Chapitre 31

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Alexandre pagayait depuis une bonne dizaine de minutes, l’île devenait de plus en plus visible. Marie n’était pas sereine et le capitaine l’avait vite remarqué. Ne serait-ce que par ces légers mouvements créés avec la peur et ces yeux bleus qui ne cessaient de fixer l'eau en attente de monstre marin.

- Tout va bien se passer, je crois en vous, la rassura-t-il entre deux efforts.

Elle ne répondît rien gardant ses pupilles plantés sur les vagues bousculées par les rames de bois. L’océan était foncé, le fond encore invisible, mais il arrivait parfois qu’elle aperçoive une méduse ou un petit poisson. Pourtant, plus ils se rapprochaient de l’île plus les êtres vivants aquatique disparaissaient.

Le capitaine ralentissait aussi de plus en plus.

- Nous y sommes, demanda Marie en voyant pertinemment qu’Alexandre surveillait les alentours à la recherche d’un quelconque monstre au beau visage.

- Sûrement, avoua l’homme en continuant ses mouvements de rames.

Il avait pour but de minimiser le travail de joli cœur, pour cela il se devait de pagayer le plus loin possible. Il savait que la tâche allait être dure une fois qu’il perdra la raison. Alexandre détestait plus que tout la voir aussi silencieuse et neutre, mais il en comprenait la raison.

Au moment même où il s’apprêtait à lui parler, quelque chose attira leur attention à tous les deux. Ils se retournèrent pour fixer leur invité.

Une jeune femme. Un visage presque parfait. Des traits fins. De beaux yeux bleu ciel accompagnés de cheveux roux tombant dans l’eau. La sirène regardait Alexandre avec attention, comme un prédateur face à sa proie, tout cela caché par un doux regard.

Pourtant, le capitaine n’y fit guère attention, continuant sa route vers l’île en se focalisant sur ce qui se trouvait face à lui. Ou alors était-il seulement trop concentré pour y voir le décors alentour ?

Marie qui n’avait rien d’autre à faire que de regarder ces monstres apparaître les une après les autres. Chacune remontait la tête vers la surface pour fixer leur chaloupe. Elle avait peur, peur que la partie de chasse commence d’une minute à l’autre. Et l’attente ne fut pas longue, car l’une d’entre elle commença à murmurer une chanson.

Plus les paroles avançaient, plus le visage du capitaine se crispait. Il luttait. Son visage le faisait bien comprendre.

- La plage… commença-t-il entre deux râles. Elle est notre seul refuge… désormais…

Son cœur fit un bon, une douleur et une peur qu’elle ne put réellement qualifier. La chasse venait de commencer. Alexandre perdait peu à peu ses esprits pour sombrer dans l’hypnose de ces monstres marins. D’ici seulement quelques minutes - si ce n’était avant - Marie allait se retrouver seule.

Le capitaine avait beau se concentrer sur ses rames, sur l’île qu’il se devait d’atteindre au plus vite, il n’arrivait tout de même pas à contrer ce chant mélodieux. Un chant d’une douceur qu’il ne connaissait guère, d’une beauté sans pareille, de tentation. Il n’y arrivait plus. Il avait beau lutter de toutes ses forces, c’était bien trop puissant lui. Il voulait lâcher prise, écouter plus encore cette musique, cette voix, cette sirène…

Alexandre venait d’abandonner sa conscience.

Son corps entier venait s’emplir d’une chaleur qu’il n’avait jamais ressenti… ou peut-être que si ? En tout cas, il ne s’en soucia plus. Laissant son esprit divaguer. Laissant ses muscles lâcher prise. Laissant tout son corps se noyer dans cet endroit qu’il ne connaissait guère. Il était bien. Mais une envie encore plus puissante lui prit son être. Cette sirène. Cette chanteuse. Il la voulait. Il voulait être à elle. Se laisser tomber dans ses bras. Voir son beau visage. Écouter sa voix encore et encore sans jamais s’arrêter.

Plus rien autour n’avait d’importance.
Marie de son côté voyait la dégradation d’Alexandre. Son regard se faisait vitreux. Il venait de lâcher entièrement les rames, qu’elle avait eu le bon réflexe de récupérer pour continuer le travail de l’homme. Et pour les emmener à bon port.

En revanche, la tâche s’annonçait bien difficile quant elle vit le capitaine se lever. Il comptait la rejoindre ? Plonger dans l’eau pour aller voir cette monstrueuse sirène ?
Alexandre avait raison. Les femmes étaient étrangement immunisées par leur chant. Marie n’entendait rien. Aucune chanson. Seulement un crissement étrange voire presque désagréable.

La jeune força au mieux sur ses bras pour pousser la chaloupe vers l’île et quitter au plus vite ces démons aquatiques. Dans ses efforts elle prit tout de même le temps de prononcer quelques mots à l’égard d’Alexandre qui divaguait, encore debout.

- Capitaine je vous prierai de vous asseoir, nous y sommes presque.

Mais évidemment l’homme n’y fit guère attention, gardant son regard vers les femmes où les visages dépassaient de l’eau pour le fixer en retour. Dans des mouvements étranges, le pirate écarlate fit tanguer le bateau. S'il continuait de la sorte, le navire ne tarderait pas à se retourner entièrement.

Étant donné que la version calme n'avait pas fonctionné, Marie opta pour une voix légèrement plus forte et ferme.

- Alexandre asseyez-vous ! cria-t-elle en continuant ses efforts pour faire bouger la chaloupe.

Mais comme précédemment, il n’en fit rien. Ses yeux plongeaient sur ces femmes de plus en plus nombreuses.

Elle avait peur, peur que l’une d’elle leur saute à la gorge. Pourtant, Marie avait bien remarqué qu’aucune des sirènes n’avait fait quoi que ce soit. Elles se limitaient à des regards envoûtants et des chants dérangeants. La jeune femme avait de plus en plus mal aux mains, mais tenait tout de même le coup. Elle voyait l’île se rapprocher. Elle allait y arriver. Sauf si Alexandre en décidait autrement.

Par chance, l’homme s’était reposé dans la chaloupe, assit confortablement. Mais encore une fois il n’en faisait qu’à sa tête. S’appuyant sur le rebord il commença à plonger une de ses mains dans l’eau tout en fixant la belle sirène face à lui. Cette fois-ci, la femme avait une peau foncée, s’accordant magnifiquement à ses yeux bruns et ses cheveux noirs, frisés et longs.

Celle-ci chantonnait aussi et rapprochait son visage de plus en plus vers le capitaine.

- Ne le touche pas ! râla Marie en poussant la rame vers la sirène qui recula pour éviter le coup ralentit par l’eau.

La pirate se donna du courage et força de plus en plus sur ses bras pour se rapprocher de la plage. Encore quelques minutes et ils seront enfin arrivé et en sécurité.

- Alexandre je vous prierai d’enlever votre main de cette eau, fit-elle en fixant l’homme.

Le capitaine avait une toute autre allure sous l’emprise des sirènes. Il avait cette expression enfantine sur le visage, ce qui aurait été presque mignon si la raison n’en était pas là même.

À cette phrase, l’homme se tourna vers elle, un regard étrange dans les yeux. Puis il s’exécuta, replaçant sa main à l’intérieur de la chaloupe. Mais il ne faisait maintenant que fixer la jeune femme. Elle ne savait pas ce qu'il pensait pourtant elle ne s’en soucia guère lorsqu’elle vit la plage encore plus près d’eux. Plus que quelques efforts et elle aura réussi !

Alexandre la dévisageait. Il fixait chaque partie de son visage sans rien dire. Sans faire ne serait-ce qu’un seul mouvement. Sans hésitation elle le préférait ainsi mais elle n’aimait tout de même pas ce silence pesant accompagné des voix cristallines des sirènes.

Elle avait réussi.

Le chaloupe venait de s’entrechoquer avec le sable. Ils étaient arrivés sur l’île. La jeune se leva, toujours fixé par le capitaine qui ne comptait visiblement pas bouger d’ici. Elle détestait devoir agir ainsi mais elle n’avait pas le choix. Alexandre devait sortir de ce bateau.

- Levez-vous, fit-elle.

Mais comme auparavant, l’homme ne réagissait pas. Alors elle prit fortement le col de la chemise du capitaine. Une technique qui fonctionna bien vite car l’intéressé se mit à la suivre hors de la chaloupe. Continuant de le tirer, elle fit quelques pas sur la plage avant de se retourner en espérant qu’il ait reprit ses esprits.

Lorsque sa tête fut face à celle de l’homme, il ne s’était passé qu’une seconde. Elle n’avait pas eu le temps de réellement comprendre ce qu’il faisait qu’elle se retrouva collé à lui. Leurs lèvres se touchaient, leurs nez effleuraient la joue de l’autre.

Le capitaine se laissa tomber sur elle, un poids bien trop lourd à son avis car la jeune femme tomba à son tour venant percuter le sol de sable chaud. Mais étrangement, sa tête ne s’était pas cognée violemment sur la terre. Non. Car Alexandre avait prit soin d’y placer sa main, comme pour la retenir ?

Le capitaine reprenait de plus en plus ses esprits. Il ne savait exactement ce qu’il s’était produit à ce moment précis. Pourtant, il l’avait fait, alors que sa conscience était pratiquement revenue. Peut-être était-ce à cause des chants ?

Il l’avait embrassé langoureusement. Il aimait cela. Il avait attendu ce moment où leur lèvres se toucheraient ainsi. Mais il n’aurait jamais imaginé qu’ils auraient été aidé par les sirènes. Leur chanson envoûtante l’avait comme poussée à faire cela, un mélange de conscience mais d’inconscience.

Il aimait joli cœur. C’était le seul visage qu’il appréciait tant regarder. Mais ces chants… il était comme dans un nuage. Ne sachant pas totalement ce qu’il faisait.

Pourtant, chacun appréciait ce baiser.
Marie n’en revenait presque pas. Elle aimait cela. Son cœur lui offrait même une symphonie de battements qui cognaient en elle. Sa chaleur. Son odeur. Son toucher…

Mais elle reprit vite ses esprits. Il était encore sous l’emprise des sirènes, n’est-ce pas ? Elle le poussa donc doucement pour mettre fin à ce moment de douceur. Puis elle se leva époussetant sa tenue pour se tourner une nouvelle fois vers l’homme.

Celui-ci était encore sur le sol, assît, le regard dans le vague. Puis l’étincelle dont elle avait l’habitude d’apercevoir dans ses pupilles brunes fit son apparition, suivit d’un sourire. Le capitaine leva la tête vers elle.

- Vous avez réussi joli cœur, commença-t-il en se levant à son tour.

Il se mit à regarder les alentours. La plage, une forêt dense et… un mât ? Il fronça les sourcils pour fixer le bois qui dépassait afin de toucher le ciel. C’était bien étrange qu’un navire - ou ses restes - soit présent sur une île.

- Joli cœur, allons-y, ajouta-t-il en commençant sa route vers la forêt.

Marie, encore sous le choc du baiser et de la prise de conscience qui s’en était suivit, emboîta ses pas maladroitement. Était-il encore inconscient lors de se baiser ? Elle n'en savait rien, mais il n'avait pas l'air d'en être plus dérangé que cela. Marie fit donc de même en mettant cette pensée de côté.

Ils marchèrent dans le silence vers ce mât. Évitant les racines sorties de terre, les feuilles qui bloquaient leur passage, les insectes qui volaient autour d’eux…

- Je suis désolé que vous ayez du vivre cela, s’excusa Alexandre en regardant toujours face à lui.

- Quoi donc ? demanda-t-elle en se penchant pour ne pas se prendre la branche qui risquait de lui fouetter le visage.

- Les sirènes.

- Je vois… ce n’est rien, nous sommes arrivés.

- Si nous trouvons la carte rapidement, nous traverserons la mer aujourd’hui encore. En revanche, si le soleil se couche, nous resterons ici, continua-t-il.

- Pourquoi ?

- Je suppose que vous avez remarqué qu’elles restaient dans l’eau ? Qu’elles n’avaient peut-être pas beaucoup agit ?

En y réfléchissant bien, elle l’avait vu. Tous ces monstres qui gardaient tout de même un écart avec la surface. Aucune d’elle n’avait fait quoi que ce soit. Elles s'étaient surtout contentées d'apparaître et chanter de leur voix désagréable, ce qui avait visiblement très bien fonctionné sur Alexandre.

- Comment se fait-il qu’elles n’aient rien tenté ?

- Les sirènes sont des créatures marines, leur peau est faite de fines écailles, expliqua-t-il en tenant une grande feuille de sorte à ce que Marie passe tranquillement. Habituée au fond marin et au manque de lumière, celles-ci ne supportent pas la chaleur que procure le soleil. J’ai entendu dire que si leur peau restait trop longtemps sous la lumière solaire, elles finiraient par brûler peu à peu et en mourir. La journée, elles se concentrent surtout pour attirer les marins dans l’eau. En revanche, une fois la nuit tombée, elles n’ont plus aucune barrière. Et c’est à ce moment qu’elles deviennent vraiment dangereuses.

- Je vois.

Tandis que Marie réfléchissait à ce que venait de lui révéler Alexandre, le capitaine remarqua que la forêt se faisait de plus en plus espacée. Les arbres disparaissaient petit à petit et bientôt le navire échoué fut visible.

L’homme s’arrêta lorsque la carcasse apparue enfin entièrement. Un grand galion : trois mâts dont un brisé, une coque abîmée, les voiles déchirées certaines mêmes au sol.

Marie avait les yeux écarquillés face à cette découverte. Même si cela pouvait paraître effrayant, elle trouvait dans ce navire abandonné, une beauté qu'elle ne savait qualifier.

- Vous pensez que la carte se trouve à l’intérieur ?

Alexandre ne répondît rien, s’approchant du bâtiment pour y chercher une quelconque gravure. Il lui fallait un nom. Le nom du navire et surtout savoir à qui il appartenait auparavant.

Le capitaine pirate frôlait de ses doigts la coque trouée du navire. Ses yeux venaient se balader sur chaque parcelle de la carcasse de bois.

- Une tempête, murmura-t-il perdu dans ses pensées et réflexions.

- Vous pensez qu’une tempête l’aurait échoué ici ? demanda Marie peu convaincue.

Pour cela il aurait fallu que celle-ci ait d’une force inimaginable, mais aussi contrôlé pour ne pas écraser les planches de bois entres elles. Si c'était vrai, le navire n'aurait très sûrement pas survécu ou du moins pas de la sorte. A part les quelques égratignures sur la coque, les voiles déchirées et les petits trous présents, ce bâtiment était bien trop conservé pour une cible de tempête. Les dégâts dont il était la proie était sûrement causé pas le temps passé sur cette île.

- Les légendes racontent que les sirènes auraient quelques dons provoquant des tempêtes.

L’homme s’arrêta lorsque ses doigts touchèrent ce qui semblait être une gravure.

- Le Ganj-i-Sawaï, sourit-il en comprenant quel navire se trouvait face à lui.

- Qui en était le capitaine ? intervient joli cœur en regardant le bâtiment.

- Surnommé aussi le roi des pirates, un flibustier anglais, Henry Every.

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