôt.

— Enfin, j'essaye, soupira-t-elle.

⠀⠀Jeff rit.

— Tu as des livres préférés ? demanda-t-il.

— Ceux qui n'ont pas de pages et pas de mots.

— Tu veux dire une feuille blanche ?

— Et encore, ça dépend du format.

⠀⠀Elle lâcha un nouveau soupir.

— Je le savais, j'aurais dû aller voir les entraînements de crosse, ça aurait été beaucoup plus passionnant.

— Ça ne l'est pas vraiment quand on passe notre temps sur le banc de touche, ajouta-t-il à voix basse.

— Tu es dans l'équipe ?

— Seulement quand le coach veut que je le sois. Il me déteste.

— Si tu veux, la prochaine fois, je viendrai pour t'encourager.

— Tu... tu ferais ça ? demanda Jeff, surpris.

— Ouais, je le fais pour Andrew. Vous êtes amis tous les deux, non ?

⠀⠀Le jeune homme se crispa.

— P-pas vraiment, non...

⠀⠀Sa réponse laissa Aibee perplexe.

— Tu dessines ? demanda-t-elle, le regard posé sur un carnet noir duquel dépassaient des feuilles gribouillées au crayon.

— N-non, répondit-il en cachant le carnet sous son coude.

⠀⠀Aibee s'empara de celui-ci et Jeff se raidit aussitôt, pris de panique. Sans lui demander la permission, elle l'ouvrit. Elle tomba alors sur des dizaines de croquis, certains esquissés au crayon et d'autres au stylo, illustrant pour la plupart d'ignobles créatures. Parmi eux, les portraits d'un homme chauve dépourvu de bouche revenaient toutes les deux pages. Aibee écarquilla les yeux.

— Je... je peux t'expliquer, bredouilla-t-il.

— Tu ferais mieux, oui.

⠀⠀Il tritura ses doigts, mal à l'aise.

— Tu ferais mieux de m'expliquer pourquoi tu es aussi talentueux ! s'exclama-t-elle, ébahie.

— Chut ! gronda une fille assise à la table voisine.

⠀⠀Aibee la toisa. Jeff, quant à lui, semblait déconcerté.

— Tu... tu ne trouves pas ça... bizarre ? demanda-t-il.

— Non, c'est vraiment génial, même si je dois quand même admettre que ce que tu dessines n'est vraiment pas terrible. Je veux dire, pourquoi dessiner des tas de monstres moches et tout fripés, quand tu pourrais dessiner des arcs-en-ciel, des couchers de soleil et des filles qui me ressembleraient comme deux gouttes d'eau ?

⠀⠀Le jeune homme la regarda, interdit.

— Désolée, je ne voulais pas m'imposer, ajouta-t-elle en riant. Est-ce que j'ai précisé que ces filles devront me ressembler comme deux gouttes d'eau ?

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

— J'ai le plaisir et le soulagement de vous annoncer qu'un tout nouveau membre viendra dorénavant compléter notre équipe, déclara Finstock à l'ensemble de ses joueurs. Souhaitez tous la bienvenue à votre nouvelle coéquipière, la fille avec des sparadraps sur le visage !

— Je m'appelle Kira, rétorqua-t-elle.

⠀⠀Le coach se tourna vers elle.

— Peut-être, mais ça ne change pas le fait que tu as des sparadraps sur ton visage, dit-il. D'ailleurs, tu vas les enlever pour jouer, n'est-ce pas ? Je ne veux pas qu'on croit que mes joueurs se font renverser par des bus.

⠀⠀Il s'éloigna du terrain. Kira se renfrogna, vexée. Scott vint à sa rencontre.

— J'arrive pas à croire que tu sois dans l'équipe ! s'exclama-t-il avec enthousiasme. C'est formidable !

⠀⠀Il la prit dans ses bras et elle se figea aussitôt au contact de sa peau contre la sienne. Son pouls s'accéléra, son cœur tambourina à l'intérieur de sa poitrine et à cet instant précis, elle éprouvait un profond soulagement à l'idée qu'il ne puisse pas la voir rougir sous ses bandages.

⠀⠀Elle ignorait exactement quelle était la nature actuelle de leur relation, mais cela lui importait peu pour le moment.

⠀⠀Elle se sentait à l'aise entre ses bras.

— Ouais, c'est génial, dit Stiles à l'issue de leur étreinte. Tu joues mieux que moi.

— Tout le monde joue mieux que toi, dit Scott en riant.

— Je suis au courant, merci, répliqua le jeune homme en grinçant des dents. Félicitations, en tout cas.

— Oui, merci d'avoir empêché mon visage de ressembler au tien, ajouta Malia en les rejoignant.

⠀⠀Ils se tournèrent tous vers elle.

— Quoi ?

— Je vous assure qu'elle fait des progrès les gars, déclara Stiles.

⠀⠀Tout à coup, quelqu'un apparut à leur côté.

— Isaac ? lança Scott, surpris. Qu'est-ce que tu fais ici ?

— Ouais, qu'est-ce que tu fais ici ? répéta Stiles, tout aussi surpris. T'étais pas censé être en Écosse ou n'importe où ailleurs loin de cette ville ?

— J'étais en France et toi non plus tu ne m'as pas manqué, Stilinski, rétorqua le jeune homme.

⠀⠀Malia lui jeta un regard mauvais.

— Une seconde, dit Scott. Chris est parti avec toi alors, si tu es de retour, ça veut dire qu'il est revenu, lui aussi ?

— On a sauté dans le premier avion dès qu'on a reçu ton appel.

— On ? demanda Stiles. Comment ça ? Vous viviez ensemble ?

— Chris est en quelque sorte devenu mon tuteur légal.

— Tu veux dire qu'il t'a adopté ? demanda Scott en haussant les sourcils.

⠀⠀Isaac lui répondit d'un hochement de tête.

— Mon nom est Argent maintenant.

— Donc, tu es le fils du père de ton ex-petite amie ? lâcha Malia.

⠀⠀Ils la regardèrent.

— OK, je sais ce que vous pensez, mais je vous jure qu'elle fait des progrès, répliqua Stiles.

⠀⠀Isaac, quant à lui, l'observait attentivement.

— Tu dois être Malia, lui dit-il. Je savais que ton visage me disait quelque chose. La dernière fois que je t'ai vue, tu étais toute nue dans la forêt.

⠀⠀Il lui adressa un petit sourire en coin et elle fronça les sourcils, confuse.

— Tu comptes réintégrer l'équipe ? demanda Scott.

— Non, ça ne m'intéresse plus vraiment, répondit Isaac. Chris m'a forcé à retourner à l'école. Si je suis ici, c'est à cause de lui.

— Je vois. C'est cool de te revoir en tout cas.

⠀⠀Mais Scott mentait. Son simple retour faisait remonter en lui de douloureux souvenirs qu'il aurait préféré oublier.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

⠀⠀Aibee venait tout juste de terminer les cours et se rendait d'un pas tranquille vers la sortie du lycée lorsque soudain, Rachel surgit devant elle.

— Sérieusement ? s'exclama-t-elle. C'est une tradition dans ce lycée de surprendre les gens dans les couloirs ?

— Je te cherchais partout.

— Qu'est-ce qui se passe ?

— Il y a une répétition de danse dans moins de cinq minutes.

⠀⠀Les yeux d'Aibee s'agrandirent.

— Quoi ? s'exclama-t-elle à nouveau. Maintenant ? Je n'ai pas apporté de tenue.

— Ne t'en fais pas, je vais t'en prêter une, dit Rachel en attrapant son bras. Allez, viens.

⠀⠀Elle l'entraîna sans attendre en direction de la salle de danse située aux alentours du gymnase. La pièce était grande et spacieuse. De grands miroirs étaient fixés sur les murs et des enceintes en décoraient chaque recoins. Les rayons du soleil pénétraient à travers les vitres des larges fenêtres pour se refléter sur le parquet lisse et brillant.

⠀⠀Une vingtaine d'élèves s'étiraient sur les barres. Parmi eux se trouvaient des filles, mais également des garçons, ce qui ne manqua pas d'alerter l'attention d'Aibee. Un sourire apparut alors sur ses lèvres et toutes ses réticences s'envolèrent.

⠀⠀Cet endroit lui plaisait déjà.

— Pas de chaussures à l'intérieur, indiqua Rachel.

⠀⠀Aibee retira ses bottines, puis les glissa à l'intérieur de son sac à main. Rachel la dévisagea.

— Qu'est-ce que tu fais ?

— Quoi ? Ce sont des Louis Vuitton.

⠀⠀Elles entrèrent dans les vestiaires. Rachel déposa son sac sur un banc, puis en sortit deux tenues.

— Essaye celle-là, dit-elle.

⠀⠀Il s'agissait d'un tee-shirt fushia et d'un jogging gris. Rachel, de son côté, avait opté pour un un jogging noir et un débardeur vert.

— Tu as l'air de bien t'entendre avec Andrew, lança-t-elle.

— Oui, il est très sympa.

— Il est fantastique. C'est le meilleur des petits amis.

— J'imagine, murmura Aibee en glissant une jambe dans son jogging.

— Qu'est-ce que tu as dit ?

— J'ai dit j'adore les pantalons en jean.

— Tu sais, reprit Rachel, lorsque deux personnes sont faites l'une pour l'autre, rien ne peut briser leur lien. On ne peut pas séparer des âmes sœurs.

— C'est ce que tu penses ?

— C'est ce que je crois.

— Whoah, tu l'aimes vraiment beaucoup.

— Toi aussi tu connaîtras ce sentiment quand tu tomberas amoureuse, dit Rachel.

⠀⠀Aibee ne savait pas pourquoi, mais cette conversation commençait à la mettre mal à l'aise. Elle ramena ses cheveux en une queue de cheval et appliqua une nouvelle couche de rouge à lèvres.

— Qu'est-ce que tu en penses ? demanda-t-elle une fois qu'elle eut terminé de s'habiller.

— Tu es prête pour danser.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

— Les gars, je vous présente Aibee, notre nouvelle recrue, déclara Rachel une fois qu'elles furent dans la salle de danse.

— Salut, Aibee, dirent tous les élèves en chœur.

⠀⠀La jeune fille les salua quand ses yeux se posèrent sur un garçon debout au fond de la pièce. Il faisait des mouvements en se regardant dans le miroir. Elle s'approcha discrètement de lui.

— Salut, lança-t-elle d'une voix mielleuse. Tu danses super bien.

⠀⠀Il se retourna et elle se sentit immédiatement foudroyée par ses yeux marrons. Elle détailla son visage. Sa mâchoire était saillante et bien dessinée. Ses sourcils étaient épais et ses cheveux, longs et noirs, lui arrivaient jusqu'aux épaules.

  — Merci, dit-il.

Il s'éloigna et elle le poursuivit.

— Je m'appelle Aibee.

— Moi c'est Cole.

Elle battit des cils en lui adressant un sourire aguicheur.

— T'as un truc dans l'œil ? demanda-t-il en la dévisageant.

— Sûrement. Peut-être que tu pourrais souffler dessus ?

⠀⠀Elle se pencha vers lui et il recula légèrement.

— Je crois que ce serait mieux que tu ailles voir l'infirmière du lycée, répondit-il.

⠀⠀Il alla rejoindre le reste du groupe et Aibee fit la moue. Elle n'allait pas le laisser s'en tirer comme ça.

— Votre attention, s'il vous plaît ! lança soudainement une femme à la peau mate en entrant dans la salle. Nous allons commencer.

⠀⠀À en juger par son apparence, il n'était pas difficile de deviner que c'était elle qui était chargée d'animer le cours. Avec ses chaussettes de danse orange, ses collants violets et son juste au corps rouge, elle ressemblait à une danseuse des années quatre-vingt. Aibee de son côté, la voyait plutôt comme un clown.

⠀⠀C'était une belle femme aux grands yeux marrons âgée d'une quarantaine d'années environ. Sa chevelure était brune et frisée et lui tombait sur les épaules.

— À tous les nouveaux participants présents aujourd'hui, je tiens à me présenter, dit-elle. Je m'appelle Sheila Bloom, mais vous pouvez m'appeler Sheila ou tante Sheila pour les intimes.

⠀⠀Elle sourit, dévoilant ainsi une rangée de dents blanches et brillantes.

— Asseyez-vous.

⠀⠀Les élèves prirent place sur le sol et Aibee les imita.

— Bien, avant de procéder aux étirements, je vais faire l'appel.

⠀⠀Elle lut une feuille à voix haute en nommant chaque élève tour à tour.

— Aibee Stilinski ? lança-t-elle après avoir appelé tout le monde.

⠀⠀L'adolescente leva la main. Sheila l'observa un long moment en plissant les yeux.

— Donne-moi une couleur, dit-elle.

⠀⠀La jeune fille parut déconcertée par sa question, mais se laissa tout de même prendre au jeu.

— Bleu ? répondit-elle.

⠀⠀Mme. Bloom sembla réfléchir.

— Dorénavant, tu seras petit hibou noir ! s'exclama-t-elle en imitant des ailes avec ses mains.

⠀⠀Aibee se pencha vers Rachel, assise à côté d'elle.

— Est-ce qu'elle vient de me comparer à un oiseau ? lui demanda-t-elle en chuchotant.

— Fais pas attention, moi c'est petit serpent rouge, dit Rachel en imitant un serpent avec son bras.

— Sachez que si vous faites partie de ce cours, c'est que le destin en a décidé pour vous, dit Sheila d'un ton théâtral. S'il y a une chose qui est sûre, c'est que l'alignement de vos étoiles ne vous mentira jamais. Alors, tous ensemble, je veux que vous vous laissiez porter par la caresse du soleil couchant qui maintient l'équilibre de notre planète, car rappelez-vous, la danse n'est ni un sport, ni une banale activité physique, mais un art.

⠀⠀Elle accompagnait chacune de ses paroles de gestes et de mouvements amples et saccadés.

— C'est une manière de penser et d'agir. C'est pour cette raison que vous devez laisser vos instincts s'exprimer. Affirmez-vous ! Libérez-vous !

— Pourquoi est-ce qu'elle parle comme ça ? demanda Aibee, confuse.

— Elle a été professeure de yoga et rédactrice en chef d'une revue astrologique pendant un certain temps, répondit une jeune fille assise à sa gauche.

⠀⠀Aibee se tourna vers elle. Elle avait les yeux hazel et une impressionnante chevelure rousse ébouriffée.

— Comment est-ce que tu sais ça ?

— Je le sais, parce que...

⠀⠀La fille s'interrompit, hésitante.

— C'est ma mère, dit-elle. J'ai été adoptée quand j'avais deux ans.

— Franchement, je te plains, comment est-ce que tu fais pour survivre à ça ? demanda Aibee en désignant Sheila.

⠀⠀Cette dernière entreprenait une danse improvisée sur le titre I Wanna Dance With Somebody de Whitney Houston. Elle remuait son bassin voluptueux sur le rythme de la musique et sautillait sur ses pieds tout en secouant sa tête avec frénésie.

— Qu'est-ce que tu es, toi ? Laisse-moi deviner. Petit lapin rose ?

— Je m'appelle Catharsis.

⠀⠀Aibee haleta, puis plaqua une main sur sa bouche, horrifiée.

— Ma mère aime faire dans l'originalité. Pour être honnête, je préfère qu'on m'appelle Cat.

— Bon, alors, vous allez tous vous mettre debout et adopter la posture de l'arbre ! lança Sheila.

⠀⠀Tous les élèves se levèrent pour reproduire la position qu'elle venait de nommer.

— Dis, tu ne penses pas qu'on est dans le mauvais cours ? demanda Aibee à Rachel, tandis qu'elle tentait de tenir en équilibre sur une jambe.

— J'ai pensé la même chose la première fois que je suis venue ici, mais crois-moi, ce n'est pas aussi dingue que ça en a l'air.

— Parfait, maintenant touchez votre oreille gauche avec votre genou droit ! ordonna Mme. Bloom.

⠀⠀Aibee écarquilla les yeux.

— Je plaisantais, reprit Sheila, amusée. Cette posture n'est pas prévue pour aujourd'hui.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

⠀⠀Depuis qu'elle avait croisé ce mystérieux garçon dans le couloir du lycée, Teresa n'arrivait plus à penser correctement. D'innombrables questions tourmentaient son esprit. Comment avait-il su son nom ? Pourquoi s'était-il enfui aussi rapidement quand elle lui avait demandé le sien ? La plupart de ses interrogations semblaient rester sans réponse.

⠀⠀Toutefois, quelque chose chez ce jeune homme l'avait particulièrement frappée et elle avait cru revoir en lui un fantôme du passé, en grande partie à cause de la troublante ressemblance qu'il partageait avec Derek Hale, le petit frère de sa meilleure amie. Elle ne les avaient pas revus depuis l'incendie qui avait détruit leur maison, seize ans auparavant.

⠀⠀Au bout de dix ans d'incessantes recherches, elle s'était tristement résignée à espérer retrouver un jour leur trace, mais suite à cette rencontre, elle s'était résolue à mener de nouvelles investigations. À son plus grand étonnement, elle avait découvert que Derek était retourné vivre à Beacon Hills un an plus tôt. Cette nouvelle lui avait fait l'effet d'une bombe. Maintenant, tout ce qu'elle désirait était de vérifier cette information de ses propres yeux.

⠀⠀Teresa sonna à la porte du loft de Derek. Lorsque celle-ci s'ouvrit quelques instants plus tard, le visage de la jeune femme se figea. Ses yeux s'agrandirent et sa bouche s'entrouvrit sous le coup de la stupeur.

   — Teresa ? lança Derek en la reconnaissant à nouveau.

⠀⠀Quelque chose dans son expression indiquait qu'il était tout aussi surpris qu'elle. Les yeux de Teresa s'embuèrent de larmes en constatant que ses traits, bien que plus mûrs, n'avaient pas changé en dépit des années. Sans réfléchir, elle se jeta dans ses bras et s'agrippa à lui, redoutant qu'il ne soit qu'un simple fruit de son imagination , destiné à s'évaporer.

⠀⠀Lorsque la paume de sa main effleura son visage, elle recula brusquement avant de répéter le même geste. C'est alors que l'évidence la frappa.

⠀⠀Sa peau sous ses doigts était réelle.

⠀⠀Il était réel.

⠀⠀Il la serra fermement contre lui et elle éclata en sanglots.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

— Nous allons maintenant passer à la partie la plus intéressante de ce cours, annonça Sheila. Les improvisations. Vous connaissez le concept, je mets une musique et vous dansez dessus. Cela vous permettra non seulement d'être plus en harmonie avec l'univers qui domine vos chakras, mais également de prendre conscience de l'étendue de vos talents intérieurs. Qui veut se lancer ?

⠀⠀Rachel leva la main.

— Oui, petit serpent rouge ! s'exclama Mme. Bloom avec enthousiasme. Laisse jaillir le venin qui est en toi !

⠀⠀Rachel alla se placer au centre de la salle, puis baissa la tête et resta immobile jusqu'à ce que la toute première note de musique résonne à travers les enceintes. Le parquet se mit à vibrer et une mélodie à la fois mystérieuse et mélancolique retentit.

⠀⠀Elle releva la tête et se laissa guider par la chanson. Son corps se mouvait avec grâce et ses pas, délicats et mesurés, lui donnaient presque l'impression de flotter dans les airs. Lorsqu'elle acheva sa danse, elle se releva quelques instants plus tard, sous les diverses applaudissements de ses camarades.

— Épatant ! lança Sheila avec admiration. Quelqu'un d'autre ?

⠀⠀Cependant, personne n'osa se désigner. Elle balaya alors la salle du regard.

— Voyons voir... Petit hibou noir ? dit-elle en pointant Aibee du doigt.

⠀⠀Cette dernière sursauta en entendant son nouveau surnom.

— Que dirais-tu de nous faire une petite démonstration ?

— Je-

— N'aie pas peur ! dit Mme. Bloom pour l'encourager. Déploie tes ailes et prend ton envol !

— Si vous insistez, souffla Aibee en se levant et en allant se placer au centre de la pièce.

⠀⠀Elle prit une profonde inspiration, puis ferma les yeux. Lorsque les premières notes de la musique effleurèrent ses oreilles, elle se laissa porter par la mélodie saccadée et entraînante. Elle la sentait dans tous ses membres, souples et tendus avec une perfection millimétrée. Elle ondula doucement ses bras, se mit sur la pointe des pieds, puis tournoya plusieurs fois sur elle-même.

⠀⠀Bientôt, elle eut l'impression qu'il n'y avait plus qu'elle dans la salle. Ses cheveux balayaient l'air, tandis que son corps vibrait au rythme des émotions qui la traversaient. Elle semblait imperturbable. La musique envoûtait ses sens et lui faisait se sentir libre et légère. Sa danse était captivante.

⠀⠀Lorsque la chanson s'arrêta, elle était à genoux et sa poitrine se soulevait, alors qu'elle reprenait une respiration régulière. Elle rouvrit les yeux, puis se releva. Tous les regards étaient fixés sur elle.

— Phénoménal ! s'écria Sheila en tapant dans ses mains.

⠀⠀Aibee fut chaleureusement applaudie et un sentiment de fierté s'empara d'elle. Elle adorait être le centre de l'attention.

— Bien, notre cours est maintenant terminé, vous avez été merveilleux aujourd'hui, dit Mme. Bloom en félicitant ses élèves. Entourez-vous de vibrations positives pour rester en symbiose avec la nature et attaquer la semaine prochaine avec entrain !

⠀⠀Aibee se dirigeait vers les vestiaires comme tous ses camarades, lorsque Sheila l'interpella.

— J'ai rarement vu une prestation aussi sensationnelle depuis que j'ai commencé à exercer ce métier il y a trois jours, lui dit-elle. C'était tout simplement majestueux !

⠀⠀Elle s'interrompit, puis sembla réfléchir.

— À partir de maintenant, tu seras grand hibou noir ! s'exclama-t-elle d'une voix surexcitée avant de prendre son élan et d'effectuer un jeté à l'autre bout de la pièce.

⠀⠀Alors qu'Aibee s'apprêtait à entrer dans les vestiaires, une silhouette postée dans l'embrasure de la porte de la salle attira son attention. Elle croisa le regard d'Andrew.

⠀⠀Elle réalisa qu'il se tenait probablement à cet endroit depuis longtemps et qu'il avait donc sûrement eu l'occasion de la voir danser. Elle sourit avant d'aller se changer.

⠀⠀Quand elle ressortit, Andrew était toujours là, Rachel entre ses bras.

— Alors, comment c'était ? demanda-t-il.

— Génial, répondit Rachel. Aibee nous a fait une prestation incroyable. Tu aurais dû la voir.

⠀⠀Il posa furtivement ses yeux sur elle.

— Rentrons, je suis fatiguée, soupira Rachel en quittant la pièce.

⠀⠀Aibee se baissa un instant pour enfiler ses bottines quand elle sentit une présence au-dessus d'elle.

— Je peux te déposer, si tu veux, proposa Andrew.

⠀⠀Elle leva la tête avant d'attraper la main qu'il lui tendait. Il l'aida à se relever et pour toute réponse, elle lui offrit un sourire.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

— Alors, ça fait un an que tu es revenu, dit Teresa, assise sur un canapé à côté de Derek.

⠀⠀Il hocha la tête.

— Tu étais porté disparu... Pourquoi est-ce que je n'ai rien entendu aux infos ?

— Je ne voulais pas être retrouvé, répondit-il.

⠀⠀Teresa se mordit la lèvre supérieure pour masquer sa déception.

— Je vois, dans ce cas, tu aurais peut-être dû penser à changer de nom, répliqua-t-elle d'un ton amer. Ton adresse est sur Internet.

⠀⠀Elle tentait de le sonder, cependant, il semblait fuir son regard insistant.

— Je ne pensais que j'allais rester, mais il s'est passé des évènements qui m'ont fait changer d'avis.

— Pourquoi est-ce que vous n'avez pas cherché à me revoir ? lança-t-elle sèchement.

⠀⠀Derek resta silencieux. Il pouvait déceler de la tristesse dans sa voix.

— Après l'incendie, j'ai pensé que vous étiez toujours là, quelque part à attendre le moment propice pour surgir derrière mon dos et me dire que tout cela n'était qu'une simple blague. Seulement, les blagues sont censées être drôles.

⠀⠀Elle s'interrompit.

— Où sont les autres ? lança-t-elle. Où est Laura ?

⠀⠀Il baissa la tête. Une boule se forma alors dans la gorge de la jeune femme et un profond chagrin lui comprima la poitrine.

— Qu'est-ce qui s'est passé cette nuit-là ? Je veux savoir. Pourquoi est-ce que vous êtes partis ?

⠀⠀Il ne répondit pas. Teresa lâcha un soupir.

— Écoute, si tu ne veux rien me dire, alors, très bien, ne me dis rien. Seulement, je t'en prie, ne fais pas ça, n'essaye pas de me repousser. Tu n'es pas le seul à avoir souffert. Quand j'ai lu dans les journaux que Kate était responsable de toute cette histoire, je n'ai pas pu m'empêcher de me sentir coupable. Après tout, c'est en partie de ma faute si vous vous êtes rencontrés tous les deux. Je m'en suis voulu de lui avoir fait autant confiance.

⠀⠀Elle s'interrompit à nouveau et une larme roula sur sa joue.

— J'ai toujours pensé qu'après cette horrible nuit, je n'allais plus jamais être capable d'aller de l'avant. J'avais des crises d'angoisse et je faisais des cauchemars au point de devenir paranoïaque. Tout ce que je te demande, c'est de ne pas disparaître encore une fois. J'ai besoin de toi. J'ai besoin de toi pour prendre un nouveau départ.

⠀⠀Derek posa deux mains rassurantes sur ses épaules et l'attira contre lui. Elle cala sa tête dans le creux de son cou.

— Je suis là maintenant, lui chuchota-t-il.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

⠀⠀Aibee profitait de son après-midi en se prélassant dans son lit quand un violent bruit ponctué de grincements et de verre brisé résonna dans la chambre voisine. Celle de Stiles.

⠀⠀Alertée, la jeune fille se redressa avant de bondir sur ses pieds pour se précipiter vers la source du vacarme. Lorsqu'elle pénétra dans la pièce, elle tomba nez à nez avec une fille qui tentait de remettre la fenêtre en place.

— Les mains en l'air !

⠀⠀Aibee saisit un parapluie qui était accroché à un porte-manteau et le pointa d'un air menaçant en direction de l'inconnue.

— Si vous êtes venue cambrioler, vous avez choisi la mauvaise maison ! Mon père travaille pour la police et il vous jettera en prison si jamais vous vous avisez de dérober quoi que ce soit dans cette chambre, alors, allez vous-en ! J'ai un parapluie et j'ai pas du tout peur de m'en servir !

⠀⠀Elle fit virevolter l'objet entre ses mains.

— Je n'ai rien volé, affirma l'étrangère en levant ses mains en l'air de manière à prouver son innocence. Je suis la petite amie de Stiles.

— C'est faux ! protesta Aibee en lui brandissant le parapluie au visage. Stiles n'a pas de petite amie !

— Je dis la vérité.

— Prouvez-le !

— Il est obsédé par Stars Wars et a appelé sa Jeep Roscoe.

— Ce n'est pas suffisant !

— Il a un sixième orteil au pied droit ?

⠀⠀Ahurie, Aibee baissa le parapluie.

— J'arrive pas à y croire ! s'exclama-t-elle, bouche bée. Stiles a une petite amie !

— Tu dois être Aibee. Il m'a beaucoup parlé de toi. Je suis Malia.

⠀⠀Elle lui tendit la main. À la vue de ses ongles noirâtres et crochus, Aibee recula en grimaçant de dégoût et lui jeta un regard méfiant.

— Si tu cherches Stiles, il n'est pas là, dit-elle.

⠀⠀Malia haussa les épaules.

— Je vais l'attendre.

— Il ne va peut-être pas rentrer avant une heure ou deux.

— Ce n'est pas grave, j'attendrai patiemment son retour, répondit Malia en s'asseyant sagement sur le lit de Stiles.

⠀⠀Aibee la fixa longuement, déconcertée, puis quitta ensuite la pièce. Quelques secondes plus tard, elle réapparut dans l'encadrement de la porte.

— Reste loin de moi, ajouta-t-elle avant de retourner dans sa chambre.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

⠀⠀De retour chez lui, Stiles franchit la porte d'entrée quand il vit Aibee allongée sur le canapé du salon. Il s'arrêta alors, surpris.

— Tu lis un livre ? s'étonna-t-il. Depuis quand ?

⠀⠀Elle se redressa.

— Depuis que je m'en sers comme oreiller, répliqua-t-elle en refermant l'ouvrage. Mais toi alors, depuis quand est-ce que tu as une petite amie ?

— Quoi ? Comment est-ce que-

— Tu sais, pour être honnête, j'ai toujours pensé que tu finirais seul, mais, cette fille, je sais pas, elle est vraiment louche. Elle était dans ta chambre il y une heure et...

⠀⠀Elle se pencha vers Stiles.

— Je crois qu'elle est toujours là, ajouta-t-elle en chuchotant. Juste un conseil, ne quitte jamais une fille qui ne coupe pas ses ongles, laisse-la te quitter d'abord.

⠀⠀Paniqué, il se précipita vers les escaliers.

— Hey, qu'est-ce qui se passe ? demanda-t-il en trouvant Malia sur son lit.

— Rien, dit-elle en se levant. J'ai rencontré Aibee. T'en fais pas, elle n'a rien vu de ce qu'elle ne devait pas voir.

⠀⠀Elle agita sa main griffue sous le visage de Stiles et il eut un mouvement de recul.

— Tu en es sûre ?

⠀⠀Malia regarda l'état de ses mains.

— Mince. Je ne m'en suis pas rendue compte.

— Souhaitons qu'elle non plus, soupira Stiles. Tu voulais me dire quelque chose ? C'est à propos de Mme. Fleming ? De quoi est-ce qu'elle voulait te parler ?

— De rien d'important. Je vais revenir plus tard. À ce soir.

— D'accord, mais est-ce que tu pourrais sortir par la-

⠀⠀Malia sauta par la fenêtre.

— Porte, termina Stiles, tandis que la vitre de celle-ci se brisa une nouvelle fois en tombant au sol.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

— Vous avez engagé quelqu'un pour retrouver Kate ? demanda Derek en lisant le contrat qu'il avait entre les mains.

— C'était l'idée des Calaveras, répondit Scott. Eux aussi sont à sa recherche.

— Pourquoi est-ce qu'on ne pourrait pas la retrouver nous-même ? Pourquoi est-ce qu'on aurait besoin de quelqu'un ?

— Parce que je suis une mercenaire, lança Braeden en faisant irruption dans le loft. C'est mon métier.

⠀⠀Derek se raidit sur son canapé.

— Comment êtes-vous entrée ici ? demanda-t-il.

— La porte était ouverte, répondit-elle.

⠀⠀Braeden prit une chaise, s'assit devant eux, puis déposa confortablement ses pieds sur la table basse.

— Durant ces dernières années, j'ai combattu des esprits, des démons, des guerriers, des meutes d'Alphas et d'autres créatures dont vous seriez incapables de soupçonner l'existence, dit-elle. De ce fait, j'estime posséder suffisamment d'expérience afin de mener à bien cette mission. De plus, si vous refusez ma coopération, vous irez à l'encontre des Calaveras et cela vous coûtera cher.

⠀⠀Elle soutint longuement le regard de Derek qui ne semblait pas convaincu par sa présence pour autant.

— On accepte ton aide, dit Scott. On veut trouver Kate et savoir ce qu'elle prépare.

— Quand est-ce que vous l'avez vue pour la dernière fois ? demanda-t-elle.

— Hier, devant l'entrée de la crypte des Hale cachée sous le lycée.

⠀⠀Braeden haussa les sourcils.

— Votre crypte familiale est cachée sous un lycée ? s'étonna-t-elle en fixant Derek. Vous n'êtes pas doués en discrétion, je me trompe ?

⠀⠀Il serra la mâchoire, agacé.

— Kate recherchait quelque chose en particulier ?

— Le Triskèle, répondit Scott. Elle le voulait pour réussir à maîtriser sa transformation, mais Peter nous as dit qu'il ne possédait aucunes propriétés magiques et que ce n'était qu'une escroquerie.

⠀⠀Derek fronça les sourcils.

— C'est ce qu'il vous a dit ? demanda-t-il.

⠀⠀Scott hocha la tête. Derek se leva du canapé et arpenta le loft pendant quelques instants.

— Quoi ? lança Braeden qui ne l'avait pas lâché des yeux.

⠀⠀Il se tourna vers eux avec un air confus sur le visage.

— Le Triskèle a été fabriqué à partir du bois du Nemeton, dit-il. S'il n'avait pas été magique, nous l'aurions su depuis longtemps.

— Alors, dit Scott, abasourdi. Ça veut dire-

— Ça veut dire qu'il vous a menti, interrompit Braeden.

⠀⠀Elle retira ses pieds de la table et se redressa.

— Vous voulez aussi mon aide sur cette affaire ou vous préférez rester sur vos positions et manquer une opportunité de vaincre l'ennemi ?

⠀⠀Un court silence plana dans la pièce.

— Tu es engagée, déclara Derek.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

⠀⠀Intriguée par la réaction de Stiles, Aibee décida de le suivre à l'étage sans faire de bruit. Une fois devant la porte fermée de sa chambre, elle colla une oreille contre la serrure dans l'espoir de surprendre une conversation, mais elle n'entendit que le bruissement lointain d'une branche d'arbre, ainsi que le claquement d'une fenêtre. L'instant d'après, la porte s'ouvrit et elle se redressa en tentant d'adopter une posture non suspecte.

— Qu'est-ce que tu fais ? demanda Stiles.

— Rien ?

⠀⠀Il plissa les yeux d'un air suspicieux, puis se dirigea en direction de la salle de bain.

— Pas si vite ! lança-t-elle en lui barrant la route.

— Quoi ?

⠀⠀Elle lui tendit sa main, grande ouverte.

— Donne-moi vingt dollars.

— Pourquoi ?

— Parce que je veux vingt dollars.

— Non, refusa Stiles en s'écartant d'elle.

⠀⠀Elle lui bloqua la route de plus belle. Au même instant, la porte d'entrée claqua au rez-de-chaussée.

— Je suis rentré ! s'exclama Mr. Stilinski.

⠀⠀Aussitôt, un sourire malicieux apparut sur le visage de la jeune fille.

— Très bien, alors donne-moi trente dollars, sinon je dis à papa que tu as mis le nez dans ses dossiers.

⠀⠀Stiles se raidit en écarquillant les yeux.

— Tu... tu oserais ? bredouilla-t-il.

— Papa ! s'écria Aibee. Stiles a-

— OK, OK, paniqua-t-il. Ça marche, trente dollars !

— Cinquante, rectifia -t-elle.

— Cinquante dollars ? s'exclama-t-il, ahuri.

— Dix pour ton refus de coopérer et dix pour avoir refusé de me donner ta chambre.

— Tu sais, maintenant que j'y pense, il n'est pas encore trop tard pour qu'on négocie à ce sujet.

— Désolée, mais l'idée ne me tente plus. Ta fenêtre est cassée et je ne veux pas spécialement de ta petite amie comme colocataire. Sérieusement, elle dort ici tous les soirs.

— Tu as remarqué ?

— Évidemment, pour qui est-ce que tu me prends ? Vous êtes pas du tout discrets. Bon alors, tu me les donnes ces soixante dollars ?

— Quoi ? Soixante dollars ? Je pensais qu'on s'était arrêté à cinquante !

— Tu veux faire monter les enchères ?

⠀⠀Stiles grogna d'exaspération avant de se rendre dans sa chambre pour revenir quelques instants plus tard avec la somme demandée. Il déposa les billets dans la main d'Aibee qui s'empressa de les compter d'un air triomphant.

— J'adore faire affaire avec toi, dit-elle.

⠀⠀Elle lui tapota ensuite l'épaule avant de tourner fièrement les talons.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

— Est-ce que vous savez pourquoi Peter aurait cherché à vous cacher la vérité à propos du Triskèle ? demanda Braeden.

⠀⠀Scott secoua la tête et Derek soupira.

— Vous avez dit que Kate le voulait pour contrôler sa transformation, reprit-elle. Elle l'a volé ?

— Non, répondit Derek. Je l'ai détruit avant qu'elle ne le fasse.

— Je ne m'y connais pas dans ce domaine, mais est-ce qu'il est vraiment possible de détruire un objet supposé être magique ?

— Il la brisé en deux, dit Scott. Le Triskèle est tombé en morceaux.

— Vous en êtes sûrs ? insista Braeden. Est-ce vous avez au moins récupéré ces morceaux avant de vous en aller au cas où ils aterriraient entre de mauvaises mains ?

⠀⠀Au vu de leurs réactions, la réponse lui parut évidente.

— Vous n'êtes pas très malins, je me trompe ?

⠀⠀Derek la toisa, excédé par son arrogance.

— Je dois retourner au lycée pour voir si je trouve quelque chose, dit Scott avant de quitter la pièce et de les laisser seuls.

⠀⠀Braeden alla s'appuyer contre le rebord d'une table. Son regard était posé sur Derek. Assis sur son canapé, il ne la quittait pas des yeux.

— Tu crois savoir beaucoup de choses, n'est-ce pas ? lança-t-il.

— Pas du tout, répondit-elle. J'en sais juste davantage que toi.

— Et qu'est-ce que tu cherches à faire ? M'impressionner ?

⠀⠀Il se leva et fit quelques pas vers elle.

— Je veux que tu me fasses confiance.

— Pourquoi est-ce que je devrais te faire confiance ? rétorqua-t-il. Je ne sais rien de toi.

— Mais moi si, répliqua la mercenaire. Et je sais que tu veux retrouver ce que Kate t'a pris.

⠀⠀Derek tenta de masquer sa surprise. Lentement, elle s'approcha de lui.

— La vraie nature de quelqu'un se reflète dans ses yeux, dit-elle. Dans ton cas, la couleur de tes yeux.

⠀⠀Il soutint son regard pendant quelques instants, puis elle se dirigea vers la chaise derrière lui afin d'y récupérer la veste noire qu'elle avait posée dessus. Elle l'enfila et Derek se tourna vers elle.

— Tu as une semaine pour la retrouver, informa-t-il en lui lançant un fusil à pompe qu'elle attrapa au vol avant de s'en aller.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

— Je suis impressionné, dit Peter une fois que le dernier livreur fut parti. Tu étais une lionne aujourd'hui.

⠀⠀Il referma la porte et s'avança vers Kate.

— Quoi qu'il en soit, rétorqua-t-elle en léchant ses lèvres ensanglantées. Je n'avais pas franchement besoin de toute cette mise en scène.

— Une mise en scène qui t'a permis de rallier trois nouveaux membres à ta cause. Cela ne te suffit pas ?

— J'aurais tout aussi bien pu les trouver moi-même.

— Où ça ? En allant les traquer dans la forêt ?

⠀⠀Il ricana.

— Tu te débrouilles peut-être bien, mais tu manques encore d'expérience. Si je t'avais laissé faire une chose pareille, tu aurais laissé des indices et en un rien de temps, tous tes plans seraient tombés à l'eau. Voilà pourquoi tu as encore besoin de moi.

— Tu penses vraiment que j'ai besoin de toi pour aller mordre quelqu'un ? pouffa Kate. Et puis, entre nous, je trouve cet exemple plutôt grossier de ta part. Aurais-tu déjà oublié l'épisode de ta fameuse crise de folie meurtrière ? Plus d'une trentaine de cadavres lacérés retrouvés dans les bois, tu trouves ça discret ?

⠀⠀Peter ne répondit pas et elle s'écarta de lui pour se diriger vers la porte.

— Où est-ce que tu vas ? demanda-t-il.

— Chercher ma prochaine proie, lança-t-elle. Sans toi.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

⠀⠀Affalée sur son lit, Lydia étudiait lorsque la sonnerie de l'entrée résonna au rez-de-chaussée. Elle se couvrit d'un peignoir en soie mauve, puis descendit les escaliers.

— Lydia Martin ? lança Parrish une fois qu'elle eut ouvert la porte.

— Oui ? répondit-t-elle en s'appuyant contre l'embrasure. C'est moi.

⠀⠀Quand le jeune policier posa les yeux sur elle, il la fixa avec insistance.

— Je m'appelle Jordan Parrish et je travaille au poste de police, dit-il en lui montrant son badge. Plusieurs plaintes ont été déposées contre vous pour tapage nocturne.

— Tapage nocturne ? s'étonna Lydia.

— Tout à fait. Certains de vos voisins disent avoir entendu des bruits semblables pour la plupart à des cris et des hurlements.

⠀⠀Elle se raidit.

— Êtes-vous seule ? demanda-t-il en regardant par-dessus son épaule.

— Oui, ma mère est allée à son club de lecture. Il n'y a que moi et mon chien.

⠀⠀Pendant qu'elle parlait, il ne l'écoutait que d'une seule oreille, fasciné par la façon dont ses lèvres bougeaient.

— Vous avez un chien ? Aboie-t-il beaucoup ?

— Pourquoi cette question ?

— D'après les plaintes, les cris entendus à votre domicile ne correspondraient pas à des cris humains. Auriez-vous d'autres animaux ? Une perruche ou un perroquet ?

⠀⠀Lydia fit de son mieux pour ne pas paraître vexée. Elle lâcha un petit rire, puis s'écarta de la porte.

— Vous voulez entrer ? lui proposa-t-elle

— Je... je peux ? demanda Parrish, surpris.

⠀⠀Elle hocha la tête et il la suivit à l'intérieur de la maison. Il détailla attentivement les lieux, non sans la quitter des yeux. Elle se tourna vers lui.

— Vous êtes nouveau ici ?

— Oui, je suis le nouvel adjoint du shérif, répondit-il, tandis qu'elle le considérait de la tête aux pieds.

⠀⠀Elle poursuivit ensuite sa route et le guida jusqu'à la salle de bain.

— Nous avons une vieille machine à laver et comme vous pouvez le constater, elle est très rouillée, dit-elle.

⠀⠀Parrish observa la machine, perplexe. Lydia la mit en marche, puis cogna discrètement dessus. Aussitôt, elle émit un bruit aigu et strident.

— Je vois. Vous devriez changer de machine à laver.

— On y pensera, répondit-elle en arrêtant l'appareil.

— Bien, je ne vais pas vous déranger davantage, dit-il en regagnant la porte d'entrée. Nous vous recontacterons si jamais vous recevez de nouvelles plaintes.

⠀⠀Il lui jeta un dernier regard.

— Bonne soirée, dit-il avant de s'en aller.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

⠀⠀De retour dans la cour intérieure derrière le lycée, Scott passait le périmètre au peigne fin depuis plusieurs bonnes minutes, en vain. Le Triskèle restait introuvable. Déçu, il s'apprêta à rebrousser chemin, quand il entendit des grognements s'élever du terrain de crosse. Interpellé, il s'y rendit. Les lampadaires du stade étaient allumés et il distingua la présence d'un garçon debout à quelques mètres de lui.

⠀⠀Il s'approcha davantage, curieux de connaître son identité. Lorsqu'il fut suffisamment proche, il remarqua le léger gonflement que ce dernier avait au niveau de la cheville droite. Aussitôt, l'évidence le frappa.

⠀⠀C'était Liam Dunbar.

— Est-ce que ça va ? demanda Scott.

⠀⠀Surpris, Liam sursauta, puis pivota sur lui-même en balayant violemment l'air de sa crosse. Scott recula rapidement pour esquiver son attaque.

— Whoah, doucement ! s'exclama-t-il en levant les mains en l'air.

⠀⠀Liam baissa sa crosse et le regarda sèchement en contractant sa mâchoire. Il portait ses vêtements de sport.

— Qu'est-ce que tu veux ? cracha-t-il.

— Qu'est-ce que tu fais ici ?

— Je pourrais te poser la même question.

— Je... Écoute, je suis désolé pour ce qui s'est passé hier. Je n'ai jamais voulu te blesser, je t'assure.

⠀⠀Liam se contenta d'hausser les épaules, peu intéressé par ses excuses. Il ramassa une balle au sol, la plaça dans les filets de sa crosse, puis l'envoya à l'intérieur du but, situé plus loin.

⠀⠀Il était vraiment très doué.

— Pourquoi tu n'es pas venu aux entraînements ? demanda Scott.

— J'avais besoin de prendre l'air, dit Liam en lançant une deuxième balle. Et puis, qu'est-ce que ça peut te faire de toute façon ? Tu peux être tranquille, je vais pas essayer de voler ta place dans l'équipe.

⠀⠀Il empoigna furieusement son sac à dos par terre et le jeta sur son épaule avant de s'en aller d'un pas rageur.

⠀⠀Scott soupira et se dirigea vers le parking pour regagner sa moto. Juste avant qu'il ne mette son casque, un cri résonna depuis le lycée.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

— Papa, Stiles ! s'exclama Aibee. Venez, j'ai préparé le dîner !

— J'arrive, ma chérie, répondit Mr. Stilinski depuis le salon.

— Vous inquiétez pas pour moi ! lança Stiles depuis l'étage. Je commanderai quelque chose !

— Stiles, descends immédiatement, gronda son père, ou je te jure que-

⠀⠀Quelques secondes plus tard, Stiles se tenait dans la cuisine.

— Installez-vous, dit Aibee. Mettez-vous à l'aise. Je vous ai réservé un vrai festin ce soir. J'espère que vous allez aimer. Je cuisine souvent pour maman. Elle trouve mes plats divins.

⠀⠀Elle déposa ses préparations sur la table, tandis que Stiles et son père prenaient place sur leurs chaises.

— Pour papa, j'ai fait une salade de ratatouille avec des courgettes, des aubergines, des poivrons rouges et verts, des tomates et quelques tranches de bacon que j'ai fait mariner dans une sauce spéciale.

⠀⠀Elle souleva le couvercle qui recouvrait son assiette.

— Ça a l'air extrêmement délicieux, ma puce, dit Mr. Stilinski, émerveillé.

— Pour toi, Stiles, j'ai concocté une petite soupe aux légumes verts.

⠀⠀Elle glissa devant lui un bol dans lequel flottait presque tous les légumes qu'il détestait le plus au monde. Le visage du jeune homme se décomposa.

— Tu te moques de moi ? s'indigna-t-il.

— Bon appétit ! s'exclama Aibee en s'asseyant et en commençant à entamer son plat.

— Papa ?

— Je ne peux rien faire pour toi, fiston, répondit ce dernier. Aibee est la seule personne présente dans cette pièce capable de cuisiner correctement, alors tais-toi et mange tout ce qu'il y a dans ton assiette.

⠀⠀Aibee mordit sa fourchette pour retenir un rire.

— Comment s'est passé ta journée ? lui demanda le shérif.

— Très bien. J'ai rencontré de nouveaux élèves et j'ai intégré le groupe de danse du lycée. À partir de maintenant, appelez-moi grand hibou noir !

⠀⠀Elle imita les ailes d'un oiseau avec ses mains sous les regards interrogateurs de Stiles et de son père.

— Vous pouvez pas comprendre, ajouta-t-elle en haussant les épaules.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

⠀⠀Liam avait à peine quitté le lycée qu'en fouillant dans son sac, quelque chose l'interpella. Il n'arrivait pas à mettre la main sur ses médicaments. Certes, il n'éprouvait pas le besoin de les prendre, mais ses parents risquaient de faire une scène si ils venaient à apprendre qu'il les avaient perdus. C'était bien la dernière chose dont il avait besoin et il poussa un juron avant de retourner sur le terrain.

⠀⠀Aidé par la lumière de son téléphone portable, il s'accroupit à l'endroit où son sac se trouvait auparavant et examina les lieux pendant quelques instants. La boîte de Risperdal se trouvait sous une touffe de gazon, déformée par divers coups de crosse. Liam la ramassa, puis l'observa, stupéfait par les dégâts de sa propre colère. Peut-être que ses parents n'avaient pas complètement tort. Peut-être qu'il devait commencer à prendre ses médicaments. Il déposa la boîte à l'intérieur de son sac et se redressa.

⠀⠀Brusquement, il fut violemment projeté au sol. Quelque chose venait de se jeter sur lui avec force et rapidité. Paniqué, il poussa un hurlement en se débattant. Durant sa chute, sa crosse tomba au sol. Il rampa dans l'espoir de l'attraper, mais juste avant qu'il ne l'atteigne, la chose lui agrippa les pieds et le tira en arrière. Il hurla de plus belle en sentant sa blessure se réveiller. Il serra les dents, mais la douleur s'intensifia au fil des secondes. Incapable de bouger ses jambes, il se laissa traîner sur l'herbe. Des égratignures apparurent sur ses mains et ses avant-bras, tandis qu'il continuait de se débattre.

⠀⠀Quand il fut hors du terrain, l'assaillant l'agrippa à nouveau en empoignant cette fois-ci son débardeur. Cette chose n'avait rien d'humain. Ses gestes étaient brutaux, presque bestiaux. Liam essaya de se retourner pour apercevoir son visage, mais ses membres étaient si endoloris qu'il y renonça et se laissa entraîner à l'intérieur du lycée. La chose traversa le couloir principal, puis se dirigea vers un endroit menant aux escaliers qui permettaient l'accès au toit de l'école.

⠀⠀Liam accrocha ses bras à la rampe, mais la chose exerça une forte pression sur sa cheville et il relâcha sa prise en poussant un cri. À mesure qu'ils montaient, l'angoisse du jeune homme grandissait. Une boule se noua dans sa gorge et son rythme cardiaque s'emballa.

⠀⠀Il allait mourir. Cette nuit. Sur le toit d'un lycée.

⠀⠀Il allait mourir et personne n'allait s'en soucier.

⠀⠀Peut-être qu'il le méritait après tout.

⠀⠀Lui qui n'attirait que les problèmes.

⠀⠀Quand ils furent sur le toit, Liam tenta une dernière fois de s'échapper, mais la chose enroula un bras autour de sa gorge afin de l'immobiliser. Il suffoqua, les yeux exorbités par la détresse. Soudain, il fut soulevé du sol. L'instant d'après, il était suspendu au-dessus du vide. Six mètres le séparaient du drame. Dans un dernier effort, il pivota la tête afin d'identifier son agresseur.

⠀⠀Une femme à la peau bleue et sombre le regardait avec un sourire carnassier et moqueur, alors que ses yeux verts brillaient dans la nuit, comme ceux d'un chat. Horrifié, Liam voulut crier, mais il n'en avait plus la force. Il se contenta de jeter des regards suppliants pendant que des larmes perlaient dans ses yeux.

⠀⠀Il ne voulait pas mourir.

⠀⠀Pas ici.

⠀⠀Pas comme ça.

— Kate ! s'écria quelqu'un, derrière eux. Ne fais pas ça. Ne lui fais pas de mal.

⠀⠀Elle se retourna en ricanant.

— Tu veux jouer les héros, McCall ?

⠀⠀Liam écarquilla les yeux en comprenant qu'elle s'adressait à Scott.

— Il est innocent, dit-il. Laisse-le partir.

— Je vais le faire, répondit-elle. Mais avant, je veux que tu regardes ça.

⠀⠀Elle tira Liam vers elle, puis planta ses crocs dans son épaule droite. Le jeune homme poussa un ultime cri, tandis que la douleur se propageait à travers son corps et tétanisait ses muscles. Scott assista à la scène, impuissant.

⠀⠀Lorsque Kate extirpa ses crocs de la chair meurtrie, elle poussa violemment Liam en arrière. Perdant l'équilibre, il glissa sur le bord du toit.

— Non ! hurla Scott en accourant vers lui.

⠀⠀Kate lui décocha un croche-pied et il trébucha au sol. Liam, quant à lui, tentait de rassembler ses dernières forces pour tenter de s'agripper sur la façade du bâtiment à l'aide de ses bras. Son épaule le lancinait, mais il essayait de s'accrocher, gouverné par son instinct de survie.

⠀⠀Scott rampa pour se rapprocher du bord. Il tendit un bras vers Liam, mais au dernier moment, la main de celui-ci dérapa. Il ne tenait désormais que sur un seul bras.

— Je vais lâcher ! cria l'adolescent, en état de panique.

⠀⠀Scott essaya d'attraper son autre bras, mais Kate revint à la charge et sauta sur son dos pour tenter de l'étrangler. En se débattant, il lui saisit fermement les poignets et les brisa. Elle le relâcha en grognant. Au même instant, la prise de Liam céda et il bascula en arrière.

⠀⠀Sans réfléchir, Scott enfonça aussitôt ses crocs dans sa main gauche pour le retenir.

⠀⠀Le jeune homme hurla à gorge déployée.

⠀⠀Scott l'attrapa et le ramena vers lui. Après s'être assuré qu'il était sauf, il observa autour de lui et remarqua que Kate avait disparue, mais ça lui était complètement égal car c'était bien le dernier de ses soucis. Il regarda Liam et l'inquiétude s'empara de lui.

⠀⠀Il l'avait mordu.

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