𝑖 𝑤𝑎𝑠 𝑜𝑛𝑙𝑦 𝑓𝑎𝑙𝑙𝑖𝑛𝑔 𝑖𝑛 𝑙𝑜𝑣𝑒

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tw ; cette courte histoire peut contenir la mention d'un sujet sensible que je tairais pour ne pas gâcher la lecture et l'effet de surprise, mais te voilà prévenu.e. si tu es un coeur sensible, ce texte n'est pas fait pour toi petit papillon.

— 𝑐𝑜𝑚𝑖𝑛𝑔 𝑓𝑟𝑜𝑚 𝑡𝘩𝑒 𝑐𝑜𝑙𝑑 —








C'était une journée d'hiver. Le ciel était grisâtre et les nuages menaçaient de pleurer, gorgés de larmes et d'un brin de tristesse. Son humeur tachant le plafond du monde, où un vent un peu brusque risquerait de les bousculer et de provoquer une averse déferlante sur Terre, j'en étais sûr. C'était ça l'hiver. Le temps à fleur de peau, soupirant de l'instant qui filait à toute vitesse où un rien pourrait le faire pleurer.

Un petit coup d'œil par-dessus mes rideaux me confirma que le givre avait pris possession de la ville, l'enlaçant de ses bras glacés. J'aimais le froid, j'aimais l'hiver, mais celui-ci était  bien différent. Chaque réveil me donnait envie d'hiberner, me recroqueviller au fond de mon lit et dormir. Dormir jusqu'à ce que le ciel cesse de se lamenter, de pleurer et de nous donner un aperçu de son confrère l'enfer.

L'hiver n'avait plus la délicieuse odeur de chocolat chaud ni du feu de bois, mais celui de mon cœur qui perdait petit à petit de son souffle, se glaçant à chaque matin qu'il voyait.

Comme ce matin-là, où à peine levée, j'eus juste le temps d'enfiler mon pull préféré, blanc aux taches carmines, avant de courir vers la porte d'entrée pour quitter la maison. Le petit-déjeuner attendra, je n'avais pas forcément faim après tout, j'étais  sûre que mon estomac ne fera que rendre ce que j'aurai osé manger. À la place, je préférais courir.

Je courais à travers les immeubles qui surplombaient de leur hauteur vertigineuse la ville. Je n'étais  qu'une simple petite chose insignifiante face à leur immensité, leur tête traversant pour certains les nuages. Je me demandais s'ils pouvaient jeter un coup d'œil dans l'au-delà, dans ce que l'on appellait le paradis. Si c'était le cas, j'étais prête à surpasser ma peur démesurée du vide et mon vertige pour gravir chacune de leur marche. Une fois arrivée tout en haut, par-dessus les nuages tristes ainsi que le monde et d'avoir un aperçu des cieux, découvrir ce qu'ils abritaient.

Je voulais y apercevoir un ange bien précis, ou encore simplement le soleil. J'étais  prête à vendre mon âme pour une paire d'ailes, quitte à les brûler, pour simplement m'approcher comme je le pouvais de cette étoile si lumineuse, cette boule de feu si chaude.

Je nageai parmi la foule de passants pressés, mer d'âmes peuplant Terre de ses malheurs et soucis, tentant de survivre au jour le jour. Chaque être est un monde à lui seul, avec ses étoiles, galaxies et trous noirs et le mien s'effritait, mon soleil s'était consumé à en mourir, laissant derrière lui un trou noir ravageant tout sur son passage. Je n'allais  bientôt plus avoir ma place dans cette mer agitée, je le sentais, bientôt j'allais me noyer dans les abysses de ces océans profonds, glacés et loin du soleil bien aimé.

Mes pieds connaissaient le chemin par cœur, esquivant chaque dalle avec précision sur le trottoir dont certaines étaient de travers. Plus aucune pierre ne me faisait plus trébucher. Et pourtant quand bien même j'y avais presque laissé mon souffle dans cette course effrénée, le bus m'était passé sous le nez.

" Super ! "me dis-je avec ironie. Je m'étais déjà réveillée du mauvais pied ce matin avec ce ciel déprimé et à présent, il fallait que j'arrive en retard, comme pour accentuer l'hiver qui prenait possession de ma journée.

Ce ne fut qu'un quart d'heure après le début des cours que je fis mon entrée en classe. Bien évidemment, cela aurait été bien beau si j'avais pu me faufiler discrètement à ma petite place ... mais c'était sans compter sur mon merveilleux enseignant de mathématiques. Le plus aigri que j'avais  pu connaître à ce jour. Il m'offrit un accueil chaleureux bien à lui, pointé de remarques acerbes et d'un rire gras, tenant à prendre la relève afin d'assombrir un peu plus ma journée.

Les remontrances passées, je pus enfin m'installer à ma place. Près de la fenêtre, tout au fond de la classe. Là où j'avais une petite ouverture pour laisser y fuir mon âme, voyager par delà la vitre. Ce n'était qu'une  fenêtre banale et pourtant bien plus. Porte vers les souvenirs, un simple regard à travers les cieux, là où les nuages ternes faisaient de leur mieux pour ravaler leur peine et ne pas laisser leurs sanglots envahir le firmament, et une horde d'images pleuvait au sein de mon esprit.

Les bouts de coton suspendus au ciel semblaient faire tout pour laisser croire à un bonheur feint, mais le froid ne trompait personne. On pouvait bien sentir que leurs âmes se glaçaient de douleur, que leurs cœurs se figeaient de peine. Il suffisait de voir à quel point leur humeur assombrissait Terre. Ce n'était pas suffisant pour faire penser à une nuit ténébreuse, mais assez pour garder les lampadaires allumés. L'hiver était bien là.

Mon regard n'arrivait cependant pas à se perdre au-delà de la fenêtre pour contempler le paysage, mes yeux ne pouvaient faire fi de mon reflet. Je m'aperçus, moi et mes cernes caressant ma peau livide. Moi et mon chagrin. Je pus presque le voir prendre forme, se personnifier pour m'enlacer tendrement, d'une brume noire, profonde et foncée. Un peu comme la teinte de mes poches sous les yeux, un peu comme le gris de ces nuages.

Et peut-être que finalement,

eux aussi, étaient tristes,

eux aussi, avaient le cœur plein,

eux aussi, se sentaient vides.

Et peut-être que pour eux aussi,

les souvenirs d'été n'étaient plus qu'illusion.

Et peut-être qu'eux aussi, ils leur manquaient leur soleil.

Sans soleil, la vie n'était plus.

Sans soleil, la chaleur n'était  plus.

Sans soleil, la lumière n'était plus.

Et peut-être que quelque part, sans soleil, le bonheur n'était plus.

Mon bonheur.





— Vas-y Dolly, fais des grimaces ! s'exclama Hoseok, mon meilleur ami en tenant son téléphone devant nous, alors qu'il tirait toutes sortes de grimaces.

— Arrête Hobi, râlai-je en me détachant de ses bras un peu trop collants. Tu sais que j'aime pas faire ce genre de photos, c'est ridicule, répliquai-je d'un air boudeur.

— S'il-te-plaît ! continua-t-il avec sa moue de bébé, les lèvres retroussées en avant.

— D'accord.

Il savait qu'avec cette moue je ne pouvais jamais rien lui refuser...

Nous faisions des photos, dans un coin de notre parc favoris. Le soleil d'été nous gardant précautionneusement de toutes mauvaises ondes. Je ne saurais dire qui était le plus lumineux, le soleil couchant perché dans les nuages ou celui à mes côtés sur Terre. Amusée par son entrain, j'adoptais finalement différentes positions, juste pour lui faire plaisir et pouvoir observer un peu plus longtemps son sourire. Ce sourire en cœur qui réchauffait le mien. Je trouvais cela ridicule et inutile de tirer un tas de grimaces face à un écran, mais pour son bonheur et son rire j'étais prête à tout.

Qu'est-ce que je l'aimais.

Et peut-être un peu plus que l'amour que devraient se porter deux amis, meilleurs amis. Mais on n'en avait jamais assez de l'amour, c'était bien lui qui me l'avait appris. Et pourtant, je n'avais jamais osé le lui dire, lui avouer à quel point sa simple présence effaçait tous mes maux. Je n'avais jamais eu le courage de fixer le soleil sans pour autant détourner les yeux, il était éblouissant mon Seokie. Il suffisait de voir le contraste de nos peaux qui était remarquable, sur ces clichés, pour voir à quel point il était lumineux.

Sa peau dorée, comme s'il avait passé sa vie sous un tendre soleil ; ou peut-être qu'il l'était, le soleil. Ses yeux pétillants qui laissaient filer à chaque clignement de paupières une horde d'étincelles. Son rire avait le don de faire fleurir en moi un jardin d'amour et il était de ceux qui ne privait pas le monde de ses éclats de joie. Autant vous dire que mon cœur ne contenait plus aucun coin sans qu'une fleur au nom de Hoseok ne soit présente.

Et moi.

Moi à côté de ce soleil, j'étais tout son contraire. Une peau blanche, presque pâle, comme si je passais ma vie à fuir le soleil ; ou peut-être, me cachais-je derrière ce soleil, pour qu'il ne me prête pas plus d'attention. Des yeux d'un brun des plus banals qu'il soit, ne servant qu'à l'admirer de loin de peur d'en être aveuglée.

Il était le Soleil et moi Dolorès, Dolly qu'il aimait m'appeler, sa poupée de cire. Je ne pouvais pas trop m'en approcher au risque de fondre sous l'intensité de ce que dégageait son être, il n'était que lumière.

Un bras enroulant mes épaules vint me tirer de mes pensées. Son autre main était tendue devant nous pour d'autres selfies. Il s'était rapproché, déposant tendrement sa joue tiède contre la mienne ou plutôt l'écrasant, je ne saurais dire, pour simplement avoir nos sourires l'un à côté de l'autre. Et tout au fond de moi, mon être frémissait, j'aurais tant voulu que son sourire soit contre le mien, pour goûter à la douceur et au sucré de son être.

C'était souvent ainsi que nous nous amusions, après une longue séance de shopping et des ballades au bord de notre lac préféré, lorsque les nuages étaient heureux.


𝑬𝒕 𝒑𝒆𝒖𝒕-𝒆̂𝒕𝒓𝒆 𝒒𝒖'𝒆𝒍𝒍𝒆 𝒍'𝒂𝒊𝒎𝒂𝒊𝒕,

Mais les nuages, aujourd'hui, semblaient bien moins heureux. Leur air était mélancolique,  prêts à verser des averses de larmes, tristes à en faire soupirer les cieux de peine et dépressifs à en assombrir Terre.

J'étais  sûre qu'ils en faisaient déprimer plusieurs, mais étrangement, à moi, ils m'inspiraient, me donnaient envie d'écrire et de graver ma peine sur du papier. Faire jaillir les pleurs de mon stylo pour remplir la feuille d'encre était ma manière à moi de combler le vide qui se creusait en moi. Le Soleil de mon univers qui s'était éteint avait bel et bien laissé un trou noir en moi. Cela pouvait être ridicule de tenter de prendre le dessus sur quelque chose d'aussi puissant, mais lorsque nous n'avions plus que le désespoir pour compagnon et le vide pour hôte, plus rien ne nous semblait bien grand ou impossible. Parce que lorsqu'on n'avait plus rien à perdre on était capable de se jeter dans les plus ardents des enfers. J'étais  donc les pauvres pulsions de mon âme en attrapant une frêle feuille, mais l'enseignant me figea dans mes gestes ;

— Alors Blanche-Neige ?! En plus d'arriver en retard, vous vous permettez de rêvasser ? réclama-t-il d'un ton narquois, amusé de sa remarque.

" Blanche-Neige ".

Voilà le surnom qu'il aimait m'attribuer, dû à la couleur noir ébène de mes cheveux, accentuant le blanc opalin de mon teint. Ajoutées à cela les siestes que je prenais plaisir à faire durant ses heures de cours et j'étais  pour lui l'image clichée de cette princesse avec beaucoup moins de classe. Je lui accordai un bref petit sourire poli, accompagné d'un soupir avant de faire mine de suivre son cours en espérant ne pas me faire emporter par le sommeil, la seule chose que je réussissais encore à faire.

Dormir.

Depuis son départ, je n'avais plus goût à quoi que ce soit, plus rien n'avait de saveur et encore moins à l'école. Moi qui étais il y a peu, une élève studieuse, calme et toujours présente en cours, me voilà en train de me laisser aller. Plus rien n'avait d'importance, parce qu'après tout à quoi bon ?

Me dire que je ne pourrais plus ronchonner sur lui, lorsqu'il trouvait toujours le moyen de m'interrompre lors d'un calcul ou de l'écriture d'un texte, me rendait morose. Sa présence même lorsque je lui reprochais de m'ennuyer m'était indispensable.

Me dire que je ne pourrais plus me balader en sa compagnie au bord de notre lac préféré, ou encore faire du shopping et râler après lui lorsqu'il prenait des heures dans les salles d'essayages, me rendait irritable. J'avais besoin de ses petits câlins qu'il offrait à tout bout de champ, de ses remarques super bienveillantes, de ses petits cris de frayeur lorsqu'un insecte s'approchait. J'avais besoin de lui.

J'étais déjà de nature taciturne, mais à présent, je l'étais davantage.

Parfois, comme aujourd'hui, lorsque le ciel était le miroir de mon esprit tourmenté, le reflet de mon âme brisée, je me mettais à penser que la vie était plus injuste que d'habitude. Je savais qu'elle menait la vie dure à certains, qu'elle était joueuse et vicieuse.

Mais lorsque l'on perdait un être cher à nos cœurs, on ne pouvait qu'en vouloir à la vie et ses malheurs. Elle aurait pu prendre tous les êtres sur Terre, elle avait le choix parmi des milliards, mais c'était sur lui que son choix s'était porté, mon Soleil. Je lui en voulais atrocement, à en faire vendre mon âme au diable pour avoir ne serait-ce que quelques instants afin de lui dire ses quatre vérités à ce destin. Pour qui se prenait-il ? Comment avait-il osé...

Les regrets creusaient de jours en jours, que dis-je, d'heure en heure un fossé au sein de ma poitrine. Et un jour, j'allais finir avec un gouffre béant dans la poitrine, peut-être que d'ici le décès de l'hiver, le trou noir en aurait fini avec moi, m'englobant toute entière. Tels les arbres aux branches nues, sans plus aucune feuille pour lui tenir chaud, mon âme se refroidirait sans mon cœur qui lui tiendrait chaud. Je le sentais, j'allais finir par me glacer ne devenant plus qu'une poupée de givre.

En attendant, je patientais dans la peine que mon univers se consume de lui-même. Je tentais tant bien que mal de me concentrer sur mes exercices de mathématiques, mais un son étrange m'interrompit. Il provenait du fond de la classe, coupant le professeur dans ses explications, mais il n'en tint pas rigueur, continuant à parler.

Ce bruit ressemblait à de lents martèlements de tambour, l'image d'un rythme cardiaque, s'accélérant petit à petit. Ces battements ne semblaient pourtant déranger personne, chacun suivait calmement le cours sans rechigner. Et je fis de même les yeux fixés sur ma feuille où dansaient un tas de chiffres.

Cependant, mon regard se perdit bien vite au-delà de mon reflet où je pouvais y voir la peine m'enlacer tendrement de ses bras ébènes. Mes pupilles se baladèrent sur le toit d'un des bâtiments face à l'immeuble de notre école, de l'autre côté de la rue. Un élégant corbeau s'y était installé, la brillance de son plumage attirait l'attention parmi la tristesse du temps en dehors, détonnant du décor. Le noir qu'il portait semblait sortir tout droit d'un conte. Vous voyez ? Ces corbeaux qui accompagnaient les sorcières à la recherche de vengeances et de pouvoirs sur les injustices faites à leur encontre. Il était si beau, fixant un point, d'un air pensif qui lui donnait un charisme sans nom. Et ses pupilles  reluisaient, aussi. Malgré la vitre et la distance qui nous séparaient, j'avais pu voir le reflet de mon être dessus. Il était bien différent, la peine n'était plus, les cernes n'existaient plus et mes traits étaient reposés. Un frisson me fit sursauter et je détournai le regard pour ne pas me noyer dans le monde étrange que représentait cet oiseau.

L'arbre se situant au milieu de la cour de récréation où mes yeux avaient accroché m'intriguait un peu plus qu'à l'accoutumée. Ses branches qui d'habitude dansaient au moindre courant d'air, suivant le rythme du vent dans des danses aussi ensorcelantes qu'endiablées, paraissaient immobiles. Même si je pouvais clairement ouïr le son du vent s'abattre dessus, la douce musique des branches fouettant l'air, tout était statique. C'était étrange, d'autant plus que les martèlements provenant du fond du placard semblaient s'accorder au chant du vent.

Peut-être que ce n'était que mon esprit fatigué qui me jouait des tours et mes yeux qui étaient épuisés qui expliquerait ce décor figé.

Et petit à petit, alors que le corbeau était resté immuable, laissant ses plumes ébènes se faire caresser par le vent, les voix des élèves de ma classe bavardant s'éloignèrent. Se dissipant dans un brouillard presque apaisant. De même pour celle de l'enseignant, laissant plus de place au bruit de fond ainsi que celui des soupirs de la Terre qui n'avaient cessé.

Le bourdonnement étrange provenant du placard s'approchait par je ne savais quel moyen, je pouvais l'entendre de plus en plus clairement.

Distinctement.

Des grésillements. Telle mon âme qui s'entremêlait de pensées, souvenirs, espoirs et désespoirs.

Des froissements. Tel mon univers qui se faisait grignoter par le trou noir causant sa fin.

Crépitations. Tel mon être qui se consumait de peine, douleur, enfer glacial d'une ère révolue, celle d'un monde errant sans soleil pour orbite.

Le tout rythmé de battements lourds, forts et profonds, résonnant en écho dans mon être. Tels des tambours annonçant l'arrivée d'un événement important, se calquant étrangement aux pulsations de mon cœur éteint.

Je me tournai pour la fixer.

Fixer cette porte qui ne dégageait rien qu'à sa vue une sensation inquiétante. Ce qui me servait de pompe vitale se ressera davantage au creux de ma poitrine alors que je pouvais sentir ruisseler sans effort des perles de sueurs le long de ma nuque.

Mais personne d'autre ne semblait remarquer cette porte et son chaos. Comme si elle n'existait pas.

Peut-être que ce n'était que de la tuyauterie vieille comme le monde qui perdait son souffle et causait tant de vacarme. Mais toujours était-il que personne ne semblait s'en soucier.

Et les martèlement s'approchaient, s'imposaient au creux de mes tympans, au sein de toute la classe, faisant vibrer les tables et trembler le sol. Comme s'ils acclamaient l'entrée de quelqu'un d'important, d'effrayant. Comme si la porte allait s'ouvrir dans un fracas, sur quelque chose de menaçant.

Et les secondes accentuaient cette cacophonie rendant l'atmosphère d'autant plus étouffante.

Et c'était étrange. Aussi étrange que la sensation qui me prenait aux tripes, soulevant mon estomac pour me donner la nausée. Aussi étrange que cet écho qui m'appelait et m'attirait, mes membres tremblant sans que je puisse y faire grand-chose. Aussi étrange que cette classe qui ne remarquait rien.

C'était étrange.

Presque perturbant.

Quelque chose clochait, je décidai alors de me lever, étant donné que l'enseignant ne prêtait pas attention à mon doigt levé depuis un moment. Il ne fit rien, aucune remarque, aucun regard de travers suite à mon geste qui aurait dû l'agacer.

Rien.

C'était étrange.

Et perturbant.

Un pas en avant, et puis un autre ; ce fut vers lui que je me dirigeai avant de m'arrêter juste devant lui. Il fixait la classe pour expliquer un théorème barbant, concentré. Ma main se leva pour s'agiter devant son visage. Mais rien. Il ne me fit aucune remarque acerbe, aucun regard de travers ni même de menace.

Rien.

Et c'était étrange.

Perturbant.

Presque effrayant.

Soit il avait adopté une autre méthode pédagogique qui consistait à nier les élèves turbulents, soit il y avait quelque chose qui clochait.

Et c'était étrange.

Perturbant.

Effrayant.


𝒖𝒏 𝒑𝒆𝒖,

J'appréhendais ce qui allait suivre, se produire. Mes doigts tremblaient et mon pull blanc me collait au dos.

Je m'avançai avec crainte, vers cette porte qui dégageait à présent, en plus de ses crépitements agaçants, une fumée étrange par ses rebords. Aussi sombre que ces nuages tristes couvrants Terre, aussi intrigant que le plumage reluisant de ce corbeau. Cette fumée provenait de l'intérieur de ce placard, se faufilant par les côtés de la porte en bois semblant chercher à se faufiler par un quelconque moyen vers nous.

Étrangement, elle avait les mêmes teintes que ma peine que j'avais pu apercevoir à travers le reflet de la fenêtre. Elle était menaçante, malaisante.

Une voix, celle de mon instinct, me hurlait par-dessus ces grondements de courir, de sortir de cette classe et m'en éloigner. Ma respiration se fit plus saccadée et les frissons de plus en plus nombreux sur mon épiderme aux teintes de cire.

Mais prise dans les filets de l'adrénaline gorgeant mon être d'une nouvelle sensation - autre que le vide, de curiosité et de cette pensée tout au fond de moi, me murmurant que je n'avais plus rien à perdre, qui m'encourageait - je m'approchais de cette porte. Je vis mes doigts tremblants venir encercler la poignée de cette porte. Grise, froide et petite, à la taille idéale de ma paume.

Je finis par ouvrir cette porte.

Et à peine, une simple petite pression faite sur cette poignée, tirant le bois de la porte vers moi pour l'ouvrir, qu'un fracas sourd se fit entendre.

Plus fort que le bourdonnement.

Plus intense.

Plus grinçant.

Plus imposant.

Plus effrayant.

Un éclat de verre.

Le coup de grâce orchestral de ce rythme d'un cœur battant à tout rompre, ce martèlement que je ressentais à présent affluer contre mes tempes. Ils n'étaient plus dehors, mais à l'intérieur. En moi. Se calquant sur les battements de mon cœur, pulsant profondément, douloureusement chaque particule de mon âme teintée de peine.

Et un courant d'air, frais, beaucoup trop froid, au parfum amer d'Hiver vint gifler ma joue et fouetter mes cheveux ébène, attirant mon attention en arrière. Vers les vitres.

Un trou béant.

Énorme.

Aussi grand qu'un humain, apportait la tristesse du temps en classe. Comme si le trou noir qui me consumait avait éclaté vers l'extérieur, implosant pour hurler à la face du monde l'hiver qui givrait petit à petit mon être. Des étoiles brisées scintillaient un peu partout, des planètes fracassées erraient sans orbite, des astres quittant ma galaxie pour s'étaler sur Terre.

Ce n'était que la fumée, noire, grise, translucide, qui s'en échappait avec force. Elle l'avait quitté avec une intensité qui avait brisé la vitre de la fenêtre sous l'importance de sa puissance. Comme si elle n'attendait que ce moment pour être délivrée du placard.

Et la porte n'en était encore qu'entre-ouverte.

Je vis par-dessus mon épaule la horde d'élèves se précipiter vers cette perforation béante, image de celle au sein de mon être. La confusion semblait régner à l'opposé de mon être qui s'était enfin apaisé, l'hiver ne semblait plus aussi rude, plus aussi glaçant, juste une simple sensation du temps qui se suspendait. Et il y avait l'enseignant qui hurlait avec une mine d'effroi dessinée sur ses traits, agitant ses bras dans tous les sens.

Ah, maintenant il réagissait ?

Je ne pouvais percevoir ou comprendre les mots criés par tout le monde, les martèlements n'avaient pas cessé, je venais de m'en rendre compte. Le sang tambourinait toujours en moi, contre les parois de mon corps, mais étrangement ne me causait plus aucune sensation de malaise, plutôt un apaisement, un soulagement. Un peu comme cette fumée qui cherchait à s'échapper de ce placard, elle semblait moins pressée de quitter les lieux, se calmant légèrement.

Je décidai malgré cette sensation énigmatique, mélange de malaise et de bien-être qui me prenait aux tripes, me donnant la nausée, faisant naître des papillons dans mon ventre, de m'avancer vers cette foule qui s'était formée et ce creux trônant en plein milieu de la vitre.

Ces élèves en panique m'attiraient, mais la fameuse porte m'en empêchait. J'avais l'impression que sa fumée m'enlaçait, que ma peine avait réellement pris vie pour montrer au monde le chaos qui régnait au sein de mon univers. Cette porte n'était qu'entre-ouverte et ma curiosité n'en était pas assouvie. Au contraire, elle n'avait fait qu'accroître, aussi immense que ce trou causé par la fumée sur la fenêtre de notre classe.

Je l'ouvris donc pleinement et cette fois-ci, une brume, plus douce et chaude, plus épaisse et agréable, plus blanche et bienveillante, s'en dégageait. Comme si elle tentait de recouvrir la pièce où une ambiance de peur et d'angoisse s'était instaurée pour chasser ma peine qui avait pris vie.

Et ce n'était plus de cette porte de son bruit qui était à présent l'origine de mon malaise, mais cette masse d'humains en arrière-plan, tel un brouhaha lointain, alimentant en moi des frissons désagréables. La petite voix en moi ne me hurlait plus de fuir, mais d'aller me réfugier au sein de cette fumée blanche à l'étrange parfum de Soleil.

Et malgré le brouillard dense de ce qui s'échappait de la porte, j'avais pu, à travers cette nappe blanche, apercevoir deux billes dorées, reluisantes, lumineuses, pétillantes. Deux soleils ou deux lucioles, brillantes.

Deux yeux se démarquant de la blancheur homogène de la fumée.

J'étais capable de les distinguer parmi de centaines d'autres paires d'yeux. Ces jolies pupilles qui me provoquaient à chaque fois que je les croisais, une horde d'étincelles.

M'électrisant.

M'enivrant.

Me réchauffant.

Tel un début d'été aussi apaisant que satisfaisant. Ces douces soirées où les chants des criquets ne faisaient qu'adoucir les moments coupés du temps.

Et ce sourire, lumineux, chaleureux, toujours aussi sincère.

Mon âme s'en languissait.

Mon cœur s'en imprégnait.

Et mon corps aurait voulu y goûter .

Ressentir ces lèvres s'étirer contre ma peau.

Le voilà, devant moi.

Lui.

Hoseok.

Mon Hobi.

Mon soleil, qui deux mois plus tôt s'était couché pour ne plus jamais se réveiller. Je l'avais vu s'éteindre sur un lit d'hôpital, après un accident de voiture où il s'était débattu jusqu'à son dernier rayon. Y laissant son dernier souffle. Un soleil qui avait traîné derrière lui toutes les lumières de mon ciel, de mon monde. Me laissant vivre dans une nuit perpétuelle  sans plus aucune orbite, déboussolant mon univers. Il avait été la naissance de ce trou noir en moi qui avalait chacune de mes planètes et astres à vitesse folle.

Et je n'arrivais pas à le croire.

Je n'en revenais pas !

Il était là, devant moi.

Debout, me souriant d'un adorable cœur sur les lèvres et des feux d'artifices dans les yeux. L'hiver n'était plus, la peine n'était plus, la glace n'avait plus aucune saveur amère, elle avait fondu pour ne plus laisser que mon amour brut, intense et aussi ardent qu'un midi d'été étouffant.

Et sans réfléchir je me jetai dans  ses bras en pleurant.

De joie.

De tristesse.

D'apaisement.

De tout.

De rien.

Mais surtout,

d'amour.

J'avais retrouvé mon tendre Soleil, le centre de mon univers.


𝒃𝒆𝒂𝒖𝒄𝒐𝒖𝒑,

Il pleuvait sur mon visage, contre son épaule, au creux de la colline de son cou, contre le monde de sa peau dorée.

Une averse éclata contre lui.

J'étais l'averse et lui le soleil.

Et à deux nous pouvions créer le plus beau des arcs-en-ciels.

Coloré.

Beau.

Nous.

Il m'avait tant manqué.

À chaque jour.

À chaque heure.

À chaque seconde.

Il m'avait si manqué.

Manqué à mon cœur qui ne savait plus pomper correctement.

À mon âme qui n'avait plus goût à la vie depuis que l'hiver s'était installé.

À mon corps qui n'était plus qu'une carcasse qui attendait d'être désintégré par le trou noir qu'il avait laissé derrière lui.

Et l'information qu'il était à présent mort ne m'était arrivée que peu de temps après, il ne pouvait pas se trouver devant moi, c'était pratiquement impossible, insensé. Pourtant je continuais à l'enlacer contre moi, fortement, laissant la tempête ravager sa douce peau, qui était quelque peu froide. Peut-être le courant d'air causé par l'interstice dans la vitre ?

Et à contre-cœur, après avoir savouré le bonheur que d'être au creux de ses bras, la douceur d'un été qui me semblait perdu, je m'en détachai pour venir déposer les paumes de mes mains contre ses douces joues.


— Bon sang ... tu es vivant, murmurai-je, comme si le moindre son aurait pu le faire disparaître à travers cette fumée blanche d'où il était apparu. T'étais où tout ce temps ? Tu n'avais pas le droit de m'abandonner ainsi, pleurnichai-je en me perdant dans son regard qui ne me semblait pas entier.


Et peut-être que si mes larmes ne m'avaient pas brouillé la vue, j'aurais pu y voir plus clair.


—Hobi ... mon Seokie, répétai-je en tâtant la moindre partie de son visage de mes mains, pour me confirmer qu'il était bien là, devant moi. J-je ... je dois te dire un truc, hoquetai-je alors que je m'étais déjà dressée sur la pointe des pieds pour être à sa hauteur. Je ne vais plus attendre aucune autre seconde avant de te l'avouer, soupirai-je. Je n'ai plus peur ... je t'aime, je t'aime à la folie, je t'aime à en mourir. C'est lorsque je t'ai perdu, je t'ai vu rendre ton dernier souffle, à la seconde qui suivit j'ai regretté ... regretté de ne pas te l'avoir dit plus tôt. Mais Jung Hoseok, je t'aime bon sang.


Et sans lui laisser le temps de répondre, sans avoir pu percevoir une quelconque réaction de sa part, la pluie m'en empêchant, je fondis sur ses lèvres, tel Icare qui avait cédé à la tentation de s'approcher un peu trop près du Soleil. Ses lèvres que je voulais cueillir depuis que mon cœur était tombé pour lui étaient enfin miennes. Et peut-être que je l'avais aimé depuis le début, depuis le premier regard ?


𝒑𝒂𝒔𝒔𝒊𝒐𝒏𝒏𝒆́𝒎𝒆𝒏𝒕,

Mes yeux étaient clos, et pourtant un ballet de milliers de lumières dansaient sous mes paupières. Une explosion d'émotions me prenait aux tripes me donnant vie. Intense.

Forte.

Déséquilibrante.

Aussi fracassante que la vitre brisée.

J'implosais.

Je m'embrasais.

Je me consumais.

Je me liquéfiais.

J'étais devenue le froid.

Le chaud.

La glace.

Le feu.

Une avalanche de contradictions.

Des frissons avaient envahi l'entièreté de mon corps. Partant à la conquête de chaque recoin, chaque parcelle de mon être longtemps vide. Je ne m'étais jamais senti aussi vivante que depuis son départ. Et à présent je pouvais le confirmer, je vivais pour lui, il était le centre de mon univers.

Je m'agrippais à lui, il était mon point d'ancrage, mon centre de gravité.

Plus jamais je ne le lâcherais, je ne le laisserais quitte à en perdre la raison, quitte à en plus être qu'une poupée de cire sans vie. Je m'accrochais à lui, il était ma raison de vivre. Je devais enfin le lui dire, il n'était plus trop tard. Je pouvais enfin le lui montrer.

Mes lèvres contre les siennes, je ne savais pas s'il participait, s'il me rendait mon baiser, mais je devais lui prouver, lui montrer l'ardeur de mon amour pour lui, l'été qu'il faisait naître dans mes entrailles. L'intensité de mes sentiments. À quel point il me rendait toute chose à ses côtés.

Les martèlements avaient cessé.

Et je crus que mon cœur aussi.

Et ma respiration aussi.

Et mon esprit aussi.

Et moi aussi.

Je crus.

Mais j'étais là. Dans ses bras, nos lèvres se mouvant les unes contre les autres. Et je supposais que nos langues faisaient aussi partie de la danse. Je ne savais  pas. Je ne savais  plus. C'était tout confus. Mais j'étais bien, là, contre lui et sa chaleur faisant renaître un doux été.

Et une heure ou deux, ou peut-être seulement une minute ou quelques secondes plus tard, nous nous détachâmes enfin, les arcs-en-ciel cessant enfin. Mais il restait tout proche de moi, j'avais besoin de le ressentir.

Je ne voulais plus le lâcher.

Plus maintenant.

Ses mains vinrent retrouver mon visage alors que j'ouvris enfin mes yeux pour enfin affronter et voir mon soleil. Peu m'importait si je risquais de me brûler les rétines, l'âme, le cœur ou que sais-je.

Je l'aimais.

Et je l'admettais enfin.

Et je savais qu'au fond.

Tout au fond de moi, de lui, qu'il m'aimait, lui aussi, comme je l'aimais.

Ses fins doigts cueillirent le sillon de larmes traînant sur mes joues alors que j'affrontais son regard. Et étrangement, je n'étais pas aveuglée. Je n'étais pas éblouie. Peut-être que c'était le fait d'enfin lui avouer ce que j'avais sur le cœur ? Qu'il y était profondément ancré. Que sa place ne faisait que grandir.

Je lui souris.

J'admirais ses traits que j'avais peur d'oublier.

Il était de nouveau là.

— Que se passe-t-il ? me demanda-t-il alors que son regard était passé par-dessus mon épaule. Pourquoi sont-ils si apeurés ? continua-t-il d'un ton neutre, ses traits n'adoptant aucune expression.

C'est tout ?

C'était ce qu'il avait à me dire après ça ?

Et étrangement, je ressentis de nouveau mon cœur battre, mais de manière différente.

Aléatoire.

Ratant un battement sur trois.

Ou sur quatre.

Les martèlements, eux, étaient finalement toujours là finalement. Juste tapis dans l'ombre d'un hiver qui ne m'avait jamais vraiment quittée. Un goût de fer s'était faufilé contre ma langue s'ajoutant à l'amère sensation qui me prenait de nouveau aux tripes.

Et peut-être qu'il ne partageait pas mes sentiments finalement ? Ou peut-être qu'il était distrait par tout ce raffut ? Il était facilement distrait, et de nature peureux mon Seokie.

Alors, pour lui montrer que ce n'était pas quelque chose de si grande importance et assouvir sa curiosité, nous allâmes donc vers ce groupe d'élèves paniqués. Je me faufilai entre eux avec une si grande facilité entre l'entassement pour me diriger vers le centre de leur attention. En deux temps trois mouvements, j'étais arrivée au bord de la fenêtre.


𝒂̀ 𝒍𝒂 𝒇𝒐𝒍𝒊𝒆,

Je ne pus en croire mes yeux.

Je vis une poupée désarticulée à la peau opaline tâchée d'un sang rouge vif. Et ses cheveux noir ébène éparpillés autours de sa tête, bougeant au gré du vent, tel un halo ne la rendant que plus irréelle.

Elle portait un pull rouge et blanc assorti à la couleur du sang dont elle se vidait et du monde de sa peau. Une marre carmine l'enlaçait, caressant ses traits qui paraissaient pourtant si apaisés face à la cruauté de la scène dont elle était la pièce maîtresse .

La poupée de cire et de glace s'était brisée contre le sol dans un tableau aux teintes envoûtantes. Et comme pour y ajouter la touche finale, le ciel ne se mit pas à pleurer, mais à applaudir, laissant s'échouer de fins flocons de neige. Des paillettes aussi glacées que son cœur venaient parfaire ce tableau.

Et je n'arrivais pas à le croire.

Je n'en revenais pas !

J'étais là, devant moi.

Couchée.

Ou plutôt étalée, à même le sol.

Et plus rien n'existait, ni ce martèlement ni les hurlements autours de moi. Le monde était devenu muet.

Je me retournai brusquement vers Hoseok, effrayée de ce que j'étais en train de vivre. Je ne comprenais plus rien, le chaos m'engloutissait. Et je remarquais avec frayeur que sa peau d'habitude dorée, était à présent pâle.

Aussi pâle que la mienne.

Beaucoup plus pâle.

Je voulais courir vers lui, qui était resté devant la porte du placard, lui demander des explications sur ce qui se passait actuellement, car il était le seul qui semblait me voir là en haut et pas plus bas.

Mais une lumière vive, blanche, aveuglante vint envahir la classe pour l'engloutir de manière suffocante, beaucoup plus effrayante que la fumée blanche qui m'avait ramené mon Hoseok auparavant.

Pour que le noir ne reprenne sa place. Amenant avec lui le silence et le vide.

Plus aucun bourdonnement.

Plus aucun martèlement.

Plus rien.

Et je me réveillai en sursaut, sur mon lit, à bout de souffle, épuisée, vidée de toute force.


𝒂̀ 𝒍𝒂 𝒗𝒊𝒆,

Ce n'était qu'un énième cauchemar beaucoup plus intense que les autres. C'était  seulement un cauchemar qui paraissait si vrai...

Je me levai en titubant avant de me préparer rapidement, pour éviter d'être en retard un peu comme toujours depuis ces deux derniers mois. Et bizarrement ou seulement influencée par ce cauchemar, j'enfilai rapidement mon pull bordeaux préféré aux tâches blanches. Celui que m'avait offert Seokie.

Assise à l'arrêt de bus, observant les corbeaux voltiger au loin, je tentais d'effacer les images de ce songe aux penchants sanglants et du tableau que je formais là étalée au sol. C'était tout aussi effrayant que beau, j'aurais juré que cette scène avait pu avoir le potentiel de devenir une sublime et dramatique peinture de celles exposées dans des musées.

Combien de fois j'avais rêvé de lui avouer tout ce que j'avais sur le cœur ? Combien de fois j'avais imaginé la texture de ses lèvres contre les miennes ? Combien de fois j'avais rêvé de l'embrasser, qu'il m'aime jusqu'à m'en couper le souffle ?

Un nombre incalculable de fois.

Mais jamais ça n'avait fini aussi tragiquement que la réalité. Enfin, sauf ce soir-là, celui où le Soleil s'était éteint pour de bon. Son départ m'avait réellement chamboulée. Beaucoup trop.

Je n'arrivais plus à voir ma vie sans lui, sans son bonheur quotidien qui illuminait mes journées et apportait un été éternel dans ma vie. Et l'idée de le rejoindre m'avait de nombreuses fois frôlé l'esprit depuis que j'avais embrassé l'hiver pour toujours.

Mais l'arrivée du bus me tira de mes pensées sombres et grises.

En passant les portières, je remarquai qu'étrangement, il n'était pas aussi bondé que d'habitude. Bipant mon pass, je me dirigeai vers la place tout au fond, près de la fenêtre. J'aimais voir le paysage défiler et le monde changer autour de moi ou peut-être juste occuper mon esprit au maximum. Pour qu'il ne divague pas. Pour qu'il ne se souvienne pas.

C'était beaucoup trop douloureux, vivre sans lui n'était plus vivre, mais survivre.

Un regard jeté tout autour de moi et je remarquai sur le siège vide juste à mes côtés un journal, datant d'aujourd'hui. Sûrement un passager qui avait dû l'oublier. Je détournai le regard pour le perdre de nouveau de l'autre côté de la fenêtre, mais l'article à la une attira mon attention.

Je pris donc le papier entre mes mains pour survoler les quelque lignes écrites en gras, en première page ;


" Une jeune adolescente du nom de Min Dolores mit fin à ses jours d'une manière brutale et douloureuse, se jetant par la fenêtre de sa classe située au 3ème étage. D'après son entourage attristé, cette jeune étudiante supportait mal le départ de son meilleur ami. Un accident tragique, avait dit son enseignant de mathématiques présent sur les lieux, qui donnait cours au moment du drame. Selon lui, Dolores baignait dans une sombre dépression. Une cellule psychologique a été mise en place pour ses camarades de classe ..."


Je ne pus continuer à en lire davantage et lâchai avec frayeur le papier. On parlait d'un suicide en première page du journal. L'auteure de cet horrible acte portait mon nom. Il y en avait des Min en Corée, beaucoup, je n'étais pas la seule. Des Dolores un peu moins. Alors la probabilité qu'une Min Dolores ait fait cela était possible. Surtout qu'elle semblait avoir vécu mon cauchemar.

Oui.

C'était tout à fait possible.

Ou peut-être que ce n'était qu'une horrible mauvaise blague ?

Vraiment mauvaise.

Mais ce ne fut qu'à cet instant, que je remarquai les morceaux de verres agrippés à la laine de mon pull, faisant partie à présent de mon être, ainsi que des taches rouge foncé.

Du sang.

Séché.

Je tournai donc avec effroi ma tête vers les autres passagers présents et remarquai que les quelques personnes étaient affreusement pâles. Les lèvres bleues. Presque violettes. Le regard vide. Et des traces de sang sur certaines parties du corps.

C'était horrible.

Affreux.

Un cauchemar.

Un autre.

Ça ne pouvait être que ça.

Le bus s'arrêta brusquement à un arrêt que je ne connaissais pas avant d'ouvrir ses portes pour accueillir d'autres passagers tout aussi livides et effrayants. L'hiver avait envahi l'entièreté de leur être, gelant chaque partie de leur être pour n'y laisser qu'une carcasse vide. Des poupées de glace.

Et parmi eux, lui.

Celui que j'avais décidé de rejoindre.

Je le regardai s'avancer vers moi avec frayeur.

Peur.

Angoisse.

Comprenant enfin ce qui se tramait.

Il s'assit à mes côtés et je ne pus le quitter du regard.

Il était avec moi, je regrettais amèrement mon acte.

Mais c'était trop tard, le trou noir avait fini par me consumer, je m'étais brulée les ailes de douleur, j'avais fini par surpasser ma peur du vide pour m'y jeter, sacrifiant ce qui me restait d'âme pour lui.

Plus de retour en arrière possible.

Je ne pouvais maintenant que lui tenir compagnie dans ce nouveau monde sans Soleil où l'hiver était maître du temps.

J'avais pu au moins lui avouer mon amour et l'embrasser une première fois.

Et ce ne serait pas la dernière, je comptais vivre cet amour et ne pas reproduire les mêmes erreurs.

Au moins dans ce monde.

𝒂̀ 𝒍𝒂 𝒎𝒐𝒓𝒕.





♪ 𝒐𝒏𝒍𝒚 - 𝑟𝑦 𝑥 ↺

𝑖 𝑤𝑎𝑠 𝑜𝑛𝑙𝑦 𝑓𝑎𝑙𝑙𝑖𝑛𝑔 𝑖𝑛 𝑙𝑜𝑣𝑒

𝑐𝑜𝑚𝑖𝑛𝑔 𝑓𝑟𝑜𝑚 𝑡𝘩𝑒 𝑐𝑜𝑙𝑑

𝑏𝑢𝑟𝑖𝑒𝑑 𝑢𝑛𝑑𝑒𝑟 𝘩𝑒𝑎𝑡

𝑙𝑎𝑦 𝑦𝑜𝑢 𝑜𝑛 𝑡𝘩𝑒 𝑓𝑙𝑜𝑜𝑟

𝘩𝑒𝑎𝑣𝑒𝑛 𝑝𝑎𝑖𝑛

𝑛𝑑𝑎 : ha ha ... alors je sais pas vraiment quoi vous dire, j'espère que vous ne me detestez pas après la lecture de cet os qui je vous l'accorde n'est pas le plus beaux des cadeaux de Noel. un jour je saurai ecrire du soft on y crois, mais pour l'instant, voilà ce que j'ai à vous proposer, du drama, encore et encore.

mais j'espère que malgré tout, tu as pu apprécier (étrange mot dans ce contexte je te l'accorde) et que de nouveau, tu as pu être surpris.e par la fin et la petite chute. un grand merci à toi qui a passé du temps à lire ces quelques mots. mais surtout un grand merci à ma bêta d'amour qui sans elle, je n'aurai jamais osé le publié, qui trouve toujours les bons mots pour me hyper j'ai nommé Akamikeko donnez lui touuut touut plein d'amour, ainsi que ma correctrice super adorable, patiente et bienveillante taemots qui m'aide à me decomplexer au niveau de ma dysorthographie, grâce à elle je peux publier plus sereinement. merci mes belles de m'accompagner à travers mes aventures hihi

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