Chapitre 4

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Et puis, tu as disparu, me laissant une fleur et des questions. Mais je me doutais que tu reviendrais : mon instinct me le soufflait.

Je suis d'abord éblouie par le soleil matinal qui filtre à travers les branches du cerisier. Quelques pétales me sont tombés dessus pendant que je dormais apparemment. J'ai le dos endolori et les jambes engourdies. Je mets quelques instants à réaliser que je suis recouverte d'un plaid sorti de nulle part. Je me redresse légèrement contre le tronc, pour tenter d'apercevoir ma compagne nocturne, mais elle a disparu. Elle n'a laissé derrière elle qu'une guirlande éteinte et cette couverture à fleurs. Je me demande qui elle est, et surtout ce qu'elle faisait dans le jardin à une heure aussi tardive.

Je passe mes mains sur mon visage en bâillant, puis je me lève enfin. Une fleur rose tombe dans l'herbe et les pétales perdus entre mes cheveux m'indiquent qu'elle y était un instant plus tôt. Sans douter une seconde, je devine que la musicienne de cette nuit l'a glissée derrière mon oreille, comme elle-même l'avait fait plus tôt dans l'après-midi. Je finis par m'étirer et retourner à l'intérieur. Le salon est désert et pas un bruit ne se fait entendre à l'étage. J'imagine que Maëlys dort encore, à moins qu'il ne soit plus tard que ce que je pense.

Je me glisse discrètement dans la cuisine pour me servir un verre d'eau, mais j'y trouve Helynnah, en pleine contemplation des arbres, qui se balancent dehors. Je comprends alors ce que mon père lui a trouvé : c'est une belle personne, même dans ce genre de moment où notre corps et notre silence parlent pour nous. Ma mère ne sourit jamais le matin, Helynnah en a un rêveur.

— Tu es déjà levée ? remarque-t-elle finalement en reposant sa tasse de thé sur la table. Je ne t'ai pas entendue descendre.

— En fait, j'ai dormi à la belle étoile.

— Tu n'as pas eu froid ? Je sais qu'on est en juillet, mais les nuits sont encore un peu fraîches.

Je désigne le plaid, sans préciser qu'il ne m'appartient pas. Je ne sais pas qui était cette fille, mais si elle ne devait pas être là, mieux vaut éviter de lui causer des ennuis. Helynnah sourit, avant de me demander ce que je veux petit-déjeuner. Elle se lève sans attendre ma réponse pour sortir des yaourts, du jus de fruits, des fruits frais et du lait.

— Je ne sais pas ce que tu aimes, alors si ça ne te convient pas, on a prévu de faire des courses dans l'après-midi. Tu pourras nous dire ce que tu veux ou juste mentionner ce que tu n'aimes pas.

Elle est tellement attentionnée. Ma mère me laisse gérer seule les choses dont j'ai besoin, elle me demande seulement de mentionner ce qu'il manque sur la liste. Parfois même, je gère les courses seule, quand elle n'est pas en état de sortir. C'est différent, et sincèrement, très plaisant.

— Laisse juste un yaourt à la vanille pour Maëlys : elle a tendance à en prendre un le matin.

— Tendance ?

— Comme les enfants de son âge, elle change parfois ses habitudes sans prévenir, me répond-t-elle en haussant les épaules. Profite du calme, c'est une vraie tempête le matin.

— Elle se lève à quelle heure en général ?

— Vers 8h30. Tu as une petite demi-heure de tranquillité. J'espère que tu n'es pas dérangée par le vacarme matinal, ajoute-t-elle avec un sourire en coin, tout en sortant un pot de pâte à tartiner, du pain et du thé. Est-ce que tu veux du café ?

— Non, merci. Je ne suis pas trop caféine. Enfin, j'essaye d'éviter pendant les vacances.

— Tu as beaucoup de travail avec les cours ?

— Prépa, dis-je en grimaçant.

— Je vois le genre. J'étais pareille à la fac : toujours le nez plongé dans un livre ou dans mes cours.

Je ne commente pas plus, et me contente de me servir un verre de jus de pomme. Pendant ce temps, Helynnah se rassoit et continue de boire son thé en me regardant manger un abricot. Elle a l'air fascinée. Ailleurs.

— Est-ce qu'il y a un problème ?

Elle secoue la tête et sourit.

— Aucun. Je pensais.

J'arque un sourcil, mais je ne dis rien.

— Je t'imaginais plus jeune, assise à cette même place. Mais, sincèrement, je n'ai aucune idée de ce à quoi tu ressemblais il y a trois ou quatre ans.

Je blêmis. Je ne m'attendais certainement pas à ça. Je fais de mon mieux pour ne pas réagir et éviter d'exposer ma gêne.

— Désolée, je t'ai mise mal à l'aise. Je ne voulais pas. C'est juste que... Ton père m'a tellement parlé de toi... Et puis, j'aurais aimé te rencontrer plus tôt. Mais bon, les choses se font faites autrement.

Des bruits de pas, absolument pas discrets, se font entendre dans les escaliers. Helynnah se met à rire en s'excusant d'avoir été optimiste sur notre temps de tranquillité.

— En tout cas, je suis contente que tu aies fini par accepter de venir. Après tout ce temps, je commençais à me dire que c'était peine perdue d'y croire, mais ton père continuait de m'assurer que tu changerais d'avis un jour.

Maëlys débarque en trombe dans la cuisine, coupant court à notre conversation. Sa mère l'embrasse sur le front, tandis qu'elle s'installe sur sa chaise et s'occupe de son doudou, qu'elle me présente sous le patronyme de Molly. Après deux tartines, un second abricot et un débat sur le meilleur yaourt entre chocolat et vanille, je remonte dans ma chambre.

Je me débarbouille et m'habille en vitesse. Je vérifie en coup de vent que personne n'a cherché à me joindre et constate que ma mère n'a toujours pas répondu à mes sms lui annonçant que j'étais bien arrivée. Le message est on ne peut plus clair : elle m'en veut d'être venue passer quelques semaines ici. Je lève les yeux au ciel en me répétant que c'est tant pis pour elle. Elle n'a qu'à bouder. De toute manière, je sais qu'elle finira par me recontacter un jour où l'autre, quand elle cherchera un pot de crème ou la balayette.

Je m'allonge un instant pour penser, et quand je me relève, presque une heure a passé. Je me demande même si je ne me suis pas endormie pendant une vingtaine de minutes. Je redescends donc dans le salon, où Helynnah travaille en surveillant Maëlys, qui joue avec son train en bois. Je m'assois à côté d'elle et lui pose quelques questions sur le marchand de glace et les passagers installés dans les wagons. Elle m'y répond avec passion, puis, quand elle commence à raconter son histoire, je la laisse dans son monde.

— Est-ce qu'il y a besoin que je fasse quelque chose ?

— Pas que je sache, me répond ma belle-mère en relevant la tête de ses dossiers. Le repas est déjà prêt et ton père bosse dans le jardin.

Elle semble réfléchir un instant, puis me propose d'aller chercher le pain. Logiquement, je lui demande comment, car le centre-ville n'est pas tout près et je n'ai pas le permis. Ma mère a refusé que je passe le code, soi-disant parce que c'est trop cher et que je n'en aurai pas l'utilité.

Helynnah se lève et me fait signe de la suivre en affirmant qu'elle a une idée. Elle m'emmène dans le garage. Elle farfouille un instant dans un bric-à-brac sans nom, qu'elle doit connaître puisqu'elle en sort un vélo.

— Ton père ne l'a pas utilisé depuis des années, mais je pense qu'il est encore fonctionnel.

Elle me demande de monter dessus, et quand j'en redescends, elle règle la selle d'un geste expert. Après avoir vérifié les freins, la pression des pneus et l'état global de cette bicyclette, elle me la tend.

— Qu'est-ce que je dois acheter ?

Helynnah me donne de la monnaie en me disant de prendre ce qui me fait plaisir. Je la remercie, avant d'enfourcher le vélo. Je prends quelques minutes à trouver mon équilibre, mais une fois lancée, je prends mon pied. Je me délecte des paysages floraux et de la mer et la montagne en fond, de part et d'autre de la route.

J'arrive, après quelques détours dans des rues qui me sont méconnues, devant la boulangerie. J'accroche l'antivol autour de la roue et entre dans la petite boutique, tenue par une jeune femme fière et souriante. Je lui achète du pain, logique puisque je suis venue pour ça, et quand je repars, je reconnais la fille au ukulélé derrière moi dans la file. Elle est accompagnée par une adolescente qui lui ressemble un peu et qui a l'air d'avoir quelques années de moins.

Si hier elle portait une robe à fleurs, aujourd'hui, c'est la couronne dans ses cheveux qui les arbore. Elle me sourit, alors je comprends qu'elle m'a reconnue. Je lui rends et je sors.

Je ne la connais pas, mais je sais que c'est un soleil. Elle rayonne. Et je me demande combien de fois encore je vais la croiser sans lui parler ou connaître son prénom.

Une petite douceur matinale. Voilà comment je vais résumer ce chapitre.

Je vous souhaite un beau week-end et je vous retrouve lundi

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