[ 𝟏.𝟎𝟔 ] Full Moon

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— 𝙏𝙚𝙧𝙚𝙨𝙖 ? lança Derek, surpris.

— Tu sais, je suis peut-être un tas de choses, mais s'il y a bien une chose que je ne suis pas, c'est stupide, dit-elle. Alors, rends-moi service et dis-moi une bonne fois pour toute ce que je veux entendre, comme ça, au moins, j'aurais eu une raison valable d'arpenter les rues de la ville à une heure aussi tardive.

⠀⠀Bien que décontenancé par la situation, Derek ne faiblit pas devant elle et se contenta de la considérer attentivement du regard. Les traits de son visage étaient tirés par la fatigue, ses yeux étaient injectés de sang et ses cheveux, habituellement soignés, étaient attachés en un chignon négligé. Elle semblait exténuée et agitée.

— Est-ce que ça va ? demanda-t-il, interloqué.

— Je n'ai pas réussi à m'endormir ces deux derniers jours, répondit-elle d'une voix lasse. Je n'ai pas arrêté de penser aux évènements d'avant-hier qui m'ont d'une certaine manière amenée à repenser aux évènements qui se sont déroulés il y a seize ans et qui continuent encore de me hanter jusqu'à aujourd'hui.

⠀⠀Elle s'interrompit pour laisser échapper un soupir. Derek, quant à lui, semblait profondément confus.

— Tu veux entrer un instant ? proposa-t-il.

⠀⠀Elle acquiesça avant de pénétrer à l'intérieur du loft. Il referma la porte, tandis qu'elle dénouait l'écharpe qu'elle avait autour du cou.

— Tu veux peut-être boire quelque chose ?

— Non, Derek. Je ne suis pas venue ici pour discuter avec toi autour d'une tasse de thé. Je suis venue ici pour obtenir des réponses. Les réponses que tu as refusé de me donner.

⠀⠀Son ton ferme et décidé soulignait sa détermination et Derek comprit que cette fois, il ne pourrait se soustraire aussi facilement à son interrogatoire.

— Tu n'as plus à te cacher maintenant, dit Teresa. Je sais ce que tu es. À vrai dire, je crois que je l'ai toujours su.

— Je ne vois pas de quoi tu-

— Derek, je sais tout.

⠀⠀Il se tut un instant.

— Comment ? demanda-t-il.

⠀⠀Elle haussa les épaules.

— J'ai simplement réalisé que pendant toutes ces années, j'avais une quantité surprenante d'indices sous le nez et que tout ce que j'avais à faire était d'y prêter davantage attention.

⠀⠀Elle s'interrompit.

— Il y a onze ans, je travaillais pour la presse locale et presque tous les journaux du coin cherchaient à récolter des témoignages liés à l'incendie qui avait brûlé votre maison trois ans plus tôt. L'affaire avait pris tellement d'ampleur qu'elle s'était ébruitée dans le comté voisin. Tout le monde voulait savoir ce qui s'était exactement déroulé cette nuit-là, moi y compris, alors, j'ai donné une série d'interviews qui pour la plupart n'ont pas abouties. J'ai tout de même réussi à recueillir le témoignage d'un policier qui affirmait que dans le rapport de l'incident, des résidus d'aconit avaient été retrouvés dans les débris d'une des bombes artisanales utilisées pour provoquer l'explosion. J'ai effectué des recherches et il s'est avéré que cette plante constituait non seulement un poison mortel pour l'homme, mais aussi pour les animaux et que selon certaines croyances, elle portait le nom de « tue-loup ».

⠀⠀Derek soutint son regard en s'efforçant de ne pas laisser paraître son anxiété grandissante.

⠀⠀Elle en savait bien plus qu'il ne l'aurait cru.

— Laura a également contribué à me mettre sur la voie, reprit Teresa. Je lui ai offert un bracelet en argent pour son seizième anniversaire, elle ne l'a jamais porté. Il y avait ce petit détail et, entre autres, l'attitude étrange qu'elle semblait avoir à chaque fois que la pleine lune approchait. Enfin, je peux aussi rajouter à ça tes compétences physiques quasiment supérieures à la moyenne.

⠀⠀Derek resta silencieux.

— Feu, aconit, argent... Tous ces éléments servent à repousser ou à tuer les loups-garous.

⠀⠀Derek déglutit. Il venait d'être démasqué.

— Tout ce que je veux c'est la vérité, lança-t-elle. Je veux être sûre que je ne suis pas une pauvre cinglée complètement désespérée qui croit à des sordides contes de fées. Je veux l'entendre de ta propre bouche.

⠀⠀Il baissa la tête et elle s'approcha de lui.

— Dis-le.

— Je... je ne peux pas, dit-il en secouant la tête.

— Dis-le, insista-t-elle. Je t'en prie. Dis-moi que je ne suis pas folle.

⠀⠀Il passa sa langue sur ses lèvres et lâcha un soupir avant de planter à nouveau ses yeux dans les siens. Son regard était larmoyant et suppliant.

— Je suis un loup-garou, avoua-t-il à contrecœur. Tous les membres de ma famille sont des loups-garous.

⠀⠀Un lourd silence plana dans la pièce. La mâchoire serrée, Derek tenta de ravaler son inquiétude.

⠀⠀Maintenant que Teresa était au courant, elle courait le risque d'être exposée à toutes sortes de dangers.

⠀⠀Libérée de l'insupportable poids qui la rongeait depuis des années, elle esquissa un faible sourire.

— Est-ce que tu... tu pourrais me montrer ? demanda-t-elle avec hésitation.

— Je ne crois pas que ce soit une bonne idée.

— S'il te plaît. Je veux voir.

⠀⠀Bien que réticent à cette requête, Derek ferma les yeux. Lorsqu'il les ouvrit, une lueur jaune encerclait ses iris. La bouche entrouverte et les yeux écarquillés, Teresa le regardait avec émerveillement. Figée sur place, elle n'osait pas bouger.

⠀⠀À cause de l'affaiblissement de ses pouvoirs, les griffes ainsi que les crocs de Derek n'étaient plus apparents et à part la couleur de ses yeux, il avait l'air d'un individu tout à fait normal.

⠀⠀Fascinée, Teresa s'autorisa à effleurer lentement son visage du bout des doigts.

  — Est-ce que ça fait mal ? souffla-t-elle.

  ⠀⠀Il secoua la tête. Bien qu'elle s'efforçait de le cacher, il pouvait parfaitement lire la peur dans son regard.

  — C'était bien toi dans le couloir ?

  — C'est long à expliquer, mais oui, répondit Derek.

     ⠀⠀Aussitôt, il cligna des paupières et ses iris reprirent leur couleur initiale.

— Teresa, tu ne dois raconter ce que tu as vu à personne, est-ce que tu comprends ?

⠀⠀Elle hocha la tête, encore ahurie par ce qui venait de se produire.

— Je suis sérieux, dit Derek. Tu dois me le promettre.

— Je te le promets, assura-t-elle. J'ai... j'ai une autre question.

⠀⠀Elle s'interrompit.

— Où est Laura ? Tu as esquivé ma question la dernière fois, mais je ne compte pas lâcher l'affaire. Si ma meilleure amie se terre quelque part, je pense que je mérite de le savoir. Tout ce que je veux, c'est une adresse.

⠀⠀Derek baissa la tête.

— Teresa... Laura est morte.

— Dans ce cas, tu devrais peut-être m'expliquer pourquoi est-ce que je n'ai pas arrêté de l'apercevoir dans la rue et devant mon appartement. Et je t'interdis de dire que c'étaient des hallucinations.

⠀⠀Il fronça les sourcils.

— Quand est-ce que tu l'as vue ?

— La dernière fois remonte à l'an dernier.

⠀⠀Derek semblait à la fois abasourdi et bouleversé.

— Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ?

— Il y a un an, Laura a été tuée par Peter.

⠀⠀Le cœur de Teresa fit un énorme bond.

— P-Peter ? balbutia-t-elle. Ton oncle Peter ?

⠀⠀Il hocha tristement la tête. Refusant de digérer cette information, Teresa secoua frénétiquement la tête, tandis que des larmes commençaient à perler au coin de ses yeux.

— Non, contesta-t-elle. Non, ce... ce n'est pas vrai. Ce n'est pas possible.

⠀⠀Derek se mordit la lèvre inférieure pour éviter de se laisser submerger par ses émotions. Teresa, quant à elle, fondit en larmes et il l'attira contre lui pour l'encercler de ses bras.

⠀⠀Laura et elle s'étaient connues en maternelle et avaient toujours passé la plus grande partie de leur temps ensemble.

⠀⠀Elle venait de perdre plus qu'une meilleure amie.

⠀⠀Elle avait perdu une sœur.

⠀⠀Cette fois, aucun doute ne la tiraillait.

⠀⠀Laura était bel et bien morte et pour elle, c'était comme vivre un cauchemar toute éveillée.

⠀⠀Une douleur atroce lui déchira la poitrine et elle se laissa aller contre Derek en sanglotant.

— Qu'est-ce qui s'est passé ? demanda-t-elle d'une voix tremblante. J'ai... j'ai besoin de savoir. Qu'est-ce qui s'est passé ?

⠀⠀Derek hésitait à lui répondre, craignant de lui causer davantage de peine, mais il savait également qu'après ces dix-sept longues années d'ignorance, elle méritait de savoir la vérité.

— Comme ma mère, Laura était une Supra depuis sa naissance. C'est un grade supérieur d'Alpha extrêmement rare qui confère la faculté de se transformer complètement en loup. Tout ce que Peter désirait au monde c'était le pouvoir. En la tuant, il est devenu un Alpha.

— Alors, c'est... c'est lui a provoqué l'incendie ?

— Non, ce que tu as lu dans les journaux était vrai. Kate a bien causé l'incendie.

⠀⠀Teresa s'écarta de Derek pour essuyer ses larmes dans son écharpe.

— Pourquoi ? demanda-t-elle en reniflant. Pourquoi est-ce qu'elle aurait fait ça ?

— Kate est une chasseuse de loups-garous. Elle nous avait dans son radar depuis le début.

— Par ma faute, ajouta Teresa. Si je ne l'avais pas proposé d'assister à tes entraînements, rien de tout cela ne serait arrivé.

⠀⠀Ses larmes reprirent de plus belle.

— Tu n'y es pour rien, dit Derek. Ce n'est pas de ta faute si Kate est une tueuse sociopathe.

— Pourquoi est-ce que tu continues à parler d'elle au présent ? Elle a été attaquée par un puma il y a un an.

— Ça n'a jamais été un puma et elle n'a pas été attaquée. Du moins, pas comme la décrit la presse. En vérité, elle s'en est même très bien sortie.

— Qu'est-ce que tu essayes de dire ?

⠀⠀Mais avant qu'il n'eut le temps de répondre, l'évidence la frappa.

— Kate est en vie ? s'exclama-t-elle, estomaquée. Whoah, je... je crois que je vais avoir besoin de m'asseoir un instant.

⠀⠀Elle alla prendre place sur le canapé du salon et Derek la rejoignit. Épuisée, elle soupira en se massant le front.

— Écoute, je comprends ton désir de connaître la vérité, seulement, tu dois aussi réaliser que tout cela te dépasse. Maintenant que tu sais tout, tu devrais éviter de rester focalisée sur ce qui s'est produit dans le passé. La dernière chose que je veux, c'est que tu te retrouves mêlée à toutes ces histoires.

⠀⠀Il s'interrompit.

— Après l'incendie, j'ai voulu quitter la ville pour prendre un nouveau départ. Laura et moi étions les seuls survivants et je lui ai proposé de partir avec moi, mais elle a refusé parce qu'elle voulait garder un œil sur toi. Elle savait qu'elle ne pouvait pas t'approcher directement, alors, elle a préféré rester à l'écart en t'observant de loin. Entre-temps, je gardais contact avec elle, jusqu'au jour où elle ne m'a plus donné aucune nouvelle. C'est la raison qui m'a poussé à revenir à Beacon Hills. Quelques temps plus tard, j'ai appris qu'elle était morte.

⠀⠀Un frisson désagréable parcourut l'échine de Teresa et elle déglutit difficilement.

— Quand j'ai retrouvé notre oncle, je l'ai tué pour me venger.

⠀⠀Elle le regarda, la bouche entrouverte.

— Cependant, il a survécu et bien qu'il ne soit plus vraiment le même homme qu'à cette époque, je me suis juré de ne plus jamais lui accorder ma confiance.

⠀⠀Teresa ravala sa salive en essayant de digérer toutes ces révélations.

— C'est pour cette raison que tu hésitais tant à me dire la vérité ? Parce que tu es devenu méfiant au point de rejeter les personnes qui se soucient réellement de toi ?

— J'aimerais que tu comprennes, dit Derek. Si Laura et moi t'avons caché la vérité c'est parce qu'on cherchait à te protéger.

— Me protéger de quoi ? s'emporta Teresa. Comment est-ce que vous pensez pouvoir me protéger si vous refusez de me dire ce qui risque de me mettre en danger ? Si je dois mourir, je préfère connaître la raison de ma mort.

— S'il te plaît, ne dis pas ça.

— Tout à l'heure, je t'ai fait une promesse. Cette fois, je veux que tu me promettes quelque chose à ton tour. Je veux que tu me promettes de ne plus jamais rien me cacher. Que ce soit quelque chose de dangereux, de bizarre ou d'embarrassant. Je ne veux plus qu'il y ait de secrets entre nous. Je veux qu'on se fasse mutuellement confiance sans qu'on ait à se mentir dès lors qu'une occasion se présente. C'est d'accord ?

— C'est d'accord, déclara-t-il.

⠀⠀Au même instant, Braeden apparut à l'autre bout de la pièce, vêtue d'un pantalon noir et d'un soutien-gorge de la même couleur.

— Qui est-ce ? demanda Teresa, les yeux ronds.

— Une mercenaire que j'ai engagé, dit Derek.

— Tu... tu te moques de moi ? Tu as déjà oublié notre accord ? Tu peux me le dire que c'est ta petite amie et que je vous dérange.

— Ce n'est pas ma petite amie.

— Mais ça ne t'aurait pas déplu, plaisanta Braeden en enfilant un débardeur noir.

⠀⠀Derek lui lança un regard blasé. Teresa, de son côté, se surprit à observer les abdos de la jeune femme. Une certaine jalousie s'empara d'elle tandis qu'elle songeait sérieusement à se remettre au sport.

— Bon, je crois que je vais y aller, dit-elle en se levant du canapé. Je suis contente d'avoir pu discuter avec toi, Derek. Je suppose qu'on se reverra une prochaine fois.

⠀⠀Il se leva à son tour et lui adressa un sourire. Elle se tourna ensuite vers Braeden.

— Mercenaire...

— Braeden, lança cette dernière en attrapant son fusil à pompe sur la table.

⠀⠀Teresa eut un mouvement de recul en voyant l'arme.

— Derek, elle a un fusil, chuchota-t-elle, paniquée.

⠀⠀ Braeden s'avança vers la porte d'entrée, sa veste en cuir posée sur l'une de ses épaules.

— Tu veux que je lui demande de te raccompagner ? demanda-t-il.

— Tu es malade ? s'horrifia Teresa. Elle a un fusil !

— Au fait, je ne t'ai même pas proposé, dit Braeden en se tournant vers eux. Tu veux que je te raccompagne chez toi ? Il commence à se faire tard. Qui sait quel genre de choses rôdent dehors à cette heure ?

⠀⠀ Elle retira le cran de sécurité de son pistolet.

— Non, merci, rétorqua Teresa, terrifiée. Je rentrerai à pieds.

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𝙋𝙡𝙖𝙮𝙡𝙞𝙨𝙩

Halsey - Control

Shakira - She Wolf

Jenna Lotti - Ghosts

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Prisonnier sur la banquette arrière de la Jeep, Liam se débattait et luttait pour tenter de défaire le nœud que Scott avait fait à sa ceinture.

— Relâchez-moi ! s'écria-t-il. Faites-moi sortir de cette bagnole complètement pourrie !

— Attends, j'ai mal entendu ou il vient vraiment de dire que ma voiture était pourrie ? s'offusqua Stiles, au volant.

⠀⠀Il se tourna vers Liam.

— Je te permets pas, OK ?

⠀⠀Le jeune homme lui jeta un regard mauvais.

— Stiles, reste concentré sur la route, dit Scott.

— Mais ce gosse ne me respecte pas !

— Tu dois essayer d'être plus sympa avec lui.

— Je vous rappelle que je suis toujours là ! s'exclama Liam, agacé.

— Tu pourrais te taire une seconde ? rétorqua Stiles en le regardant à travers le rétroviseur. On essaie d'entretenir une discussion pour savoir ce qu'on va faire de ton corps après que... tu sais quoi....

— Après que quoi ? demanda l'adolescent, affolé.

— Qu'est-ce que tu préfères entre un lac abandonné et un précipice de cent mètres de profondeur ?

⠀⠀Liam déglutit et écarquilla les yeux. Il se débattit de plus belle.

— C'est ta façon d'être sympa avec lui ? demanda Scott.

— Quoi ? dit Stiles. J'ai fait ça pour le calmer.

— Je crois pas vraiment que ça ait fonctionné.

⠀⠀Il jeta un œil à Liam qui tentait de briser la vitre de la voiture avec ses pieds. Sa respiration était haletante et saccadée.

— Hey, Liam, écoute-moi, dit Scott. On ne va pas te faire de mal.

— Pas pour l'instant, ajouta Stiles.

⠀⠀Scott lui donna un coup dans le bras.

— Qu'est-ce vous me voulez à la fin ? cracha Liam. Je croyais vous avoir dit de ne plus m'approcher !

— On veut juste t'aider, répondit Scott. Tu n'en as peut-être pas conscience pour l'instant, mais tu n'es pas vraiment dans ton état normal.

— Vous vous foutez de moi ? Vous me kidnappez en pleine nuit, me ligotez à la banquette arrière d'une voiture pendant que vous projetez de me tuer et vous vous attendez à ce que je sois dans mon état normal ?

— Combien de fois est-ce qu'il faut que je te le dise ? intervint Stiles. On ne t'a pas kidnappé. On t'a juste fait entrer dans la voiture de force sans que tu ne t'y attendes.

⠀⠀Liam le fusilla du regard.

— Je parlais de l'attitude que tu avais en sortant du cinéma, dit Scott. Tu avais l'air terrifié par quelque chose que tu semblais être le seul à voir.

⠀⠀L'adolescent fronça les sourcils.

— Attendez... vous... vous m'avez suivi ? s'exclama-t-il, scandalisé. C'est pas vrai ! Vous êtes vraiment des psychopathes !

⠀⠀Il s'agita sur la banquette et continua de frapper la vitre avec ses pieds.

— Au secours ! hurla-t-il. Aidez-moi !

— Mais il est malade ? s'écria Stiles. Il va abîmer ma voiture ! Scott, dis-lui d'arrêter !

— C'est inutile, il ne va pas m'écouter. Tout ce qu'on peut faire c'est attendre qu'il s'épuise et qu'il se calme.

— Tu veux dire attendre pendant qu'il passe ses nerfs sur ma Jeep ? Ça ne risque pas d'arriver !

— Tu as une meilleure idée ?

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— Et voilà ! dit Stiles en posant ses mains sur ses hanches après qu'il eut terminé d'enchaîner Liam au tronc d'un arbre.

— Des chaînes ? lança Scott en haussant un sourcil. Tu avais des chaînes dans ta voiture ?

— Tu sais, avec le temps, j'ai commencé à réaliser qu'une batte de base-ball, ce n'était pas suffisant.

— Laissez-moi partir ! supplia Liam en gesticulant dans tous les sens. Je vous jure que j'appellerai pas la police si vous me laissez m'en aller !

— C'est clair que tu ne le feras pas vu que je t'ai pris ton téléphone, dit Stiles en brandissant un portable dans sa main.

⠀⠀Liam lui jeta un regard empli de colère.

— Je vais te détruire, grogna-t-il.

— Whoah, continue comme ça, tu veux aussi que je jette la clé du cadenas ? menaça Stiles. Ça ne me dérangerait pas de te laisser là, tu sais.

— Les gars, arrêtez, dit Scott. Vous disputer ne va rien résoudre.

— Parce que m'enchaîner à un arbre va tout arranger peut-être ? rétorqua Liam. Vous savez quoi ? Si vous voulez me tuer, alors, allez-y. Essayez de faire passer ma mort pour un accident, j'ai un ami qui en connaît un rayon sur les meurtres. Quand il aura eu vent de cette histoire, vous serez démasqués en un rien de temps.

— Pour la dernière fois, on ne va pas te tuer, Liam.

— Alors quoi, vous allez me prendre mes vêtements et me laisser ici pour que j'attrape froid ?

— Ce ne serait pas une si mauvaise idée, dit Stiles.

⠀⠀Scott lui donna un coup dans l'épaule.

— Écoutez, reprit Liam, ce n'est pas ma faute si je suis meilleur que vous à la crosse. Ce n'est pas en me torturant que vous parviendrez à vous améliorer. Ce qu'il vous faut, c'est de l'entraînement.

⠀⠀Son regard se posa sur Stiles.

— Beaucoup d'entraînement, ajouta-t-il.

— Tu cherches la bagarre ? lança Stiles. C'est pas parce que tu es un petit nouveau bourré de talent que je vais être forcément gentil avec toi. Tu es vraiment doué en tout cas.

⠀⠀Liam grimaça, troublé par sa logique.

— Tu es en première année ? demanda Scott.

— Oui.

— Mais tu aurais dû être en deuxième année, c'est bien ça ? demanda Stiles.

⠀⠀Liam le regarda avec surprise.

— Oui, j'ai redoublé. Comment est-ce que tu sais ça ?

— J'ai mes sources.

— Tu n'étais pas ici l'année dernière ? demanda Scott.

— Non, je vivais à Beacon County, répondit Liam. J'étais dans une école privée appelée Devenford Prep. J'ai été transféré.

⠀⠀Scott tendit l'oreille, alerté par les battements accélérés de son cœur.

⠀⠀Il mentait.

— Transféré ? répéta-t-il. C'est faux, tu t'es fait renvoyer, pas vrai ?

— Q-Quoi ? Je... Renvoyé ou transféré, qu'est-ce que ça peut bien vous faire de toute façon ?

— Ça peut faire toute la différence, dit Stiles.

— Liam, j'ai vu la façon dont tu te comportais sur le terrain l'autre soir. Tu semblais en colère. Très en colère.

— Je te l'ai dit, j'avais besoin de prendre l'air. Maintenant relâche-moi, espèce de déséquilibré !

⠀⠀Il se débattit.

— Non, objecta Stiles. Il y a quelque chose que tu ne nous dis pas.

— Quelque chose qui pourrait nous permettre de t'aider, rajouta Scott. Il faut que tu nous fasses confiance, Liam. Tu dois nous parler. Je sais que tu n'oses pas le dire, mais des choses sont en train de t'arriver et tu ne pourras pas les gérer tout seul.

— Rien n'est en train de m'arriver.

— Rien pour l'instant.

— Je ne sais pas de quoi tu parles.

— Pourquoi est-ce que tu t'es enfui du cinéma ? Qu'est-ce que tu as vu ?

— Rien.

⠀⠀Mais Scott pouvait à nouveau entendre les battements de son cœur qui le trahissait.

— Tu mens très mal, dit-il. Écoute, toi et moi on ne pourra pas avancer tant que tu n'auras pas accepté ce qui s'est passé sur le toit du lycée.

⠀⠀Liam contracta la mâchoire à la pensée de ce souvenir.

— Je comprends que tu refuses d'en parler maintenant, seulement, je veux que tu saches que, quand tu te sentiras prêt, je serai là pour répondre à toutes tes questions. Tu n'es pas tout seul.

— Sauf si on décide de te laisser ici, ajouta Stiles. Là, tu seras tout seul.

— Stiles.

— Quoi ?

— Relâche-le.

— Quoi ? s'exclama Stiles, ahuri.

⠀⠀Il prit Scott à l'écart.

— Ce n'était pas la discussion qu'on devait avoir, tu te rappelles pas ? On était censés aborder toute la partie griffes, crocs, morsure et transformation.

— Il est pas prêt, Stiles. On attendra le temps qu'il faudra.

— Tu es sérieux ? Il nous reste deux jours avant la pleine lune, c'est déjà pas assez pour réviser un examen, tu penses vraiment que d'ici là il aura appris à apprivoiser la bête qui sommeille en lui ?

— La bête ? répéta Scott en haussant les sourcils.

— Il a été mordu pour Kate et toi. Qui sait en quelle sorte de créature il pourrait se transformer ? Pour le peu qu'on sache, il pourrait très bien devenir une aberration. Un être abominable et monstrueux descendu tout droit des ténèbres pour tourmenter nos âmes.

— Le film qu'on vient de voir t'a sacrément marqué apparemment.

— Aibee est allée voir un film d'horreur, Scott. Un film d'horreur ! Tu te rends compte ? Je vais sûrement devoir lui chanter une berceuse ce soir.

— Tu es un bon grand frère, dit Scott en tapotant son dos.

⠀⠀Il se retourna pour refaire face à Liam.

— Stiles ?

— Quoi ?

— Tes chaînes... elles sont solides à quel point ?

— Elles proviennent de la prison. T'en fais pas, elles sont incassa-

⠀⠀Il se retourna à son tour et remarqua l'absence de Liam, ainsi que les morceaux de chaîne brisée dispersés au sol.

— Je savais que le ruban adhésif était une meilleure idée.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

⠀⠀De retour chez lui, Scott se dirigea silencieusement vers l'escalier qui menait à l'étage, lorsque des rires s'évelant de la cuisine frappèrent son attention. Il tendit l'oreille et reconnut la voix de sa mère ainsi que celle d'un homme. Surpris, l'image de ses parents réunis autour d'une table lui traversa aussitôt l'esprit. Cela faisait des années qu'ils n'avaient pas réussi à se tenir dans la même pièce sans qu'une énorme dispute n'éclate entre eux.

⠀⠀Depuis que Rafael McCall était revenu à Beacon Hills, il avait fait beaucoup d'efforts pour tenter de se racheter et Scott était ravi de constater que les choses semblaient aller mieux.

⠀⠀Toutefois, en pénétrant dans la cuisine, ses pensées volèrent en éclat quand il vit sa mère partager un dîner en compagnie d'un homme qui ne ressemblait en rien à son père.

— Maman ? lança-t-il, étonné.

— Oh, bonsoir, Scott, dit-elle en s'essuyant la bouche avec une serviette en papier. Je te présente Gary Sanders, mon collègue de travail.

⠀⠀Il salua Scott d'un mouvement de tête.

— Alors, c'est toi le fameux fiston, dit-il.

⠀⠀Scott ne savait pas quoi répondre, perturbé par la situation.

— Tu rentres tard, remarqua Melissa. Où est-ce que tu étais ?

— Au cinéma avec Stiles, répondit-il en ne lâchant pas Gary du regard. Où est papa ?

— Là où il devrait être, rétorqua-t-elle. N'importe où sauf sur mon canapé.

— On devait dîner tous les deux.

— T'en fais pas pour ça, répondit-elle en ignorant sa remarque. Ton repas est dans le four.

⠀⠀Revoir sa mère en compagnie d'un homme rappelait à Scott de mauvais souvenirs et plus particulièrement celui de la nuit où elle avait eu l'intention de partager un dîner avec Peter Hale.

⠀⠀Il repensait à la peur qu'il avait éprouvé en l'imaginant dans les bras de ce dernier ainsi qu'à tout ce qu'il avait mis en œuvre pour tenter de la protéger.

⠀⠀Après tout, c'était son devoir de protéger les gens.

⠀⠀Surtout s'il s'agissait des personnes qu'il aimait.

— Oh, et Scott, la prochaine fois que tu iras au cinéma comme tu le dis, pense à nettoyer les semelles de tes chaussures avant d'entrer, ajouta Mme. McCall en lui adressant un regard plein de sous-entendus.

⠀⠀Confus, Scott posa les yeux sur ses baskets.

⠀⠀Elles étaient maculées de terre.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

— Merci pour ce dîner, dit Melissa en raccompagnant Gary à l'extérieur. Je ne m'étais pas sentie aussi détendue depuis une éternité.

— C'est plutôt moi qui devrait te remercier de m'avoir invité.

— Je t'en prie, tu n'étais qu'un prétexte pour que je termine ma vaisselle plus vite, plaisanta-t-elle.

⠀⠀Ils rirent.

— Tu as de la viande coincée entre les dents, fit-il remarquer.

— C'est vrai ? demanda-t-elle en plaquant une main sur sa bouche d'un geste embarrassé.

Le rouge commençait à lui monter aux joues lorsqu'elle remarqua la mine amusée de Gary.

— Tu te moques de moi ? s'exclama-t-elle, ahurie par son toupet.

⠀⠀Il pouffa de rire.

— Bonne nuit, Melissa, dit Gary de sa voix grave et charismatique.

⠀⠀Elle resta à le regarder sous le porche, tandis qu'il s'éloignait en direction de sa voiture. Quand le ronronnement du moteur ne fut plus qu'un bruit lointain, elle retourna à l'intérieur de sa maison.

⠀⠀Alors qu'elle refermait la porte d'entrée, un petit sourire s'étira sur ses lèvres en repensant à l'agréable soirée qu'elle venait de passer.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

⠀⠀De retour du cinéma, Aibee rentrait chez elle avec le sourire. Si la première partie de sa soirée ne s'était pas exactement déroulée comme elle l'avait espéré, la situation s'était grandement améliorée durant la deuxième moitié du film.

⠀⠀Pendant que Rachel était partie faire la queue pour acheter des pop-corns, à sa grande surprise, Andrew avait pris place à ses côtés. Ensemble, ils avaient ri et discuté pendant de longues minutes qui lui avait toutefois parues trop courtes. Elle ne savait comment l'expliquer, mais il y avait une alchimie presque naturelle entre eux.

⠀⠀Après avoir menti à son père en affirmant qu'elle avait pris de l'avance sur son exposé, la jeune fille monta les marches de l'escalier qui menait à sa chambre. Le regard scotché sur son téléphone, elle pénétra dans la pièce avant de retirer ses chaussures puis s'arrêta un instant devant sa coiffeuse tout en continuant de tapoter distraitement sur son portable.

⠀⠀Dès lors que ses yeux se posèrent sur le miroir, elle s'immobilisa. Assis sur le bord de son lit, Stiles la regardait, les bras croisés contre son torse.

— Stiles ? s'exclama-t-elle en se retournant. Qu'est-ce que tu fabriques ici ?

— Je t'attendais, répondit-il en se levant. Alors, tu t'es bien amusée ce soir ?

— De quoi est-ce que tu parles ?

— Je parle de toi dans le noir en compagnie d'une bande d'inconnus. À qui est-ce que tu envoies des SMS ? Laisse-moi deviner, c'est ce petit voyou aux sales mains baladeuses ?

⠀⠀Il tendit le cou pour essayer de lire l'écran du portable d'Aibee.

— Mais ça va pas ? lança-t-elle en lâchant le téléphone à l'intérieur de son sac à main. D'où est-ce que tu sors toutes ces accusations ? Attends une minute, tu m'as espionné ?

⠀⠀Stiles ne tenta pas de nier.

— J'y crois pas ! s'écria-t-elle, furieuse. T'es encore plus collant que je le pensais et pour ton information, ces inconnus dont tu parles sont mes camarades de classe.

— Je ne les connais pas, répliqua-t-il en haussant les épaules. Alors oui, ce sont des inconnus.

— Andrew était là et il est dans l'équipe de crosse, tu ne peux pas ne pas le connaître et puis je croyais que tu étais ami avec le garçon bizarre qui court partout.

— Tu veux parler de Liam ?

⠀⠀Aibee hocha la tête.

— Tout ça n'a pas d'importance, rétorqua Stiles. Ce qui importe c'est que... Pourquoi est-ce que tu portes une veste trop grande pour toi ?

— Parce que j'avais froid et qu'un garçon a voulu se montrer gentil avec moi.

— Tu avais froid ? pouffa Stiles. C'est l'excuse la plus ridicule que j'ai jamais entendu ! Si tu crois que tu peux aller flirter avec n'importe qui dans la rue, tu te trompes ! Je vais aller dire deux mots à papa à propos de ta petite virée nocturne.

— Sérieusement ? Je suis juste allée au cinéma, je n'ai pas dévalisé une banque.

— Ça ne m'étonnerait pas que tu fasses une telle chose vu la façon dont tu n'as pas hésité à vider le contenu de mon portefeuille.

— Sans rancune ? lança Aibee en ricanant.

⠀⠀Il la fusilla du regard.

— Allez, détends-toi un peu, dit-elle. Oui, j'ai menti à papa, mais c'est seulement parce que je ne voulais pas qu'il me fasse honte en me traitant comme un bébé.

— Tu exagères. Il ne te traite pas comme un bébé.

⠀⠀Aibee fouilla dans sa penderie et en ressortit une robe à l'effigie de Minnie Mouse qu'elle tendit à Stiles. Il écarquilla les yeux.

— Whoah.

— Il me l'a acheté hier. Il a dit qu'il a tout de suite pensé à moi lorsqu'il l'a vue dans la vitrine.

— C'est-

— Désespérant, oui, je sais, rétorqua Aibee en balançant la tenue dans un coin de la chambre.

— Écoute, je comprends que l'attitude de papa soit légèrement excessive, mais la prochaine fois que tu te rends quelque part, je veux que tu me préviennes. C'est tout ce que je te demande.

⠀⠀Aibee roula des yeux.

— Tu penses vraiment que papa est le seul à réagir de façon excessive ? À t'entendre, on croirait que j'ai besoin d'un garde d'un corps. Tu sais, si je suis revenue ici c'est aussi parce que je voulais davantage de liberté dans ma vie.

— Et tu seras aussi libre que tu le voudras tant que tu continueras à me dire ce que tu fais à chaque instant de la journée.

— Et si je refuse ?

— Je dirais à papa toutes les choses que tu ne veux pas qu'il sache.

— Tu essayes de me faire du chantage, là ? s'étonna-t-elle. Depuis quand es-tu devenu aussi fourbe et sournois ? Je suis si fière de toi ! Seulement, si tu fais ça, je dirai à papa que c'est toi qui a cassé sa collection de figurines d'Indiana Jones.

⠀⠀Stiles écarquilla les yeux.

— Quoi ? s'écria-t-il. C'était un accident ! Tu m'avais poussé !

— Oui, et alors ? Tu es tombé dessus. Assume ta responsabilité.

⠀⠀Agacé, Stiles soupira. Elle savait comment le manipuler et il détestait ça.

— Ne sois pas triste, tu vas m'aider puisque tu es là.

⠀⠀Aibee tira une grosse boîte en carton de sous son lit.

— Qu'est-ce que c'est ?

— Ma nouvelle table de chevet que tu vas t'amuser à monter ce week-end, répondit-elle en déposant brutalement la boîte entre les bras de Stiles.

⠀⠀Ce dernier lâcha un cri étouffé avant de basculer en arrière sur le lit.

— Avec un peu d'espoir, ça te fera prendre quelques muscles, dit-elle.

— Tu n'as pas déjà une table de chevet ? demanda-t-il en massant ses épaules endolories.

— Oui, et alors ? Tu crois que la dernière chose que j'ai envie de voir avant de m'endormir c'est le visage de Dora l'exploratrice ? J'ai commandé cette table le soir même où j'ai découvert l'état de cette chambre.

— Tu as assez d'argent pour commander des meubles ?

— J'en avais, mais maman a bloqué ma carte de crédit avant mon départ parce qu'elle trouvait mes dépenses trop irraisonnables. Personnellement, je ne vois pas en quoi installer un fauteuil massant, une baignoire à bulles et un écran plasma dans ma chambre fait de moi quelqu'un d'égoïste et de matérialiste. Enfin, quoiqu'il en soit, j'ai dû me débrouiller entre-temps. J'ai vendu dernièrement ma vieille édition collector de poupées Barbie en ligne. Ces trucs valent une vraie fortune.

— Pourquoi est-ce tu as besoin de mon aide pour monter cette table ? Il existe des centaines de vidéos qui t'expliquent comment faire sur Internet.

⠀⠀Aibee haussa les épaules.

— Je sais, mais je me suis dit que ce serait bien plus amusant si je te regardais le faire.

⠀⠀Stiles ouvrit la boîte et ses yeux s'agrandirent quand il constata la configuration complexe des pièces.

— Oh et, juste un conseil, tu devrais te trouver un dictionnaire, dit-elle tandis qu'elle s'apprêtait à quitter la pièce. La notice est en hébreu.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

⠀⠀Posté devant le miroir de sa salle de bains, Liam, vêtu d'un jogging, observait son corps pendant quelques instants. Il se pencha sur le côté puis posa les yeux sur son épaule droite, à l'endroit exact où Kate l'avait mordu deux jours auparavant.

⠀⠀Du bout des doigts, il effleura sa peau dénuée de cicatrice avant de réitérer son geste en examinant sa main gauche, mordue par Scott. Là encore, la peau était intacte, de même que sa cheville. Il soupira.

⠀⠀Il ne voulait plus repenser à cette nuit où il avait manqué de perdre la vie sur le toit d'un lycée. Il ne voulait plus revoir le visage de cette horrible femme qui n'avait pas hésité une seule seconde à le lâcher dans le vide. Il ne voulait plus se rappeler de la douleur qu'il avait éprouvé quand ses crocs s'étaient profondément enfoncés dans sa chair.

⠀⠀Il ne voulait plus de toutes ces questions qui lui martelaient l'esprit et restaient sans réponse. Il voulait que tous ces mauvais souvenirs disparaissent de la même façon que ses blessures car de cette manière, il serait beaucoup moins dur de les affronter.

⠀⠀Le grincement d'une porte l'extirpa de ses pensées. La voix de son père s'éleva dans la pièce voisine et il enfila un tee-shirt avant de quitter la salle de bains pour rejoindre sa chambre.

— Liam, tu es là ? lança Mr. Dunbar. Je ne t'ai pas vu quand je suis rentré.

⠀⠀C'était un homme brun aux cheveux courts âgé d'une quarantaine d'années environ.

⠀⠀ Il avait ouvert un garage de réparation automobile quelques mois plus tôt et rentrait souvent tard le soir.

— J'étais dehors, avec des amis.

— Ça a été ta journée ?

— Ouais, c'était une journée comme les autres, répondit Liam en boitant légèrement jusqu'à son lit sur lequel il alla prendre place.

— Ton pied ne semble pas aller mieux on dirait, tu devrais éviter de jouer pendant quelques temps, dit Mr. Dunbar en s'asseyant à ses côtés.

⠀⠀Liam lui jeta aussitôt un regard surpris.

— Comment est-ce que tu sais ?

— Ton coach a laissé plein de messages sur notre répondeur pour savoir quand est-ce que tu sortirais de l'hôpital.

— Vous m'en voulez maman et toi ?

— À propos du fait que tu nous aies caché la vérité ? Oui.

⠀⠀Liam baissa la tête en soupirant.

— À propos du fait que tu aies été pris dans l'équipe de lacrosse ? Non. Au contraire, nous sommes très fiers de toi.

— Je ne comprends pas, répondit Liam. Je pensais vous alliez vous mettre en colère.

— Bon, d'accord, je suis fier de toi, rectifia Mr. Dunbar. Ta mère te tuerait si elle apprenait que tu joues à la crosse. Elle a toujours trouvé que c'était un jeu violent et elle détestait me voir y jouer. Elle deviendra folle si jamais elle découvre que je te soutiens.

⠀⠀Ils rirent.

— La prochaine fois, fais plus attention et rapporte-moi la médaille que je n'ai jamais pu obtenir quand j'avais ton âge.

— À vrai dire, je ne suis même plus sûr de vouloir continuer à jouer, dit Liam. Je ne suis pas vraiment le bienvenue dans l'équipe.

— Tu te souviens de ce que je te dis toujours ? Même si tu tombes, le plus important est de te relever et de continuer là où tu t'es arrêté.

— Et si je n'y arrive pas ? Peut-être que je ne suis bon qu'à tout détruire autour de moi. J'ai l'impression d'échouer dans tout ce que je fais.

— L'échec n'est pas une fatalité, mais un choix et peu importe celui que tu feras, je sais que ce sera le bon.

— Comment est-ce que tu peux en être sur ?

— Parce que je crois en toi. La raison pour laquelle on a décidé de venir emménager dans cette ville était parce que tu avais besoin de prendre un nouveau départ, loin de toute cette pression. Tu en doutes peut-être encore, mais tu vas t'en sortir cette année.

— Merci, papa, dit Liam en lui adressant un sourire.

⠀⠀Son père lui tapota gentiment l'épaule avant de se diriger vers la porte.

—Essaye de dormir mieux ce soir, lança-t-il.

— Qu'est-ce que tu veux dire ?

— Tu hurlais dans ton sommeil hier. Tu avais l'air de faire beaucoup de cauchemars.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

⠀⠀Concentré sur la table de chevet d'Aibee depuis plusieurs heures, Stiles s'apprêtait à poser la toute dernière pièce lorsqu'un grand bruit résonna derrière lui en le faisant sursauter. Aussitôt, sa main s'abattit contre le meuble qui s'écroula en l'espace de quelques secondes.

— C'est pas vrai ! s'écria-t-il en se tirant les cheveux. J'avais presque fini ce truc !

— Quelque chose ne va pas ? demanda Malia qui finissait d'enjamber la fenêtre.

⠀⠀Elle s'agenouilla au niveau de Stiles.

— Je ne comprends pas, j'ai fait tout ce qui était écrit.

— Peut-être que tu devrais arrêter avec les mathématiques, dit-elle en lui arrachant la notice des mains.

⠀⠀Elle tenta de déchiffrer les symboles hébreux inscrits sur celle-ci.

— C'est Lydia qui a écrit ça ? Pas étonnant que je comprenne rien à ses cours.

⠀⠀Elle lança la feuille dans un coin de la pièce. Stiles poussa un gémissement fatigué.

— Je suis épuisé, dit-il dans un bâillement. Il est quelle heure ?

— Qui est-ce que ça intéresse ? rétorqua Malia en le faisant basculer au sol.

⠀⠀Surpris, il écarquilla les yeux tandis qu'elle se plaçait au-dessus de lui avant de commencer à déposer des baisers le long de sa nuque.

— Euh... Malia, qu'est-ce-

⠀⠀Elle posa un doigt sur ses lèvres.

— Chut, souffla-t-elle. Moins de bavardages et plus d'action.

⠀⠀Elle l'embrassa de plus belle, mais avec davantage d'ardeur cette fois. D'abord confus, il se laissa rapidement faire et accentua le baiser en plaquant ses mains sur ses hanches. Elle pressa son corps contre le sien tout en faisant courir ses doigts dans ses cheveux. Très vite, leur pouls s'emballèrent sous l'effet du désir.

⠀⠀ Malia se redressa pour enlever sa veste et son débardeur sous le regard avide de Stiles qui observait son soutien-gorge. Elle sourit avant de reprendre possession de ses lèvres fiévreuses. Entre deux baisers, elle l'aida à retirer son tee-shirt puis s'attarda quelques instants sur son torse qu'elle parcourut du bout de sa langue.

⠀⠀Stiles frémit sous ses touchers et elle l'attira dans sa direction de manière à ce qu'il retrouve au-dessus d'elle. Il lui planta quelques baisers dans le creux de la poitrine quand il sentit alors quelque chose de pointu s'enfoncer avec violence dans le bas de son dos.

⠀⠀Des griffes.

⠀⠀Pris de panique, il ouvrit aussitôt les yeux avant de s'écarter de Malia.

— Quoi ? lança-t-elle sur un ton agressif.

⠀⠀Stiles observa son visage. Ses iris étaient devenus bleus et sa voix semblait menaçante.

— Oh mon dieu, dit-il en reculant.

— Qu'est-ce qu'il y a ?

— Tu... tu m'as griffé ! s'écria-t-il, ahuri.

⠀⠀Confuse, Malia fronça les sourcils avant de s'avancer vers un miroir.

— Stiles, qu'est-ce qui se passe ? paniqua-t-elle en constatant son état.

⠀⠀Elle reprit aussitôt son apparence normale.

— La pleine lune, se rappela Stiles en se frappant le front.

— Je... j'y comprends rien, s'affola-t-elle. Je... je ne voulais pas te faire de mal, Stiles, tu dois me croire.

— Hey, chut, je sais, calme-toi, ça va aller, d'accord ? dit-il pour essayer de la rassurer. Ce n'est pas de ta faute si tous tes sens sont exacerbés et que ton désir sexuel est plus débridé que d'habitude.

⠀⠀Il déposa une couverture autour de ses épaules avant de l'attirer contre lui.

— Je vais rester près de toi, OK ? Ce soir et demain soir, jusqu'à la prochaine pleine lune. En attendant, on va éviter de faire des choses risquées. Le tricot c'est bien aussi.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

⠀⠀Réveillé au milieu de la nuit par des secousses provenant du rez-de-chaussée, Peter bondit hors de son lit avant de dévaler à toute vitesse l'escalier du premier étage. À travers la pénombre, il aperçut la silhouette de Kate.

⠀⠀Les deux poings tendus vers l'avant, elle frappait successivement les deux colonnes en béton qui délimitaient le salon. Ses coups étaient si puissants qu'ils avaient pour effet d'ébranler le loft entier.

— Puis-je savoir ce que tu essayes de faire exactement ? s'exclama Peter, tout aussi surpris que dérouté. Provoquer un tremblement de terre ?

— Quelqu'un s'est levé du mauvais pied, rétorqua Kate en ignorant son ton plaintif.

— Le sommeil est un temps qui m'est précieux, dit-il en faisant un pas vers elle. Tu te doutes bien qu'il faut que je reprenne quelques forces après la nuit que nous avons passée hier, n'est-ce pas ?

⠀⠀Elle ne répliqua pas et se contenta de poursuivre sa séance de coups-de-poing. Peter esquissa un sourire amusé.

— Allons, ne me dis pas que tu as oublié ce qui s'est produit hier soir.

— Quelle importance de se souvenir ou non de ce qui s'est passé ? Rien n'a changé entre nous.

⠀⠀Un rayon de lune pénétra à travers la pièce et il la détailla attentivement. Ses cheveux blonds étaient retenus par un élastique et les traits de son visage semblaient durcis par la concentration.

— Tu portes mon tee-shirt, constata-t-il en lorgnant sur ses jambes découvertes.

— Et quoi ? rétorqua-t-elle. Tu veux le récupérer ?

— La proposition me paraît alléchante, mais j'aimerais d'abord que tu arrêtes de démolir ma maison. En tant qu'invitée, c'est un geste assez irrespectueux de ta part.

⠀⠀Kate leva les yeux vers Peter, mais son regard s'égara malgré elle sur son torse dénudé.

— Si tu cherches quelque chose dans quoi cogner, pourquoi ne préférerais-tu pas plutôt un arbre ? demanda-t-il. Il y en a plein dehors.

⠀⠀Elle haussa les épaules.

— Le bois n'est pas assez solide.

— Et comment est-ce que tu le sais ?

⠀⠀Au même instant, la table de la salle à manger s'effondra derrière lui.

— Pour être honnête, je te trouve plutôt déchaînée ce soir, dit-il. Quelque chose te tracasse ? Tu veux en parler ?

— Au cas où tu ne l'aurais pas encore remarqué, je ne suis pas venue ici pour passer du bon temps, dit Kate. J'ai une mission à accomplir et il me reste peu de temps pour l'exécuter.

— Tu crois que tu seras suffisamment prête en jouant au punching-ball ? Je peux t'enseigner de bien meilleures méthodes.

— Tu vois, c'est là où tu te trompes. Je n'ai pas besoin d'un professeur. Tu m'as peut-être aidé dans une certaine mesure, mais pour ce qui est du reste, je le finirais seule.

— Tu ne peux pas tout faire seule, répliqua Peter. C'est la raison pour laquelle tu avais besoin d'une meute. Tu n'es plus la chasseuse que tu étais autrefois, il ne te suffit pas de soulever des poids et de faire quelques pompes pour aller affronter tes adversaires. Il te faut un entraînement plus approprié.

⠀⠀Soudain, il approcha son poing du visage de Kate qui recula subitement afin d'esquiver son attaque. Elle parut surprise. Sans attendre, elle s'élança vers lui et tenta de lui décocher un coup de pied dans l'abdomen, mais il attrapa brusquement sa cheville avant de l'envoyer valser contre un mur.

— Tu te bats comme une humaine, dit-il.

⠀⠀Kate se redressa en gémissant. Ses yeux verts s'illuminèrent en lançant des éclairs dans l'obscurité et elle lâcha un grognement similaire à un feulement.

— Défends-toi, ordonna Peter. Utilise ton instinct plutôt que tes réflexes.

⠀⠀Elle se rua vers lui avant de bondir sur ses pieds. Pendant que son corps se soulevait du sol, elle tendit les bras en l'air afin d'atteindre un tuyau accroché au plafond. Elle s'y agrippa fermement puis propulsa ses jambes en avant de manière à survoler Peter. Elle atterrit derrière lui avec dans les mains le tuyau métallique qu'elle avait arraché au vol.

⠀⠀Sans prévenir, elle plaqua fermement le tuyau contre sa nuque pour essayer de l'étrangler. Il se débattit et elle resserra sa prise jusqu'à ce qu'il commence à manquer de souffle, seulement, dans un dernier effort, il parvint à se libérer en lui assénant un violent coup de pied dans le genou droit. Un cri de douleur s'échappa de ses lèvres quand elle tomba au sol.

— Tu n'es pas assez concentrée, dit-il. Tu dois évaluer la situation, étudier les angles et appréhender les risques.

⠀⠀Il brandit soudain le tuyau en direction du crâne de Kate et elle roula sur le côté pour l'éviter. La longue barre métallique alla s'enfoncer dans le plancher. Il la retira avant de reproduire le même geste plusieurs fois en visant cette fois les jambes et les bras de Kate. Elle esquiva ses attaques.

— Tu dois t'attendre à tout et à n'importe quoi, lança-t-il.

⠀⠀Craintive, Kate recula en hissant son corps en arrière, mais Peter se jeta sur elle et l'immobilisa en faisant pressant sur sa gorge avec le tuyau. Elle serra les dents en tentant de le repousser.

— N'oublie jamais, ajouta-t-il. Tant que ton adversaire est toujours vivant, le combat n'est pas terminé.

⠀⠀Tout à coup, Kate poussa un cri et se redressa en saisissant la barre afin de le pousser furieusement contre un canapé, de manière à l'étrangler à son tour.

— Pas mal, dit-il alors qu'un léger sourire se dessinait son son visage. Tu apprends vite.

⠀⠀Kate était à califourchon sur lui. Sa respiration était haletante et ses cheveux étaient décoiffés.

⠀⠀Leurs regards se croisèrent à travers l'obscurité.

⠀⠀Bleu pour Peter.

⠀⠀Vert pour Kate.

⠀⠀Leurs visages n'étaient qu'à quelques centimètres.

⠀⠀L'instant d'après, elle baissa sa garde et le tuyau qu'elle tenait entre les mains glissa sur le sol tandis qu'elle s'abandonnait dans les bras de Peter.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

⠀⠀ Assise à la table de la cuisine, Aibee jouait distraitement dans son bol de céréales en attendant que son lait refroidisse.

⠀⠀Des pas résonnèrent dans les escaliers. Soudain, les lèvres humides de son père vinrent s'écraser contre sa joue.

— Comment va ma petite princesse aujourd'hui ? demanda Mr. Stilinski en allant prendre la large cafetière qui était posée derrière l'évier.

⠀⠀Tous les matins, il préparait son café favori, un expresso noir, sans sucre. D'une certaine manière, ce rituel l'apaisait. Le poids de sa fonction le rongeait et l'épuisait progressivement, mais comme toujours, il tentait de ne rien laisser paraître.

⠀⠀Profitant qu'il ait le dos tourné, Aibee tira discrètement un miroir de poche de son sac afin de corriger l'état de son fond de teint à l'endroit où il venait de l'embrasser.

— Je pourrais aller bien, répondit-elle. Mais c'est lundi, malheureusement, alors, pour le moment, je me contente d'aller mal.

⠀⠀Mr. Stilinski ricana.

— Je suis heureux de te voir ce matin, dit-il en prenant place en face d'elle, une tasse fumante entre les mains. C'est la première fois que je prends le petit-déjeuner avec toi depuis que tu es revenue. J'ai l'impression d'être un mauvais père, c'est alarmant.

— Crois-moi, rien n'est plus alarmant que les œufs complètement flambés de Stiles. Dis-lui de ne plus jamais s'approcher de cette cuisine.

⠀⠀Le shérif rit avant de tendre la main en direction d'une grande assiette qui contenait une dizaine de pancakes recouverts de sirop d'érable. D'un geste rapide, Aibee éloigna l'assiette de lui et lui tendit une pomme à la place.

— Mais-

— Tu dois surveiller ton alimentation, dit-elle en mordant dans un pancake. Tu crois que je ne t'ai pas vu engloutir les beignets que j'ai fait hier ?

— Elles avaient l'air si appétissantes que je n'ai pas pu m'empêcher de tous les goûter.

⠀⠀Il avala une gorgée de son café.

— On devrait passer plus de temps tous les deux. Une sortie père-fille, qu'est-ce que tu en dis ?

— Une sortie ? Du style traîner dans un magasin de chaussures ?

— Je ne suis pas sûr qu'ils vendent des chaussures là où on ira.

— Et on ira où exactement ?

— À la fête foraine. Demain.

⠀⠀Aibee manqua de s'étouffer avec son lait. Elle toussa en écarquillant les yeux.

— Ton endroit préféré de toute la ville, dit Noah. Tu adorais monter sur ce manège, tu sais, celui avec les chevaux blanc et rose, tu te rappelles ?

— Oui, sûrement, quand j'avais cinq ans, rétorqua-t-elle. J'en ai dix de plus maintenant. Je doute que ça me fasse le même effet à présent.

— Tu y restais accrochée des heures. C'était presque impossible de te faire redescendre. Tu étais obsédée.

⠀⠀L'adolescente roula les yeux.

— Et cette fois où tu avais réussi à attraper un canard au bout de ton hameçon, poursuivit Mr. Stilinski en souriant. Tu étais si contente. Je t'avais acheté une glace à la vanille, à la framboise, à la pistache et au chocolat. Tu as mangé la boule à la framboise et tu as jeté le reste sur la tête de Stiles parce que tu n'en voulais plus.

⠀⠀Aibee éclata de rire tandis que ce souvenir lui revenait en mémoire. Il est vrai qu'elle s'était bien amusée ce jour-là. Elle avait passé sa journée accrochée au dos de son père qui se pliait aux moindres de ses caprices pendant qu'elle ne se gênait pas pour terroriser Stiles à maintes reprises.

⠀⠀Une fois dans le train fantôme en glissant un serpent en peluche sous son tee-shirt.

⠀⠀Une autre dans l'attraction du tourniquet en lui faisant croire que sa ceinture n'avait pas été bien attachée.

⠀⠀Il était rentré à la maison en pleurnichant lorsque plus tard, il avait appris qu'elle avait mangé l'intégralité de ses bonbons.

— Tu sais quoi ? Tu as raison, papa. On devrait passer plus de temps ensemble. Comme au bon vieux temps. Stiles viendra avec nous ?

⠀⠀Soudain, ce dernier descendit les escaliers, suivi de Malia. Avec courtoisie, elle salua vivement Aibee et son père de la main. Le shérif arrondit les yeux en remarquant la menotte autour de son poignet.

— Si vous me cherchez, je ne suis pas là ce soir, informa Stiles en transportant un grand sac dont le contenu tintait bruyamment à chacun de ses pas. Travail scolaire.

⠀⠀Il se dirigea précipitamment en direction de la porte d'entrée.

— Au revoir, lança Malia en s'éloignant.

— Tu as bien vu ce que j'ai vu ? demanda Aibee à son père une fois qu'ils furent à nouveau seuls.

⠀⠀Mr. Stilinski hocha la tête.

— Tant mieux, dit-elle, soulagée. Je croyais être la seule à avoir remarqué qu'elle avait mis sa chemise à l'envers. Quel manque de soin.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

— Comment vont tes jambes ? demanda Mason en abordant Liam à l'entrée du lycée.

⠀⠀Le regard perdu au loin, le jeune homme balaya ses pensées avant de lever les yeux vers son ami.

— Quoi ? répondit-il.

— Tes jambes, répéta Mason. T'as couru aujourd'hui, non ? Si tu t'entraînes pour le marathon ou quelque chose du genre, tu peux me le dire, je ne confierai rien à personne. À part si on me force à tout avouer en me torturant physiquement et psychologiquement comme dans Saw.

— J'ai pris le bus, dit Liam. Et s'il te plaît, arrête avec tous ces films d'horreur, tu vas finir par devenir cinglé.

— Et péter un câble comme toi vendredi soir ? Qu'est-ce qui s'est passé ? Pourquoi est-ce que t'as répondu à aucun de mes appels ce week-end ?

— J'ai perdu mon téléphone. On pourrait éviter de parler de tout ça ? Je regarderai les bandes-annonces avant la prochaine fois que tu me proposeras d'aller au cinéma avec toi. Oublions cette histoire.

— Personne n'a oublié la tête que tu as fait en sortant de la salle. C'était comme si tout d'un coup, tu avais vu apparaître Freddy Krueger devant toi. La façon dont tu as hurlé, l'expression de terreur sur ton visage...

⠀⠀Liam fronça les sourcils, surpris par la justesse avec laquelle il venait de dépeindre la scène, comme s'il l'avait vue plusieurs fois.

⠀⠀Soudain, l'évidence le frappa et il s'arrêta de marcher avant de se tourner vers Mason.

— Ils ont fait une vidéo, c'est ça ? demanda-t-il.

⠀⠀Au même instant, deux filles passèrent auprès d'eux, les yeux rivés sur un téléphone portable d'où s'élevaient les cris paniqués de Liam.

⠀⠀Ce dernier contracta la mâchoire et resserra ses doigts sur les sangles de son sac, jusqu'à ce que ses jointures deviennent blanches.

⠀⠀Cela ne faisait désormais plus de doute. Il était devenu la risée officielle de son école. Dorénavant, partout où il se rendrait, il serait moqué, épié et pointé du doigt comme un bouton en plein milieu du visage.

⠀⠀Cette année encore, c'était lui la bête de foire.

— Écoute, je comprends que c'est une situation inconfortable, mais moi aussi je veux comprendre ce qui t'es arrivé, dit Mason. Je suis ton meilleur ami. Tu sais que tu peux tout me dire.

Deux mois auparavant, au cours de l'été, Liam et Mason s'étaient rencontrés dans une boutique de jeux vidéo. Leur amitié avait été instantanée. Liam venait d'emménager à Beacon Hills depuis près d'une semaine et cette nouvelle relation était pour lui l'opportunité de s'extirper de sa solitude. Pour Mason, c'était surtout l'occasion d'avoir enfin quelqu'un avec qui partager des intérêts communs sans avoir l'impression de refouler certaines facettes de sa personnalité.

⠀⠀Liam sembla se raidir en fixant un point derrière lui.

⠀⠀Quelques mètres plus loin, Scott McCall le fixa avec insistance. Il déglutit.

— Tu es sûr d'aller bien ? Je te trouve très lunatique depuis ces derniers temps.

— Je ne veux plus parler de tout ça, d'accord ? rétorqua Liam sèchement. Arrête d'insister !

⠀⠀Il regarda par-dessus l'épaule de Mason avant de tourner les talons.

⠀⠀Scott avait disparu.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

— Une hache militaire ? s'étonna le shérif en regardant Derek d'un air ahuri. Vous êtes sûr de ça ?

⠀⠀Posté devant son bureau, ce dernier acquiesça d'un hochement de tête.

— C'est ce qu'a déduit la mercenaire que j'ai engagée, répondit-il. J'ai pensé que cette information pouvait vous être utile.

⠀⠀Noah parut encore plus surpris.

— Vous avez engagé une mercenaire ?

— Elle travaille ici, informa Derek. Elle a étudié le rapport.

— Une minute, notre US Marshal est une mercenaire ? demanda Mr. Stilinski à voix basse.

⠀⠀Il écarquilla les yeux, abasourdi. Cela expliquait l'apparition soudaine de cette femme au sein du commissariat.

— Elle m'aide à mettre la main sur Kate, expliqua Derek. Elle est très instable en ce moment et elle pourrait facilement commettre un nouveau faux pas, comme avec cet employé de station-service.

— Nous sommes dans un poste de police ici, rétorqua le shérif. Pas dans un centre de recherche spécialisé sur les créatures surnaturelles en cavale.

⠀⠀Il soupira puis se frotta les yeux avec lassitude.

— Toute cette histoire... j'ai du mal à y croire.

— Pourquoi ? demanda Derek.

— Parce que ça me semble absurde qu'après tous les monstres qui ont causé des morts dans cette ville, nous puissions tout d'un coup nous retrouver confrontés à un tueur armé d'une simple hache.

— Dans tous les cas, ça ne peut ni être l'œuvre de Kate, ni celle d'un autre loup-garou. Vous avez une autre piste ?

— Il y a forcément autre chose. Bon sang, ces gens dissimulaient des cadavres dans une chambre froide aménagée dans leur sous-sol. Qui sait s'ils n'étaient pas tous des araignées maléfiques qui conservaient leurs proies au frais juste avant de les dévorer ?

⠀⠀Derek haussa un sourcil.

— Des araignées maléfiques ? C'est ça votre hypothèse ?

— Quoi ? Ça n'existe pas ?

— Donc, selon vous, les trois victimes sont les seules personnes qui pourraient être responsables de la présence des corps retrouvés dans le sous-sol ?

— Ce sont nos principaux suspects pour le moment, répondit Noah. Honnêtement, si ça ne tenait qu'à moi, je mettrai ma main à couper que la chose qui a causé tout ça n'a rien à voir avec un fou furieux qui se baladerait dehors avec une hache, mais nous n'avons aucun moyen de le prouver. Le gosse qui a survécu est devenu à moitié fou et a été conduit à Eichen House. Sans sa coopération, nous n'avons aucune autre piste solide sur laquelle nous appuyer.

⠀⠀La porte du bureau s'ouvrit tout à coup et Parrish pénétra à l'intérieur de la pièce.

— Shérif, il y a du nouveau concernant l'affaire de la famille Walcott, annonça-t-il.

⠀⠀Il s'interrompit et son regard se posa un instant sur Derek avant de se reporter sur Mr. Stilinski.

— Nous avons recueilli les témoignages de certains membres du voisinage, poursuivit-il. Selon ce qu'ils rapportent, personne n'aurait été vu en train de forcer l'entrée de la maison, ce qui signifie que le tueur présumé s'y est introduit sans faire usage de la force. Cela voudrait dire que la famille le connaissait peut-être déjà et l'aurait par conséquent laissé entré, ce qui expliquerait alors l'absence de tout signe d'effraction sur les portes et fenêtres. Nous avons aussi trouvé des éclats de verre sur le sol, ce qui indique qu'il y a eu une lutte.

— On en sait toujours pas davantage à propos de l'identité du suspect ? demanda Noah.

— Non, malheureusement. Le profil reste toujours indéterminé.

⠀⠀Le shérif lâcha un soupir, lassé par la lenteur à laquelle cette affaire progressait.

— Mais ce n'est pas tout, dit Parrish. Les individus retrouvés dans la chambre froide étaient tous portés disparus depuis plusieurs mois. D'après le bilan du médecin légiste, les corps ont tous été plongés dans un état léthargique. Autrement dit, tous ces gens étaient endormis avant de mourir. Ils ont pour ainsi dire été paralysés durant leur sommeil. La partie la plus troublante, c'est que leurs yeux sont restés ouverts, comme ils avaient tous été pétrifiés.

⠀⠀Derek et le shérif échangèrent un regard, stupéfaits.

— Si vous voulez mon avis, ajouta Parrish, tout cela m'a l'air assez surnaturel.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

⠀⠀Assise en compagnie d'Andrew et de Rachel devant une longue table sur laquelle trônaient des fioles et un microscope, Aibee se distrayait sur son téléphone. Tous les trois attendaient le début de leur cours de chimie.

— Vous avez vu la nouvelle vidéo qui fait le buzz en ce moment ? demanda Aibee.

— Celle de la fille qui mange des spaghettis sous l'eau ? demanda Andrew, assis à côté d'elle.

— Non.

— Celle avec l'écureuil qui jongle avec des chatons ? demanda Rachel.

— Non plus. Attends, quoi ?

⠀⠀Rachel sortit son portable pour lui montrer.

— Whoah.

— Je sais, je veux le même.

— C'est dingue, mais je ne faisais pas allusion à ces vidéos, dit Aibee. Je parlais de celle avec le garçon bizarre qui était avec nous au cinéma vendredi soir, vous vous souvenez ?

⠀⠀Elle démarra une vidéo. Dans celle-ci on pouvait voir Liam s'échapper avec précipitation du cinéma tandis qu'il se faisait poursuivre par un Minion déguisé en lapin.

⠀⠀Sur une autre, ses cris avaient étés insérés au milieu de plusieurs chansons célèbres de manière à former une compilation très hilarante.

— Quelle poule mouillée, s'esclaffa Aibee. Je parie qu'il dort encore avec sa veilleuse allumée.

⠀⠀Au même moment, Liam pénétra dans la pièce. Il lui jeta un regard noir, puis lâcha brutalement son sac sur la table derrière elle.

⠀⠀Quelques instants plus tard, un silence s'installa dans la salle lorsque le professeur fit son apparition. C'était un homme grand et mince aux cheveux bruns hérissés qui portait des lunettes et semblait âgé d'une quarantaine d'années environ.

⠀⠀Il était vêtu d'une blouse blanche et avait la mine bienveillante.

⠀⠀Quand il se tourna vers l'ensemble de ses élèves, une curieuse atmosphère se mit aussitôt à régner dans la classe.

— Pourquoi est-ce tout le monde met ses lunettes de protection ? demanda Aibee en observant autour d'elle.

— Il y a une rumeur qui circule, répondit Andrew en mettant lui aussi ses lunettes.

— Quelle rumeur ?

⠀⠀Elle fronça les sourcils avant de reporter son attention sur le fameux professeur.

— Bonchour à fous touche, dit ce dernier tandis qu'une pluie de postillons jaillit de sa bouche.

⠀⠀Les yeux écarquillés, elle se raidit sur son tabouret.

— À ce qu'il paraît, il postillonne, dit Andrew.

⠀⠀Aibee soupira tristement avec le sentiment qu'elle allait très vite regretter de s'être installée au premier rang.

— Che chuis Mr. Ferby Francis Farfinckle, poursuivit le professeur en projetant de la salive dans toute la salle. Mais fous poufez m'affeller choit Ferby, choit Francis, même chi che préfère qu'on m'affelle far mon nom enfier qui est Ferby Francis Farfinckle.

— Il vient de répéter trois fois la même chose, fit remarquer Aibee. C'est normal ?

⠀⠀Andrew haussa les épaules.

— Che conchtate que chertains d'entre fous che chont déchà mis en condichion en meffant leurs luneffes de protectchion. Ch'est frès bien, fous defez touchours fencher à fous profécher quand fous faites de la chimie.

— Tu parles, à ce stade c'est carrément un parapluie qu'il nous faut, rétorqua Aibee.

⠀⠀Andrew ricana.

— Chans plus farder, nous ch'allons commencher far réalicher une fetite expérienche, dit Mr. Farfinckle. Pour che faire, ch'aimerai que fous les ch'élèfes achis au fremier rang refulent d'une ranchée.

⠀⠀Aibee jeta un coup d'œil par-dessus son épaule droite. Elle vit Rachel se lever de son tabouret pour aller rejoindre la table de Liam située au deuxième rang. Tous les deux s'entendaient assez bien car ils étaient dans la même classe et avaient un meilleur ami commun qui était Mason.

— Exchellent, déclara le professeur en postillonnant de plus belle. Déchormais, fotre foichin defiendra auchi fotre binôme de trafail et che chusqu'à la fin de che trimestrche.

— On dirait qu'on va devoir jouer les scientifiques ensemble, plaisanta Andrew.

— Je te préviens, je touche pas aux trucs tout flasque et tout visqueux, répondit Aibee sur un ton peu enjoué.

— Ch'il fous plaît, reprit Mr. Farfinckle. Che fous prie de rechter affentif durant l'echplicachion de chet exerchiche. Fous ch'allez affrendre auchourd'hui à profoquer une réactchion chimique. En chénéral, che chenre d'expérienche ne fait fourir aufun richque à cheux qui la prafiquent, à part fien chûr chi fous déchidez de ne fas affliquer conschienchieusement les conchignes.

— Tu crois qu'on pourrait remplir une piscine avec ses postillons ? demanda Aibee.

⠀⠀ Andrew se pinça les lèvres pour ne pas exploser de rire.

— Chur fos fables che troufent deux fioles à moichié remflies. La fremière confient du fermanganafe de fotachium et la checonde du flychérol. Le bofal chitué chur fotre droife confient le dihydrogénophoshphafe d'ammonium ainchi que l'hydrochxyde de potachium qui achissent princhipalement comme des réactchifs et ne chont fas à confondre afec un catalycheur. Fous chuifez enfore chusque là ?

⠀⠀ La plupart des élèves acquiescèrent.

— C'est quoi un catalycheur ? demanda Aibee, perturbée.

⠀⠀ Elle balaya rapidement la salle du regard. Tout le monde semblait grandement concentré, ce qui n'était pas vraiment son cas.

— Une fois que fous ch'aurez achouté flychérol au fermanganafe de fotachium, il fous chuffira d'affendre que la choluchion frenne une apparenche moucheuse pour echférer foir des bulles affaraître et remonfer à la churfache grâfe à l'achout du dihydrogénophoshphafe. Chela profoquera une réactchion chemblable à un volfan en fleine érufchion. Bien, mainfenant, che fais fous laicher prochéder à l'excherchiche.

— Tu as compris ce qu'on doit faire ? demanda Andrew en enfilant des gants en latex.

— Non, mais j'aime bien les bulles, répondit Aibee en mettant ses lunettes de protection. Alors, voyons voir... passe-moi le truc qui ressemble à un flacon de parfum.

⠀⠀ Il fronça les sourcils.

— C'est un bécher.

— Ouais, peu importe.

⠀⠀ Il fit glisser le bécher vers elle.

— Parfait, dit-elle en attrapant plusieurs fioles. Maintenant, je vais mélanger ce truc orange avec ce truc violet, ce truc rouge avec ce truc rose et enfin ce truc jaune avec ce truc marron.

⠀⠀ Elle vida toutes les solutions à l'intérieur du bécher.

— Oh, et je vais ajouter ça aussi, dit-elle en saisissant deux petites éprouvettes. Le bleu se marie bien avec le vert, non ?

— J'en sais rien, répondit Andrew. Mais tu devrais peut-être freiner sur la quantité, ça va déborder.

⠀⠀ Il versa de l'eau distillée à l'intérieur du récipient afin de diluer son contenu.

— Il faut qu'on mélange le vinaigre blanc et la bicarbonate de sodium, mais-

⠀⠀ Aibee vida les deux fioles indiquées dans le bécher, sous les yeux écarquillés de son partenaire.

— Il ne faut surtout pas les ajouter en même temps, ajouta-t-il.

— Regarde, ça bouge ! s'exclama-t-elle en tapant dans ses mains avec enthousiasme. Il y a quelque chose qui remonte. Ce sont sûrement les bulles, on a réussi !

⠀⠀ D'énormes bulles multicolores émergèrent, ainsi qu'une curieuse substance gluante. Pendant ce temps, Mr. Farfinckle était occupé à discuter avec un groupe d'élèves au fond de la classe.

— Ça prend trop de volume, fit remarquer Andrew. Ce n'est pas ce qui est censé se produire.

— On s'en moque, c'est joli ! rétorqua Aibee en sortant son portable pour faire une photo.

⠀⠀ Fière de son travail, elle s'écarta sur le côté de manière à ce que ses camarades puissent également profiter du spectacle.

— Oh mon dieu, dit Rachel.

— On a pas fait comme il faut ? demanda Liam en comparant son bécher au leur.

— Aibee, qu'est-ce que tu as fait ? paniqua Andrew en observant le liquide multicolore qui continuait de refluer à grande vitesse.

— Je nous ai assuré une bonne note, répondit-elle. Grâce à moi, on-

— Attention ! s'écria le jeune homme en se jetant brusquement sur elle.

⠀⠀ Ils basculèrent tous les deux en arrière tandis une épaisse mousse s'échappa du bécher en jaillissant dans les airs comme la lave d'un gigantesque volcan. Terrorisés, de nombreux élèves poussèrent des cris, à la recherche un endroit sous lequel s'abriter.

— Est-ce que ça va ? demanda Andrew, au-dessus d'Aibee.

— J'ai jamais été aussi bien, répondit-elle en lui souriant.

⠀⠀ Andrew paraissait encore plus séduisant sous cet angle. Il lui rendit son sourire avant de se redresser et de lui tendre la main. Elle la saisit, mais glissa sur le sol mouillé en tentant de se relever. Ils tombèrent à nouveau en ricanant.

⠀⠀ Lorsqu'ils parvinrent enfin à se mettre debout, Mr. Farfinckle les regardait d'un air mécontent.

⠀⠀ Sa paire de lunettes pendait au bout de son nez, ses cheveux avaient frisé au contact de l'humidité et sa blouse autrefois blanche semblait avoir atterri dans un seau de peinture.

— Je vais tout vous expliquer, monsieur, dit Aibee. Seulement, avant que je le fasse, vous pourriez conserver une distance d'au moins trois mètres cinquante entre nous ?

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

⠀⠀ Réunis sur le parking du lycée, Scott, Stiles, Lydia, Malia et Kira s'étaient donnés rendez-vous afin de discuter du déroulement de la soirée qu'ils s'apprêtaient tous à passer.

— Vous voulez m'enfermer dans une cave ? s'indigna Malia. Comme une souris ?

⠀⠀ Ils la dévisagèrent.

— Je crois qu'elle pense que c'est une cage, dit Stiles.

— Tu préfères peut-être le sous-sol au lieu de la cave à vin ? proposa Lydia.

— Vous voulez m'enfermer sous le sol ? s'indigna à nouveau Malia. Comme les gens morts ?

— On va y arriver, ajouta Stiles.

— C'est le manoir de ma grand-mère, expliqua Lydia. Il est situé près d'un lac. On peut s'y rendre à n'importe quel moment, ma mère n'y verra que du feu et puis iI y aura suffisamment d'espace pour que tu te sentes à l'aise.

⠀⠀ Malia ne sembla pas rassurée pour autant.

— Lydia a raison, répliqua Stiles. Il te faut un endroit suffisamment éloigné et sécurisé où passer la nuit.

— Mais j'aimais bien quand tu m'attachais au pied de ton lit.

⠀⠀ Scott, Lydia et Kira écarquillèrent les yeux.

— C'est pas ce que vous croyez, dit Stiles. Écoute Malia, je ne peux pas prendre ce genre de risques maintenant qu'Aibee est là, tu comprends ? Tu risques de devenir imprévisible et incontrôlable. C'est pour ça que j'ai pris ces chaînes.

⠀⠀ Il ouvrit le sac qu'il tenait puis fouilla à l'intérieur avant de brandir une longue chaîne en métal.

— Je déteste la pleine lune, grogna Malia.

— Stiles, tu devrais peut-être trouver autre chose que des chaînes, dit Scott.

— Je sais, mais je n'ai plus de ruban adhésif, j'en ai utilisé pour consolider la table de chevet d'Aibee. Au moins, j'ai pensé à prendre ces menottes.

⠀⠀ Il brandit une paire de menottes qu'il sortit de son sac.

— Stiles, s'il te plaît, planque ça quelque part, ordonna Scott en observant furtivement les alentours.

— Et pour Liam, on fait quoi ? demanda Kira. Il va se transformer ce soir aussi, non ?

— On doit aussi s'occuper de lui. Je l'ai croisé toute à l'heure. C'est une bombe à retardement.

— Comment est-ce qu'on va l'amener là-bas s'il ne nous fait pas confiance ?

— On le trouve, on l'endort avec du chloroforme, on l'enferme dans une malle, on jette les clés et on le balance au fond du lac en attendant le lever du soleil, répondit Stiles. Problème réglé.

— Je suis partante, ajouta Malia.

— On ne va ni le kidnapper, ni le noyer vivant, objecta Scott.

— Dans ce cas, on a qu'à le tuer, jeter son corps dans la forêt et attendre que les charognards le dévorent, rétorqua-t-elle.

⠀⠀ Ils la dévisagèrent longuement, abasourdis par sa proposition.

— Non, Malia, on ne fait pas ce genre de choses, protesta Stiles.

⠀⠀ Elle fit la moue.

— Elle apprend toujours, ajouta-t-il.

— On pourrait utiliser le hangar à bateaux qui se trouve derrière le manoir, suggéra Lydia.

— Ça pourrait fonctionner, approuva Stiles. On l'immobilisera en accrochant une ancre à ses chaînes et-

⠀⠀ Il croisa le regard dubitatif de Lydia.

— Quoi ? Pas d'ancre ?

⠀⠀ Elle secoua négativement la tête et il oublia son idée.

— Le plan n'est pas mauvais, mais on ne sait toujours pas comment est-ce qu'on va l'amener là-bas, rappela Kira.

— On va devoir trouver un faux prétexte, dit Scott. Il faut qu'on soit rusés.

— Exact, ajouta Lydia. Comme un renard.

⠀⠀ Elle posa les yeux sur Kira. Les autres l'imitèrent.

— Quoi ? demanda cette dernière, confuse.

— Tu vas persuader Liam de venir ce soir.

— Moi ? demanda à nouveau Kira, ahurie.

⠀⠀ Lydia acquiesça en lui adressant un sourire encourageant.

— Tu vas y arriver, dit-elle. Sois une renarde.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

⠀⠀ Quittant son désastreux cours de chimie, Liam traversait le hall principal quand une paire de jambes effilées couvertes d'un fin collant noir captiva son regard. Subjugué, il s'arrêta en remarquant qu'une jeune fille descendait gracieusement les escaliers sans le quitter des yeux.

⠀⠀ Sourire en coin et cheveux au vent, Kira avançait vers lui en ondulant les hanches et en se pavanant. Peu habitué à ce qu'on lui prête autant d'attention, Liam sourit bêtement.

⠀⠀ Arrivée en bas des marches, elle posa un pied à terre avec maladresse et trébucha subitement. Cependant, le jeune homme fut assez rapide pour la rattraper et elle tomba alors à la renverse dans ses bras.

— Whoah, quel réflexe ! s'étonna-t-elle. D'habitude, les gens me laissent tomber ou rigolent, ou alors, il font les deux.

⠀⠀ Il resta interdit, éberlué par ce qui lui arrivait.

— Je veux dire, en même temps, je les comprends, c'est vrai, je tombe tellement souvent que j'en ris moi-même. Bien sûr, j'essaie toujours de faire en sorte que personne ne soit là quand ça arrive, sinon, ce serait vraiment bizarre, pas vrai ? Des fois, je me dit : « C'est pas croyable ! T'es une vraie empotée ! Pourquoi est-ce que tu continues de mettre ces maudits talons hauts ? »

⠀⠀ Elle s'interrompit et posa les yeux sur Liam, toujours penché sur elle.

— Enfin, peu importe, les gens disent que je parle beaucoup, mais je ne sais pas s'ils le disent parce que c'est vrai ou parce qu'ils n'ont pas envie de m'écouter, je veux dire, je n'ai pas une voix désagréable, le problème c'est que la plupart du temps j'en dis trop pour en dire peu. D'ailleurs, ça me fait penser, avant que j'oublie, ça te dirait d'aller à une fête ce soir ?

⠀⠀ Elle lui adressa un de ses plus beaux sourires. Surpris par sa question, Liam haussa les sourcils.

⠀⠀ Personne ne l'avait invité à une fête depuis longtemps.

⠀⠀ Il n'avait aucune raison de refuser.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

⠀⠀ Interpellé par des cognements provenant de l'extérieur, Derek alla ouvrir sa porte d'entrée. Ses yeux s'écarquillèrent en découvrant l'identité de son visiteur.

— Chris ? s'étonna-t-il. Qu'est-ce que tu fais ici ?

— J'ai entendu dire que tu recherchais Kate.

⠀⠀ Derek le laissa pénétrer à l'intérieur du loft.

— Depuis quand est-ce que tu es de retour ? demanda Derek en refermant la porte.

— Depuis quelques jours, répondit Chris en balayant la pièce du regard.

— Tu savais que Kate était en vie, n'est-ce pas ?

— Je n'en étais pas sûr. Mais j'ai commencé à mener mon enquête dès que Scott m'a mis au courant.

— Qu'est-ce que tu comptes faire lorsque tu vas la retrouver ?

⠀⠀ Chris se tourna vers Derek.

— Je vais l'emmener dans un endroit où elle ne pourra jamais plus s'échapper, dit-il.

— Elle ne va pas se laisser faire, dit Derek.

— Je sais, la coopération n'a jamais été son fort. Mais, dis-moi, toi alors, pour quelle raison est-ce que tu la recherches ?

— Elle m'a pris quelque chose.

⠀⠀ Derek exhiba ses yeux jaunes sous le regard stupéfié de Chris.

— Au début, je pensais que c'était une partie de mon passé, expliqua-t-il. Mais ensuite, j'ai perdu ma force, mes réflexes et mon odorat. C'est là que j'ai compris que j'étais en train de perdre mes pouvoirs.

Il s'interrompit.

— Je veux qu'elle me les rendent.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

⠀⠀ Arrivé devant le manoir, Scott gara sa moto à l'entrée, là où l'attendaient Stiles, Lydia et Malia.

— Je viens de parler à Kira, dit-il en enlevant son casque. Liam est avec elle. Ils sont en route.

⠀⠀ Il observa ses amis. Ils semblaient tous préoccupés.

— Pourquoi est-ce que vous faites cette tête ?

— Je dois te montrer quelque chose, dit Stiles. C'est à propos de Liam.

— Qu'est-ce qui se passe avec lui ?

— Je sais pourquoi il a été renvoyé de Devenford Prep.

⠀⠀ Scott attrapa le téléphone qu'il lui tendit et regarda l'écran.

— Qu'est-ce que c'est ? demanda-t-il.

— La voiture d'un de ses anciens professeurs, répondit Stiles. Apparemment, il l'aurait défoncé avec un de pied-de-biche. Rien que ça.

⠀⠀ Scott écarquilla les yeux en constatant l'état du véhicule.

— Stiles, tu sais ce que ça veut dire ?

— Tout à fait. On va devoir le tenir le plus éloigné que possible de ma voiture. Il a déjà rayé ma vitre, je ne tiens pas à prendre davantage de risques.

— Non, je crois que Liam a des difficultés à maîtriser sa colère. Tout s'explique maintenant. Le soir où je l'ai vu au lycée, je l'avais trouvé très agressif.

— Agressif à quel point ? demanda Lydia.

— Au point de vouloir me frapper avec sa crosse. S'il est déjà comme ça en temps normal, imaginez les dégâts qu'il pourrait causer en étant sous l'emprise de la pleine lune.

— Raison de plus pour qu'il reste loin de ma Jeep.

— Stiles.

— Quoi ? T'as une idée du prix que coûte un enjoliveur ?

— Vous pensez que son désir sexuel va augmenter ? demanda Malia.

⠀⠀ Ils se tournèrent tous vers elle, confus.

— La pleine lune amplifie le désir sexuel, pas vrai, Stiles ? poursuivit-elle. C'est ce que tu m'as dit quand on s'embrassait l'autre soir sur le sol de ta chambre.

⠀⠀ Un silence gênant s'installa pour laisser place aux sifflements des criquets. Stiles se gratta nerveusement la nuque tandis que Scott le regardait en s'efforçant de ne pas rire. Lydia, quant à elle, s'éclaircit la gorge.

— Je vois, dit-elle. Dans ce cas, essayez de garder le maximum de contrôle ce soir.

— Ça va être difficile, mais je ferai de mon mieux, répondit Malia.

— Bien sûr... Allez viens, je vais te faire visiter.

— Je pourrais respirer dans ton sous-sol ? Tu sais, vu que je serai sous terre.

⠀⠀ Lydia roula des yeux, attrapa le bras de Malia puis s'éloigna avec elle à l'intérieur du manoir, laissant ainsi Scott et Stiles seuls.

— Alors comme ça, toi et Malia, sur le sol-

— La ferme.

⠀⠀ Scott ricana.

— Vous allez bien ensemble tous les deux. Elle fait des progrès avec toi, tu nous l'as dit toi-même.

— Ce n'est pas vous que j'essayais de convaincre, mais moi. La semaine dernière, elle a ramené un putois mort pour me montrer comment ça se mangeait... Un putois !

⠀⠀ Stiles soupira en passant une main dans ses cheveux.

— Je sais pas, peut-être que je ne suis pas doué pour discipliner les gens. Je n'arrive même pas à avoir d'autorité sur ma petite sœur, tu te rends compte ?

— En parlant d'elle, elle veut qu'on aille boire un milk-shake tous les deux.

— Tu vois ? C'est exactement de ça que je parle. Avec elle, tout doit toujours exactement se dérouler de la manière qu'elle le souhaite et si jamais... Attends, quoi ?

⠀⠀ Il s'interrompit, abasourdi.

— Toi aussi ?

— Comment ça moi aussi ?

— Elle a proposé la même chose à Andrew, tu sais, celui qui est dans notre équipe. J'ai lu les messages qu'elle lui a envoyé sur son téléphone quand elle ne regardait pas. Il n'a pas déjà une petite amie ?

— J'en sais rien, répondit Scott. Les couples se forment tellement vite de nos jours...

⠀⠀ Son regard se perdit dans le vide durant quelques instants.

— Tout va bien ? demanda Stiles.

— Oui, c'est... c'est juste que... J'ai vu ma mère dîner avec un homme dans notre cuisine.

— Oh. Je suppose que c'est une bonne chose pour elle, non ? C'est une femme après tout et puis il faut admettre qu'elle est plutôt jolie.

— N'en dis pas plus, ça devient bizarre, répliqua Scott en fronçant les sourcils.

— À quoi est-ce que ce type ressemble ?

— Il a du charme... ses bras font la grosseur de mes cuisses et... il ressemble à un mannequin.

— Cool, lança Stiles.

⠀⠀ Scott le dévisagea.

— Pas cool, rectifia Stiles. Pas cool du tout. Pourquoi est-ce que ça te préoccupes autant ? Tu as des raisons particulières de te méfier de lui ?

— Eh bien, pour commencer, je ne le connais pas.

— Ça a du sens, je te l'accorde.

— J'aimerais que tu fasses des recherches sur lui, dit Scott. Gary Sanders. C'est son nom. Prends tout ce que tu peux trouver à son sujet.

⠀⠀ Il se dirigea vers l'entrée du manoir.

— Euh... d'accord, mais tu trouves pas que tu exagères un peu ? demanda Stiles en le suivant.

— Écoute, j'ai bien réfléchi et avec tous les trucs fous qui nous sont arrivés, la dernière chose que je souhaite à ma mère c'est qu'elle découvre qu'elle sort avec un homme-serpent.

⠀⠀ Stiles fronça les sourcils.

— Un homme-serpent, sérieusement ?

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

— Alors, tu t'appelles Kira, c'est bien ça ? demanda Liam, assis dans la voiture de cette dernière.

— Exact, répondit-elle en conduisant. Je suis dans l'équipe de crosse, tu m'as sûrement déjà vu auparavant.

— Peut-être. Je ne m'en souviens pas.

— Bien sûr que si, attends.

⠀⠀ Elle s'éclaircit la gorge.

— Là, tu me reconnais ? lança-t-elle d'une voix nasillarde.

— C'est toi la fille avec des sparadraps sur le visage ? s'étonna Liam.

⠀⠀ Kira acquiesça.

— Il m'arrive souvent d'être maladroite, c'est pourquoi je fais toujours attention à-

— La branche ! s'exclama-t-il.

⠀⠀ Surprise, Kira freina dans le chemin étroit et sinueux dans lequel elle venait de s'engager puis s'écarta sur le côté avant qu'une gigantesque branche d'arbre ne transperce le pare-brise du véhicule.

— Bien sûr, la branche, dit-elle. Je l'avais remarquée...

⠀⠀ Liam se tortilla dans son siège, mal à l'aise.

— Qui vient à la fête déjà ? demanda-t-il.

— Tout le monde.

— Tu en es sûre ?

— Oui, pourquoi ? rétorqua-t-elle en ricanant nerveusement. Je n'en ai pas l'air ?

— Pas vraiment, non. Pourquoi est-ce que je n'ai vu aucune autre voiture passer dans les environs ?

— Whoah, dis donc, tu poses vraiment beaucoup de questions toi alors ! Je vais t'en poser une à mon tour. Tu aimes la musique électro ?

— Non.

— Génial, moi aussi ! dit-elle en allumant son poste de radio.

⠀⠀ Aussitôt, de la musique s'éleva des enceintes. Liam grinça des dents tandis que ses oreilles se mirent à siffler.

— Tu pourrais baisser le volume ?

— Quoi ? Tu veux que j'augmente le volume ?

⠀⠀ Il lui jeta un regard noir.

— Ça va, ça va. Inutile de te mettre en colère. Je peux aussi mettre du rock si tu préfères.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

— Et voilà, nous y sommes ! s'exclama Kira en descendant de la voiture.

⠀⠀ Liam l'imita puis observa le grand manoir qui s'étendait devant lui.

— Qui est-ce qui habite ici ? demanda-t-il, les yeux écarquillés. Beyoncé ?

— Oh non, cette maison appartient à la grand-mère d'une amie. Enfin, appartenait, elle est morte.

⠀⠀ Liam la regarda en haussant un sourcil.

— Et moi je manque de tact, ajouta-t-elle, gênée.

— Il n'y a personne ici. Tu es sûre que les autres vont venir ?

— Bien sûr ! Qui a dit qu'on ne pouvait pas faire la fête un lundi soir ? Allez, viens.

⠀⠀ Elle attrapa la main de Liam afin de l'entraîner vers la porte d'entrée.

— Je ne vois pas comment est-ce qu'on pourra faire la fête si-

⠀⠀ Une fois à l'intérieur, il s'interrompit lorsqu'il tomba nez à nez avec Scott et Stiles.

— Encore vous ? cracha-t-il.

⠀⠀ Il tourna les talons, mais Kira lui bloqua le passage en s'adossant contre la porte.

— Désolée, dit-elle.

⠀⠀ Il la fusilla du regard puis se retourna.

— Salut, Liam, dit Stiles. On est contents de te revoir. Enfin, Scott surtout est content de te revoir. Je suis toujours en colère à propos de ce que tu as fait à ma Jeep.

— Liam, il faut qu'on parle, dit Scott.

— On ne te laissera pas t'en aller cette fois, ajouta Stiles.

— Alors quoi ? rétorqua le jeune homme. Vous avez décidé de m'enfermer dans un manoir abandonné ?

⠀⠀ Il vit des chaînes dépasser d'un grand sac posé sur la table du salon.

— C'est quoi tout ça ? demanda-t-il.

— C'est pour moi, répondit Malia.

⠀⠀ Liam la dévisagea.

— Ce n'est pas ce que tu crois, ajouta Stiles.

— Qu'est-ce qui ne tourne pas rond chez vous ?

— C'est la pleine lune ce soir, dit Scott.

— Oui, merci, j'avais remarqué.

— Scott, je crois que tu vas devoir être un peu plus spécifique que ça, dit Stiles.

— J'essaie de ne pas l'effrayer.

— Je ne comprends rien à ce que vous racontez, dit Liam. Vous êtes tous bourrés, c'est ça ?

— Oh non, on ne conserve pas d'alcool ici, répliqua Lydia.

— Liam, commença Scott, il y a quelque chose que je dois te dire.

— Je ne fous littéralement de ce que vous avez à me dire, rétorqua sèchement le jeune homme sur un ton empreint de rage. Des tarés comme vous devraient se faire soigner ! Vous êtes tous en train de péter un plomb ! Je vais me tirer d'ici, c'est clair ? Si jamais vous essayez de m'arrêter, je vous jure que-

⠀⠀ Brusquement, il lâcha un cri avant de se tordre de douleur. Il plaqua ses mains sur ses oreilles et la pièce se mit à tourner autour de lui.

— Vous entendez ça ? demanda-t-il.

— Quoi ? demanda Stiles. Qu'est-ce qu'on devrait entendre ?

— Toutes ces voix et ces cris.

⠀⠀ Scott, Stiles, Malia et Kira se tournèrent aussitôt vers Lydia.

— Quoi ? dit-elle, toute aussi surprise. Je n'ai rien à voir avec ça.

⠀⠀ Hurlant davantage, Liam se recroquevilla au sol, paralysé par la douleur qui transperçait tous ses membres comme des aiguilles.

⠀⠀ Très vite, la colère gronda en lui et il se rua vers une étagère avant de balancer un vase ainsi qu'un vieux tourne-disque par terre.

— Doucement ! s'écria Lydia. Ce sont des objets précieux !

⠀⠀ Paniquée, elle se précipita vers lui pour tenter de l'arrêter, mais il bondit soudainement dans sa direction. Prêt à l'attaquer, il émit un grognement féroce. Lydia poussa un cri de terreur en voyant ses yeux jaunes.

⠀⠀ L'instant d'après, un grand bruit sec se fit entendre et le jeune homme s'écroula sur le sol, inconscient.

— Oh mon dieu, je l'ai tué ? demanda Kira qui tenait le tisonnier de la cheminée entre ses mains tremblantes.

⠀⠀ Tous la regardèrent, ahuris. Scott s'accroupit pour vérifier le pouls de Liam.

— Il respire encore, dit-il.

⠀⠀ Kira expira de soulagement. Lydia, quant à elle, resta pétrifiée. Stiles s'approcha d'elle puis posa une main sur son épaule.

— Hey, est-ce que ça va ? lui demanda-t-il d'une voix inquiète.

⠀⠀ Elle acquiesça en déglutissant. Tout à coup, Scott se redressa vivement, alerté par du mouvement provenant de l'extérieur. Il alla se poster devant la fenêtre.

— Kira ? demanda-t-il en écartant légèrement les rideaux. À qui d'autre as-tu parlé de cette fête ?

— À personne, je le jure.

— On dirait que Liam ne sait pas garder sa langue dans sa poche. Nous avons des invités surprise.

—Quel genre d'invités surprise ? demanda Stiles.

— Tout le lycée.

— Il faut qu'ils s'en aillent, dit Lydia, affolée. Ils ne peuvent pas rester ici. C'est une propriété privée.

— Et Liam ? demanda Kira, toute aussi inquiète. Qu'est-ce qu'on fait de lui ?

— On va l'emmener dans le hangar comme prévu, répondit Scott. Tu m'aides à le déplacer ?

⠀⠀ Elle acquiesça. Ensemble, ils soulevèrent l'adolescent du sol avant de le traîner hors du manoir.

— Stiles ? lança Malia, agrippée à la table basse.

⠀⠀ Ce dernier se tourna dans sa direction et ses yeux s'agrandirent aussitôt qu'il aperçut ses crocs.

— Whoah ! s'exclama-t-il en l'aidant à se relever. On va au sous-sol. Maintenant.

— Et moi ? paniqua Lydia en les regardant s'éloigner à leur tour. Je fais quoi avec tous les gens rassemblés devant la porte ?

— Rappelle-moi qui est-ce qui organise les meilleures fêtes de tout Beacon Hills ?

— Quoi ? s'indigna-t-elle. Moi, bien évidemment.

— Exact, maintenant improvise et organise la plus grande fête du siècle, dit Stiles avant de disparaître avec Malia.

— Q-Quoi ? s'exclama Lydia, outrée. Attendez !

⠀⠀ Elle s'apprêtait à leur courir après lorsque de nombreux cognements contre la porte d'entrée l'obligèrent à faire demi-tour. Elle poussa une plainte puis prit une profonde inspiration et recoiffa ses cheveux avant de se décider à tourner la poignée.

⠀⠀ Une foule d'adolescents surexcités était amassée sur le porche. Certains portaient des enceintes et des pack de bières sur leurs épaules tandis que d'autres, vêtus de maillots de bain, brandissaient en l'air leurs énormes bouées gonflables ainsi que d'autres accessoires de plongée en tous genre.

— C'est bien ici qu'a lieu la fête du lac ? demanda un garçon qui tenait une mini planche de surf entre ses mains.

⠀⠀ Stupéfaite, Lydia réfléchit un instant. Presque toute la ville était là. Si elle leur claquait la porte au nez, elle risquait de ternir sa réputation.

⠀⠀ Finalement, elle se résigna. Après tout, il était trop tard pour faire machine arrière.

— Absolument, répondit-elle en esquissant un sourire forcé.

⠀⠀ Elle s'écarta pour leur laisser la voie. D'un bond, ils s'engouffrèrent un à un à l'intérieur en hurlant et en remuant d'excitation. Alors qu'elle était sur le point de refermer la porte, Lydia repéra un frémissement fugace à travers les feuillages du bois qui bordait les alentours de la résidence.

  ⠀⠀ Un souffle imperceptible s'éleva et effleura sa peau d'un frisson qui serpenta le long de sa colonne vertébrale. Elle se figea, tandis qu'un vrombissement s'échappait des murs, des planchers et des recoins, comme des échos lointains qu'elle était la seule à percevoir.

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