G comme...

Glace.

Comme mon visage. Comme ma carapace, dont j'ai déjà parlé. Glace comme ces multitudes de petites portes qu'on aimerait ouvrir lorsqu'on rencontre quelqu'un, qu'on aimerait briser avec des petites entailles précises et répétées. Glace comme ma tête dans laquelle je voudrais qu'on souffle pour répandre une chaleur réconfortante. Glace comme le matin, où rien ne bouge, où un courant gelé semble s'étendre du dernière arbre du jardin à la maison voisine. Glace comme mes oreilles qui entendent souffler la petite brise hivernale des matins de décembre.

La glace, elle semble nous envelopper, même les après-midi d'été où la chaleur nous étouffe malgré les climatisations. La glace, elle nous protège, la glace, elle nous sépare. La glace, la mienne en tout cas, elle ne fond que rarement, dans des petits cocons rassurants, ou des personnes que j'aime font office de soleil. Quand je relis cette phrase, elle me semble clichée, et pourtant, je ne me vois pas en dire d'autres. Parfois, j'ai juste besoin d'être niaise, j'ai juste besoin d'être banale, pour parler de l'Amour que je porte à ces êtres.

La glace, la vraie glace, celle qui recouvre les chênes et les bouleaux lorsque les températures chutent, je l'aime bien. Je l'adore même. Je la chéris. Si quelqu'un un jour lit ceci, il trouvera probablement que j'en fais trop. Pourtant, je n'écris que la vérité. Sachant que je suis à la fois l'écrivaine et l'unique lectrice de cet abécédaire, je n'ai pas d'intérêt à me mentir à moi-même.

J'adore serrer à mains nues un petit morceau d'eau à l'état solide jusqu'à que mes doigts soient brûlés par le froid. J'adore me lever, voir l'aube se refléter sur les champs alentours recouverts de l'éphémère manteau blanc. J'adore patiner sur le petit étang gelé. J'adore m'allonger dans mon anorak de montagne et regarder le ciel, en me disant, que, finalement, je ne suis pas si mal tombée.

Et puis, j'aime aussi les glaces dont on lèche les boules à petits coups de langues rapides et précis. J'aime sentir les parfums fondre dans ma gorge, le plus longtemps possible. J'aime me geler les dents mais ne jamais croquer, prendre le plus longtemps possible avant d'arriver au cornet. J'aime cette petite gourmandise pourtant assez chimique.

Je viens de me servir du mot « glace » pour parler de trois choses différentes. J'ai fait du trois en un. Comme les shampoings nourrissants/protecteurs/démêlants quand on achète dans les grandes surfaces. J'ai réussi à passé de ma carapace aux lotions pour cheveux. Je me désespère.