Chapitre 41

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Marie regardait le dos de l’homme, toujours aussi grand et imposant face à elle. Mais elle ne s’en soucia guère. Alexandre venait de la sauver pour la énième fois. Pourtant, ils savaient tous les deux pertinemment qu’il ne tiendrait pas longtemps face à un capitaine pirate décédé. Elle se devait de prendre le sceptre au plus vite.

- Oh, alors c’est votre prisonnière ? craqua le squelette avec un rictus qui s’entendait à sa voix.

- Ma prisonnière ? s’énerva Alexandre. Non ! C’est un pirate ! rectifia-t-il en appuyant sur la détente.

Brook avait esquivé de peu le coup porté par l’écarlate. Ce combat ne s’annonçait pas facile du tout pour l’homme, il espérait d’ailleurs au plus profond de lui que son joli cœur trouve la solution au plus vite. Il ne savait pas ce qu’elle avait en tête, mais il avait aussi appris à lui faire confiance. Dans plusieurs cas, elle avait vu juste. Étant donné que personne ne savait réellement comment se sortir indemne de ce combat, même la plus idiote de toutes les idées était la bienvenue.

Marie s’éclipsa doucement essayant de ne pas attirer l’attention du capitaine Brook. Puis elle grimpa à la barre. Alors qu’elle pensait que c’était gagné, qu’elle allait réussir à sauver l’équipage de cet affreux bâtiment maudit. Marie se retrouva face à deux squelettes qui devaient sûrement garder le sceptre. Ils n’avaient aucune envie de le lui laisser, cela se voyait dans leurs yeux rougeâtres.

- Oh, avait dit Marie dans un élan de surprise lorsqu’elle les avait vu.

Les deux hommes s’étaient ensuite tournés vers elle pour lui faire face. L’un faisait sa taille, l’autre la dépassait de toute sa grandeur. La jeune recula de quelques pas dans le but de marquer une distance avec eux. Mais le grand se mit à bouger, laissant son compagnon surveiller le sceptre. Le pirate rigolait horriblement.

Tandis qu’il faisait de plus en plus de pas vers l’avant, Marie tentait de reculer au mieux. Mais vint le moment où elle se retrouva dos aux escaliers qui menaient au pont principal. Le pirate, dont la main droite était armée de son sabre, lui attrapa le cou afin qu’elle ne puisse plus s’échapper. L’homme ne serra pas sa poigne pour autant, préférant élever son tranchant afin de la lui planter en plein cœur. En tout cas c’est ce qu’il comptait faire.

Elle se voyait encore perdue. Mais ses yeux furent attirés à la ceinture du squelette. La jeune pirate se mit à sourire malgré elle.

- Ne recule pas plus petite, tu finirais par tomber, avait-il dit en faisant un pas de plus obligeant la jeune à toucher l’extrémité de la marche.

- Oh, dans ce cas, chutons ensemble, répondit-elle. 

Marie récupéra habilement le pistolet à la ceinture de l’homme pour tirer dans sa colonne vertébrale. Elle avait pu remarquer ce petit point faible qui permettait de les garder immobile quelques minutes. Au moment même où le coup de pistolet retentit sur le Princess Augusta, le squelette et elle tombèrent des escaliers.

Évidemment la chute fut douloureuse, d’autant plus que les nombreux os étaient tombés sur elle, ajoutant du poids. Mais l’un d’eux était écarté. Il lui fallait maintenant s’occuper du suivant sans prendre trop de temps afin que le premier ne revienne pas pour la trancher en petits morceaux.

Gardant l'arme à feu avec elle, Marie rejoignit pour la seconde fois la barre où elle se retrouva face au deuxième non vivant. L’homme quitta sa place pour venir vers elle une épée en main. Elle ne put réellement comprendre ce qu’il se passait que son dos cogna le bastingage et que son sabre empêchait son adversaire de lui trancher la tête.

Le squelette s’était lancé sur elle, leurs lames l’une contre l’autre. Le pirate de l’Augusta usait des ses bras pour parvenir à tuer la jeune. Marie, malgré la différence de force, fit de même pour éloigner le sabre de sa gorge. Alors, avec le peu d’énergie qui lui restait, la jeune pirate força au plus fort pour pousser l’homme.

Ce qui fut un franc succès, elle attrapa donc le pistolet qu’elle avait pris soin de placer à sa ceinture et tira une balle dans la tête du squelette. L’homme était déséquilibré et laissa sa garde sans défense, son arme légèrement baissée. Marie en profita donc pour donner un bon coup d’épée dans la colonne vertébrale. Le second pirate était lui aussi écarté. Ses os trônaient sur le sol de bois.

Elle n’avait plus qu’à faire quelques pas avant d’atteindre le sceptre. Celui qui les aidera à vaincre ces maudits pirates. Celui qui les aidera à fuir ce bâtiment.

La solution même de leur problème.
Alors que la pluie tombait toujours sur eux, Marie empoigna le sceptre. Il était chaud, vibrant. Une énergie étrange se dégageait de lui, elle l’avait senti dès le premier contact.

Alexandre qui était au sol près à se faire tuer par le capitaine Brook, fut étonné de voir que le pirate ne fit rien. Le squelette s’était arrêté net. Il l’avait senti. Senti que le sceptre ne reposait plus sur son socle. Senti que l’arme qui pouvait les repousser était dans les mains d’un pirate vivant.

Alors que sa tête avait fait un mouvement étrange sur le côté tel un tic, il se redressa pour se tourner vers la barre où il vit la jeune femme en possession de l’arme orangée. Alexandre resta au sol, fixant à son tour son joli cœur sans réellement comprendre sur le coup ce qu’il se passait.

Le premier pirate que Marie avait vaincu à bord du Princess Augusta reprit forme. Celui-ci s’avança vers la jeune, montant les marches de bois, avant d’arriver face à elle et de voir ce qu’elle avait entre ses mains. Il se stoppa directement, levant la tête de quelques millimètres comme s' il tentait de déceler le vrai du faux. Malheureusement pour lui, elle avait bien le sceptre.

Marie ne savait comment s’en servir, pourtant, quelque chose lui vint en tête. Et d’un simple mouvement, le squelette disparu dans une poussière noirâtre presque identique à de la cendre. Le second se remit sur pied à son tour, vite effacé par l’étrange pouvoir du sceptre.

Brook s’était tourné entièrement vers la jeune, approchant doucement vers elle. Alexandre se leva sans pour autant bouger. Il savait, il l'avait vu, son joli cœur ne craignait plus rien. Cette arme arrivait à détruire les squelettes. Elle était protégée. Pourtant, il garda tout de même un œil sur elle, les sourcils froncés près à bondir au moindre problème.

Andrew Brook grimpa lentement les escaliers pour s’avancer tout près de Marie. Celle-ci avait placé le sceptre entre elle et lui, sa pointe vers l’homme. Le capitaine squelette continua de faire quelques pas avant de laisser l’arme le toucher au niveau des côtes. Il plaça sa main droite dessus pour l’appuyer contre lui et regarder Marie par la suite.

- Vous avez gagné. Femme, finit-il par dire avant de lui aussi commencer à disparaître en cendre sur le bois de son bâtiment.

- Non, ajouta-t-elle avant que l’homme ne soit complètement parti. Pirate.

Un rire étrange s’échappa du squelette qui avait fini en poussière comme les deux premiers.

- Vous l’avez trouvé ! intervient Alexandre qui s’était mit à courir pour aller à sa rencontre.

Le capitaine écarlate était encore surpris de ce qu’il venait de voir. Mais il était tout de même heureux d’avoir fait confiance à son joli cœur, qui ne l’avait d’ailleurs guère déçu. Sans même répondre, les deux jeunes gens se regardèrent avec un petit sourire.

Alexandre empoigna un cordage, où Marie fit de même, et ils rejoignirent tous les deux le pont de l’Edan. L’atterrissage fut encore difficile pour la jeune qui avait fini sur les genoux cette fois-ci, sa main gauche la soutenait pour ne pas embrasser le sol de pleine face. Elle se releva prête à en finir une bonne fois pour toute avec ces maudits pirates squelettiques.

Alors commença la chasse aux non-vivants. Chaque homme de l’Augusta qu’elle croisait finit par disparaître dans de douces cendres noires. Alexandre la défendait par derrière, à plusieurs reprises les monstres avaient tenté de l’attaquer dans le dos pour éviter de disparaître. Pourtant, certains d’entre eux avaient fait comme leur capitaine. Ils s’étaient doucement avancé, le regard planté sur le visage de Marie, puis ils avaient laissé le sceptre devenir maître de leur destin.

Au bout seulement de quelques minutes, une bonne dizaine, le Red Edan fut enfin libre. Plus aucun des hommes de Brook n’étaient présents. Marie était sur le pont du navire, le sceptre encore en main regardant calmement le Princess Augusta à côté d’eux.

Celui-ci disparaissait à son tour. Partant du haut du grand mât, venant toucher les voiles, pour se glisser sur le pont et finir par la coque entière du navire. Le bâtiment fantôme n’était plus qu’un tas de cendres vite englouti dans les abysses du triangle. Alors qu’elle regardait la scène se dérouler devant ses yeux, le sceptre dans ses mains attira son attention.

La chaleur était étrange, elle avait presque l’impression de communiquer avec lui. Puis sa lueur orangé s’estompa. La pointe de l'arme parti elle aussi dans un tas de cendres. Tout avait disparu. Même la tempête s’était légèrement calmée. La pluie continuait certes de tomber, mais bien moins conséquente, les vagues avaient diminué en taille.

Le calme était revenu.

Le combat était fini. L’Edan avait gagné contre les morts.

Même le pistolet qu’elle avait pris du pirate squelette n’était plus. Elle avait presque l’impression que c’était la fin d’un mauvais rêve. Que tout n’était qu’illusion. Il n’y avait plus aucune trace des morts. Même le Red Edan avait été réparé. Les trous dans la coque, dus aux boulets de canons adverses, avaient comme par magie disparu.

- Vous nous avez encore sauvé joli cœur, argua l’homme qui était derrière elle.

Marie se tourna vers lui, regardant le visage de l’écarlate. Elle avait presque l’impression qu’il n’était lui aussi qu’illusion. Elle avait eu peur qu’il ne soit plus à son tour. Alors en le voyant là, devant elle, la jeune se mit à sourire inconsciemment.

L’homme commença à repartir vers la barre où Brown avait repris sa place pour continuer de mener l’Edan vers leur butin. Marie le suivait.

- Comment avez-vous su pour le sceptre ? demanda Alexandre qui grimpa la première marche de bois.

- En réalité, je ne le savais pas. Je savais seulement que le moyen de les battre était à bord de leur navire, argua-t-elle en forçant sur ses jambes pour monter jusqu’au gouvernail.

Alexandre se plaça aux côtés de Brown qui tenait un compas. Le timonier plaçait le navire dans la bonne direction afin d’arriver le plus vite au trésor.

- Tout est revenu à la normale, commença-t-il à son capitaine.

Ils étaient tous aussi surpris les uns que les autres. Le gouvernail ne faisait plus de tours sur lui-même, tout comme le compas qui indiquait le Nord comme il se devait de le faire. Il était étrange de voir comme les squelettes avaient disparu aussi rapidement, comme la tempête s’était calmée en même temps. Tout avait l’air de n’être qu’un mirage.

Un rêve.

Ou plutôt un cauchemar.

Pourtant, cet équipage maudit était bien existant, bien réel. Son but dans le triangle n’était pas de tuer tous navires qui franchissaient son sein. Non. C’était bien plus compliqué que cela. Andrew Brook était devenu le gardien de ces eaux maudites.

Le Princess Augusta attaquait chaque bâtiment qu’il croisait. Mais en réalité, il ne laissait passer que ceux qu’il pensait en être réellement digne. Le Red Edan avait prouvé sa valeur en gagnant le combat. En réalité le sceptre n’était que la preuve de la force du navire qu'ils attaquaient. Cette fameuse arme ne tuait pas les squelettes, en revanche elle les empêchait d’agir durant quelques minutes. L’Augusta refera vite son apparition dans les eaux du triangle. Pourtant, Andrew Brook n'attaquera plus l’Edan. Le capitaine squelette regardait les voiles rouges partir vers la forteresse. Il savait que ces pauvres marins n’étaient pas au bout de leur surprise.

Le triangle mettait à l’épreuve quiconque essayait de voler le trésor des abysses. Même s'ils avaient survécu au bâtiment maudit, le cauchemar n’était pas pour autant terminé.

Le capitaine squelette reprit la barre une fois que les voiles rouges ne furent plus visibles. Ses phalanges vinrent toucher le gouvernail et le perroquet du pirate se reposa sur l’épaule de son maître. L’oiseau mort siffla doucement en répétant quelques mots qu’il avait auparavant entendu.

- Larguez les voiles ! Larguez les voiles !

Andrew replaça correctement son tricorne sur sa tête avant de se redresser et se préparer à donner les ordres à ses marins. Tout l’équipage fixait l’horizon. Ce n’était pas la première fois qu’ils laissaient passer un batiment et sûrement pas la dernière. Mais leur honneur de pirate en prenait toujours un coup. Ils venaient de perdre une bataille et c’était toujours douloureux. Au fond d’eux ils le ressentaient.

Le capitaine avait d’ailleurs remarqué que son équipage était éparpillé.

- Au travail bandes de mérinos mal peignés ! cria l’homme ce qui attira l’attention de chaque squelette à bord. Levons l’ancre ! Nous avons perdu, je le sais, mais la prochaine fois nous ne nous laisserons pas faire ! Sommes-nous immortels oui ou non ?!

Chaque homme cru revivre par les paroles de leur cher capitaine. Chacun leva les mains vers le ciel prit d’enthousiasme.

- Oui !

- Je n’ai pas entendu, sommes-nous immortels oui ou non !?

- Ouiii ! cria l’équipage en cœur.

- Alors hissez oh ! ordonna le capitaine.

Chaque mathurin s’était remis au travail. Le Princess Augusta n’allait pas cesser d’exister. Ils venaient d’être vaincus par des vivants. Mais ils n’étaient pas prêt d’abandonner pour autant. Le navire reprit la route dans ses eaux maudites à la recherche d’un autre équipage assez fou pour défier les morts.

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