[ 𝟏.𝟎𝟓 ] Circle

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⠀⠀𝙏𝙖𝙣𝙙𝙞𝙨 𝙦𝙪𝙚 𝙎𝙩𝙞𝙡𝙚𝙨 𝙧𝙚𝙜𝙖𝙧𝙙𝙖𝙞𝙩 𝙪𝙣 𝙛𝙞𝙡𝙢 à 𝙡𝙖 𝙩é𝙡é, 𝘼𝙞𝙗𝙚𝙚 𝙨𝙚 𝙧𝙚𝙣𝙙𝙞𝙩 𝙙𝙖𝙣𝙨 𝙡𝙖 𝙘𝙪𝙞𝙨𝙞𝙣𝙚 𝙥𝙤𝙪𝙧 𝙖𝙡𝙡𝙚𝙧 𝙨𝙚 𝙘𝙝𝙚𝙧𝙘𝙝𝙚𝙧 𝙪𝙣 𝙫𝙚𝙧𝙧𝙚 𝙙'𝙚𝙖𝙪. Au même moment, la sonnerie de la porte d'entrée retentit.

— Stiles, va ouvrir, ordonna la jeune fille entre deux gorgées.

— Quoi ? s'exclama ce dernier, ahuri. Tu es debout, je suis assis et c'est quand même moi qui doit aller ouvrir ?

— Oui, exactement, rétorqua Aibee avant de s'éloigner dans les escaliers.

⠀⠀Agacé, Stiles soupira et se leva du canapé. Quand il ouvrit la porte, Scott se tenait devant lui, Liam appuyé sur son épaule. Il semblait déboussolé et terrorisé. Stiles écarquilla les yeux en le voyant, puis lança à Scott un regard surpris.

— Qu'est-ce qu'on fait ici ? demanda Liam. Je veux aller à l'hôpital.

— Scott, qu'est-ce qui se passe ?

— C'est une longue histoire, répondit-il. Je t'expliquerai plus tard. Tu peux t'occuper de lui ? Je dois aller vérifier qu'on ne nous a pas suivis.

— Quoi ? Mais-

— Je sais que tu peux gérer la situation, interrompit-il en laissant Stiles seul avec Liam.

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— C'est comme ça que tu gères la situation ? lança Scott en découvrant Liam dans la salle de bain, allongé dans la baignoire, le corps entièrement recouvert de ruban adhésif.

— J'ai paniqué.

⠀⠀L'adolescent gesticula pour tenter de se défaire de ses liens. La bouche bandée, il marmonna des sons inintelligibles en leur jetant des regards paniqués. Scott soupira avant de refermer les rideaux sur lui.

— Donc, tu l'as mordu, dit Stiles en s'asseyant sur son lit.

— Oui, répondit Scott en l'imitant.

— Et tu l'as kidnappé.

— Oui.

— Et tu l'as amené ici.

— Je ne pouvais pas l'emmener chez moi, ma mère aurait pété un câble en le voyant.

— T'as de la chance que mon père soit en service cette nuit, autrement je suis pas sûr qu'il aurait toléré ce qu'on est en train de faire en ce moment.

— Je suis convaincu qu'il aurait quand même mieux réagi que ma mère.

— Peut-être, mais je tiens pas à savoir comment Aibee va réagir si elle tombe sur lui.

— Désolé, dit Scott. J'avais oublié qu'elle était là. Comment ça se passe entre vous ?

— C'est génial, répondit Stiles avec un sarcasme non dissimulé. Elle ne cherche pas du tout à faire de ma vie un enfer.

— C'est sa façon de te montrer qu'elle t'aime, non ?

— Je crois surtout qu'elle aime me torturer si tu veux mon avis.

⠀⠀Scott rit un instant, puis sembla reprendre son sérieux.

— Qu'est-ce qu'on va faire ? demanda-t-il, inquiet.

— J'en sais rien.

— J'arrive pas à croire que la prédiction d'Araya était vraie.

— On a besoin d'un plan.

— Qu'est-ce que tu proposes ?

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⠀⠀Toujours retenu prisonnier, Liam se trouvait désormais dans la chambre de Stiles, ligoté à une chaise.

— Très bien, je vais enlever le scotch de ta bouche, dit ce dernier. Si tu cries, je vais le remettre, alors sois un gentil petit garçon, d'accord ?

⠀⠀Le jeune homme le fusilla du regard, mais acquiesça toutefois d'un hochement de tête. Stiles s'approcha de lui, puis tira d'un coup sec sur le ruban adhésif. Liam serra les dents en sentant le scotch se décoller brutalement de sa peau. Il avait les lèvres en feu.

— J'imagine que tu as dû voir beaucoup de choses confuses ce soir, reprit Stiles. Sache que d'autres choses encore plus confuses risquent de se produire, alors tu as tout intérêt à nous parler des choses confuses que tu as vu afin de nous permettre d'être moins confus avec nous-même.

— Quoi ? demanda Liam, confus.

— Laisse-moi faire, dit Scott. Ce qu'il voulait dire, c'est qu'on veut savoir ce qui s'est exactement passé au lycée.

— Tu m'as mordu, rétorqua sèchement Liam. Voilà ce qui s'est passé.

— C'est un peu impoli dans la mesure où il t'a aussi sauvé la vie, intervint Stiles.

— Alors quoi, je devrais te remercier de m'avoir presque cassé une jambe et de m'avoir pris en otage ?

— Ce n'est pas un otage, contesta Scott.

— S'il va tout raconter à la police, ça en aura tout l'air, répliqua Stiles. Est-ce que tu vas en parler à la police ?

— Je me fiche de savoir ce que les flics penseront, cracha Liam. Je veux juste rentrer chez moi.

— Écoute, je sais que tout cela te dépasse, mais on essaie de te protéger, expliqua Scott. Ce que je t'ai fait... Ça va te changer.

— Sauf si ça te tue, ajouta Stiles.

⠀⠀Liam le regarda, terrifié.

— Quoi ? paniqua-t-il.

— Stiles ?

— Quoi ?

— La ferme.

— Qu'est-ce que tu es au juste ? demanda Liam. Et cette femme ? Vous êtes quoi ? Des vampires ?

— Des vampires ? s'esclaffa Stiles. C'est ridicule, tout le monde sait que ça n'existe pas.

— Je ne suis pas fou. Je sais ce que j'ai vu.

⠀⠀Liam baissa les yeux et observa le plancher pendant quelques instants.

— Est-ce que je vais mourir ?

— Non, répondit Scott en s'accroupissant à son niveau pour le rassurer. Personne ne va mourir, d'accord ? Tout va bien se passer.

— Même s'il y a davantage de probabilités que ça se passe mal, dit Stiles en s'accroupissant à son tour.

— Stiles !

— Quoi ? Je suis réaliste ! Ce gamin va être confronté à toute une série de bouleversements. Sa vie va changer à tout jamais et il ne pourra plus rien faire sans que son avenir ne soit constamment mis en danger. Avec un peu de chance, s'il parvient à survivre-

⠀⠀Il fut interrompu par les sanglots de Liam.

— J'aurais peut-être pas dû dire ça...

⠀⠀Des larmes dévalaient les joues du jeune homme, submergé par la peur et l'angoisse.

— On doit le relâcher, dit Scott. Aide-moi.

⠀⠀Les deux acolytes s'attelèrent alors à défaire les liens du captif. Lorsqu'ils arrachèrent la dernière bande de ruban adhésif, ils reculèrent afin de lui laisser le temps de se remettre de ses émotions.

— Liam, ça va ? demanda Scott. On est désolés.

— Ouais, vraiment désolés, dit Stiles.

⠀⠀Le jeune homme se mit debout en gardant la tête baissée. Il resta silencieux un moment, puis leur tourna le dos. L'instant d'après, il empoigna la chaise à laquelle il était attaché pour l'écraser sur le dos de Scott qui s'écroula au sol. Stiles quant à lui bondit en arrière, frappé par la stupeur.

— Liam, qu'est-ce que-

⠀⠀Un violent coup de poing atterrit dans son visage. Sonné, il alla heurter le mur derrière lui. Prenant ses jambes à son cou, Liam se précipita hors de la pièce. Il songea à y retourner pour récupérer ses chaussures, mais y renonça en voyant Scott et Stiles surgir à ses trousses.

— Attrapons-le ! s'écria Stiles.

⠀⠀Liam se mit à courir pour tenter de les semer lorsque l'une des portes du couloir s'ouvrit subitement sur son passage. Aibee émergea de sa chambre et il dut s'arrêter brusquement pour éviter de lui rentrer dedans. Surprise par sa présence, elle le dévisagea, mais conserva tout de même un air avenant.

— Salut, lança-t-elle.

⠀⠀Affolé, Liam se contenta de pousser un cri avant de poursuivre sa route en courant de plus belle. Quelques secondes plus tard, Stiles arriva aux côtés d'Aibee, étourdi et essoufflé.

— Stiles ? s'étonna la jeune fille. Qu'est-ce qui se passe ?

⠀⠀Au même instant, Scott apparut derrière lui.

— Scott ! s'exclama-t-elle.

⠀⠀Elle se raidit aussitôt et écarquilla les yeux en se souvenant qu'elle portait un pyjama. Bien vite, le rouge lui monta aux joues et elle s'empressa de refermer la porte de sa chambre avant de se jeter sur son armoire, à la recherche d'une tenue moins compromettante.

⠀⠀Scott se tourna vers Stiles en fronçant les sourcils. Celui-ci haussa les épaules, puis l'entraîna à l'autre bout du couloir. Quand ils retrouvèrent la trace de Liam, celui-ci était en bas de l'escalier et boitait en se dirigeant vers la porte. Dès qu'il les vit, il pressa le pas, mais les deux garçons furent plus rapides et le rattrapèrent juste avant de le plaquer brutalement au sol.

— Je te tiens ! s'exclama Stiles en l'immobilisant fermement. Tu fais beaucoup moins le malin maintenant, hein ? Stupide gamin.

⠀⠀Il ricana, fier de lui, jusqu'à ce qu'il réalise que la personne qu'il retenait entre ses bras n'était autre que Scott.

— Il s'est enfui, c'est ça ? demanda-t-il en le relâchant.

— À ton avis ? grommela Scott, contrarié.

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— Scott a mordu quelqu'un ? s'étonna Peter, appuyé contre l'escalier de son loft.

— Il était temps, tu ne crois pas ? lança Kate en observant ses poignets guérir. La morsure est une étape obligée.

— Oui, mais tu dis qu'il a mordu la même personne que toi. Ça me paraît assez tordu. D'ailleurs, qu'est-ce que tu faisais au lycée ?

— J'étais dans la forêt quand j'ai perçu du mouvement aux abords de l'école. Il y avait ce garçon sur le terrain de crosse. Son attitude m'a tout de suite intrigué. Je pouvais sentir sa rage et sa colère. Il dégageait quelque chose d'assez intimidant pour un simple humain. Il avait le profil parfait et je n'ai pas hésité longtemps avant de passer à l'acte. Quand j'allais enfin conclure, McCall est apparu et a essayé de s'interposer comme d'habitude.

— Qu'est-ce qu'il faisait là-bas ?

— Je ne sais pas. Mais ils avaient l'air de se connaître tous les deux.

⠀⠀Elle se leva de sa chaise et se posta devant Peter.

— De toute façon, ça n'a pas d'importance, puisque maintenant ma meute est au complet, dit-elle.

— À ta place, je n'en serais pas si sûr.

⠀⠀Kate fronça les sourcils.

— Il y a eu double morsure. Dans ce cas, tout se joue sur l'ordre chronologique. Celui qui mord en dernier annule la marque du premier et prend l'avantage. C'est aussi simple que ça.

— Alors, ça veut dire-

— Ça veut dire que ce garçon va devenir le Bêta de Scott et que tu t'es lamentablement plantée encore une fois.

⠀⠀Peter s'avança vers elle. Son visage n'était désormais plus qu'à quelques centimètres du sien.

— Tu continues de croire que tu n'as toujours pas besoin de mon aide ? souffla-t-il.

— Pour être honnête, ça m'est bien égal, répondit Kate en soutenant son regard. Ce soir, j'ai vu de quoi Scott McCall était capable.

⠀⠀Un sourire perfide illumina son visage.

— Qu'as-tu en tête ?

— Eh bien, je ne peux peut-être pas avoir le Bêta, mais au moins, je sais maintenant comment atteindre l'Alpha.

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— Tu veux une poche de glace ? demanda Aibee, tandis que Stiles se massait le crâne en gémissant.

— Oui, s'il te plaît.

— Je parlais à Scott.

— Euh, ouais, dit ce dernier. Je veux bien.

⠀⠀Aibee lui adressa un sourire réjoui avant d'aller chercher des glaçons dans le réfrigérateur. Elle prit ensuite place entre les deux garçons, assis dans la cuisine.

— Attrape, lança-t-elle en lançant une poche de glace en direction de Stiles.

⠀⠀Il tendit le bras pour la rattraper, mais glissa de son tabouret juste avant de basculer au sol. Aibee et Scott le regardèrent avec une profonde pitié.

— Rappelle-moi pourquoi il est dans l'équipe déjà ? demanda la jeune fille.

— Il... en fait... J'en ai aucune idée, répondit Scott en haussant les épaules.

— Je l'ai, dit Stiles en se redressant fièrement.

⠀⠀Aibee l'ignora et concentra son attention sur Scott. Délicatement, elle commença à tamponner son visage avec la poche de glace.

— Je sais pas comment vous avez fait pour tomber dans les escaliers, mais vous avez eu de la chance de vous en sortir avec seulement quelques égratignures, dit-elle. D'ailleurs, c'est bizarre...

⠀⠀Elle s'interrompit, puis fronça les sourcils.

— Quoi ? demanda Scott.

— J'aurais juré que tu avais une écorchure sur la joue il y a à peine trois secondes.

— Vraiment ? répliqua-t-il en feignant l'ignorance.

⠀⠀Stiles se raidit sur son tabouret, paniqué.

— Oui, mais si ça se trouve, j'ai dû halluciner. Tu as vraiment une peau parfaite, Scott McCall.

⠀⠀Aibee plongea longuement ses yeux noisette dans ceux du jeune homme. Un sourire aguicheur étira le coin de ses lèvres. Scott n'en était pas sûr, mais il avait la curieuse impression qu'elle était en train de lui faire les yeux doux.

— Merci, répondit-il.

— Non, merci à toi d'être passé. Tu devrais venir plus souvent.

⠀⠀Elle posa une main sur sa cuisse. Il déglutit.

— J'aimerais vraiment apprendre à mieux te connaître, reprit-elle. Je t'ai toujours trouvé cool, tu sais ?

— C'est pas vrai du tout, intervint Stiles. Tu disais tout le temps que c'était un ringard qui sentait mauvais et qui-

⠀⠀Elle lui asséna un coup de coude discret dans l'estomac et il tomba au sol, le souffle coupé. Aibee ricana, sous le regard perplexe de Scott.

— Fais pas attention, dit-elle. Il a probablement dû tomber sur la tête.

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⠀⠀Dès lors que Scott quitta la maison des Stilinski, Aibee attendit patiemment qu'il démarre sa moto avant de se ruer dans la cuisine pour donner à Stiles un vilain coup dans l'épaule. Surpris, il lâcha un cri.

— Pourquoi est-ce que tu me frappes ? s'exclama-t-il, ahuri.

— Parce que tu ne sais pas tenir ta langue ! s'écria-t-elle, furibonde. À cause de toi, Scott va me prendre pour une fille hautaine et superficielle.

— Et il n'aura pas tort.

— Répète ce que t'as dit ? menaça-t-elle.

— Je dis juste qu'à l'avenir, tu devrais peut-être assumer ce que tu as pu dire dans le passé.

— Et peut-être qu'à l'avenir tu pourrais aborder les choses avec un peu plus de subtilité. Est-ce que je viens te voir en disant : « Hey Stiles, c'est moi ou un pétard a explosé dans tes cheveux ? »

— Tu viens juste de le faire.

— Oui, et j'assume pleinement ce que j'ai dit, rétorqua Aibee avec arrogance. Juste un conseil, à ce stade, tu devrais simplement penser à te raser le crâne.

⠀⠀Stiles se renfrogna, vexé.

— Est-ce que tu vas me dire qui est le garçon que j'ai croisé toute à l'heure ?

— Tu veux dire, le garçon qui est sorti de la maison en courant et en hurlant ?

⠀⠀Aibee hocha la tête, puis croisa les bras dans l'attente d'une réponse.

— C'est un ami, dit Stiles. Il était pressé parce qu'il s'est rappelé qu'il avait quelque chose d'urgent à faire.

— Dis-moi, ils sont tous aussi bizarres les gens avec qui tu traînes ? À l'exception de Scott, bien sûr. Honnêtement, tu devrais éviter de ramener ce genre d'individus à la maison.

— Est-ce que parmi « ce genre d'individus » tu inclues aussi Miguel ?

— Je sais que c'est ton ami, mais tu dois quand même admettre que quelque chose ne tourne pas très rond chez ce type.

— C'est drôle, je pensais que tu étais obsédée par lui.

— Alors ça c'est ridicule, tu racontes n'importe quoi.

— Ah oui ? répliqua Stiles avant d'emprunter une voix féminine. Oh, Miguel !

⠀⠀Aibee lui jeta un regard assassin.

— Tu m'as écouté pendant que je dormais ? s'exclama-t-elle, scandalisée.

⠀⠀Stiles se tordit de rire.

— Oh, Miguel ! Quoi ? Tu m'as acheté un nouveau mascara ? Tu es si romantique !

⠀⠀Furieuse, Aibee glissa une poche de glace sous son tee-shirt et il hurla de douleur, tandis qu'elle quittait la cuisine.

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— Stiles ? lança Malia, calée contre lui. Tu dors ?

⠀⠀Le bruit d'un ronflement lui répondit.

— Stiles ! répéta-t-elle en enfonçant son genou dans ses côtes.

⠀⠀Le jeune homme ouvrit subitement les yeux en poussant un cri étouffé.

— Qu'est-ce qui se passe ? demanda-t-il en se redressant sur le lit et en se frottant les yeux.

— Je n'arrête pas de réfléchir, dit-elle en observant le plafond de la chambre. Je me pose beaucoup de questions à propos de ce nouveau garçon au lycée.

— Qui ? Isaac ?

— Oui.

— C'est une blague ? s'exclama Stiles. C'est pour ça que tu me réveilles ? Quelle heure est-il ?

— Tu es ami avec ce type ? demanda Malia en ignorant ses plaintes.

— Quoi ?

— Tu lui fais confiance ?

⠀⠀Stiles soupira, puis se laissa retomber sur le matelas.

— Non, grogna-t-il en plongeant sa tête dans son oreiller.

— Scott lui fait confiance ?

— J'en sais rien.

— C'est un loup-garou lui aussi ?

— Je veux juste...

— Il est du côté des gentils ou des méchants ?

— Dormir...

⠀⠀Alors que ses paupières se refermaient lentement, soudain, l'alarme de son réveil se mit à sonner. Surpris, il sursauta avant de tomber du lit.

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⠀⠀Tandis qu'elle prenait l'ascenseur, Melissa discutait avec Gary Sanders, un chirurgien muté à Beacon Hills quatre mois auparavant. C'était un homme au crâne rasé âgé d'une quarantaine d'années. Il était grand, musclé et avait la peau cuivrée.

— C'est dingue, dit-il. J'ai jeté un coup d'œil dans les archives et cet hôpital a connu une étrange quantité de dégâts depuis ces dernières années. L'assurance ne nous couvrira pas. Nous devons réduire les budgets. De plus, le personnel infirmier est devenu bien trop maigre et-

⠀⠀Il s'interrompit en entendant les gargouillements que produisait l'estomac de Melissa. Gênée, elle plaqua une main sur son ventre.

— Quelqu'un meurt de faim, plaisanta-t-il.

⠀⠀Elle rit.

— Je suis tellement débordée que je n'ai rien eu le temps d'avaler. J'ai besoin d'un bon dîner.

⠀⠀Gary la regarda, amusé.

— Il est sept heures du matin, dit-il.

— Oh. Dans ce cas, j'ai aussi besoin d'une montre.

⠀⠀Elle rit à nouveau, puis gémit tout à coup en posant une main sur son front. Elle avait le teint pâle et des cernes sous les yeux.

— Melissa, ta journée est finie. Pourquoi tu ne rentrerais pas chez toi pour te reposer ? J'ai l'impression que tu es la seule à travailler autant ici. Tu as vraiment besoin de faire une pause.

⠀⠀Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent. Soudain, un jeune homme blond, torse nu et visiblement blessé apparut brusquement devant eux. Il s'écroula au sol, tandis qu'une flaque de sang se dessinait autour de lui. Des infirmiers se pressèrent à son secours.

— Crois-moi, dit Melissa. Il n'y a jamais de pause dans cet hôpital.

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— Comment va ma danseuse étoile préférée ? lança Rachel en se postant devant le casier d'Aibee.

⠀⠀Vêtue d'un crop top blanc et d'un jean slim qu'elle avait accompagné de chaussures à talons, elle semblait sortie tout droit d'une page de magazine de mode avec sa taille de guêpe et ses longues jambes effilées.

— Tu sais que je ne me remets toujours pas de ta prestation d'hier ? Je l'ai tellement adoré qu'en rentrant chez moi j'ai essayé de reproduire certains pas, mais je n'ai pas ta souplesse, je dois encore m'entraîner, alors, je me disais qu'un jour tu pourrais peut-être me montrer quelques mouvements.

— Tu veux apprendre ma chorégraphie ?

— Oui, et je ne crois pas être la seule du groupe à vouloir danser comme toi.

⠀⠀Depuis qu'Aibee s'était révélée au groupe de danse et que sa prestation avait atterri sur Internet, la moindre de ses apparitions déclenchait d'innombrables défilés de regards admiratifs. Déjà populaire, elle était désormais devenue extrêmement populaire.

— Salut, dit une fille en les interrompant.

— Hey, dit Rachel qui sembla la reconnaître. Tu dois être-

— Appelle-la Cat, murmura Aibee.

— Bien sûr. Cat. Quoi de neuf ?

— Ça me fait plaisir que vous vous en souveniez, dit l'adolescente en triturant ses longues mèches blondes.

⠀⠀Sa chevelure touffue lui tombait sur les épaules, mais était très mal entretenue, emmêlée par-ci, par-là.

— Je suis venue te rendre ton collier, lança-t-elle en tendant à Rachel un long pendentif au bout duquel pendait trois petits anneaux dorés.

⠀⠀Celle-ci écarquilla les yeux en tâtant son cou.

— Tu l'avais oublié dans la salle de danse.

— C'est bizarre, dit Rachel en le récupérant. C'est la première fois que ça m'arrive.

— Cat, je peux te poser une question ? demanda Aibee.

— Oui, répondit cette dernière.

— Orlando Bloom, c'est ton père ?

— Non.

— Ton beau-père ?

— Non.

— Ton oncle ?

— Non.

— Ton cousin ?

— Non plus.

— Merci de me l'avoir rapporté, dit Rachel en attachant le collier autour de son cou. Je ne sais pas ce que j'aurais fait si je l'avais perdu.

— Il a une valeur sentimentale ? demanda Cat.

— Familiale.

— Non, sérieusement, insista Aibee. Je veux savoir quel lien de parenté que tu as avec Orlando Bloom.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

⠀⠀Marchant dans le couloir du lycée, Liam se rendait à son premier cours de la matinée quand Scott lui barra subitement la route. Paniqué, il se précipita dans la direction opposée où il tomba nez à nez avec Stiles.

— Liam, commença Scott.

— Foutez-moi la paix tous les deux, cracha le jeune homme d'un ton menaçant. Arrêtez de me suivre ou je vous jure que cette fois j'appelle les flics.

— Il faut que je te parle, reprit Scott. Nous... nous sommes frères maintenant.

— Quoi ? demanda Liam en le dévisageant avec méfiance.

— J'y crois pas, dit Stiles en secouant la tête.

— La morsure... la morsure est un cadeau.

— Scott, arrête. S'il te plaît. Arrête.

— Qu'est-ce qu'il raconte ?

— Écoute gamin, au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, on essaye de t'aider, répondit Stiles.

— En me kidnappant ?

— Qu'on mette les choses au clair. Scott t'a kidnappé. Je t'ai juste ligoté dans une baignoire, puis à une chaise avec du ruban adhésif pour t'empêcher de t'enfuir, OK ?

— Dans ce cas, je suppose qu'on verra ce que la police pensera de cette version.

— On t'a libéré et on t'a laissé rentrer chez toi, tu ferais pas ça ?

— Pourquoi pas ? Vous me persécutez depuis plusieurs jours et il est évident que vous consommez régulièrement de la drogue et des substances dopantes.

⠀⠀Stiles fronça les sourcils.

— Liam, j'ai déjà vécu ça, dit Scott. Crois-moi, rien ne s'améliorera tant que tu n'auras pas accepté ce qui t'es arrivé. Je veux juste te prévenir. Quelque chose se prépare. Quelque chose d'énorme.

— Rien ne m'est arrivé, répondit le jeune homme en retirant le bandage qui recouvrait sa main accidentée.

⠀⠀Stiles et Scott échangèrent un regard surpris en remarquant sa peau intacte.

— Pour la dernière fois, laissez-moi tranquille, sinon moi aussi je ferai en sorte de saboter vos chances de jouer dans l'équipe, ajouta-t-il avant de tourner les talons.

— Est-ce qu'il vient de nous menacer ? demanda Stiles. Tu as remarqué qu'il ne boitait plus ? Il est en train de guérir, Scott.

⠀⠀Scott allait répondre lorsque quelqu'un lui tapota l'épaule. Il se retourna. Aibee se tenait à quelques centimètres de lui.

— Salut, Scott, lança-t-elle en lui souriant et en lui tendant un petit bout de papier plié.

— Salut, dit-il en lui rendant son sourire. Qu'est-ce que c'est ?

— Mon numéro de téléphone.

⠀⠀Scott haussa les sourcils.

— Ton quoi ? intervint Stiles, ahuri.

— Stiles, tu es là, dit Aibee, agacée.

— Qu'est-ce que tu étais en train de faire là ?

— Je proposais à Scott des cours de xylophone.

— Tu crois que je suis stupide ?

— Je ne crois pas que tu sois stupide, je suis sûre que tu l'es.

⠀⠀Scott se retint de rire. Stiles la fusilla du regard.

— Ça va bientôt sonner, dit-il. Va en cours et arrête de t'habiller comme Lydia, c'est vraiment déstabilisant.

— Je ne vois pas du tout de quoi tu parles. Je ne m'habille pas comme Lydia.

⠀⠀Au même instant, un élève la bouscula.

— Désolé, Lydia Martin, dit-il avant de s'éloigner.

— Bon d'accord, j'essaye peut-être un peu de lui ressembler, avoua Aibee. Mais qu'est-ce que ça peut te faire ? T'as pas d'ordre à me donner, OK ? Je sais que tu as fait pipi dans la baignoire hier soir !

— Quoi ?

— C'est dégoûtant, ajouta-t-elle juste avant de s'en aller.

— De quoi est-ce qu'elle parle ?

— Elle m'a fait un clin d'œil, dit Scott, perturbé.

⠀⠀Stiles soupira d'exaspération.

— Elle me fatigue, dit-il. Je te jure que j'en peux plus.

— Stiles, j'ai pas rêvé, elle m'a fait un clin d'œil.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

⠀⠀Malia se rendait à son cours d'histoire lorsqu'à peine entrée dans la salle, elle s'immobilisa dans l'encadrement de la porte en remarquant la présence d'Isaac. Assis à une des tables, il semblait absorbé par le paysage à travers la fenêtre.

— Malia Tate ? lança Mr. Yukimura. Installe-toi, le cours va commencer.

⠀⠀Revenant à ses esprits, elle alla s'asseoir aux côtés de Kira avant de jeter un bref coup d'œil à sa droite. Isaac la regardait.

— Il est dans notre classe maintenant ? chuchota-t-elle.

⠀⠀Kira haussa les épaules, puis extirpa un livre de son sac. Malia soupira avant de l'imiter. Un feutre vert coincé entre les dents, elle surlignait machinalement les pages de son livre à l'aide d'un marqueur jaune, ce qui attira l'attention de Mr. Yukimura.

— Malia ? dit-il. Pourrais-tu me donner le nom du président que je viens de décrire ?

⠀⠀Surprise, la jeune fille arrêta ce qu'elle était en train de faire, puis releva la tête en arborant un air déboussolé. Toute la classe se tourna vers elle. Paniquée, elle jeta un regard empli de détresse à Kira.

— Malia ? répéta le professeur. Un de nos plus grands présidents ?

⠀⠀Elle hocha la tête avant de se mettre à chercher désespérément un indice au milieu d'un tas de feuilles éparpillées sur la table. Au même instant, la sonnerie d'un téléphone retentit.

— S'il vous plaît, veuillez éteindre vos téléphones, ordonna Mr. Yukimura. 

⠀⠀Pendant ce temps, Malia fouillait dans ses notes. À côté d'elle, Kira continuait d'agiter son bras dans l'espoir d'être interrogée.

⠀⠀Soudain, un autre portable se mit à sonner.

— Éteignez vos téléphones, tout le monde, avertit encore une fois le professeur. Malia ?

⠀⠀Renversant tout sur son pupitre, la jeune fille tentait de mettre la main sur le marqueur rouge qu'elle avait coincé la veille dans la page qui contenait la réponse.

— C'est ça que tu cherches ? lança Isaac qui avait son surligneur en main.

⠀⠀Malia saisit brusquement le feutre pour le récupérer, mais amusé par la situation, le jeune homme ne lâcha pas prise. Furieuse, elle lâcha un grognement quand le surligneur se cassa en deux, puis toisa Isaac qui lui adressa un sourire en coin.

— Quelqu'un d'autre sait ? demanda Mr. Yukimura.

⠀⠀Presque tous les élèves de la classe levèrent la main. Tous à l'exception de Malia qui, gênée par la situation, se laissa honteusement glisser sur sa chaise afin de dissimuler son profond malaise.

⠀⠀Un énième téléphone se fit entendre.

— J'ai dit, éteignez-moi tous ces téléphones ! s'écria Mr. Yukimura, fou de rage. Pouvez-vous au moins tenir une heure sans user de la technologie ? Ce n'est pas aussi difficile que ça en a l'air ! Moi, quand j'avais votre âge, je vivais la vraie vie. Si je voulais rendre visite à un ami, j'allais frapper à sa porte. Si je voulais dire à quelqu'un qu'il me manque, je lui écrivais une lettre. Si je voulais lire un livre, je me rendais à la bibliothèque. Si je me perdais quelque part, je lisais une carte et si je voulais regarder un film, je me rendais au cinéma. Bien entendu, je comprends tout à fait l'engouement que suscitent aujourd'hui ces petites machines, seulement, il est de mon devoir de vous rappeler que nous nous trouvons actuellement dans une salle de classe et que par conséquent, vous devez vous conformer à certaines règles de conduite !

— Euh... Papa ? dit Kira. C'était ton téléphone.

— Oh, dit-il avant d'éteindre son portable, rouge de honte.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

— C'est quoi ton problème ? cracha Malia en barrant la route à Isaac lorsqu'ils furent sortis du cours.

— J'y crois pas, tu comptes réellement m'agresser dans ce couloir ? dit-il en riant.

— Je ne cherche pas à t'agresser, répondit-elle. Je veux savoir ce que tu mijotes, étant donné que tu observes le moindre de mes mouvements.

— Tu es sûre que c'est tout ce que tu veux ? On dirait plutôt que tu te retiens de m'égorger.

— Continue à agir comme ça et je le ferai peut-être.

⠀⠀Malia serra les poings. Isaac esquissa un sourire.

— Je te trouve particulièrement sauvage, même en étant sous cette forme humaine.

— Génial, dit-elle sèchement. J'espère que ça te fait peur.

⠀⠀Il rit.

— À vrai dire, il m'en faut plus pour être effrayé, mais-

⠀⠀Il posa brusquement une main sur le mur près de Malia, puis se pencha lentement, à quelques centimètres de son visage.

— Tu as du caractère et ça me plaît, ajouta-t-il avant de s'éloigner au fond du couloir.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

— FONCE, YUKIMURA ! s'écria Finstock.

⠀⠀Sa crosse en main, Kira courait à vive allure sur le terrain pour tenter de fuir un joueur qui la poursuivait afin de lui dérober la balle. Tout à coup, deux attaquants apparurent devant elle. Encerclée, elle paniqua et envoya sa crosse dans les airs avant de se jeter à terre sans réfléchir. Horrifié, le coach se tira les cheveux en regardant la balle heurter le coin du poteau, puis rebondir sur la barre transversale avant de pénétrer finalement à l'intérieur du but.

⠀⠀Kira se redressa sur les coudes et toussa afin de se débarrasser des brins d'herbe qu'elle avait dans la bouche.

— Alors ça, c'est dingue, dit Finstock. Comment peut-on être aussi nulle et douée à la fois ?

⠀⠀Scott se précipita vers elle, puis s'abaissa à son niveau.

— Est-ce que ça va ? demanda-t-il en lui retirant son casque.

⠀⠀Elle n'avait plus de sparadraps et son nez avait désenflé. Néanmoins, ses égratignures n'avaient pas encore complètement disparues.

— Oui, répondit-elle en lui souriant. J'ai marqué.

⠀⠀Il rit, puis l'aida à se relever en enroulant un bras autour de sa taille. Elle frissonna sous son toucher, puis tenta de retrouver son équilibre.

— C'est tout pour aujourd'hui ! déclara le coach en soufflant dans son sifflet. Avant que vous ne partiez, je tiens encore à exprimer ma joie suite au retour de notre future vedette nationale, j'ai nommé Dunbar, notre nouveau co-capitaine ! Viens par ici, p'tit gars !

⠀⠀Il attira soudain Liam entre ses bras, puis le souleva du sol en le serrant contre lui jusqu'à l'étouffer.

— T'es un champion, tu le sais ça ? s'exclama-t-il en lui caressant la tête. Oh oui, t'es un champ-

⠀⠀Son dos émit un craquement.

— D-descends, dit-il, bloqué.

⠀⠀Liam s'exécuta et Finstock s'en alla ensuite en se massant les lombaires. Scott, de son côté, ne quittait pas l'adolescent des yeux. Il l'avait observé durant tout l'entraînement et ce dernier l'avait remarqué. Agacé, il lui lança un regard noir avant de quitter le terrain.

— Tu crois qu'il te déteste ? demanda Kira.

— Peut-être.

— Stiles m'a raconté ce qui s'est passé. Qu'est-ce que tu comptes faire maintenant ?

— J'en ai aucune idée. Il fuit toute tentative de discussion. Tout ce que je sais, c'est qu'il est dans le déni total.

⠀⠀Kira se hissa sur la pointe des pieds pour déposer un baiser sur sa joue. Scott la regarda, surpris.

— C'était quoi ça ? demanda-t-il.

⠀⠀Elle haussa les épaules.

— Ma façon de te dire que peu importe ce qui s'est passé, je sais que ce n'était pas ta faute, répondit-elle en se triturant nerveusement les doigts.

⠀⠀Scott ignorait ce que cela voulait dire, mais la sensation lui avait été agréable.

— Les gars ! s'écria Stiles en accourant vers eux, son téléphone portable en main. Regardez ce que j'ai trouvé ! J'ai hacké la base de données de mon père et-

— Tu as hacké la base de données de la police ? s'étonna Kira.

— Oh, c'est rien. J'ai passé tellement de temps sur ce maudit banc de touche que j'aurais tout aussi bien pu pirater la NASA si je le voulais.

⠀⠀Kira le regarda avec des yeux ronds.

— C'est brillant et terrifiant à la fois, dit-elle.

— Écoutez, apparemment, il serait question d'un triple homicide. Toute une famille aurait été assassinée dans d'étranges circonstances. Quelqu'un se serait introduit chez eux en pleine nuit pour les tuer. Je suis tombé sur quelques photos et c'est une vraie boucherie. Ils ont commencé à en parler aux infos.

— Tu crois que ça pourrait être lié à quelque chose de surnaturel ? demanda Scott.

— Est-ce que j'ai bien précisé qu'ils étaient morts dans d'étranges circonstances ? On est à Beacon Hills je te rappelle, ce n'est pas un indice suffisant pour toi ?

— Je ne sais pas, Stiles, ton père est le shérif. Je ne pense pas qu'il aimerait qu'on se mêle de ça.

— C'est une blague ? Il y a peut-être un tueur en série en cavale et on ne va rien faire ?

— Désolée, dit Kira.

— J'ai promis à ma mère de ne plus m'impliquer dans ce genre de choses et je suis déjà mal barré avec Liam et Kate, dit Scott. On devrait essayer de faire profil bas et d'agir comme des adolescents normaux.

— Je n'ai jamais entendu quelque chose d'aussi inconscient de toute ma vie, dit Stiles, scandalisé.

⠀⠀Il quittèrent le terrain. Scott fronça les sourcils, le regard fixé sur son portable.

— Qu'est-ce qu'il y a ? demanda Stiles.

— Aibee envoyé un message.

— T'es sérieux ? Qu'est-ce que ça dit ?

⠀⠀Démangé par la curiosité, il se pencha au-dessus de l'écran.

𝙰𝚒𝚋𝚎𝚎:

𝘓𝘦𝘴 𝘳𝘰𝘴𝘦𝘴 𝘴𝘰𝘯𝘵 𝘳𝘰𝘶𝘨𝘦𝘴. 𝘓𝘦𝘴 𝘷𝘪𝘰𝘭𝘦𝘵𝘵𝘦𝘴 𝘴𝘰𝘯𝘵 𝘣𝘭𝘦𝘶𝘦𝘴. 𝘑'𝘦𝘴𝘱è𝘳𝘦 𝘲𝘶𝘦 𝘭'𝘰𝘯 𝘱𝘰𝘶𝘳𝘳𝘢 𝘶𝘯 𝘫𝘰𝘶𝘳 𝘵𝘳𝘢î𝘯𝘦𝘳 𝘦𝘯𝘴𝘦𝘮𝘣𝘭𝘦 𝘵𝘰𝘶𝘴 𝘭𝘦𝘴 𝘥𝘦𝘶𝘹.

⠀⠀Stiles écarquilla les yeux, bouche bée. Scott rit.

— C'est assez mignon, dit-il.

— Une minute, comment est-ce qu'elle a eu ton numéro ? demanda Stiles.

⠀⠀Mais au fond de lui, il savait déjà la réponse. La prochaine fois, il penserait à verrouiller son téléphone.

⠀⠀Kira, quant à elle, lâcha un petit rire, amusée par la situation. Les deux garçons se tournèrent alors dans sa direction, surpris.

— Euh... Kira ? lança Scott.

— Oui ?

— Tu es dans le vestiaire des garçons.

⠀⠀La jeune fille se raidit aussitôt en considérant les lieux. De nombreux garçons à moitié déshabillés avaient les yeux posés sur elle. Certains portaient leurs sous-vêtements, tandis que d'autres ne revêtaient qu'une simple serviette.

⠀⠀Le rouge monta au nez de Kira quand elle réalisa que Scott se tenait devant elle, torse nu. Une bouffée de chaleur l'envahit et elle déglutit. Gênée, elle rit bêtement avant de fermer les yeux pour quitter la pièce. Sans s'en rendre compte, elle fonça dans un mur et se cogna le nez.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

⠀⠀Seuls dans la morgue de l'hôpital, Melissa et Mr. Noah observaient les dépouilles des trois individus assassinés un jour auparavant. De nombreuses parties des corps présentaient des lésions, des fractures ainsi que des lacérations, ce qui les rendaient presque méconnaissables.

⠀⠀Bouleversé par ce carnage, le shérif ne mit pas longtemps avant de refermer les sacs mortuaires.

— La famille Walcott a été décimée en l'espace d'une nuit, expliqua-t-il. Le père a été attaqué dans le salon, la mère a été retrouvée dans la salle de bain et le fils aîné dans sa chambre. Ils sont tous morts l'un après l'autre. Wesley, le plus jeune, est le seul qui a réussi à s'échapper. Il a seize ans.

— Tu sais, j'aime mon métier parce que je peux voir des gens traverser des épreuves difficiles avant d'arriver à s'en sortir. Ils souffrent, mais ils arrivent à guérir et à aller mieux.

⠀⠀Elle s'interrompit, puis posa à nouveau son regard sur les cadavres.

— Quand je vois ce genre de choses, tout ce que je me dis c'est qu'il n'existe aucune bonté dans ce monde.

— Ce gosse est chanceux d'avoir survécu, dit le shérif.

— Honnêtement, c'est un miracle, rétorqua Melissa. La personne qui a fait ça semblait déterminée. Elle devait beaucoup leur en vouloir.

— Tu crois que le tueur est un humain ?

— Si c'est le cas, un peu de normalité ne nous fera pas de mal. J'ai eu ma dose avec le surnaturel. Je me suis désabonnée à Syfy.

— Toi aussi ? s'étonna Mr. Stilinski.

⠀⠀Melissa soupira.

— Tout ce que j'espère, c'est que les garçons n'auront pas à être impliqués dans cette histoire.

— Tu les connais aussi bien que moi pour savoir qu'ils le sont sûrement déjà, surtout après les derniers évènements qui ont eu lieu.

— Quels évènements ?

— Kate est de retour. Tu n'étais pas au courant ?

— Quoi ? Scott ne m'a rien dit. Qu'est-ce qui s'est passé ? Elle s'est transformé en zombie ?

— En zombie ? s'esclaffa Noah. C'est ridicule, tout le monde sait que ça n'existe pas. Écoute, qui que ce tueur soit, il faut d'abord qu'on entende la version du gamin. Il faut qu'on sache ce qu'il a vu. Tu devrais aller lui parler.

— Il est toujours sous le choc. Il n'a pas dit un mot au psychologue. Il est instable et traumatisé, je ne crois pas qu'il sera en état de me confier quoi que ce soit.

— Je l'imagine bien, mais c'est la seule chose que l'on puisse faire pour l'instant. Trouve un moyen de lui faire parler.

⠀⠀Melissa acquiesça, puis poussa un soupir.

— J'ai besoin de vacances, dit-elle.

— Moi aussi.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

— Salut, les gars, lança Aibee en déposant son plateau-repas sur la table.

⠀⠀Andrew et Rachel s'écartèrent pour lui faire de la place et elle s'assit en face d'eux.

— Désolée pour le retard, j'étais en train de négocier mon menu avec Mildred et bonne nouvelle, j'ai enfin réussi à avoir des frites, déclara-t-elle fièrement.

— Elle ne t'a pas servi de pizza ? demanda Rachel. Tout le monde en a eu aujourd'hui.

— Quoi ? s'offusqua Aibee, scandalisée. Tu veux dire que je lui ai fait des compliments sur l'affreux filet qu'elle porte pour rien ?

— Devinez ce qu'on va faire demain soir ? lança un garçon en s'installant à leur table.

— Mason, je ne regarderai pas un autre film chez toi un vendredi soir, dit Andrew.

— Qui a parlé de regarder un film chez moi ? Je vois grand cette fois-ci. Je parle d'une sortie au cinéma avec des bruitages, du pop-corn et-

⠀⠀Il remarqua la présence d'Aibee qui lorgnait sur son assiette.

— Qui est-ce ? demanda-t-il.

— Mason, je te présente Aibee, dit Rachel. Aibee, voici Mason, un de mes meilleurs amis.

— Rectification, le meilleur de tous tes meilleurs amis et ce depuis le bac à sable, ajouta-t-il. Ravi de te connaître, Aibee. Tu aimes les films d'horreur ?

— Pas vraiment, non, répondit-elle. Ta pizza, tu vas la manger ?

— Vraiment ? Le sang, les corps déchiquetés et les tueurs en série c'est pas ton truc ?

— Non, à part si ça a un lien avec les pizzas.

— J'arriverai à te faire changer d'avis, dit Mason.

— J'crois pas non, rétorqua Aibee. À moins que tu me donnes ta pizza.

⠀⠀Au même instant, Liam vint s'ajouter à leur table.

— Hey, Liam, pourquoi tu n'étais pas dans le bus ce matin ? demanda Mason.

— J'ai couru, répondit-il en haussant les épaules.

⠀⠀Ils le regardèrent tous, étonnés.

— T'as couru cinq kilomètres jusqu'ici ?

— Ouais, je teste mon endurance, répondit Liam, les yeux baissés sur sa fourchette.

⠀⠀Aibee le fixait avec insistance.

— On s'est pas déjà vus quelque part ? demanda-t-elle.

⠀⠀Il releva la tête vers elle.

— Tu serais pas le gars bizarre qui s'est enfui de chez moi en courant l'autre soir ? Tu n'arrêtais pas de crier et de gesticuler dans tous les sens.

⠀⠀Liam déglutit, embarrassé.

— D'ailleurs, tu serais pas non plus le garçon qui s'est blessé aux entraînements de crosse ? J'étais là quand ça s'est produit, c'était vraiment hilarant ! Il y a même une vidéo sur Youtube, je l'ai visionnée en boucle !

⠀⠀Aibee se tordit de rire. Ils lui lancèrent tous un regard abasourdi. Liam serra la mâchoire, vexé.

— Je détecte un malaise, dit Mason. Changeons de sujet. Vous ne m'avez toujours pas donné votre avis concernant notre sortie ciné de demain soir. Tu veux venir, Liam ?

— Laisse-moi deviner, ce sera encore un de ces films où le tueur est le personnage principal et où tout le monde meurt à la fin ?

— Comment tu sais ?

— Sérieusement ? rétorqua Aibee. Je vous rappelle qu'on est en première année, on pourrait pas plutôt expérimenter des choses plus excitantes comme aller traîner dans des boîtes de nuit jusqu'à deux heures du matin ?

— Je dois avouer que cette idée me tente assez, avoua Andrew.

⠀⠀Elle était ravie de l'entendre.

— Oui, on devrait totalement faire ça, répliqua Rachel avant de l'attirer dans un court baiser.

— Si je comprends bien, personne ne veut aller au cinéma avec moi ? demanda Mason, confus.

— Ça marche, répondit Rachel. On viendra.

— Génial, rendez-vous demain soir à vingt heures. Croyez-moi, ce sera intense.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

— Bonjour, Wesley, dit Melissa en entrant dans une chambre d'hôpital, le jour suivant. Je suis venue t'apporter ton repas.

⠀⠀Elle déposa un plateau sur une table située à proximité du lit contre lequel était adossé le patient.

Le jeune homme aux cheveux bruns regarda à peine le contenu de l'assiette. Ses yeux marron étaient vides et inexpressifs. Il fixait le mur devant lui, les bras croisés contre sa poitrine.

— Écoute, je me doute que tu n'as pas forcément envie de parler, mais je voudrais te poser quelques questions, reprit-elle. Rassure-toi, tu n'es pas obligé d'y répondre entièrement. Si tu veux, tu peux juste te contenter de dire oui ou non, d'accord ?

⠀⠀Il resta impassible.

— Bien, est-ce que tu pourrais essayer de décrire le tueur ? Tu l'as vu, n'est-ce pas ?

⠀⠀Il ne répondit pas.

— Tu pourrais me dire si c'était un homme ou une femme ?

⠀⠀Un silence plana dans la pièce.

— Tu penses que ça pourrait être quelqu'un qui est proche de ta famille ? Quelqu'un que tu connais ?

⠀⠀Il continuait de fixer le mur.

— Je comprends que c'est dur pour toi, mais si tu ne me dis rien, je ne pourrais pas t'aider.

⠀⠀Elle soupira.

— Très bien, je vais te laisser te reposer, dit-elle en s'apprêtant à sortir de la pièce. Si tu as besoin de quoi que ce soit, je ne serai pas loin.

— Le cercle, dit-il.

⠀⠀Melissa se tourna vers lui.

— Qu'est-ce que tu as dit ?

— Le cercle, répéta-t-il à voix basse tout en se balançant d'avant en arrière.

⠀⠀Elle s'approcha de lui en fronçant les sourcils.

— Le cercle ? Quel cercle ?

⠀⠀Il se mit à trembler, tandis que des larmes coulaient sur ses joues.

— Le... le cercle, murmura-t-il. Personne ne peut quitter le cercle.

— Wesley ? lança Mme. McCall, inquiète.

⠀⠀Tout à coup, il agrippa fermement son poignet. Surprise, elle sursauta. Le jeune homme se mit à gesticuler. Il démonta sa couverture. Ses jambes et ses poings balayaient l'air avec fureur. Ses perfusions étaient sur le point de lâcher.

— Personne ne peut quitter le cercle ! hurla-t-il. Personne ne peut quitter le cercle !

⠀⠀Affolée, Melissa appuya sur le bouton d'urgence avec sa main libre. Quelques instants plus tard, une infirmière débarqua dans la pièce, puis enfonça une seringue dans la nuque du patient afin de le neutraliser.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

— Ça va ? demanda Gary en rejoignant Mme. McCall dans les vestiaires de l'hôpital.

⠀⠀Assise sur un banc, elle se massa le poignet, puis hocha la tête.

— Comment va le garçon ?

— On l'a endormi. Dès demain, il sera conduit à Eichen House. Comment va ta patiente ?

— Elle a fait une hémorragie pendant l'opération. Son état est très faible.

⠀⠀Melissa poussa un soupir en se prenant la tête entre les mains. Gary alla s'asseoir à ses côtés.

— Je suis épuisée, dit-elle en calant sa tête contre l'épaule de son collègue. Pourquoi est-ce qu'on doit être confrontés à ce genre de choses ?

— Je ne sais pas. Peut-être parce qu'on l'a choisi. Ce qu'on fait est dur au quotidien, mais c'est un poids que l'on a choisi de porter avec nous.

— Tu m'étonnes ! s'exclama Mme. McCall en tâtant un de ses biceps sous sa blouse. Combien de poids est-ce que tu soulèves par semaine  ?

— Tu me flattes, dit Gary en riant. Au moins cent kilos tous les jours.

⠀⠀Melissa rit de plus belle.

— Tu sais quoi ? lança-t-elle.

— Quoi ?

— Tu as raison.

— Alors là, tu devrais peut-être me rafraîchir la mémoire, étant donné que j'ai raison sur beaucoup de choses.

— Tu as raison, j'ai besoin d'une pause. J'ai besoin de penser un peu à autre chose qu'au travail. Quand on aura fini notre journée, on ira se remplir un peu la panse.

— Ce qui veut dire ?

— Dîner chez moi ce soir, dit Melissa en lui jetant un clin d'œil avant de s'en aller.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

⠀⠀Kate sortait de la douche quand un terrible élancement lui traversa le crâne. Étourdie, elle alla prendre appui sur le rebord du lavabo qu'elle agrippa fermement pour ne pas perdre équilibre. Très vite, sa respiration devint irrégulière et son pouls commença à battre contre ses tempes.

⠀⠀Quand elle se redressa, elle posa les yeux vers le miroir et regarda sa peau bleue, zébrée de tâches noires. Chaque fois qu'elle se voyait ainsi, la même stupeur la saisissait lorsqu'elle réalisait qu'elle était la Déesse Jaguar. Cette redoutable femme aux traits félins. Cette nouvelle partie d'elle qu'elle ne parvenait pas à dominer.

⠀⠀Ses pensées s'évanouirent lorsqu'elle aperçut le reflet de Peter dans le miroir. Debout derrière la porte entrouverte, il l'observait à travers la fente. Prise au dépourvu, Kate s'empressa de couvrir sa nudité à l'aide d'une serviette qu'elle noua autour de son corps.

— Qu'est-ce que tu fais ici ? lâcha-t-elle en lui jetant un regard noir.

⠀⠀Il rit en s'approchant d'elle.

— Tu es chez moi, je te rappelle.

⠀⠀Il huma l'air dans la pièce.

— Tu ne sens plus les égouts, constata-t-il. Quel soulagement.

⠀⠀Kate le dévisagea tout en gardant les mains plaquées contre sa serviette.

— Tu n'as pas à te cacher, dit Peter en posant les yeux sur les parties découvertes de son corps.

⠀⠀Il fit délicatement glisser ses doigts le long de sa chevelure et elle le laissa faire en conservant tout de même un air méfiant.

— Tu es une créature exquise, Kate, ne le comprends-tu pas ? Tu es une reine. Une déesse. Tu es...

⠀⠀Il posa son nez dans le creux de sa nuque.

— Parfaite.

⠀⠀L'instant d'après, la serviette se retrouva au sol et Peter profita amplement de la vue qui s'offrait à lui.

— Regarde-toi, dit-il en incitant Kate à s'admirer dans le miroir. Si tu veux parvenir à contrôler totalement ton pouvoir, tu dois commencer par t'accepter telle que tu es. Accepte la transformation. Laisse-la faire partie de toi.

⠀⠀Il avança davantage afin de réduire l'écart qu'il y avait entre eux. Son visage frôla le sien et il la dévora alors des yeux, tandis qu'elle le fixait avec une expression mêlée de doute et de confusion.

⠀⠀Alors, de manière presque naturelle, leurs lèvres commencèrent à se chercher, puis à s'effleurer doucement avant de se sceller ensemble.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

⠀⠀Assis dans le véhicule de patrouille, Parrish étudiait une nouvelle fois le rapport concernant le triple homicide qui avait frappé la famille Walcott deux jours plus tôt. Tourmenté par la violence des clichés pris sur la scène du crime, il referma le dossier, le cœur lourd, puis tourna la tête en direction de leur maison.

⠀⠀Il stationnait dans leur rue depuis plusieurs heures et guettait les environs, à la recherche de la moindre présence suspecte. Il alluma son poste de radio afin de rompre la monotonie du silence. Il se frotta ensuite les yeux et se cala contre son siège avant de consulter sa montre. Il soupira. Quatre heures de l'après-midi. Il ne rentrerait pas chez lui avant le coucher du soleil.

⠀⠀Ennuyé, il porta son attention sur la musique qui parvenait à ses oreilles. Quand il commença enfin à se détendre, le poste mit à cracher. Surpris, il changea de fréquence, mais le même évènement se produit à nouveau. Il s'affaira alors à régler l'appareil, mais s'arrêta aussitôt lorsqu'il crut distinguer du mouvement à l'entrée du domicile. 

⠀⠀Aux aguets, Parrish descendit de la voiture avant de s'avancer sur le porche. Une fois devant la porte, il posa une main sur la poignée, tandis que l'autre effleurait l'arme accrochée à son holster. Avec précaution, il poussa la porte, puis pénétra à l'intérieur.

— Département du shérif du comté de Beacon Hills ! lança-t-il d'une voix bien distincte en brandissant son pistolet en l'air. Qui que vous soyez, montrez-vous !

⠀⠀Il arpenta le rez-de-chaussée sans faire de bruit, se faufila sous les rubans de balisage, puis rasa le mur qui semblait mener vers la cuisine. Soudain, il sentit une présence derrière lui et se retourna rapidement en posa son doigt contre la gâchette. Il tomba nez à nez avec Lydia.

⠀⠀Les yeux exorbités, elle fixait avec effroi l'arme pointée sur elle. Parrish soupira en baissant son fusil.

— Vous ne devriez pas être ici, dit-il. C'est une scène de crime.

— Je sais.

— Alors qu'est-ce vous faites là ?

— J'aurais aimé pouvoir vous l'expliquer, mais je suis incapable de me l'expliquer moi-même.

— Ah oui ? Vous avez juste une habitude étrange de vous retrouver à des endroits où des gens se sont fait sauvagement assassinés ?

⠀⠀Lydia fronça les sourcils, puis inclina la tête.

— Vous êtes en train de dire que j'ai une réputation ? demanda-t-elle.

— Une réputation plutôt inhabituelle, en effet, répondit Parrish. J'ignore pour quelle raison, mais vous avez une fâcheuse tendance à vous retrouver impliquée dans de bien sombres affaires.

— Et vous croyez tout ce que vous lisez ? lança-t-elle en passant près de lui.

— J'aimerais bien dire que je ne crois en rien, mais je garde l'esprit ouvert, dit-il.

⠀⠀Un léger sourire s'étira sur les lèvres de la jeune fille quand tout à coup son visage s'assombrit. Parrish lui jeta un regard confus en la voyant pivoter sur elle-même, comme si elle cherchait quelque chose.

— Qu'est-ce qu'il y a ? demanda-t-il.

⠀⠀Une odeur étrange chatouilla les narines de Lydia. Une odeur de viande avariée. Guidée par son instinct, elle se dirigea dans la salle de séjour, puis s'arrêta devant un grand mur en bois.

— Qu'est-ce que vous faites ? Écoutez, il vous reste encore une chance de vous en aller avant que je ne décide de signaler votre présence ici et je ne la gâcherais pas si j'étais vous.

— Vous ne sentez pas cette odeur ?

— Quelle odeur ?

⠀⠀Elle posa la paume de sa main sur le mur et l'effleura.

— Ne touchez à rien, vous risquez de brouiller des pistes qui pourraient nous permettre d'accéder à des-

⠀⠀Aussitôt, une porte émergea du mur et elle la fit coulisser sur le côté.

— Indices, termina Parrish, bouche bée.

⠀⠀Il écarta Lydia de la porte et attrapa sa lampe de poche.

— Restez ici, ordonna-t-il avant de s'aventurer dans le passage secret.

⠀⠀Celui-ci débouchait sur un tunnel souterrain entièrement plongé dans la pénombre. L'air était moite et difficilement respirable. À mesure qu'il avançait, une curieuse atmosphère semblait s'emparer des lieux.

⠀⠀Quand il fut arrivé au bout du couloir, Parrish pénétra dans une pièce dans laquelle se trouvait un interrupteur. Il l'activa avant d'éteindre sa lampe. Alerté par des bruits de pas derrière lui, il se retourna et vit Lydia.

— Je vous avait dit de rester là-bas.

— Ils sont ici, dit-elle.

— Qui ?

⠀⠀Le bras de Parrish heurta quelque chose. Aussitôt, il saisit son pistolet. Lorsque les ampoules accrochées au plafond s'allumèrent, il eut un mouvement de recul en découvrant le cadavre d'une femme conservé dans un sac plastique transparent suspendu à un crochet, au même titre qu'une dizaine d'autres dépouilles.

— Les cadavres, répondit Lydia.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

— Papa, je sors ce soir, à plus tard ! lança Aibee en dévalant les escaliers pour se diriger vers la porte d'entrée.

— Un instant, jeune fille, dit Mr. Stilinski en décollant ses yeux de la télévision. Où est-ce que tu vas comme ça ?

— Étudier chez une amie.

— Tu sors pour aller étudier ? Un vendredi soir ?

— Exact. Tu sais ce qu'on dit, plus tôt on s'y prend, plus vite on aura terminé.

— C'est vrai, seulement, je te trouve particulièrement habillée pour une simple soirée de révisions entre copines.

⠀⠀Aibee posa les yeux sur sa tenue. Une courte robe rouge accompagnée de chaussures à semelles compensées.

— Je suis la fille d'une créatrice de mode, répliqua-t-elle. Même sans paparazzis dans le coin, je me dois toujours d'être à la pointe de l'élégance.

— C'est dommage en tout cas, reprit-il. J'allais te proposer de regarder un film avec moi.

— Quel film ?

— Je ne sais pas, je comptais te laisser choisir. Je suppose que ce sera pour une prochaine fois.

— Oh, oui, et cette fois, je te promets qu'on regardera tous les films que tu aimes, soit tous les films que je trouve nuls et barbants.

⠀⠀La sonnerie de l'entrée retentit et elle se précipita pour aller l'ouvrir.

— Hey, ça fait un moment qu'on t'attends, tu es prête ? lança Rachel.

⠀⠀Aibee se raidit en lui jetant un regard paniqué.

— Bonsoir, dit Noah en se levant du canapé. Vous devez être l'amie de ma fille.

— C'est un plaisir de vous rencontrer, monsieur le shérif.

— De même. Alors, dites-moi, qu'allez-vous étudier exactement ce soir ?

⠀⠀Rachel lança un regard confus à Aibee qui la supplia de jouer le jeu.

— On a un exposé, dit-elle.

— Un exposé sur quoi ?

— La danse, répondit Aibee.

— L'économie, répondit Rachel en même temps.

Il fronça les sourcils d'un air suspicieux.

— Le potentiel économique de la danse, rectifia Aibee.

— Eh bien, je ne sais vraiment pas ce qu'ils enseignent à l'école de nos jours, mais ça m'a l'air intéressant, dit-il. Et donc, vous êtes passée la prendre ? C'est une gentille attention. Vos parents sont avec vous ?

— Euh, oui, ils sont dans la voiture, répondit Rachel en pointant du doigt un véhicule garé quelques mètres plus loin.

Au même instant, Andrew tendit son bras hors de celui-ci, puis l'agita au loin.

— C'est une Camaro avec toit rétractable ? demanda le shérif, surpris. J'ignorais qu'il y en avait déjà sur le marché.

— Il faut vraiment qu'on y aille, insista Rachel en affichant un sourire forcé. Ils sont assez pressés.

— Je vois, dit-il. Dans ce cas, je ne vous retiendrai pas plus longtemps.

— Merci, papa, dit Aibee en plantant un rapide baiser sur sa joue.

⠀⠀Soulagée, elle suivit Rachel à l'extérieur.

— Attendez ! s'exclama Mr. Stilinski une fois qu'elles eurent quitté l'allée.

⠀⠀Aibee se raidit, puis se retourna pour faire face à son père.

— Il ne faudrait pas que tu prennes froid, dit-il en déposant un blouson sur ses épaules. Fais attention à toi, poussin.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

— J'arrive pas à croire qu'on soit parvenus à berner le shérif, dit Rachel.

— Et moi j'arrive pas à croire que mon père m'ait traité de poussin, dit Aibee. Est-ce que je ressemble à ce point à un oiseau ?

— J'ai vu un film comme ça une fois, dit Mason, assis à ses côtés sur la banquette arrière. Une femme se transformait en oiseau chaque nuits afin d'aller becter les entrailles de ses victimes.

— Mason, si tu as l'intention de nous faire voir un film comme ça ce soir, je te ramène tout de suite chez toi, dit Andrew, au volant.

— J'espère que mon père ne nous arrêtera pas s'il apprend la vérité, dit Aibee. L'éclairage du poste de police ne mettra pas mon maquillage en valeur.

— Si ça peut te rassurer, tu es magnifique dans cette tenue et je sortirai sans aucun doute avec toi si j'étais un mec, lança Rachel.

— Et moi j'aurais fait pareil, si je n'aimais pas les mecs, ajouta Mason.

— Alors c'est pour ça, dit Aibee en souriant.

— Quoi ?

— Je commençais à me demander comment tu faisais pour rester aussi calme en étant assis à côté de moi.

⠀⠀Ils pouffèrent de rire tous les deux, puis Aibee remarqua le regard d'Andrew posé sur elle à travers le rétroviseur intérieur.

— Pourquoi est-ce que tu n'as pas tourné à droite ? lui demanda-t-elle. Ce n'est pas la route qu'il faut emprunter pour se rendre au cinéma.

— Je dois encore récupérer quelqu'un, répondit-il.

— Qui ?

— Certainement pas Liam, dit Mason. Il m'a envoyé un message pour me dire qu'il aura du retard. Je crois qu'on va devoir repousser la séance.

— Et on va faire quoi à poireauter pendant une heure et demie ? demanda Andrew.

— On pourrait aller à Bake & Squeeze, suggéra Mason. Le bar à jus en face du lycée ? J'y vais tout le temps à la fin des cours depuis la rentrée. Ils vendent les meilleurs bobas de la ville et on peut se les préparer nous-mêmes.

— C'est aussi une pâtisserie, non ? demanda Rachel.

— Oui, je t'avais ramené une de leurs tartes au caramel, tu t'en souviens ?

— Elle était au tapioca.

   Il fronça les sourcils.

— Alors, ils m'ont menti ?

— Du coup, on peut oublier Liam pour le moment, c'est ça ? dit Andrew.

— J'espère vraiment qu'il va venir, répondit Mason. Il agit bizarrement ces derniers temps, ça ne m'étonnerait pas qu'il se rende au cinéma en courant à nouveau.

— Il est hyperactif ou quelque chose du genre ? demanda Aibee.

— Je crois qu'il a juste des problèmes à gérer en ce moment. Quand ça lui arrive, il a tendance à se refermer sur lui-même et à se comporter étrangement.

— Je vois. Dans ce cas, qui est l'autre personne qui doit nous accompagner ce soir ?

— Cat, dit Rachel. Étant donné qu'elle est dans la classe de Mason et qu'elle s'est montrée sympa avec nous, j'ai décidé de l'inviter.

— Tout compte fait, ce n'est peut-être pas une si mauvaise chose que Liam vienne par ses propres moyens, dit Andrew. Il n'y aurait pas eu assez de place pour tout le monde dans la voiture.

— Tu te trompes, rétorqua Mason. On l'aurait tout simplement mis dans le coffre. C'est ce que font les tueurs en série pour dissimuler le cadavre de leurs victimes.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

— C'est vrai qu'on est à l'aise ici, constata Rachel en observant la décoration.

   ⠀⠀Ils étaient assis dans un coin tranquille, à une table en bois poli qui offrait une vue complète sur l'aile droite du bar, baigné d'une lueur tamisée qui évoquait une fusion subtile entre le moderne et le rétro. Les murs, parés de teintes de bleu nuit et de mauve, contrastaient avec le velours profond des banquettes rembourrées en cuir vieilli qui donnait dos aux larges fenêtres d'où filtrait la lumière des lampadaires alignés le long de la rue. Une étagère encastrée abritaient des bocaux contenant des pailles et des cuillères, ainsi qu'une centrifugeuse en libre service. L'aile gauche arborait des nuances plus claires, mises en évidence par la peinture beige et le jaune moutarde des banquettes. Sur un des comptoirs entourés de tabourets, des gâteaux divers étaient disposés sous des cloches en verre. Des luminaires suspendus au plafond faisaient briller le parquet ambré, créant une atmosphère accueillante, chaleureuse et animée par de la musique lounge.

— C'est sympa de m'avoir invité, dit Cat, assise face à elle. Personne ne pense à moi d'habitude.

— Après ce que tu as fait pour moi, tu le mérites amplement, répondit Rachel en lui souriant.

— De l'eau ? proposa un serveur avec un pichet en main.

   ⠀⠀Ils acquiescèrent et il remplit leurs verres à tour de rôle.

  — Danny ? s'étonna Andrew en levant les yeux vers lui. Tu bosses ici ?

  — J'ai pas eu droit à la bourse cette année. J'ai été embauché il y a deux jours. C'est pas si mal que ça en a l'air.

   — Tu étudies ici ? demanda Aibee avec curiosité. Je t'ai jamais vu.

   — Il est dans l'équipe de lacrosse, indiqua Rachel.

   — Oh, alors, tu es proche de Scott McCall ? dit Aibee, soudainement intéressée.

  — Je dirais pas ça, répondit Danny. On a juste des casiers voisins dans les vestiaires.

   — Tu sais s'il met plutôt du savon ou du gel douche ?

   ⠀⠀Un silence inconfortable plana durant quelques secondes.

   — Vos commandes ne vont pas tarder, dit Danny avant de s'éloigner.

   ⠀⠀Aibee reporta son attention sur le menu qu'elle feuilletait distraitement.

  — Je suis pas convaincue que traîner dans un endroit où on peut potentiellement surprendre nos professeurs en plein tête-à-tête romantique soit la meilleure manière de profiter de notre vendredi soir, dit-elle.

  — Ils ne viennent pas ici, précisa Mason. Tout est dédié aux étudiants. Au fond, il y a un espace de lecture et une scène pour les discussions littéraires et les karaokés.

   — Je vous préviens, il est pas question que je chante, déclara Andrew.

  — Pourquoi ramener des bouquins dans un bar ? ajouta Aibee. Personne n'a envie de danser en lisant le traité de Versailles.

   — Le traité de Versailles n'est pas un livre, informa Rachel.

— Et je saurais jamais ce que c'est exactement, répondit Aibee en haussant les épaules. C'est bien pour ça que j'ai préféré visiter le château à la place.

— J'ai entendu dire qu'il y avait des activités paranormales là-bas, dit Mason. Apparemment, les pleurs de Marie-Antoinette résonneraient dans certains couloirs.

   ⠀⠀Andrew roula des yeux.

  — Ça peut se comprendre, répliqua Aibee. Les motifs des tapis sont absolument immondes.

  — Attention devant ! s'exclama une serveuse en s'approchant d'eux, perchée sur des rollers, un plateau de boissons entre les mains.

   ⠀⠀Elle était blonde et semblait âgée d'une quarantaine d'années environ.

⠀⠀Elle portait un tablier bleu au-dessus d'une courte robe jaune à col en V. Sa hanche buta contre le rebord de leur table et elle ricana lorsque quelques gouttes les éclaboussèrent.  

— Désolée.

   ⠀⠀Elle déposa un boba devant Aibee.

— Un Fizzy Bliss, pêche et abricot, pour la fille qui peut rembourser mes soins dentaires avec ses vêtements, dit-elle.

   ⠀⠀Elle servit Rachel.

— Un Lemonade Dream, fraise et citron, pour celle qui se demande ce qu'il y a de si spécial avec le pot de fleurs à l'entrée.

    ⠀⠀Elle se pencha vers elle.

— C'était une litière pour chat, chuchota-t-elle en lui lançant un clin d'œil.

   ⠀⠀Rachel la dévisagea. La serveuse se tourna vers Andrew.

— Un Veggie Boost à base de purée de céleri, pour le sosie de Zac Efron.

  ⠀⠀Elle servit Mason.

— Un Mango Tango, mangue et lait de coco, pour celui qui commande la même chose depuis une semaine.

   ⠀⠀Elle servit Cat.

— Et un Fresh Berry, framboise et mûre, pour la fille de Sheila Bloom, ajouta-t-elle. Tu sais que ta mère me doit un ordinateur ?

  ⠀⠀Elle leur adressa à chacun un sourire, puis pivota sur ses rollers. Elle perdit l'équilibre et se rattrapa de justesse à l'épaule d'Andrew.

— Un coup de main ? demanda-t-elle en essayant de se stabiliser.

  ⠀⠀Il hocha la tête et la poussa, lui fournissant suffisamment d'élan pour rouler jusqu'à une autre table. Une fois partie, ils fixèrent tous Mason.

— Je vous jure qu'elle reste à la caisse d'habitude, dit-il, tout aussi confus.

    ⠀⠀Aibee grimaça en regardant son gobelet.

— C'est pas ce que j'avais choisi.

— Moi non plus, réalisa Rachel.

   ⠀⠀Elles échangèrent leurs bobas et Andrew et Cat firent de même.

— Alors, ça vous fait quoi d'être enfin des lycéens ? demanda Mason.

— C'est pas aussi amusant que je le pensais, mais pas aussi bruyant que je l'imaginais, dit Rachel.

— C'est comme le collège, mais avec des matières en plus, répliqua Andrew. Je vois pas pourquoi on aurait besoin d'apprendre le grec.

— C'est du latin, rectifia Mason. Et on en fera qu'en deuxième année.

— Ça reste une langue morte.

— Dans une série que j'ai vu, un personnage a dit la même chose et dans la scène finale, il s'est retrouvé coincé dans un cercueil avec une mante religieuse télépathe.

— Il s'arrête jamais ? soupira Andrew en s'adressant à Rachel.

— Je croyais que le lycée allait être comme dans Les Frères Scott, sauf que Scott McCall n'a pas de frère, ajouta Aibee. Au moins, ça nous évitera de tourner autour du pot pendant trois saisons.

  ⠀⠀Ils parurent déconcertés.

— Et toi, Cat ? dit Rachel. Ça te fait quoi ?

  ⠀⠀La jeune fille s'apprêtait à répondre quand une femme s'arrêta à leur niveau. Elle avait le teint foncé, une coupe au carré et était revêtue du même uniforme que la femme précédente. Elle avait également l'air d'avoir la quarantaine.

— Bonsoir, désolée de vous déranger, dit-elle. Je suis Glenda, la copropriétaire. Je tenais à venir m'excuser au nom de ma collègue pour les erreurs survenues dans le traitement de vos commandes. Dorothy gère le bar avec moi. Je travaille en cuisine et elle s'occupe généralement d'accueillir les clients et d'animer les soirées.

— Vous avez créé ce bar ensemble ? demanda Aibee.

— C'est exact, oui. Pour la petite histoire, j'avais une passion pour la pâtisserie quand j'étais à la fac et elle...

— Il y a pas de frein sur ces trucs ? demanda Dorothy en traversant la pièce à vive allure.

— Elle était là, ajouta Glenda.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

— J'arrive pas à croire qu'on soit réellement en train de faire ça, dit Scott, assis dans la Jeep de Stiles.

— On ne fait rien de mal, répliqua ce dernier. On suit juste Liam pour observer son comportement. C'est une démarche nécessaire après tout, non ? Il pourrait aller égorger n'importe qui ce soir, c'est notre devoir garder un œil sur lui !

⠀⠀Il reporta son attention sur la route.

— Où est-ce qu'il est passé ? s'exclama-t-il en scrutant les environs.

— Il a tourné à gauche, dit Scott en soupirant.

⠀⠀Stiles tourna dans la rue à gauche. Liam apparut sur le trottoir.

— Ralentis, il va te repérer.

— Personne ne va nous repérer, Scott.

— C'est vrai que tu passes inaperçu avec ta vieille Jeep bleue toute cabossée.

— Quoi ? s'écria Stiles, scandalisé. Vieille et toute cabossée ? Je te permets pas de parler de Roscoe comme ça, OK ? Retire tout de suite ce que tu viens de dire !

— Si ma mère apprend que j'ai transformé quelqu'un en loup-garou, elle va me tuer ou me chasser de la maison avec de l'aconit pour pouvoir me tuer après.

— Elle sera en colère, c'est sûr, mais crois-moi, elle se montrera bien plus tendre avec toi si elle apprend que ce gamin n'a pas dévoré la moitié de la ville, ce qu'il fera si on ne le surveille pas de près !

— J'ai été dans la même position que lui et je ne suis jamais allé dévorer des gens.

— C'est parce que tu avais Derek pour t'encadrer. Il n'a personne.

— Ouais, c'est ce qu'il croit, dit Scott en soupirant. Arrête-toi là.

⠀⠀Stiles se gara au bord d'un trottoir. Liam traversait une rue pour se rendre à l'entrée d'un grand bâtiment autour duquel était attroupé de nombreuses personnes.

— Quoi ? s'exclama-t-il, ahuri. Il va au cinéma ?

— Tu pensais qu'il allait où ?

— J'en sais rien, traîner près d'un terrain vague au fond de la forêt ?

— C'est vraiment l'image que tu te fais des loups-garous ?

— Eh bien...

— Écoute, je crois qu'il n'y a vraiment pas de quoi s'inquiéter pour l'instant. Il va juste au cinéma, il n'y a rien de suspect dans ça.

— Ça ne m'empêchera pas de continuer à me méfier, dit Stiles. Tu te souviens de la famille qui a été sauvagement assassinée ?

⠀⠀Scott hocha la tête.

— Lydia est allée chez eux. Il y a une chambre froide dans leur sous-sol qui renferme des cadavres.

⠀⠀Scott écarquilla les yeux, stupéfait.

— Tu continues de croire qu'il n'y a rien de surnaturel dans ça ? s'écria Stiles.

— OK, tu avais peut-être raison d'être aussi suspicieux, mais ça ne veut pas dire que tu dois voir le mal partout. De toute évidence, ce soir, il n'y a rien à signaler.

— Je dois être en train d'halluciner, dit Stiles en se redressant brusquement sur son siège.

⠀⠀Quelques mètres plus loin, Aibee apparut devant le cinéma, accompagnée de sa petite bande d'amis.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

— Où est l'affiche du film qu'on est censé voir ? demanda Aibee en observant autour d'elle tandis qu'elle faisait la queue devant le guichet extérieur.

  — Ouais, c'est bizarre, dit Andrew. Tout ce que je vois c'est un film muet et un court-métrage d'animation sur les kangourous.

  — Quoi ? dit Mason. Vous n'aimez pas les kangourous ?

  — Mason, grogna Andrew.

   ⠀⠀Aibee sourit discrètement. Elle le trouvait plutôt mignon quand il s'énervait.

— Je plaisante, dit Mason. Bien sûr qu'on ne va pas regarder un court-métrage d'animation sur les kangourous. Quoiqu'une fois, j'ai vu un film dans lequel les protagonistes étaient tous poursuivis par une horde de kangourous mutants et-

   ⠀⠀Il s'interrompit en constatant l'air irrité d'Andrew.

— Soyez patients, d'accord ? Liam m'a assuré qu'il allait venir et puis Rachel et Cat ne sont pas encore revenues avec les pop-corns. J'espère qu'elles prendront pas ceux avec du fromage fondu, ça me donne des boutons au menton.

   ⠀⠀Un courant d'air se leva et Aibee frissonna.

— Tu as froid ? demanda Andrew.

— Non.

— Tu en es sûre ?

— Oui.

— Alors pourquoi est-ce que tu trembles ?

— Je ne tremble pas, répondit-elle en tremblant.

   ⠀⠀Il haussa un sourcil, amusé.

— Bon d'accord, je tremble peut-être, avoua-t-elle. Mais c'est soit ça ou porter l'affreux blouson délavé de mon père. Il va même pas avec ma tenue, regarde !

   ⠀⠀Elle tira un épais blouson marron de son sac à main et le brandit sous son visage. Andrew rit.

— C'est vrai qu'il ne mettra pas cette superbe robe en valeur, dit-il. Je peux te passer ma veste si tu veux, le noir va avec tout, non ?

   ⠀⠀Il retira sa veste et la déposa sur ses épaules.

— C'est un ancien modèle, mais ça fera l'affaire, dit Aibee.

   ⠀⠀Un couple s'approcha d'elle.

— Excusez-moi, on pourrait avoir une photo ? demanda un homme en lui tendant son portable.

— Bien sûr ! répondit-elle.

   ⠀⠀Elle activa le flash et tourna l'objectif vers elle, puis leur rendit ensuite le portable.

  — Mais-

  — Bonne soirée ! lança-t-elle en s'éloignant vers le guichet.

   ⠀⠀Quelques minutes plus tard, avec leurs tickets en main, les cinq adolescents s'apprêtaient à rentrer dans le cinéma, lorsque Liam pointa enfin le bout de son nez.

— Vous voyez ! s'exclama Mason. Quand on parle du loup !

— J'ai pas mis trop longtemps ? demanda Liam.

  — Non, mec, dit Mason en tapotant son épaule. Tu arrives pile à l'heure pour cette nuit de folie.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

— Tu arrives à voir ce qu'il fait ? demanda Scott, caché au fond de la salle de cinéma.

— J'arrive surtout à voir ce qu'elle ne fait pas, répondit Stiles, tapi dans l'ombre. Qui me dit que le garçon assis à côté d'elle n'est pas déjà en train de poser ses sales pattes sur elle.

— Juste pour être sûr, c'est bien de Liam qu'on parle là ?

— Désolé, mais maintenant que je sais qu'Aibee est ici, je n'arrive pas vraiment à me concentrer sur autre chose. Cette pièce est remplie de jeunes ados à l'esprit mal tourné. Ils sont sûrement tous en train de l'observer en ce moment. Tu ne sens pas l'odeur de leurs hormones en ébullition ?

— Je ne sens rien du tout.

— Essaye d'écouter la conversation qu'elle a avec le garçon à sa gauche.

— Stiles, on est pas venus pour ça.

— Fais-le, je te dis ! ordonna-t-il.

⠀⠀Scott soupira, puis se concentra sur les voix qu'il entendait.

— Il lui dit qu'il a souvent des crampes aux articulations et que c'est pour cette raison qu'il vient de poser son bras sur le dossier de son siège.

⠀⠀Stiles dévisagea Mason d'un air mauvais.

— C'est l'excuse la plus ridicule que j'ai entendu de ma vie, dit-il. Ces jeunes sont décidément prêts à tout pour parvenir à leur fin. Ses lèvres bougent. Qu'est-ce qu'il dit d'autre ?

⠀⠀Une lumière vive leur éblouit les yeux.

— Messieurs, lança une femme qui tenait une lampe torche. Je suis désolée, mais je vais devoir vous demander de quitter la salle.

— Quoi ? s'offusqua Stiles en clignant des paupières. Pourquoi ?

— Certaines personnes se sont plaints et selon elles, vous feriez trop de bruit.

— C'est inadmissible ! J'ai payé ma place !

— Je suis navrée. Je ne fais que mon travail.

— C'est pas grave, Stiles, viens, on s'en va.

— Des choses obscènes sont en train de se produire à l'instant même dans le noir et tout ce que vous remarquez c'est qu'on fait trop de bruit ? rétorqua ce dernier en haussant le ton.

— S'il vous plaît, calmez-vous monsieur ou je serai contrainte d'utiliser la manière forte.

— Allez-y, je l'attends moi votre manière forte !

⠀⠀Un homme grand et baraqué émergea de l'obscurité avant de l'empoigner subitement par le col de son tee-shirt.

— Je reviendrai ! hurla Stiles en se faisant traîner dans le couloir. 

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

⠀⠀Les yeux fixés sur l'écran géant, Mason s'esclaffait, tandis qu'une femme en maillot de bain se faisait éventrer au large d'une plage par une horrible créature humanoïde. Son cri perçant résonna à travers les enceintes, plongeant la salle dans une atmosphère terrifiante qui fit frissonner et sursauter plus d'un spectateur.

— Qu'est-ce qu'il y a de drôle ? demanda Aibee.

— Elle s'est retournée, dit-il en mâchant ses pop-corns. Tout le monde sait qu'il ne faut jamais se retourner.

— Au secours ! hurla la fille à l'écran en rampant sur le sable.

— Ni crier à l'aide, ça ne fait qu'empirer la situation, ajouta-t-il pendant qu'une horde de créatures se jetait sur la malheureuse.

⠀⠀Aibee se renfonça dans son siège, mal à l'aise.

— Ce film me perturbe, dit-elle. C'est quoi ces créatures exactement ? On aurait dit un mélange raté entre Alien, Predator et Avatar.

— Ce sont des Sarguals. Des monstres cannibales qui vivent sur les îles désertes du Triangle des Bermudes. Chaque fois qu'un navigateur échoue à cet endroit, il subit des transformations causées par les radiations des champs électro-magnétiques. Son corps mute et il finit par devenir cette créature inhumaine et sanguinaire.

— Alors, si j'ai bien compris, ce film s'appelle Panique en Bikini parce que de riches vacanciers jettent l'ancre sur une île infestée de marins-pêcheurs mutants ?

— C'est exactement ça, dit Mason. Quoi ? Ne me dis pas que ça te fait pas peur ?

— Tu plaisantes ? À qui est-ce que ça ferait peur ?

⠀⠀Mason désigna Liam du doigt. Recroquevillé dans son siège, il se balançait d'avant en arrière tout en frémissant devant une scène dans laquelle une créature reptilienne poussait un jeune homme par-dessus le toit d'une vieille cabane en bois.

— C'est lamentable, dit Aibee.

⠀⠀La tête décapitée d'un homme jaillit à l'écran et elle sursauta. Mason pouffa de plus belle. Elle le toisa, puis jeta un coup d'œil à sa droite. Rachel cherchait du réconfort entre les bras d'Andrew qui ne semblait pas du tout impressionné par le film.

⠀⠀ Aibee soupira. Elle voulait aussi que quelqu'un enveloppe ses bras autour d'elle pour la rassurer. Seulement elle n'avait personne.

⠀⠀Personne à part une veste.

⠀⠀Sa veste.

⠀⠀Un petit sourire étira ses lèvres à cette pensée et elle resserra celle-ci contre elle.

— Qu'est-ce que tu fais ? demanda-t-elle en sentant le bras de Mason se poser sur le dossier de son siège.

— C'est mes crampes aux articulations, dit-il. Ça m'arrive toutes les six heures.

— Tu sais que si t'étais pas gay, j'aurais interprété ça comme une tentative de flirt ?

— Flatte pas ton ego, j'ai juste mal au bras.

⠀⠀Aibee rigola et il l'imita.

— Dans vos dents ! s'exclama-t-il quelques instants plus tard lorsqu'un Sargual bondit sur le bateau d'un jeune couple afin de les dévorer.

⠀⠀Dans l'euphorie, son pied heurta involontairement le siège du spectateur assis en face de lui. Lorsque celui-ci se retourna, Aibee reconnut immédiatement Cole.

— D-Désolé, bafouilla Mason en le fixant avec gêne et surprise.

⠀⠀La jeune fille ne put s'empêcher de sourire, amusée par sa réaction. De toute évidence, Cole lui plaisait.

— Ce n'est rien, répondit ce dernier en souriant. C'est drôle, j'ai l'impression qu'on s'est déjà vus quelque part. On ne serait pas dans la même classe par hasard ?

— Il te tend une perche, chuchota Aibee à l'oreille de Mason. Dépêche-toi de l'attraper.

⠀⠀Ce dernier rit bêtement en tentant d'articuler une phrase cohérente, lorsque soudain, le paquet de pop-corns qu'il avait entre les mains explosa en se répandant partout à travers la salle.

— Je vous jure que j'y suis pour rien, dit Mason, surpris.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

— Et c'est pour cette raison que les chauves-souris dorment toujours la tête à l'envers, expliqua Gary en montant les dernières marches d'escalier de la maison des McCall.

— Je ne veux pas te vexer, mais ta blague était vraiment très mauvaise, dit Melissa en secouant la tête.

— Vraiment ? Je pensais au moins que la chute allait te surprendre.

— Crois-moi, il m'en faut plus pour être surprise.

— Sûrement, mais il ne t'en faut pas beaucoup pour avoir la tête ailleurs, répondit-il en désignant le masque chirurgical qui pendait toujours autour de son cou.

— Je n'ai pas la tête ailleurs, dit-elle en le retirant. J'ai juste la tête dans le travail. Beaucoup trop dans le travail.

⠀⠀Elle s'avança sur le porche et se pencha en avant pour insérer la clé dans la serrure de la porte, lorsqu'elle se redressa brusquement en fronçant les sourcils.

— Tout va bien ? demanda Gary.

— La porte n'est pas verrouillée.

— Quoi ?

— Il y a quelqu'un à l'intérieur, dit Melissa en se postant devant une fenêtre qui donnait vue sur le salon.

⠀⠀Elle plissa les yeux dans l'espoir de distinguer quelque chose.

— Tu en es sûre ? Peut-être que c'est ton fils.

— Non, les lumières sont éteintes.

— OK, laisse-moi vérifier, dit Gary avant d'entrer discrètement dans la maison.

⠀⠀Une fois à l'intérieur, il balaya la pièce du regard avant d'apercevoir la silhouette d'un homme allongé sur le canapé. Sans attendre, il bondit sur ce dernier qui sursauta en basculant au sol.

⠀⠀Quand il eut immobilisé l'intrus en ramenant ses mains derrière son dos, Melissa alluma la lumière. Son pied buta contre une caisse à outils et une expression de stupéfaction apparut sur son visage.

— Qu'est-ce que... Rafael ? s'étonna-t-elle.

— Vous vous connaissez ? demanda Gary, assis sur le dos de ce dernier.

— Oui, c'est mon ex-mari.

— Oh, toutes mes excuses, dit Gary en le libérant.

⠀⠀Mr. McCall se redressa. Ses cheveux étaient en bataille et il portait de vieux vêtements.

— Qu'est-ce que tu fais ici ? demanda Melissa d'un ton sévère.

— Je suis venu faire les réparations dont vous aviez besoin et j'attendais le retour de Scott, dit-il. Nous avons un accord tous les deux. Je dîne avec lui les soirs où tu es de garde.

⠀⠀Il s'interrompit et se gratta la tête.

— Mais apparemment, ce soir, tu n'es pas de garde.

— Exact, répondit-elle. La prochaine fois, tu ferais peut-être mieux de me prévenir quand tu décideras de venir squatter ma maison.

— Je-

⠀⠀Elle passa devant lui sans lui laisser le temps d'achever sa phrase.

— Bonsoir, lança Gary.

— Bonsoir ?

— Je suis Gary, le collègue de Melissa.

⠀⠀Avec hésitation, Rafael serra la main qu'il lui tendit.

— Vous travaillez à l'hôpital ? demanda-t-il.

— Oui.

— Vous avez beaucoup de force pour un infirmier.

— Chirurgien.

   ⠀⠀Ils mirent fin à leur poignée de main.

— J'ai suivi des cours d'autodéfense, ajouta Gary. Vous restez pour dîner ?

— Non, répondit Melissa depuis la cuisine.

— Non, merci, dit Rafael, gêné. J'ai déjà mangé. Je... je vais m'en aller.

— Au revoir ! s'exclama-t-elle en déposant des couverts sur la table.

⠀⠀Mr. McCall récupéra les clés de sa voiture avant de s'éloigner en direction de la porte.

— Qu'est-ce qui vient de se passer ? demanda Gary, confus.

— Rien du tout, tu préfères le jambon fumé ou saignant ? demanda Melissa en tranchant brutalement un morceau de viande.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

⠀⠀Debout devant le miroir des toilettes du cinéma, Aibee retirait des grains de maïs de ses cheveux avant de les jeter avec dégoût dans une poubelle.

⠀⠀Cette soirée ne se déroulait pas comme elle l'avait prévue. Elle s'imaginait passer un moment agréable en compagnie d'un beau garçon avec lequel elle aurait partagé un smoothie à la fraise, tandis que leurs mains se seraient jointes sur l'accoudoir de leurs sièges. Là, elle aurait alors calé sa tête sur son épaule et lentement, leurs lèvres se seraient trouvées à travers la pénombre.

⠀⠀À la place, elle avait eut le privilège d'assister aux démonstrations d'affection incessantes d'Andrew et Rachel. En lâchant un soupir, elle s'approcha du miroir et pressa délicatement ses lèvres ensemble afin de rectifier le contour de son gloss. Elle ébouriffa ensuite ses boucles et se lava les mains avant de les passer sous le sèche-mains électrique. Au même instant, l'un des robinets s'ouvrit. Elle le referma avant de tourner les talons. Cependant, avant même qu'elle n'atteigne la porte, le bruit d'un jet d'eau résonna à nouveau dans l'un des lavabos.

⠀⠀Aibee se retourna en observant le robinet ouvert. Lentement, elle s'approcha de celui-ci, puis le ferma d'un geste rapide. Une fois que tout lui sembla normal, elle se redirigea vers la porte, lorsqu'elle entendit de faibles reniflements s'échapper de l'une des cabines. Intriguée, elle s'arrêta et se baissa légèrement. Elle distingua une paire de ballerines.

— Bonsoir ? lança-t-elle. Tout va bien là-dedans ?

⠀⠀Aussitôt les reniflements s'arrêtèrent. Quelques instants plus tard, une fille émergea de la cabine.

— Cat ? s'étonna Aibee. Je n'avais pas remarqué que tu t'étais éclipsée. Laisse-moi deviner, tu trouves ce film pourri, toi aussi ?

⠀⠀La jeune fille se frotta les yeux en se dirigeant vers un lavabo et Aibee resta stupéfaite en remarquant l'état de son visage.

— Tu vas bien ? lui demanda-t-elle avec insistance.

— Oui, dit la rousse en s'essuyant le nez et les yeux dans la manche de son pull.

⠀⠀Écœurée, Aibee sortit un paquet de mouchoir de son sac et lui tendit.

— Tu n'as pas vraiment l'air d'aller bien.

— C'est rien. Je suis juste un peu irritable ces derniers temps.

— Si ça peut te faire aller mieux, sache que j'aime beaucoup tes chaussures.

⠀⠀Cat lui sourit, touchée par son compliment.

— Bon, bien sûr, elles sont passées de mode et ne vont pas avec ta tenue, mais elles sont quand même jolies, si on les observe de loin.

⠀⠀Aibee s'approcha d'elle avant de poser une main sur son épaule.

— Je pense que tu manques juste de confiance en toi. Tu as besoin de changement dans ta vie et par changement, je veux dire un nouveau look. Avec les cheveux que tu as, tu pourrais mettre tous les garçons à tes pieds.

⠀⠀Elle passa sa main dans la chevelure volumineuse de Cat, lorsque sa bague resta coincée dans l'une de ses mèches.

— Aïe ! hurla-t-elle, tandis qu'Aibee malmenait son cuir chevelu afin de libérer sa main.

— Ça remonte à quand exactement la dernière fois que tu as pris rendez-vous chez le coiffeur ?

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

— C'est vraiment délicieux, dit Gary entre deux bouchées. Je comprends maintenant pourquoi tu m'as proposé de dîner ici, c'est encore mieux qu'au restaurant.

— Oh non, ce n'est pas du tout pour ça, rétorqua Melissa en riant. Je n'ai juste pas assez d'argent pour me permettre d'aller au restaurant.

⠀⠀Ils s'esclaffèrent.

— Et puis, honnêtement, je n'ai rien d'un grand chef.

— Si ça peut te rassurer, ce ragoût d'agneau est encore meilleur que celui de ma grand-mère.

— Merci, tu sais vraiment comment me flatter, plaisanta-t-elle.

— Dis-moi, ton ex, il est toujours comme ça ?

— Qu'est-ce que tu veux dire ?

— Il dort souvent sur ton canapé ?

— Oh non, pas du tout, ricana-t-elle. Enfin, j'espère ? Peu importe, est-ce qu'on pourrait discuter d'autre chose ? Si on veut vraiment faire une pause, il vaudrait mieux éviter de parler de sujets qui fâchent.

⠀⠀Elle saisit un verre de vin rouge et le brandit en l'air. Gary l'imita.

— À cette soirée tranquille et agréable, dit-elle.

⠀⠀Ils firent tinter leurs verres ensemble et Melissa commença à boire, sous le regard insistant de Gary.

— Qu'est-ce qu'il y a ? demanda-t-elle.

— Je prends le temps de regarder à quel point tu as l'air ravissante ce soir.

Melissa secoua la tête en riant.

— Je t'en prie, ne me dit pas que tu fais partie de ces gens qui deviennent saouls dès la première gorgée.

— Non, répondit-il. Je suis très sérieux.

⠀⠀Leurs regards se croisèrent longuement.

⠀⠀Elle le détailla attentivement. Gary était le genre d'homme qui possédait un charme naturel. Il avait la faculté de paraître séduisant, sans même essayer de l'être. Il fallait être dans le déni pour ne pas se rendre compte que c'était un homme extrêmement charmant.

— Tu es drôle, forte et courageuse, ajouta-t-il. Tu mérites d'être heureuse.

⠀⠀Subjuguée, Melissa se perdit dans son regard. Tout d'un coup, le verre qu'elle tenait lui glissa des mains avant de se déverser sur elle.

⠀⠀Ramenée à la réalité, elle se leva brusquement de sa chaise et se hâta de tamponner le liquide qui continuait de dégouliner sur sa tenue.

— C'est pas vrai ! pesta-t-elle. J'ai acheté ce pantalon la semaine dernière ! Vous vous fichez de moi ?

— En conclusion, tu es une femme surprenante, dit Gary en vidant son verre.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

— Liam, ça va ? demanda Mason, préoccupé par le comportement de son ami.

— Oui, pourquoi ?

— Tu me tiens la main depuis dix minutes.

— Désolé, dit Liam en le relâchant.

— Qu'est-ce qui t'arrives ? T'as l'air différent depuis que le personnage principal s'est fait griffer par un Sargual.

— En parlant de ça, dis-moi... q-qu'est-ce qui arrive au garçon après la griffure ?

— Il meurt, répondit Mason en riant. Quelle question !

⠀⠀Liam écarquilla les yeux en déglutissant. Aussitôt, la panique prit possession de lui et il commença à suffoquer en agrippant fermement l'accoudoir de son siège. Sa tête tournait et ses oreilles sifflaient en produisant un bruit aigu et désagréable. Ses muscles se tétanisèrent et son rythme cardiaque s'affola.

— Liam ? lança Mason, inquiet. Mec, qu'est-ce que t'as ?

⠀⠀Le jeune homme eut un mouvement de recul. Le visage d'un monstre aux dents aiguisées et à la peau bleue apparut devant lui.

⠀⠀Un Sargual.

⠀⠀Terrifié, il bondit de son siège et courut hors du cinéma en poussant des cris craintifs. Rachel et Andrew jetèrent un regard surpris à Mason.

— Je vous avait dit que ce film fichait les jetons, dit-il en haussant les épaules avant de replonger sa main à l'intérieur de son nouveau paquet de pop-corns.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

— J'arrive toujours pas à croire qu'on nous a mis dehors, dit Stiles. Je vais porter plainte.

— Stiles, dit Scott en regardant derrière lui, les yeux écarquillés.

— Tu imagines qu'en ce moment même, Aibee est peut-être en compagnie d'un jeune garçon prépubère aux mains baladeuses ?

— Stiles...

— Si jamais je recroise le petit voyou qui était avec elle, je lui-

— Stiles ! s'exclama Scott.

— Quoi ? s'exclama Stiles à son tour. Je suis sérieux, ce gosse mérite qu'on lui donne une bonne-

⠀⠀Scott le força à jeter un œil à sa gauche. Liam Dunbar traversa devant la Jeep en courant et en hurlant, sous les regards étonnés des deux garçons.

— En plus de ça ils vont regarder des films d'horreur ? s'écria Stiles en détachant sa ceinture. C'en est trop ! Je ramène Aibee à la maison !

— Non, on ne va pas retourner là-dedans, dit Scott en l'empêchant d'ouvrir sa portière. C'est pour Liam qu'on est venus ici. C'est sur lui qu'on doit se concentrer. On doit éviter qu'il n'aille égorger des gens, tu te rappelles ?

⠀⠀Le regard de Stiles jongla à plusieurs reprises entre le cinéma et la direction empruntée par Liam quelques secondes auparavant. Après avoir longuement pesé le pour et le contre, il se pinça les lèvres et toisa Scott avant de se décider à démarrer le moteur de son véhicule.

— T'as de la chance que je sois de bonne humeur ce soir, dit-il en s'engageant dans une rue plus loin.

⠀⠀Celle-ci était vide et mal éclairée.

— Tu arrives à le repérer ?

— Oui, répondit Scott en tendant son nez près la fenêtre. Accélère, on va perdre sa trace.

— Je roule déjà au-dessus de la vitesse autorisée, je vais quand même pas prendre le risque de-

— Accélère, j'te dis !

⠀⠀Stiles appuya sur l'accélérateur.

— Je le vois ! s'écria Scott. Arrête-toi !

— Quoi ? rétorqua Stiles, confus. Mais tu m'as dit d'accélérer !

— Arrête-toi, j'te dis ! ordonna Scott en ouvrant sa portière.

— Qu'est-ce que tu fais ? Tu t'es cru dans un film d'action ou quoi ?

⠀⠀Lorsque la silhouette de Liam apparut dans l'éclairage des feux, Stiles freina brusquement pendant que Scott sauta de la Jeep pour attraper le bras du jeune homme qui continuait de courir sur le trottoir.

⠀⠀Avant qu'il ne puisse riposter, il fut projeté à l'intérieur de la voiture qui démarra en trombe en faisant crisser ses pneus sur le bitume.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

— Il n'y a aucune chance que ce soit Kate, dit Derek en feuilletant le dossier que Braeden lui avait rapporté. Ces blessures n'ont pas été causées par des griffes ou des crocs. Ce sont des entailles profondes causées par un objet contondant.

— Un tomahawk militaire pour être plus exact, précisa la jeune femme en retirant la veste de son uniforme de police.

⠀⠀Derek releva la tête du dossier, surpris.

— Ce n'est pas dans le rapport.

— Je sais.

— Tu vas me dire ce que tu sais d'autre ?

— Pas encore, rétorqua la mercenaire en se penchant pendant légèrement contre la table présente entre eux. Ton ignorance m'amuse.

⠀⠀Il déposa le dossier sur la table et l'imita tout en soutenant son regard.

— Est-ce que tu pourrais au moins me dire comment est-ce que tu as su pour mes yeux ?

— Tu n'as aucune idée de ce que Kate t'a vraiment fait, je me trompe ?

⠀⠀Le silence de Derek répondit à sa question.

— Le rituel auquel elle a procédé afin de te rajeunir a également rajeuni tes pouvoirs et les a affaiblis, expliqua Braeden. C'est en quelque sorte un effet secondaire et si ça continue, alors-

— Alors, je pourrais perdre mes pouvoirs, l'interrompit-il.

⠀⠀Elle hocha la tête pour confirmer sa réflexion.

— Oui, définitivement.

⠀⠀Derek baissa la tête et lâcha un soupir.

— Ne désespère pas trop vite. Il existe sûrement un moyen d'arranger tout ça. Tu dois juste me laisser plus de temps pour le trouver.

— Je t'accorderai tout le temps dont tu auras besoin. Évite seulement de me décevoir.

— Je tâcherai de m'en rappeler. Où se trouve ta salle de bain ?

— Tu commences à prendre un peu trop tes aises ici, tu ne crois pas ?

— Tu préfères peut-être que je me déshabille devant toi ?

⠀⠀Un silence plana dans la pièce.

— Deuxième porte sur la droite, indiqua-t-il.

⠀⠀Braeden se dirigea vers l'endroit indiqué, un sourire narquois au coin des lèvres. Au même instant, des cognements saccadés résonnèrent à l'entrée. Lorsque Derek ouvrit la porte, Teresa se tenait devant lui.

⠀⠀En constatant son air perturbé, il comprit aussitôt que quelque chose n'allait pas.

— Tu es un loup-garou, dit-elle.

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