☛ Jordan-Petit-Belge

Ana rabat la capuche sur son visage et enfourne les mains dans ses poches avant de regarder autour d'elle puis, elle traverse la rue en accélérant le pas. Elle sent ses doigts coller entre eux, le sang y sèche et une grimace s'affiche sur son visage. Le sang, c'est ce qu'elle aime le moins. Ça colle et ça tache, elle va en avoir plein les poches et devra jeter sa veste.

La jeune femme entre dans son immeuble délabré et met les trois chaînes qui bloquent sa porte par prévention. Elle doit toujours se cacher, rester dans l'ombre au risque que de mauvaises personnes ne la retrouve. Être une assassin, ça peut avoir des conséquences. Retirant sa veste, elle l'a jette dans la poubelle à côté du bureau et va directement se laver les mains.

L'eau se met à rougir, s'écoulant par l'évacuation mais malgré la propreté de ses doigts, elle les l'avent plusieurs fois, jusqu'à ce qu'elle se sente propre. Quand enfin, elle se ressemble de nouveau, naturelle, propre et moins nerveuse, elle s'approche du tableau en liège et barre d'une grande croix, le visage de l'homme qu'elle vient de tuer.

— Plus que sept, murmure Ana.

Plus que sept et ensuite, elle pourra reprendre le court de sa vie. Elle a tout mis en pause après la mort de ses parents afin de retrouver les coupables et de leur faire payer. Depuis des années, sa vie est en pause afin qu'elle puisse s'entraîner, se former, s'armer et tuer si bien qu'elle s'est perdu en chemin et ne sait plus qui elle est mais de toute manière, elle n'y tient pas compte, tout ce qu'elle veut,  c'est pouvoir tuer et se venger. La brune se pince les lèvres et elle remarque une silhouette dans le reflet de la vitre, lui arrachant un léger rictus.

— J'attendais ta venue, dit-elle. Je ne savais pas qui Fury allait envoyer mais tu es en retard, ça fait trois jours qu'il ta demandé de me ramener en Amérique.

Ana se retourne alors et fait face à une jeune femme aussi rousse qu'elle est brune, une lueur rouge dans sa main. La Polonaise lève les yeux.

— Vous, les Américains .., marmonne-t-elle.

Ana se déplace lentement vers sa cuisine et sort une bière de son frigo avant de se laisser tomber dans son canapé puis, pose les pieds sur les palettes qui servent de table basse. Elle prend une gorgée de bière puis se met à rire.

— Tu comptes rester debout avec ta boule magique encore longtemps? ironise Ana. Si j'avais voulu te tuer, tu serais déjà morte, pouvoir ou non.

— Dans ce cas, je suppose que tu ne vas voir aucune objection à ce que je te ramène avec moi à New-York, répond la rouquine.

— Généralement, je connais le nom de la personne avec qui je voyage, lâche Ana.

Elle vide sa bière puis la lance dans l'évier avant de se concentrer sur la jeune femme qui a fini par baisser sa main. Rousse, de taille moyenne, elle semble inoffensive au premier abord mais au vu de la magie qu'elle a pu créer, Ana comprend qu'elle réussirait à l'arrêter si elle essayait de s'enfuir.

— Wanda, répond la rouquine. Nous n'avons pas de temps à perdre alors dépêche toi de me suivre.

C'est de cette manière qu'Ana a rencontré Wanda. Quelques mois plus tard, elle s'entraîne dans la salle de sport des Avengers quand la porte s'ouvre. Elle a tout juste le temps de sauter sur le côté que le punching-ball se trou.

— Dommage, raille Wanda.

Ana lève les yeux au ciel et récupère au vol, la bouteille d'eau que lui lance la jeune femme. Encore haletante après sa séance intensive d'entraînement, Ana s'assoit sur le tapis et boit la bouteille dans son entièreté avant de relever les yeux vers Wanda.

— Qu'est-ce qu'il y? demande-t-elle.

— Tu as quelque chose de prévu là, tout de suite? questionne la rouquine.

Ana secoue la tête et reprend son souffle petit à petit avant de suivre Wanda. Depuis son arrivée, elle n'a pas tentée de lier des liens avec les autres Avengers et les piques lancées à Wanda pendant quelques semaines ont fini par être plus taquines qu'autre chose, si bien, qu'on peut les considérer comme amies.

— Si c'est encore parce que la vaisselle n'est pas faite, ce n'est pas de ma faute, prévient Ana. C'est au tour de ce type gonflé comme un ballon.

— Il s'appelle Steve, soupire Wanda avec un petit sourire en coin. Et non, ça n'a rien à voir avec la vaisselle.

Wanda ouvre la porte montant dans les étages supérieurs et Ana, bien trop curieuse, la suit. L'étage du dessus sert de musée, surtout pour Tony Stark qui entrepose toutes sortes de gadgets ou parfois, des dessins de fans.

— Est-ce qu'on peut faire plus imbu que ce type? marmonne Ana.

— Tu ne sais pas faire autre chose que de râler? lâche Wanda. Regarde plutôt ça. Il vient d'arriver et j'ai pensé que ça te ferai plaisir.

Elle désigne un tableau peint par ce qui semble être une ou un enfant et Ana s'approche. Elle lève les yeux au ciel en voyant tous les muscles qu'à dessiné l'artiste sur le torse de cet horripilant Captain America. Pourtant, c'est autre chose qui capte bien vite son attention.

— Est-ce que c'est ..?

— Oui, répond Wanda. C'est toi.

Ana entrouvre la bouche et son masque si froid semble se fissurer pour laisser apparaître un sourire sincère. Elle sent les larmes monter mais les chasse prestement. Il y a deux semaines, ils ont empêché un alien de détruire une petite route et de souvenir, il y avait un petit garçon à bord d'une voiture.

Ana a été blessée au bras mais elle sest occupée de sortir l'enfant et son père de la voiture avant qu'elle ne tombe dans le vide. Elle se racle la gorge puis se retourne vers Wanda qui sourit.

— N'en fait pas trop non plus, marmonne Ana. C'est bon, je trouve ça mignon, mon cœur de pierre est touché, ça te va?

— Ça me va parfaitement et je profite que ton cœur de pierre soit ramolli pour savoir si tu as envie de sortir un de ces quatre.

Ana observe Wanda, un peu surprise par sa proposition mais ne la refuse pas. Elle n'a jamais eu d'amis, jamais. Tout à commencé quand cet abruti de Dimitri lui a cassé le nez en primaire et au final, Ana s'est rendu compte que les gens font du mal et elle s'est protégée de ça.

— Je vais t'aider, reprend Wanda. Pour venger tes parents, je vais t'aider parce que ces gens là sont des meurtriers et qu'ils méritent de pourrir. Mais quand tout sera fini, je veux ta parole que tu auras terminé avec les assassinats.

— Pourquoi? demande Ana, je veux dire, pourquoi est-ce que tu tiens tellement à ce que j'arrête?

— Parce que je suis capable de savoir ce que tu as dans la tête, répond Wanda. Et que je vois que tu ressens des choses à mon égard. Je sais aussi que tuer nous pèse et si je veux entamer quelque chose avec toi, je veux être sûre que ton passé ne te fasse pas sombrer.

Ana dévisage Wanda et pour la première fois, elle se met à rougir. Elle aurait mieux fait d'essayer de cacher au mieux ses pensées mais les paroles de la rouquine l'interpelle et elle déglutit avec peine. Si elle veux entamer quelque chose, c'est qu'elle aussi, ressent à son égard, plus que de l'amitié.

— D'accord, dit Ana en tendant la main, j'accepte. Je te promets de venger mes parents et de ne plus jamais tuer ensuite.

Wanda observe sa main avant de sourire et c'est devant le dessin de Ana en super-héro que leur pacte est scellé. Main dans la main, elle signe leur destin.