Chapitre 15

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Tu entretenais le mystère autour de toi et chaque découverte me surprenait. Ça me fascinait, car à côté de toi, j'avais l'impression d'être un livre ouvert pas très intéressant, mais tu me prouvais le contraire dès que je le mentionnais.

— Cassiopée ! me lance Louison alors que j'entre dans l'école de danse. Ça fait plaisir de te voir.

Iel aperçoit Helynnah qui me suit et la salue aussi.

— Madame Gretard ! Comment allez-vous ?

Alors qu'elle lui répond, je constate qu'elle ne porte pas le nom de mon père. Quand je pense que ma mère aurait tout donné pour l'avoir, ça me fait sourire. Je ne comprends pas comment il a pu passer de Maman à Helynnah : elles sont tellement différentes.

Leur discussion suit son cours, puis Louison revient vers moi.

— Et toi, fille de l'école de danse, comment vas-tu ?

Je laisse échapper un petit rire en entendant ce surnom. Je n'ai pas le temps de lui répondre car son frère lui saute dessus. Maëlys me serre dans ses bras peu après, puis prend la main de sa mère. Helynnah jette un regard à notre duo qui vient de perdre le fil de sa discussion et la possibilité de la continuer.

— J'ai l'impression que vous vouliez discuter, constate-t-elle.

— En effet, rit-iel. Mais ça risque d'être compliqué avec les deux morveux ici présents.

Les concernés commencent à répliquer qu'ils ne sont pas des morveux, mais Helynnah prend le dessus de la conversation en proposant de s'occuper d'Anatole pendant une petite heure, le temps qu'elle aille faire des courses. Maëlys sautille d'excitation à cette idée, et Anatole croise les bras en répétant que c'est l'heure du goûter. Louison sort alors une brique de jus d'ananas de son sac à dos ainsi qu'une brioche fourrée au chocolat. Les yeux de ma demi-sœur s'écarquillent, probablement avec une pointe de jalousie, alors iel lui tend la même chose, qu'elle accepte en riant. Pendant qu'Anatole et Maëlys grignotent, Helynnah réitère sa proposition, en assurant à Louison qu'elle les ramènera chez eux en voiture après. Iel accepte et propose qu'on aille se balader sur la plage.

On se met à discuter naturellement, même si on se connaît à peine. C'est tellement différent de l'ambiance que j'ai connue jusqu'à présent. Les gens ne venaient pas vraiment vers moi. On formait des petits groupes pour travailler et réviser, mais à part avec Emilia, je n'ai lié aucune amitié après le lycée. La distance, ça n'aide pas dans ces situations. D'ailleurs, je préfère ne pas imaginer ce que cela donnera avec les liens que je forme en ce moment. La conversation suit donc son cours, mais j'ai du mal à savoir comment accorder mes mots. Louison est tellement différent.e des gens que j'ai rencontrés, et je n'ai pas envie de le.a froisser en utilisant le mauvais pronom. Alors, la question sort toute seule.

— Je suis désolée si je vais paraître impolie, lourde ou juste trop curieuse, mais je ne sais pas quel pronom utiliser ou comment accorder les genres avec toi.

Louison se met à rire et sa réaction me surprend au plus haut point.

— Tu en as mis du temps, s'esclaffe-t-iel. En général, c'est l'une des premières questions qu'on me pose.

Un sourire malicieux se dessine sur ses lèvres.

— Avant de te répondre, je veux savoir ce que toi tu en penses. Quel pronom te vient le plus naturellement ?

Iel ouvre les bras, comme pour me laisser le.a dévisager et prendre une décision. Et c'est impossible à mes yeux. Il n'y a ni signe penchant pour l'un ou l'autre. Les cheveux longs ne sont pas déterminants, pas plus que sa tenue vestimentaire.

— Ni il, ni elle, dis-je sincèrement. J'emploie iel dans ma tête.

Ses yeux s'écarquillent, probablement de surprise, et je me dis que j'ai fait une boulette.

— Désolée. Je ne voulais pas te blesser.

— Tu n'as pas à l'être. C'est de la surprise positive. Tu es la première personne qui préfère ne pas s'affirmer sur mon identité de genre en préférant utiliser iel. C'est touchant, car tu n'as pas choisi pour moi quand d'autres préfèrent garder le pronom qu'ils ont choisi initialement.

— C'est-à-dire ?

— Iel est le bon pronom. Je suis non-binaire. Je ne me considère ni comme fille, ni comme garçon.

Je reste sans voix un instant. Je me doutais qu'il y avait une histoire de ce type derrière ce flou physique, mais je penchais plutôt pour de la transidentité.

— Non-binarité, ça me va, dis-je avec un sourire doux.

— Tu ne t'attendais pas à ça, n'est-ce pas ?

— Pour tout te dire, je pensais que tu étais trans.

— Pendant un temps, je l'ai cru aussi. À l'adolescence, je me suis cherché.e et je me suis trouvé.e en Terminale. Non-binaire. Quelque chose de neutre, un entre-deux loin des barrières définies.

— Comment tu as su ? Si ce n'est pas indiscret.

— Quand j'étais enfant, je ne me sentais pas à l'aise avec mon corps. En grandissant, c'est devenu pire. J'ai un peu tout tenté, j'ai beaucoup regardé les autres pour leur ressembler, trouver ma place. Mais ce que je pensais comme correct ne l'était jamais parfaitement. Alors, j'ai demandé à mon ami Internet. Je pensais être seul.e, mais en fait non. Ça m'a rassuré.e car j'avais enfin un mot à mettre sur mon mal-être quotidien.

— Et maintenant que tu as ce mot ?

— Je vais beaucoup mieux. C'est plus simple pour expliquer aux gens, même si la majorité ne comprend pas vraiment.

— C'est difficile à concevoir lorsqu'on est en accord avec son corps, admets-je.

— Je me doute. Mais c'est quelque chose que l'on sait, tout au fond de soi, même si ce n'est pas forcément clair et net au début.

— Et tes parents ? Ils l'ont pris comment ?

Je sais qu'à sa place, ma mère n'aurait pas compris et aurait bu pour tenter d'oublier, comme elle le fait dès qu'un gros problème se trouve sur son chemin. Elle n'aime pas affronter la réalité.

— Au début, ils ont eu du mal à se faire à l'idée que je n'étais pas ce qu'il pensait que j'étais. Mais, ils l'ont accepté sans problème. Le plus dur a été de leur apprendre à utiliser le bon pronom, car l'habitude les rattrapait souvent. Je ne leur en veux pas à vrai dire. Je préfère qu'ils se trompent en voulant bien faire plutôt qu'ils ne fassent aucun effort. Pareil pour Marilou, elle gaffait de temps à autres, mais elle a toujours été là pour me soutenir. Ce n'est pas ma meilleure amie pour rien.

Je souris et iel aussi. Mon téléphone se met alors à vibrer dans ma poche. En voyant le nom de ma belle-mère s'afficher sur l'écran, je devine la raison de son appel.

— Je crois qu'Helynnah nous attend.

Alors que nous retrouvons la rue principale, Louison me regarde et me remercie.

— Pour ?

— Pour n'avoir pas eu de préjugés à mon sujet et pour avoir posé les questions sans juger.

Iel monte à l'arrière de la voiture sans me laisser le temps de répondre. Mais au fond, à part « de rien », il n'y a pas grand chose que je puisse ajouter. Alors je m'installe à l'avant et le brouhaha de Maëlys et Anatole envahit mes oreilles. Helynnah se met en route et nous déposons l'ami de ma demi-sœur et Louison chez eux. Iel me donne son numéro de portable en le gribouillant sur un morceau de papier trouvé dans son sac à dos, mon téléphone étant dans la voiture.

La soirée passe et entre le rangement des courses, le dîner et ma douche, je n'ai pas vraiment le temps de me soucier d'autre chose. Mon père me conseille de me coucher puisque nous nous levons tôt demain pour préparer notre stand au marché, alors je suis dans mon lit à l'aube du coucher de soleil. Je ne me demande même pas si Marilou va m'attendre dans le cerisier et je tombe de sommeil, malgré ma sieste de l'après-midi. Et à six heures du matin, je suis debout, fraîche comme un gardon. Je ne trouve qu'Helynnah et Maëlys dans la cuisine et ma belle-mère m'explique que mon père est parti avec tous les fruits et légumes et qu'on doit le rejoindre dans une petite demi-heure. J'avale deux tartines et un verre de jus de pommes, enfile mes chaussures et m'installe dans la voiture. Le chemin est agréable grâce au vent frais des premières heures de la journée, et le ciel bleu s'étale en toile de fond.

Toute souriante et pleine d'énergie, on découvre Marilou en train d'aider mon père à installer son étal. Des fraises, des cerises, des tomates et des pommes de terre s'alignent. Helynnah les rejoint et me confie Maëlys le temps qu'ils finissent de tout mettre en place. Ma demi-sœur sort une chaise de la camionnette et attrape son cahier de jeux. Au final, toute la mécanique est bien réglée et semble fonctionner sans moi. Je me demande même ce que je fais là.

— Il manque une cagette, annonce mon père en recomptant les cerises.

— Mince, souffle Marilou.

Helynnah est déjà en train de s'occuper d'un client, alors mon père se tourne vers moi.

— Tu peux repasser à la maison pour la récupérer ? me demande-t-il en me tendant les clés de la voiture.

J'ouvre la bouche, mais aucun ne sort. J'ai l'impression d'avoir tout perturbé par ma présence. Je suis d'ailleurs presque certaine que cette cagette manquante est la mienne.

— Je n'ai pas le permis, finis-je par lâcher dans un soupir désolé.

J'avais commencé à croire que je prenais ma place dans cette famille, mais en regardant de plus près, je casse tout.

— Ce n'est pas grave, je vais t'y conduire, propose Marilou. Pour le moment, il n'y a pas trop de monde, alors vous devriez vous en sortir à deux, n'est-ce pas ?

Mon père acquiesce, et je redoute qu'il le fasse seulement pour me rassurer. Je dois avoir une mine déconfite au vu de son regard.

Marilou m'attrape par le poignet et m'emmène à la voiture.

— Je sais pourquoi elle est manquante, m'annonce-t-elle dans un sourire. Je ne l'ai pas amenée au bon endroit après l'avoir remplie.

J'écarquille les yeux alors qu'elle s'installe au volant avec un rire.

— Mais...

— J'avais tellement envie de te proposer cette sortie à vélo que j'ai mal fait mon travail. C'est un bon moyen de me rattraper.

— C'est de ma faute. Je t'ai distraite.

— Je suis souvent dans les étoiles, ne t'en fais pas. Tu ajoutes seulement de nouveaux instants de déconcentration.

Elle démarre le moteur et me lance un sourire radieux qui m'apaise. Elle sait trouver les mots pour me rassurer.

Le mystère Louison est levé !

Je vous assure que ce dialogue avec Cassiopée a été galère à écrire, j'avais peur de faire une bourde.

Sinon, Cassiopée qui commence à se sentir seule... ce n'est pas forcément facile de trouver sa place quelque part, surtout quand tout fonctionnait avant notre arrivée.

Je vous donne rendez-vous lundi (en espérant que j'arriverais à réécrire un peu cette histoire avant la fin de mes chapitres en réserve)

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