Je sais quelle vision on peut avoir de ces discours qui parfois sonnent creux à l'oreille de ceux qui ne savent pas, qui ne connaissent pas, ou du moins pas pour le moment, certains démons qui ont une emprise sur nous, ceux qui planent au dessus de nos têtes avant de s'y immiscer pour recouvrir le monde qui nous entoure d'une drôle teinte grise.

Ils trouvent alors nos discours barbants, larmoyants, beaucoup trop dramatique pour ce que c'est. Je ne leur en veux pas réellement, c'est plutôt une bonne chose pour eux non ? Tout n'a pas à atteindre notre compréhension, il y a des choses de mon côté que je ne comprendrais sûrement jamais, qui me sembleront hors de portée, des choses auxquelles je ne pourrais pas m'identifier. Alors leurs opinions futiles ne m'atteignent plus vraiment.

Mais on se sent isolés non ? Si seul.e.s.
C'est difficile parfois car on n'a pas envie d'essayer vous comprenez ?

Nous ne sommes pas faibles, mais vulnérable à cet instant donné, et parfois nous n'avons pas les clés pour aller mieux, et les événements extérieurs continuent de s'enchaîner sans que nous puissions y faire quoi que ce soit.

Nous encaissons tous des coups. Personne ne vivra une petite vie bien tranquille. Mais parfois les coups sont trop forts ou bien trop nombreux et certains ne deviennent plus qu'une ombre, un fantôme du passé. Les nuits sont agitées, les jours sont plats et les phrases toujours les mêmes.

« Il faut rester positif. »
« Le temps fait son affaire. »
« Il y a bien pire que toi. »

Je ne veux mêmes pas commenter ces phrases car elles partent parfois d'une bonne intention et c'est l'essentiel, car cela veut dire que certaines personnes s'en soucient. Parfois ce n'est qu'une conformité. Parce que il est étrange, pas commun de montrer ces émotions dans le monde extérieur, on est qualifiés de trop faible, de trop triste, déprimant.

« Tu ne vas pas être dépressive comme ta mère tout de même. »

Les mots ont du pouvoir, ils laissent une trace sur nos peaux, encore plus profonde que les autres, que les vraies et visibles cicatrices.

J'ai grandi et j'ai appris à mes dépens que la douleur physique ne fera jamais diminuer celle qui est morale, j'aimerais que plus de monde le sache, que plus d'adolescents le comprennent, car voir ces marques sur leurs bras pâles me fait encore plus mal que de voir les miennes qui ne s'en iront jamais. On grandi et les choses changent, les épreuves sont toujours là et certaines personnes partent. J'en ai assez de me battre, je l'ai trop fait et pour l'instant j'ai besoin de me reposer.

J'ai souvent, voir même presque tout le temps, ce poids qui m'écrase la poitrine. Parfois je m'arrête dans mon activité parce que je n'arrive plus correctement à respirer, puis ma gorge se serre, j'ai envie de pleurer mais à quoi bon ?

S'occuper l'esprit est inutile lorsque l'on n'a pas réglé le fond du problème, voilà une autre chose que j'ai apprise. Alors le temps passe, j'ai de moins en moins envie de parler, parce que je ne veux pas être répétitive et ennuyer les seules amies qui me restent, ou faire fuir les nouvelles personnes qui pourraient arriver dans ma vie.

Je n'autorise plus l'espoir à se manifester, je n'en veux plus, cela a été une perte de temps, alors j'attends. Il faudra bien que tout s'arrange à un moment, il le faut sinon je ne continuerai pas.

J'écris tout ça sans penser à un but précis, si quelques personnes passent par là, j'espère qu'elles se sentiront moins seules, ou pourront s'identifier à certains de ces mots. J'écris aussi ça car dans quelque heures je vais atteindre la majorité et j'essaie de penser à la personne que je pourrais être. Cependant rien ne se dessine dans ma tête, certes le futur m'angoisse mais je n'ai même pas l'impression de faire partie de ce présent, celui dans lequel nous sommes tous rassemblés.

Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Prenez soin de vos blessures et surtout de vous, ne faites pas le mal autour de vous, ne devenez pas ceux que vous détestez. Ne vous battez pas non plus pour des choses qui sont déjà perdues. Nous devrions tous reprendre goût à la vie, trouver quelque chose qui nous fait penser que nous existons dans le moment présent. Je lègue tout mon espoir aux autres, j'aime voir le sourire des gens, cela m'apaise.