Chapitre 40

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Les pistolets hurlaient.

Les canons rugissaient.

Les sabres s’entrechoquaient entre eux dans des bruits assourdissants. Les voix des marins venaient remplir les deux ponts. Les équipages s’étaient mélangés et la pluie continuait d’offrir un chant de claquement sur le bois, pourtant elle n’arrivait plus à couvrir les sons.

Les marins du Red Edan se battaient du mieux qu’ils le pouvaient pour résister à la force de la mort. Marie avait elle aussi dégainé son sabre. Face à la jeune, deux squelettes lui barraient la route. Leurs visages étaient affreux, presque pourrissants. Ils n’avaient aucune paupière, aucune peau, leur globes oculaires avaient l’air de flotter dans leurs sphénoïdes.

- Bonsoir ma jolie, fit l’un d’eux ce qui lui offrit un frisson horrible.

Alors qu’elle les fixait encore sous le choc de ce qu’elle voyait, le deuxième commença à attaquer. Par chance elle se défendit instinctivement, son sabre la protégeant de l’épée du non-vivant. Elle fit quelques pas arrières pour s’écarter au plus. Mais bientôt elle toucherait de son dos le bastingage et il était évidemment hors de question pour elle de repasser par dessus bord. S’agrippant encore plus à la fusée de son sabre, il était temps pour elle de défier les morts.

Elle prit appui sur ses jambes, fixant les deux non-vivants face à elle. La pluie battante glissait le long de son visage. Le temps était toujours aussi sombre, seulement les fanaux des deux navires étaient visibles. Les lampes à huile étaient leur seule source de lumière. Tandis que tout l’équipage autour d’elle se battait pour leur vie, elle allait elle aussi devoir se défendre.

Mais pour ne pas arranger les choses, la fatigue prenait le dessus petit à petit. Bien que Marie était éveillée, tout son corps lui souffrait. L’entraînement plus tôt l’avait déjà affaiblie, la tempête n’avait pas aidé non plus… mais tenir un combat contre un mort ? Arrivera-t-elle à survivre ?

La jeune pirate ne réfléchit pas plus longtemps. Elle s’élança vers les deux morts pour leur asséner quelques coups qu’ils ne prirent même pas la peine d’arrêter. Le sabre rouge de la femme venait se fracasser contre les os de ses adversaires sans pour autant leur faire ne serait-ce qu’une seule égratignure. Et même si c’était le cas, que le tranchant de l’épée marquait son passage, ils ne ressentaient rien. Aucune douleur. Ils ne ressentaient pas le doux glissement de l’eau, le vent qui caressait leurs vêtements et même la fatigue.

Tout cela leur était devenu étranger. Ils n’étaient plus que des tas d’os qui avaient encore un léger brin de vie pour être animés.

Les deux hommes se mirent à lui rire au visage, après tout, elle ne leur faisait rien. Aucun de ses coups n’avait porté ses fruits. Alors qu’elle réalisait qu’elle était piégée entre eux et le bastingage, les deux non vivants s’approchèrent de plus en plus.

- Cela ne sert à rien de courir poupée, nous sommes immortels, claqua la mâchoire de l’un d’eux leur yeux rouges toujours posés sur elle.

Elle fit quelques mouvements avec son sabre pour que les deux hommes reculent mais c’était sans grand succès. Ils n’avaient pas pour but de la laisser en vie. Alors qu’elle se pensait perdue à tout jamais, perdue dans ce triangle, un coup de feu retentit près de son oreille.

Les deux squelettes s’arrêtèrent ne bougeant plus, celui de droite possédait un trou en plein milieu du crâne. Il se tourna pour regarder qui était le fou qui venait de réveiller sa fureur. Marie en profita pour s’échapper de cette prison qu’ils avaient formé sur elle. Ses jambes en feu, elle zigzaguait entre les combattants. Évitant de peu chaque coup, elle atteignit la barre de l’Edan.

Elle était effrayée, elle voulait fuir. Fuir le plus loin possible. Fuir et ne jamais revenir dans ce maudit triangle. Mais pour fuir il fallait d’abord s’en sortir. Et donc détruire une bonne fois pour toute cet équipage squelettique.

Tout le monde se battait, aucun ne se laissait marcher dessus par les morts. Il ne fallait pas abandonner. Il en était hors de question. Alexandre était entouré par ces monstres. Même si on pouvait croire que les morts avaient l’avantage de par leur immortalité, le capitaine se défendait et ne se laissait guère toucher.

Rick tenait son pistolet et tirait dans la tête de chaque squelette qui s’approchait trop de lui comme de sa jambe de bois. Il appuyait nombre de fois sur la détente et même si les hommes ennemis reculaient à chaque coup, aucun n’était affaibli. Ils demeuraient encore debout.

Powell se battait comme un chef, ils maîtrisaient chaque mouvement à la précision. Il tournait sur lui-même pour frapper chacun de ses attaquants.

La jeune aussi se débattait au mieux. Mais se battre et frapper dans le vide de la sorte ne servirait à rien. Il fallait trouver un moyen de stopper ces squelettes au plus vite.

Un point faible.

Il devait forcément y en avoir. Quelque chose qui pourrait leur laisser le temps de prendre de l’avance sur le Princess Augusta. Mais quoi ?

Qu’est-ce qui pouvait blesser, ralentir ou même arrêter des morts ?

Elle n’avait pas le temps de réfléchir qu’un autre coup la ramena à la réalité. Un des squelettes s’était approché d’elle pour la frapper de toutes ses forces. La jeune dégringola les marches du navire tombant face aux planches du pont. Son sabre avait glissé le long du sol, Marie était allongée sur le bois. La douleur s’était imprégnée de tout son corps. Elle peinait presque à bouger.

Son dos, ses bras, ses jambes… tout était douloureux. Ses larmes devaient sûrement se mélanger à la pluie. Le pirate squelette se rapprochait dangereusement d'elle. Elle ne voulait plus bouger, elle ne pouvait plus bouger. Elle était coincée face à ce monstre qui allait l’embrocher d’une minute à l’autre.

Que faire ? Que pouvait-elle bien faire ?

Elle était trop faible. Elle était trop petite.

Pas assez forte. Pas assez à la hauteur.

Pas assez Pirate.

Encore trop noble. Encore trop coincée dans ces fers qu’elle ne pouvait détruire.

Sa respiration était saccadée, elle ne voyait plus aucun moyen de s’en sortir vivante. La mort l’attendait.

Elle se leva tout de même lentement, le non vivant ne faisait que de s’approcher. Ses genoux contre le sol, elle tenta tant bien que mal de se mettre sur ses jambes. La tête baissée, comme si chaque mouvements qu’elle faisait était une torture, elle réussit à tenir en équilibre sur ses deux pieds. Le visage encore face au sol, elle vit très vite les bottes noirâtres et sales du squelette près d’elle.

Ses yeux dévièrent doucement sur un objet qu’elle n’avait pas encore remarqué, un seau renversé sur le sol. Il était fait de bois avec du fer pour tenir chaque petites planches, une corde permettait aux marins de le porter. Alors qu’elle se pensait perdue à jamais dans les abysses de la mort. Une idée lui traversa l’esprit. Et dans un dernier geste pour se sauver, elle attrapa instinctivement le cordage du seau pour le frapper violemment au visage du squelette.

Celui-ci perdit vite l’équilibre et s’écrasa au sol dans un bruit lourd. Elle l’avait sonné. Puis la jeune en profita pour récupérer son arme, échouée plus loin sur le pont. Le non vivant se releva et se dirigea vers elle prêt à la tuer. Marie empoigna la fusée de son sabre et trancha le cou de celui-ci. La tête tomba au sol.

Pourtant, loin de ce qu’elle pensait, le corps était encore debout. Alors qu’elle regardait la scène étrange se dérouler devant ses yeux, le crâne se mit à disparaître et réapparu quelques secondes plus tard sur son corps initial.

- Surprise ! bondit l’homme.

Elle échappa de justesse à l’attaque pour aller se réfugier derrière le grand mât. Le monstre la rejoignit vite et continua ses assauts. Marie planta son sabre dans le ventre de l’homme, surprise elle-même de ce qu’elle venait de faire mais surtout que celui-ci resta bloqué entre les côtes du non vivant.

- Je suis immortel ma jolie, craqua l’homme avec un sourire invisible sur des lèvres inexistantes.

- Mais pas invincible, rétorqua la jeune en faisant valser sa lame de sorte à ce qu’elle s’échappe du corps du pirate.

Dans ce mouvement incompris, Marie sectionna la colonne du squelette qui s’étala contre le sol tel de vulgaires os. Mais elle savait pertinemment que le combat n’était pas terminé. Elle avait raison, ils n’étaient pas invincibles. Il lui fallait trouver une solution. Il était pourtant difficile de réfléchir dans ce genre de moment, attaqué de tous les côtés par des morts.

Alors qu’un autre non vivant allait s’en prendre à elle, les yeux de Marie s’illuminèrent et elle ne mit pas longtemps avant de réagir. Elle frappa la colonne du squelette et se dirigea au plus vite vers le capitaine de l’Edan.

Alexandre, qui se battait de toutes ses forces pour empêcher ces monstres infâmes de prendre possession de son bâtiment, vit joli cœur arriver. Elle avait le souffle presque coupé, une marque sur le visage sûrement due à une chute, ses cheveux trempés en batailles…

- Capitaine, commença-t-elle vite interrompu par un mort.

L’homme aida la pirate en coupant au plus vite la tête du non-vivant avant de donner un violent coup de pied afin de le faire tomber par-dessus bord.

- Je sais comment les battre, fit-elle en se tournant vers lui. Tenez le plus longtemps possible.

Alors que l’homme essayait de comprendre au mieux et de digérer l’information, Marie attrapa un cordage qui pendait. La main enroulée autour de celui-ci, elle s'élança de toutes ses forces sur le Princess Augusta.

Les morts se protègent. Il faut être fou pour arpenter leur navire. Mais il faut aussi être fou pour prendre l’arme qu’ils gardent.

Marie s’était souvenue de ce que lui avait raconté sa mère, encore une histoire de fantôme. Sauf qu’à la différence, celle-ci avait exprimé un moyen pour vaincre ces horribles choses. Même si elle ne se fiait qu’à un livre d’enfant, Marie voulait aussi croire qu’elle avait raison.

Les histoires racontaient l’existence de bâtiments fantôme sur les eaux. Ces navires qu’aucun vivant n’arrivait à battre. Ne serait-ce par l’immortalité de leur ennemi. Pourtant, il existait bien une chose qui pouvait tous les sauver.

Les morts ne pouvaient mourir une deuxième fois, eux en tout cas étaient prisonniers du triangle. Prisonnier d’une existence éternelle sans but, coincé sur les eaux. Mais, ils pouvaient être affaiblis.

Une arme.

Une seule arme était présente sur leur navire permettant de les arrêter, ne serait-ce que pour un moment. Ils étaient condamnés à la garder à bord, condamnés à en être effrayés. En possédant cette arme, le Red Edan allait enfin réussir à se débarrasser pour quelques minutes, voire quelques heures, de ces pirates squelettiques.

Ses pieds avaient atterri sur le pont du navire fantôme, mais ses jambes lâchèrent lorsque tout son poids se posa sur elles. Marie se releva tout de même les genoux douloureux puis elle lâcha le cordage cherchant cette fameuse arme, celle qui les aiderait à vivre et à s'en sortir de ce maudit triangle ! Et quelle ne fut pas sa surprise quand elle remarqua un sceptre derrière le gouvernail. De couleur rouge feu, il possédait en son centre une belle pierre orangée. Celle-ci brillait comme des flammes ardentes.

Marie devait maintenant réussir à atteindre la barre. Il était d’ailleurs plus simple pour elle de traverser le Princess Augusta. Presque tous les hommes du navire avaient quitté le bâtiment pour rejoindre le Red Edan et combattre l’équipage de vivant.

Pourtant la tâche n’était tout de même pas aussi facile qu’elle ne l’aurait cru. Un homme était resté sur le pont. Et ce n’était autre que Andrew Brook, le capitaine même de l’Augusta.  Sans qu’elle ne puisse réellement comprendre, le mort s’était avancé vers elle d’un pas si rapide qu’elle ne l'avait pas vu. Presque comme téléporté, il avait atterri face à elle, son sabre pointé sur le visage de la jeune.

Le cœur de la femme s’était presque arrêté. Elle ne bougeait plus, fixant le tranchant de la lame qui brillait à la lumière des fanaux attaqué par les gouttes de pluie. Son regard glissa jusqu’au visage, ou plutôt crâne, du capitaine aux yeux ardents.

Alexandre était déboussolé, il ne comprenait guère ce qu’elle cherchait à faire mais il était évidemment hors de question qu’elle meure ici. L’homme se défendit contre quelques-uns de ces pirates osseux pour attraper un cordage. Il rejoignit à son tour le pont du Princess Augusta.

Elle avait les sourcils froncés fixant l’homme face à elle. Il était affreux, effrayant, comme dans les histoires. Et elle avait peur. Mais elle avait appris à défier ses peurs. Marie s’accrochât à son sabre, sans pour autant le dégainer attendant ce qu’allait faire le non vivant.

- Aucun humain ne peut monter à bord de mon bâtiment, grinça Andrew Brook en tournant légèrement sa lame et en fixant le visage de la jeune de ses yeux rougeoyants. Et encore moins lorsque cet humain est une femme. 

On croirait presque que l’homme s’était mit à rire, puis il continua. Marie était toujours sur ses gardes.

- Les femmes portent malheur ma jolie, fit-il en sortant son pistolet et en abaissant son sabre. Tu vas donc mourir ici.

Elle retint son souffle prête à dégainer lorsqu’une silhouette s’interposa entre elle et le capitaine Brook.

- Si un jour elle doit mourir, c’est moi qui la tuerait, argua l’écarlate le pistolet en main.

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