Chapitre 38

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Elle ne comprit pas de suite ce que cela signifiait, jusqu’à ce que le capitaine arbore une position de défense envers elle. Alors en usant de tous ses muscles, chauds et douloureux par l’entraînement, Marie empoigna plus fort son sabre pour s’élancer sur l’homme.

Celle-ci n’avait aucune technique, Alexandre n’eut même pas besoin d’utiliser la moitié de sa force pour arrêter chaque coups qu’elle lançait contre lui. Elle lui faisait presque penser à un enfant qui tentait tant bien que mal de se défendre mais sans réel résultat.

Marie fut vite à court d’idées et d’énergie. Alors que le capitaine comptait encore une fois parer son attaque, les genoux de la jeune lâchèrent pour la laisser tomber au sol dans un bruit lourd. Agenouillée sur le bois, ses mains plaquées soutenaient le haut de son corps et sa tête peinait aussi à tenir le long de sa colonne vertébrale. Elle reprenait petit à petit son souffle.

Tout son corps lâchait, ses muscles tremblaient, ses poumons brûlaient à chaque respiration qu’elle faisait. Jamais de toute sa vie elle n’avait fait autant d’effort que cette fois-ci.  Même si elle avait accumulé de nombreuses erreurs et perdu face à son adversaire sans cesse face à son adversaire, elle était tout de même fière d’avoir vaincu ses limites. Fière d’avoir réussi à se prouver à elle-même qu’elle avait la force de se battre.

Le sabre à sa droite, l’exercice était visiblement terminé. Elle avait les joues rouges et le front humide, regardant le plancher en récupérant l'air que ses poumons réclamaient. Il ne fallait pas qu’elle perde toute son énergie avant l’entrevue avec le Princess Augusta. Alexandre récupéra donc son arme afin de la replacer à sa ceinture et de s’accroupir face à elle. Il était surpris de toute la force qu’elle avait utilisée. Il l’avait sous-estimé, il s’en rendait compte dorénavant.

- Vous avez fait du bon travail joli cœur, lui dit-il en regardant le visage fatigué de celle-ci.

Elle se mit à sourire légèrement heureuse que tous ses efforts aient porté ses fruits.

- Allez boire un peu, cela vous fera du bien, continua Alexandre en l’aidant à se relever.

- Merci capitaine, répondit-elle avant de quitter le pont.

Il se mit à rire en repensant à elle tout en la regardant partir. Tandis qu’il croyait être seul, qu’il croyait repartir dans sa cabine dans un calme complet et lourd qu’il n’aurait peut-être pas supporté attendant que son joli cœur revienne détruire le silence. Il remarqua bien vite qu’il était entouré de trois de ses mathurins. Tous avaient l’air suspects. Visiblement ce qu’il s’était passé avec joli cœur les intéressaient énormément, même Powell était présent. Lui qui n’avait pas l’habitude de se mêler des affaires des autres pirates.

Depuis que la jeune était arrivée sur le navire, le pirate à la peau foncée s’était montré beaucoup plus intrigué par la relation qu’il entretenait avec Marie. Mais cela paraissait logique, les femmes n’étaient pas courantes sur les navires et encore moins sur un bâtiment pirate. Plusieurs discours étaient même fréquents par rapport à cela : les femmes portaient malheur aux marins lorsqu’elles étaient sur les bateaux.

Pourtant la présence de Marie en démontrait le contraire. Depuis le jour où elle était arrivée, le Red Edan ne faisait que de s’améliorer, surtout sur la recherche du grand trésor des abysses. Elle avait redonné du courage aux mathurins, redonné le sourire à tout le monde et comblé étrangement le cœur du grand capitaine qui s’était fermé depuis bien longtemps.

- Eh bien capitaine Henderson, cela faisait longtemps que vous n’aviez pas rit de cette façon, argua le maître d’équipage.

Alors qu’Alexandre comptait répondre à Powell, deux marins prirent la parole avant lui.

- Il n’a jamais rit de la sorte, rétorqua Nunez.

Gill lui donna un coup de coude ce qui fit réagir le matelot avec un petit cri de douleur et une grimace envers son compagnon.

- Bah c’est vrai, on ne l’a jamais vu rire de toute façon… continua-t-il vite interrompu par le regard du capitaine qui s’était porté sur lui.

Les deux matelots avaient rejoint le pont depuis quelques heures maintenant. En réalité, ils avaient suivi la jeune qui s’était précipitée ici. Intéressés, ils firent de même. Powell, qui était venu rejoindre Brown, fut aussi témoin de la scène de complicité entre la jeune pirate et le capitaine.

Nunez baissa les yeux essayant au mieux d’échapper au regard d’Alexandre sous les accusations de Gill qui chuchotait à son oreille pour ne pas être entendu. Très vite les deux hommes quittèrent le groupe pour aller se chamailler ailleurs. Ces deux-là faisaient partie des matelots qui craignaient le capitaine. Après tout, ils n’étaient présent dans l’équipage que depuis quelques années. Pas assez pour savoir exactement ce que pensait Alexandre.

- Elle vous a donc demandé de lui apprendre à se défendre ? continua Powell en reportant l’attention de son capitaine sur lui. 

L’écarlate, qui avait détourné ses yeux des deux mathurins vers son maître d’équipage, prit quelques secondes avant de répondre.

- Oui, ce qui m’a étonné au départ.

- Capitaine… commença l’homme à la peau foncée vite coupé par Alexandre.

- Je ne suis pas stupide, j’ai bien vu ce que tu essaie de faire.

- Quoi donc ?

- Depuis qu’elle est arrivée sur le navire tu ne cesses de poser des questions. Pourtant, auparavant tu ne faisais que t’intéresser au bâtiment, à l’équipage ou bien à notre cap. Je ne me laisserais pas avoir, Powell, argua Alexandre en croisant les bras.

- Eh bien capitaine Henderson, s’il n’y avait vraiment rien entre vous, vous n’auriez pas réagi de la sorte. Ne croyez-vous pas ? termina le maître d’équipage en laissant son supérieur pour quitter à son tour le pont principal.

Alexandre se mit à jurer dans sa barbe, fâché contre lui d’avoir été aussi faible face à son pirate, encore. Powell avait toujours un cran d’avance. Cela faisait seize ans qu’ils se connaissaient, seize ans que Powell était avec lui, fidèle, sans aucune faiblesse. Il faisait d’ailleurs partie des marins les plus dévoués envers lui. Powell lui avait donné sa vie.

- Brown, haussa-t-il la voix en se tournant vers le gouvernail plus haut. Dans combien de temps arriverons-nous aux limites du triangle ?

Le timonier qui tenait la barre regarda son capitaine. L’homme réfléchit un petit moment avant de donner sa réponse.

- Le vent a été de notre côté durant tout le voyage. Peut-être dans deux jours, si ce n’est moins, argua-t-il un compas en main.

Après avoir fait un tour au charnier et bu une bonne gorgée d’eau, elle rejoignit le pont non sans difficulté. Ses jambes tremblaient par un simple mouvement. Elle avait presque l’impression que monter une marche était la tâche la plus dure qu’elle aurait à faire.

Mais une fois à l’extérieur, elle put respirer l’air frais marin. Le vent vint s’écraser contre ses joues et la décoiffer plus qu’elle ne l’était déjà. Pourtant, elle se fichait amplement de la coiffure qu’elle arborait. Dorénavant elle était libre. Ses habits, sa coupe de cheveux... elle les choisissait elle-même. Elle pouvait ne pas se tenir droite, marcher différemment, tenir une arme et même parler lorsque bon lui semblait ! Elle aimait cette vie. Et depuis peu, Marie aimait aussi les pirates. Mais elle restait toujours sur son avis que les nobles, ou du moins certains d’entre eux, étaient aussi bons.

Elle vit Powell quitter le capitaine avec un léger sourire sur le visage, ce qui n’était pas courant. L’homme à la peau foncée se rapprocha d’elle afin de quitter le pont. Mais avant d’emprunter les marches de bois, il s’arrêta quelques secondes.

- Vous avez fait du bon travail Marie, avec autant d’effort, vous arriverez peut-être à tenir un combat d’ici quelques semaines. Voire moins.

Le maître d’équipage ne prononça pas plus descendant les marches sans rien ajouter. Laissant Marie le regarder partir heureuse du compliment qu'il venait de lui offrit et du sourire qu'elle n'avait jamais eu l'occasion de voir. Sans perdre plus de temps, elle continua sa route.

Alexandre, qui n’avait visiblement toujours pas remarqué la présence de la jeune, se tourna vers son timonier afin de savoir quand est-ce qu’ils arriveront au triangle. L’homme répondit rapidement avant de porter son attention sur son compas en main. Le capitaine pivota lentement avant de remarquer son joli cœur sur le pont.

L’écarlate ne bougea pas mais son regard incitait Marie à le rejoindre, ce qu’elle fit. Quelques pas et elle arriva vite face à l’homme qui la surplombait de toute sa grandeur. Il se mit à sourire en fixant le visage de la jeune.

- Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée, étant donné que vous ne le maîtrisez pas encore… commença l’homme en se tournant vers ses appartements.

La jeune surprise au départ se mit à le suivre en voyant que celui-ci lui tenait la porte de sa cabine. Une fois à l'intérieur, il se dirigea vers un long tiroir qu’il ouvrit.

- Mais, vu les circonstances actuelles et l’endroit où nous allons, il serait peut-être préférable que vous en ayez un aussi, continua-t-il en sortant ses deux mains du tiroir.

Il tenait un sabre. La fusée rouge était accompagnée d’une branche de garde et d’une calotte argentée. Le fourreau noir aussi protégeait le porteur de la lame. Marie était plus que surprise de voir que l’homme lui faisait assez confiance pour lui confier une arme. Surtout qu’elle ne ressemblait guère à celle des autres marins, mais plutôt… à la sienne ?

Sans même le prendre, la jeune fixa le pirate sans rien dire. Il avait vite compris et prit donc pour la énième fois la parole.

- Je ne l’utilise pas, il m’est donc inutile. Et puis, vous avez appris à vous battre avec le mien, leur poids est presque égal et leur taille aussi. Autant le donner à quelqu’un qui sera l’user pour sa juste valeur. Il est à vous désormais.

Elle reporta ses yeux sur l’objet noir et argenté. Ses petites mains virent vite attraper le fourreau et la fusée avant de le sortir de sa prison. La lame était brillante comme la lune lorsque celle-ci trônait un ciel vide et noir. Malgré ce qu’elle pensait, l’arme n’était plus aussi lourde qu’auparavant. Même s'il lui fallait encore quelques entraînements afin de le manier à la perfection, elle avait senti en elle tout de même un changement. Une évolution peut-être ?

Elle portait entre ses mains une arme. Certes, cela voulait dire qu’elle allait avoir la vie de certains sur les épaules, le choix de tuer ou de protéger. Mais Marie voyait surtout la distance qui la séparait de plus en plus de son ancienne vie. Elle n’était plus la femme faible d’autre fois, mais devenait chaque jour plus forte que la veille.

La jeune accrocha donc le fourreau de sa nouvelle arme à ses ceintures, passant des petits cordages entre deux anneaux. Une fois les nœuds bien serrés, elle se redressa et fit face au capitaine la tête haute.

- Merci capitaine.

L’homme ne lui adressa qu’un sourire. Mais elle put lire en lui qu’il était aussi fière qu’elle. Son entrée dans le monde de la piraterie ne faisait que commencer. Bientôt, le Red Edan aura en sa possession le plus grand trésor que le monde ait connu.

Les deux jeunes gens quittèrent la cabine pour rejoindre le pont principal. Une fois à l’extérieur Marie s’amusa à dégainer son sabre et se tourna, la pointe de sa lame vers son capitaine. Tout brillait d’une lueur magnifique face à la lumière du soleil. Elle avait retrouvé toute son énergie et était prête à refaire face à l’homme.

Elle ne disait rien. Alexandre la regarda avec un regard montrant qu’il acceptait le combat. Il sortit donc son arme à son tour. Et dans une rapidité étonnante les deux pirates se lancèrent sur un combat à la loyale.
Le capitaine faisait évidemment en sorte que Marie progresse. Chaque coup résonnait sur le navire. Le tintement des fers avait éveillé la curiosité de certains matelots qui venaient de les rejoindre pour regarder le spectacle.

Marie attaquait, Alexandre contre-attaquait. L’un se protégeait, l’autre se défendait. Ce n’était plus un combat mais une valse brillante. Chaque pas qu’ils faisaient avait l’air d’être maîtrisé, contrôlé… ce duel ressemblait plus à deux âmes en complètes harmonie qu’à deux forbans.

Leurs respirations s’étaient même calées l’une avec l’autre. Leurs mouvements étaient harmonieux et doux, mais à la fois habiles et combatifs. Leurs yeux brillaient d’une étrange lueur.

Ils avaient l’air de ne faire plus qu’un.

Ce n’était plus l’un contre l’autre… mais l’un avec l’autre.

Ce n’était plus un combat… mais une valse d’un beau duo. D’un duo qui, auparavant, ne pouvait guère se voir ou se parler dans un même accord.

Powell qui avait rejoint à son tour le pont, ne faisait que de les regarder. Il avait presque l’impression de voir l’enfant qu’Alexandre aurait dû être à leur rencontre. L’enfant qu’Alexandre n’avait jamais vraiment été. Il n’en avait après tout pas eu l’occasion.

Alors que Marie se préparait à attaquer une nouvelle fois, une goutte vint s’écraser contre sa joue. Puis une autre. Et encore.

Cette simple petite eau avait stoppé directement leur combat. Chacun regardait le ciel étrangement. Il y avait de cela quelques minutes, le soleil les surplombait sans aucun nuage à l’horizon. Pourtant, ils faisaient face à cet instant à une noirceur humide. Aucune lumière ne put s’échapper.

- Nous y sommes, argua Brown les sourcils froncés qui fut lui aussi autant surpris que les autres. Nous venons d’atteindre le seuil du triangle.

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