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F comme...

Fabrice.

Parce que tu me manques. Parce que tu n'as laissé qu'un vide immense à l'intérieur de moi, avant de disparaître à jamais. Parce que je t'aimais, parce que j'adorais me réfugier dans tes bras, parce que tu sentais bon le chewing-gum à la myrtille quand tu me soufflais des compliments à l'oreille.

Je sais, comme ça, on dirait une amoureuse éperdue en chagrin d'amour. Je ne suis pas une amoureuse éperdue et, par conséquent, je ne suis pas en chagrin d'amour. Enfin, si on croit ce que beaucoup diraient après avoir lu « D comme Douceur », je suis peut-être amoureuse. Mais je n'aime pas le thème « éperdue ». Je n'ai jamais été « amoureuse » au point de m'y perdre. L'Amour, si on peut l'appeler ainsi, me permet toujours de me retrouver, comme si les sentiments allaient creuser une petite tranchée jusqu'à mon cœur et mon cerveau pour les faire éclater en silence, pour que je me rappelle qu'ils existent mieux que jamais.

Mais là n'est pas la question. La partie « D » ne t'était pas adressée. Elle était pour une fille. Si je t'aimais comme j'aime Sargola – ô que son nom me chatouille le palais – ce serait pour le moins étrange. J'éprouverais alors des sentiments pour mon oncle.

Pourquoi je m'adresse à toi à la seconde personne ? Certainement pour me rappeler que je ne pourrais plus jamais le faire. Que j'écris une de ces lettres qu'on enferme dans des bouteilles jetées à la mer, mais qui, loin des versions des contes de fée, ne se font pas récupérées par des étrangers. Ces lettres là, elles sombrent dans le néant au fond de l'océan.

Tu sais, je ne peux pas m'empêcher de lui en vouloir.

À elle, elle qui vient au moins une fois par semaine en trainant les mêmes larmes que celles qui souillent ce papier.

À elle, elle que tu as aimé.

À elle, elle que tu aimes encore, plus que tout, je le sais.

À elle, elle qui s'en veut un peu plus chaque jour.

À elle, elle qui porte cette putain de maladie dévastatrice.

À elle, elle qui est séropositive.

C'est stupide, stupide de penser que c'est elle qui t'a tué, stupide de lui en vouloir chaque jour.

C'est stupide d'être ainsi alors qu'elle-même le pense aussi, qu'elle est accablée de remords chaque jour, alors qu'elle voudrait mourir.

Et pourtant. Et pourtant. Je suis tellement colérique, tellement submergée d'émotions contradictoires, que lorsque je la vois, la haine monte en moi comme si elle était accrochée à une petite fusée.

Fabrice. Tonton. Fab'. Frérot de Maman. Presqu'ami de Papa. Chérie de ta tueuse.

Pourquoi ? Pourquoi, hein ? Pourquoi tu t'es amourachée d'elle et pas d'une autre ?

Pourquoi ? Pourquoi, hein ? Pourquoi la solitude souffle-t-elle à la place de ton haleine tiède et douce ?

Pourquoi ? Pourquoi, hein ? Pourquoi suis-je si égoïste de penser ainsi face au vide que tu me fais ressentir ?

Pourquoi ? Pourquoi, hein ? Pourquoi es-tu... Mort ?

Si jamais quelqu'un essaye de lire ce dernier mot, il ne le pourra jamais. L'eau salée a trouée le papier, ne laissant qu'un vide, semblable à celui présent au fin fond de mon âme.


—-
Un chapitre un peu triste aujourd'hui, de pure fiction mais que j'avais envie d'écrire et de partager. J'espère qu'il vous a plut !

Cordialement, Mark Gatiss, l'auteur de ce livre ( c'est beau de rêver ).

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