Chapitre 8

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Marie-Louise ne se tourna pas à l'entente de cette voix qu'elle avait finit par connaître. Toujours accoudé au bastingage, elle regardait plus encore cet océan calme, essayant d'éviter de croiser les yeux de son interlocuteur.

- Vous non plus, visiblement, répondît-elle tout de même avec un air déçue qui ne s'entendait que trop bien dans sa voix, ce qu'elle n'avait pas essayé de cacher.

- Je crois comprendre, joli coeur, que vous n'arrivez pas à dormir. Est-ce à cause de mon équipage ? Ou des branles qui sont peut-être moins agréables que ce à quoi vous avez l'habitude ? continua l'homme en s'appuyant à son tour sur la rambarde de bois.

- Capitaine Black, sachez que je ne me nomme pas "joli cœur" mais Marie-Louise. Tachez de vous en souvenir, s'énerva-t-elle doucement sans pour autant hausser la voix.

- Je trouve tout de même que "joli cœur" vous va le mieux.

- Je suppose que Black le Sanguinaire est un nom qui vous a été donné. Comment vous appelez-vous ? demanda-t-elle sans lui jeter un seul regard.

L'homme, en revanche, s'était tourné vers elle, surpris de cette étrange question. Il pensait qu'elle allait encore une fois le critiquer sur le "forban sans cœur" qu'il était. Pourtant elle avait eu la gentillesse, si il pouvait vraiment appeler ça comme celà, de lui demander son prénom. Il arrêta de la regarder après quelques secondes replongeant son regard vers l'horizon bleu noir.

- Alexandre Henderson, répondît-il.

- Alexandre Henderson... murmura-t-elle en se redressant légèrement. Vous étiez un noble ?

Effectivement elle avait vite fait de faire le lien. Comparé aux pirates qu'elle avait eu le malheur de croiser, le capitaine du Red Edan la vouvoyait, alors que les autres n'en prenaient pas la peine. Et puis, ce nom de famille... elle avait eu la sensation qu'il n'était pas de bas rang.

- En quoi cela vous concerne-t-il ?

- Vous avez raison, cela ne me concerne en rien. Mais je remarque que vous détruisez vos semblables, cracha-t-elle.

- Ah ! la coupa-t-il en se tournant vers elle, croisant le regard bleu océan de la jeune. Je ne les détruit pas, je les pille. Nuance.

- Évidemment, suis-je bête... ironisa Marie en guise de réponse. Vous pillez celui-ci, détruisez celui-là... et à la fin des familles finissent par mourir de blessure ou de faim.

- Et que croyez-vous que nous vivons nous, hein ? Nous sommes pauvres. Nous devons nous battre pour gagner ne serait-ce qu'un demi pain tandis que vous, nobles, vous avez déjà tout. La vie n'est facile pour personne demoiselle, comprenez-le, nous cherchons tous à vivre... à survivre.

- Sauf que vous volez des personnes qui n'ont rien demandé !

- Et vous vous volez ceux qui n'ont rien ! cria-t-il pour se défendre.

L'homme reprit sa respiration, légèrement saccadée par son cri. Il observa la jeune. Elle avait un étrange regard qu'il n'arrivait pas à traduire. Alexandre ne comprenait pas ce qu'elle avait en tête. Ce qui, bizarrement, l'agaçait. Il se baissa légèrement sur le bastingage. Une main sur ses yeux comme pour effacer ce regard qu'elle avait de sa mémoire. Il prit une profonde inspiration avant de retourner son visage, enfin calme, vers joli cœur. Le pirate arrivait à distinguer quelque chose en elle : elle se questionnait. Mais surtout, elle le regardait sans jamais lâcher ses yeux du visage de l'homme.

- Joli cœur, commença-t-il enfin d'une douce voix. Un exemple : vos impôts sont trop élevés. Vous prenez l'argent des personnes dans le besoin, vous demandez plus que ce qu'ils ont. Vous gagnez de l'argent sur le dos de ceux qui n'ont rien.

Il avait espérait au fond de lui qu'elle comprenne enfin que les nobles n'étaient pas dignes de confiance comme elle le pensait. Les sourcils du capitaine écarlate s'étaient froncés à cette pensée. Pourquoi essayait-il de lui faire comprendre ? Elle était de leur côté ! Elle ne comprendrait rien. Et puis, qu'elle idée que de lui dévoiler tout cela... encore une fois son esprit fut torturer par l'humain et le pirate qu'il était. Ne sachant que penser et que faire de tout cela, il détendit pourtant son visage en voyant que les yeux de joli cœur s'étaient eux aussi adoucis.

- Certains nobles se sont battus pour être à ce niveau aujourd'hui.

- Je comprends, mais ne défendez pas les mauvaises personnes, voulez-vous. J'étais certes un noble autrefois, mais ce n'est plus le cas. Nous avons grandi dans deux mondes bien différents.

Lors de sa phrase il s'était légèrement perdu dans ses anciens souvenirs - odieux souvenirs - ses yeux fixant de façon vitreuse cet océan. Alexandre avait pourtant finit par se retrouver une nouvelle fois dans le doux regard de joli cœur, qui n'avait cesser de l'observer.

Marie essayait du mieux qu'elle pouvait de comprendre le point de vue du pirate écarlate. Pourtant tout ce mélangeait : ce qu'il disait et ce qu'on lui avait raconté.

- Les pirates ne sont pas tous horribles joli cœur, reprît l'homme en se redressant faisant face à la jeune noble. Prenez l'exemple de Samuel Bellamy, un bon pirate ! Il fait son travail. Mais pour lui homme, femme, noir, blanc, noble, pauvre... ils sont tous sur un même pied d'égalité. Retenez ceci : ce n'est pas parce que quelqu'un vous dit cela, que c'est vrai pour toutes choses. Avant de juger, apprenez. Avant d'agir, comprenez. Et avant de faire, regardez.

- Et Black le Sanguinaire alors, qu'est-il réellement ? demanda-t-elle en espérant une réponse.

Elle avait eu du mal à prononcer ces quelques mots. Pourtant ils n'avaient rien d'extraordinaire. Mais poser cette question avait fait battre son cœur plus rapidement qu'à l’accoutumé. Marie s'inquiétait même du bruit qu'il pouvait faire. Pourtant, elle ne montra en rien son changement soudain, restant calme face au pirate.

- Je pense que vous plongez dans une histoire bien trop noire pour vous ma chère, se mit-il à ricaner. Il vaudrait peut-être mieux que vous alliez vous coucher, demain sera dur et long.

- Pourquoi, qu'a-t-il demain ?

- Vous le verrez bien assez tôt. Sur ce, je vous laisse joli cœur.

Alexandre fit demi tour, il ne se tourna pas mais senti pourtant le regard océan de la jeune dans son dos. Étrangement, un sourire resta figé sur ses lèvres. Il ne savait que penser de cette entrevue, mais elle lui avait montré une noble différente des autres. Joli cœur était différente.

À son plus grand étonnement, la jeune femme s'était intéressée à ce qu'il disait. Elle essayait au mieux de comprendre tout en expliquant son propre point de vue. Alors qu'un noble, comme il avait l'habitude de voir, se serait limité à son propre point de vue ou ne se serait même pas exprimé. Gardant leurs pensées enfermées en eux comme ils en avaient tant l'habitude. 

Il n'était pas tombé sur la pire. Il le savait. Et en réalité, ça le rassurait de d'avoir joli cœur sur le navire, plutôt qu'une autre - qui aurait été bien plus ennuyeuse -.

Alexandre reparti se coucher, ayant été réveillé par les pas de Marie lorsqu'elle avait rejoint le pont.

La jeune, quant à elle, était restée dehors. Le calme avait reprit son cours laissant un étrange vide sur ce navire et chez Marie. Ses cheveux dans le vent, elle regardait encore cette porte qui venait d'être fermée. Mais qu'espérait-elle à la fixer de la sorte ? À cette pensée elle se tourna de suite vers l'océan. Elle avait réussi à en apprendre un peu plus sur ce capitaine sanguinaire, mais tant de choses restaient encore inconnues.

Seulement, quelque chose la préoccupait plus que ce pirate écarlate : sa nuit de sommeil. Elle n'avait pas assez dormi et elle le sentait dans tout son corps. Pourtant, une boule se forma lorsqu'elle s'imaginait retourner en bas, elle eut un petit recul se tenant le ventre faisant non de la tête.

Il était évidemment hors de question de dormir là-bas. Ses yeux furent attirés vers la voûte éthérée où elle pu y voir un ciel très légèrement éclairé. Marie comprit donc que le soleil allait bientôt refaire surface. Il était donc inutile de descendre si la nuit elle-même était terminée.

La noble se plaça au gaillard avant du navire, assise sur le bastingage, les pieds dans le vide. Elle se tenait à un cordage pour ne pas tomber dans l'océan où les vagues devaient sûrement être gelées. Le ciel devint vite orangé, le soleil caressant l'horizon de sa douce lueur du matinale.

Tandis qu'elle admirait cette vue magnifique, quelque chose attira son attention, un point bleuté s'approchant presque à du noir. Elle plissa légèrement les yeux, comme si cela allait l'aider à mieux voir ce qu'il ce trouvait là-bas, mais sans grand succès. La seule chose qu'elle arrivait à apercevoir était cet étrange point qui se déplaçait sur l'océan. Mais celui-ci disparu d'une seconde à l'autre.

Elle n'avait pas eu le temps de comprendre ce qu'il se produisait sous ses yeux que celà était déjà revenu à la normale. Tellement concentré sur ce qu'il venait de se passer, qu'elle n'avait pas remarqué une seconde que le pont du bâtiment se remplissait de marins. Ils venaient de se réveiller et commençaient leur travail sur le Red Edan.

Le capitaine, Alexandre Henderson, monta à la barre près de son timonier qui était déjà à son poste. Il ouvrit son compas pour regarder leur destination. Observant le Nord, il fit signe au matelot qui tenait le gouvernail de la direction à suivre, une île en particulier. Rick rejoignit vite son capitaine, se mettant à côté de son ami.

- Capitaine, elle est restée toute la nuit dehors ? demanda le boiteux en fixant la jeune assise sur le bastingage.

- Peut-être bien, répondît Alexandre.

- Tu n'en sais rien ?

- Évidemment que je n'en sais rien, je ne suis pas resté avec elle, grogna légèrement le capitaine en rouge.

- Elle est étrange tout de même, murmura Rick en fixant le dos de la noble.

- Les nobles sont tous étranges, tu ne sais jamais ce qu'ils ont en tête, jusqu'à ce que tu retrouves à choisir ton camps.

Le second écoutait attentivement ce que lui disait Black le Sanguinaire. Mais il avait pourtant son regard toujours porté sur la jeune. Elle se leva enfin, faisant bien attention à ne pas tomber dans l'eau. Marie posa ses pieds sur le sol et croisa trois hommes de l'équipage.

Alexandre avait le regard sur elle, sans même qu'il ne s'en rende compte. Il fixait la jeune comme s'illa surveillait de loin. Il aurait juré qu'elle avait peur à ce moment précis. Rien qu'en observant joli cœur, le pirate écarlate arrivait à lire ce qu'elle ressentait. Pourtant, il n'avait pas réussi à le faire plus tôt dans la nuit. Cette fois-ci, il lisait de la peur, une légère panique dans son regard lorsque les trois hommes s'approchèrent d'elle. Il ne savait ce qu'ils étaient entrain de lui dire, mais un petit sourire vint trôner sur les lèvres de joli cœur. Ce qui le surpris. Elle se mit même à rire avec les trois pirates ; Alexandre était encore plus intéressé, ne quittant pas des yeux la jeune femme .

Après quelques minutes, Marie monta près du gouvernail où étaient positionnés Alexandre et son second, Rick. Elle était heureuse de la conversation qu'elle avait eu avec ces marins. Ils n'étaient peut-être pas tous horribles, comme lui avait dit le capitaine.

Marche après marche, elle se plaça une fois, en haut, à côté d'Alexandre. Il avait le regard fixé sur l'horizon et n'eut aucune réaction à la venue de la noble. Elle ne disait donc rien, gardant ce calme ambiant autour d'eux.

Mais Marie repensa à ce qu'elle avait vu sur l'horizon, cette chose à la lueur noire qui se déplaçait sur l'eau. Elle se tourna vers le capitaine qui était toujours concentré sur l'océan.

Il avait un visage calme, neutre, sans aucune émotion qui en émanait. Il n'avait aucun sourire sur les lèvres, ses yeux illuminés par le soleil pourtant grands ouverts face à la lumière éclatante. Elle se surpris à détailler chaque parcelle que composait le visage du pirate écarlate qu'elle avait trouvé horrible au départ. Mais qu'en était-il maintenant ?

Elle ne savait plus du tout quoi penser de lui. Il paraissait gentil, mais quelque chose l'énervait toujours chez lui. Peu importe ce qu'elle faisait ou disait, il avait toujours à redire.

Marie cligna plusieurs fois des yeux essayant d'écarter ses pensées qui allaient partir bien trop loin à son goût si elle continuait de la sorte. Elle se redressa, le regard maintenant sûre d'elle.

- J'ai une question à vous poser.

Alexandre ne se tourna pas joli cœur pour autant, il l'avait vu arriver. Évidemment, l'homme n'avait pu retirer ses yeux de la jeune depuis qu'il l'avait vu sourire avec ses trois marins. Pourtant il s'était empressé de regarder l'horizon quand la noble s'était approchée de lui, comme s'il fuyait les yeux bleus de celle-ci.

- Je vous écoute, répondît-il.

- J'ai vu un point noir au loin, qu'est-ce ?

Elle espérait qu'il puisse répondre.

- Oh, ça. Ce n'est rien, ne vous inquiétez pas pour des bêtises.

- Des bêtises ?

Comment une étrange apparition noire bleuté sortie de nul part pouvait être que des "bêtises" ? Elle craignait à un autre bâtiment pirate - au départ -. Mais celui-ci avait disparu bien trop soudainement pour n'être qu'un navire sans importance.

- Dites le moi, fit-elle tout de même gardant son regard vers celui du capitaine qui fixait encore les vagues.

L'homme se tourna vers elle. Aucune émotion ne se laissait paraître sur le visage du pirate, son attention maintenant plongée dans les yeux de joli cœur.

- Un vaisseau fantôme, le Princess Augusta.

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