Chapitre 17

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Le groupe arriva vite sur la plage, les recherches allaient commencer. Une fois tout le monde présent et à l'écoute, Alexandre s'avança pour prendre la parole.

- Le but est simple mes amis, sur cette île réside un trésor que nous allons gentiment récupérer, celui-ci se cacherait derrière un rideau d'eau. Hissez ho ! finit-il alors que le groupe ne le laisse pour partir dans des directions différentes et chercher leur butin.

C'était la première fois que Marie entendait l'ordre le plus connus des océans. En effet, "hissez ho !" représentait pour les pirates comme un ordre. Un peu comme une marque de fabrique que seuls forbans et flibustiers utilisaient. Ces simples mots avaient presque donné des frissons à la jeune. Elle aussi allait se mettre au travail.

La jeune se tourna donc pour s'enfoncer, une seconde fois, dans cette forêt. Elle avait malgré elle toujours du mal à se mouvoir correctement dans cet environnement. Se prenant pour la énième fois les pieds dans chacune des racines qui sortaient de terre, elle était fouettée par les plantes au niveau du visage et trop souvent gênée par les bestioles qui tournaient autour d'elle. Au moment même où elle allait craquer sous ces horribles sensation, la voie se fit enfin plus libre. Les arbres se dégageaient petit à petit, laissant libre cours à chacun de ses gestes. Un poids énorme se leva de ses épaules. Elle se sentait beaucoup mieux lorsqu'elle arrivait à bouger normalement.

Marie reprit donc sérieusement ses recherches. Les arbres, face à elle s'étendaient à perte de vue. La verdure au sol offrait comme un tapis naturel, mais dans tout cela il n'y avait aucune trace d'eau et encore moins de rideau. Quelques pas se firent entendre derrière elle, suivit de voix qu'elle reconnu bien vite et dont elle ne se préoccupa guère.

En effet, Alexandre était accompagné de Rick, son second et grand ami depuis des années. Pendant leur recherche, ils avaient croisés la jeune femme seule de son côté. Ils se suivaient sans même s'en rendre compte. Le joli cœur d'un côté et les deux pirates de l'autre.

- Capitaine, commença Rick qui regardait sa jambe de bois pour éviter de la coincer quelque part. La femme a vraiment trouvé une piste ?

Le pirate écarlate se tourna vers son ami au crâne chauve, tout en continuant leur route, il était surpris de cette question.

- Oui, je dois avouer qu'elle m'a étonné, répondît-il reportant son regard au loin. Elle n'est pas si inutile que cela.

- Tu l'aimes de plus en plus, n'est-ce pas ? ajouta le second.

- Que veux-tu dire ?

- Qu'elle te dérange moins qu'auparavant, ton regard a l'air plus adouci lorsqu'il se pose sur elle.

- Sottises, argua-t-il. Elle ne représente pour moi que la noble que nous avons accepté.

- Sauf que cette noble se change peu à peu en pirate sur ton bâtiment. Tu ne peux pas le nier.

Alexandre lança un regard étrange vers son ami, celui-ci s'était mis à sourire comme s'il se moquait de lui. Le capitaine plongea ses yeux sur le dos de joli cœur non loin d'eux. Rick avait raison, elle lui faisait quelque chose. Il eut une grimace à cette pensée se concentrant vers son but.

Ils ne se disaient plus rien et laissèrent leur pas résonner dans cette forêt. Combien de temps s'était écoulé depuis ? Ils ne sauraient répondre, mais cela faisait peut-être une heure qu'ils étaient entourés d'arbres. Alexandre commençait à se demander s'ils allaient vraiment trouver cette carte, jusqu'à ce qu'un bruit familier le sorte de ses pensées, une lueur dans son regard.

De l'eau.

Après quelques pas de plus, qui étaient bien rapide, les trois se retrouvèrent face à un beau lac. Celui-ci scintillait par les reflets du soleil en sa surface, accompagné d'une belle cascade turquoise. Marie, comme Alexandre, comprirent directement qu'ils avaient leur réponse sous les yeux. La jeune prit le pirate de court lorsqu'elle se mit à marcher sans réfléchir dans le lac.

La noble commença à longer le mur de roche pour accéder au "rideau d'eau" mais surtout ce qu'il y avait derrière. Le capitaine la regardait faire, comme intrigué de ce geste irréfléchi. Sa tenue se trempait de plus en plus qu'elle s'enfonçait dans le liquide, sûrement froid.

Le joli cœur avança encore, jusqu'à ce que l'eau de la cascade vint s'écraser sur son visage, rafraîchissant ses joues qui devenaient rouges comme le bout de son nez. Elle avait les cheveux trempés tombant sur ses épaules dont quelques mèches qui s’installèrent sur son front, obstruant sa vue. Ses vêtements collaient à sa peau et offraient un effet de transparence. L'homme la regardait toujours comme hypnotisé. Sa chemise devenant presque entièrement transparente, ses cheveux venaient cacher le haut de son dos.

Marie posa ses mains sur les parois rocheuses et glissantes cherchant quelque chose qui pourrait les guider. Puis l'un de ses doigts, après plusieurs passages, s'enfonça dans ce qui semblait être un petit trou, une serrure. Celle-ci était tellement bien cachée, que si on ignorait son existence, elle demeurait invisible. Elle se décala de la cascade puis se tourna vers Alexandre un sourire aux lèvres.

- J'ai trouvé une serrure ! fit la noble en essuyant d'un revers de la main ses yeux.

Alexandre se mit lui aussi à sourire de plus belle. Puis il remarqua tout de même quelque chose qui le dérangeait, sachant que son second le verrait aussi. Il enleva donc sa veste écarlate et son chapeau, donnant aussi ses effets comme son pistolet et son sabre à Rick. Puis s'engouffra à son tour dans l'eau du lac pour rejoindre joli cœur, ayant gardé la clef dans ses mains.

Tout d'abord, ses bottes de cuir noir virent se remplir d'eau froide, puis son pantalon suivit ensuite par sa chemise. Il se mit à la place de la noble, se positionnant sous la cascade en cherchant la serrure du bout de ses doigts. Ses cheveux tombaient sur ses épaules, frappés par l'eau. Il cherchait difficilement la serrure. Puis, une fois fait - aidé par la noble qui l'avait rejoint sous la cascade - il inséra la clef dorée. L'homme la tourna jusqu'à ce qu'un petit claquement se fasse entendre.

Un tremblement de terre les fit tomber à la renverse dans le lac, leur corps entier basculant dans l'eau. De son côté, Rick observait la scène sous ses yeux, ce qu'il pourrait presque appeler de miracle. Le rideau d'eau avait l'air de s'ouvrir en deux. Les roches, par des craquements bruyants, se séparaient pour laisser apparaître une ouverture dans la paroi. Un possible chemin vers leur futur butin.

Marie et le capitaine remontèrent à la surface, respirant un grand bol d'air. Ils étaient tous deux surpris de ce qui s'était ouvert en face d'eux.

- Nous l'avons trouvé, commença l'homme en fixant encore l'entrée de la grotte.

La noble de son côté avait les yeux écarquillés, elle n'y revenait pas. Tout ce qu'elle croyait impossible était en réalité bien réel. Sa vision du monde changeait peu à peu que le temps passait parmi l'équipage du Red Edan. Elle avait déjà eu du mal à croire à l'histoire de fantôme par rapport au triangle des Bermudes et du Princess Augusta. Mais un passage caché dans la roche ? Marie découvrait de plus en plus de secret qui paraissait impossible et inconcevable.

Alexandre se tourna vers son second, se plaçant doucement sans qu'elle ne le remarque, devant joli cœur de sorte à la cacher.

- Rick, rassemble l'équipage !

- Bien capitaine ! répondît le boiteux en faisant demi tour exécutant les ordres tout en laissant les effets de son ami au sol.

- Notre trésor est maintenant à porté de main, argua-t-il en regardant son second partir à la hâte.

Le pirate écarlate se tourna vers Marie. Il lui fallait maintenant cacher ce qui l'avait dérangé plus tôt. Il était évidemment hors de question que l'équipage voit cela.

L'homme s'approcha dangereusement de la femme, elle ne savait réellement ce qu'il comptait faire. Surprise elle recula de quelques pas, mais Alexandre s'avança encore plus rapidement, la prenant de court. Il tira sur le ruban qui accrochait ses cheveux dans le but de les détacher. Encore plus étonnée de ce geste, la noble ne bougea pas, regardant seulement le visage de homme en face d'elle. Son cœur battait tellement  vite qu'elle ne sût le suivre.

Le pirate vint donc détacher doucement la chevelure de joli cœur puis la coupa en deux mèches qu'il plaça sur les côtés. Les cheveux longs vinrent tomber sur ses épaules et cacher ce qui devait l'être.

Elle ne comprit pas de suite ce qu'il venait de faire. Mais lorsqu'elle baissa les yeux, Marie se rendit compte de la transparence qu'avait sa chemise. L'homme venait de la cacher. La noble ne savait trop comment réagir à ce geste qu'elle trouvait bien gentil pour un pirate.

Alexandre continua de regarder le visage encore mouillé de joli cœur. Ses mains étaient tombées le long de son corps après son geste, la douceur des cheveux de la femme restant encrée sur ses paumes. Il se redressa sans rien dire et se dirigea vers l'endroit où Rick avait posé ses effets. Le capitaine pirate sorti du lac pour rejoindre ses affaires, la laissant seule encore entrain d'analyser la situation.

Elle n'en revenait pas, il venait de l'aider ? Il aurait pu en profiter ou la garder en proie aux yeux de son équipage. Mais il n'en avait rien fait, préférant l'aider. Ce n'était pas logique, lui qui aimait l'embêter... elle n'y comprenait plus rien.

Marie n'eut pas le temps de plus se creuser les méninges à ce sujet que l'équipage commença à rappliquer. Chacun était paré à affronter ce qu'il pourrait y avoir dans cette grotte. Alexandre, après avoir remis sa grande veste rouge et son chapeau, passa en premier pour s'enfoncer dans l'issue formé par la paroi. L'homme tenait entre ses mains une lampe à huile - que quelques matelots étaient allés chercher ainsi que des armes, ayant fait un crochet sur le Red Edan - la lumière le faisait ressortir. Celle-ci venait percuter sa veste maintenant d'un rouge orangé, ce qui le rendait bien plus visible et offrait un gros contraste avec les murs de roches noires bleutées.

Marie, quant à elle, s'était retrouvée derrière ce qui semblait être le maître d'équipage : Powell. Elle l'avait vu plusieurs fois à l'œuvre sur le pont. Un grand homme. La peau d'un marron foncée, des yeux noirs comme le bandana qui était disposé sur son front. Un crâne chauve, une veste grise fermée jusqu'au col, un pantalon et des bottes noires... À le regarder, il avait tout d'un homme strict et refermé, une cicatrice en plus sur le visage. Il ne parlait pas beaucoup mais avait l'air d'être une personne digne de confiance pour Alexandre.

Ils s'avancèrent de plus en plus dans la grotte. Le chemin était glissant, les pierres autour luisaient à la lumière des lampes, seul leurs pas se faisaient entendre et venaient se percuter contre les murs pour faire écho. Ils descendaient de plus en plus, à chaque minute qui passait ils s'éloignaient de la surface, laissant la lumière du jour devenir plus qu'un simple souvenir.

Chacun se demandant sûrement ce qu'ils allaient trouvé à l'intérieur, la carte ? Ils approchaient alors de leur but principal, la richesse à portée de main.

Une lumière commença à apparaître au bout du chemin escarpé, plusieurs même, des torches disposées à leur droite et gauche. La route n'était plus qu'un long passage en face d'eux. Un petit coffre était disposé sur une table de bois au fond de ce "couloir". Les stalactites et stalagmites bien présents dans la pièce où la lueur des troches venaient s'y refléter pour encrer une profondeur au plafond comme au sol.

Le butin en face d'eux était brillant d'or, des pierres de plusieurs couleurs disposées dessus. Tandis que le groupe s'était arrêté pour fixer leur trésor, le capitaine s'avança. Alexandre posa la torche sur la table, comme hypnotisé par leur trouvaille. La carte qui lui indiquera l'emplacement du trésor était juste ici.

La richesse. La renommé. Tout cela face à lui.

Marie tentait bien que mal de voir ce qu'il se passait, chaque pirate trop absorbé par le coffre. Elle se décala alors dans la foule pour se mettre devant et enfin comprendre et regarder ce qu'allait trouver Alexandre. La noble avait cette étrange envie de voir cette carte de plus près. Elle avait après tout participé à sa recherche.

Son cœur se mit à battre plus vite, plus fort. Avait-elle hâte ? Prise d'impatience c'était comme si les secondes devenaient des heures. Le temps passait bien trop lentement. L'envie d'ouvrir le coffre devenait irrésistible. Mais elle garda tout de même son calme, fixant seulement les mains du capitaine écarlate qui s'approchaient de plus en plus du couvercle.

Alexandre prenait son temps, il avait réussi. Posant alors ses doigts sur son butin, il les laissa glisser sur les dorures et pierres qui le composaient avant de s'arrêter sur les bordures de celui-ci. Il était enfin temps d'y découvrir ce qu'il contenait.

De doigts délicats, il poussa le couvercle de sorte à ce qu'il s'ouvre. Ses yeux écarquillés, il était placé devant le coffre, l'équipage n'y voyait rien.

L'impatience trônait la pièce.

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