Je finis par me garer devant chez moi et enlève mon casque avec énervement. Je rentre et claque la porte derrière moi avant de jeter mon casque quelque part au fond de la pièce, il faut que j'arrête de faire ça, il ne va pas me servir à grand chose si je le balance encore comme ça. En grognant j'essuie le bas de mon nez et fonce vers la cuisine, direction le congélateur. Je vois les autres dans le salon du coin de l'oeil, mais je n'y fais pas attention. Je prends rapidement des glaçons dans la main et les met dans un torchon que je pose sur mon nez, ça fait tellement du bien, même si c'est froid.

- Amélia ? Est-ce que ça va ? demande William en s'approchant de moi, inquiet alors que je me tourne vers lui.

- Est-ce que ça va ? Tu me poses vraiment la question ?  râlais-je.

- Qu'est-ce qui t'es arrivé ? continue-t-il

- Ferme ta gueule avec tes questions idiotes, tu sais très bien comment ça se passe à chaque fois, soufflais-je

Je me mords la lèvre avant de retirer la glace, c'est trop froid. Je touche doucement mon nez, il commence à gonfler, mais pas beaucoup, il n'est pas cassé, il s'est simplement pris un bon coup, c'est déjà une bonne nouvelle. Je remet les glaçons sur mon nez avant de soupirer longuement, en fermant les yeux.

- William, mon nez, c'est ta faute, exclame-je

Je ne rajoute rien alors que mon téléphone sonne. Je souffle et sors dans le jardin, avant de décrocher, encore un numéro masqué :

- La vie est si fragile, si éphémère. Il suffit d'une chose, pour qu'elle s'arrête, ce n'est qu'un fil tendu. Il se peut que parfois, il passe à deux doigts de casser, mais quelque chose l'en empêche. Cette fois, son ange-gardien n'était pas là.

L'interlocuteur raccroche ensuite, ce qui me fait encore plus froncer les sourcils, tout en enlevant le torchon de sur ma nez. Quoi ? Je ne comprends rien de ce qu'il se passe. Il est clair que cette personne est la même que celle qui m'a appelé avant, j'en suis même sûre. Mais, ce qu'il dit, bien que ça ait du sens, je ne comprends pas en quoi je suis concernée, "Son ange-gardien n'était pas là." De quoi il parle ? Je souffle longuement avant de me mordre la lèvre, un ange-gardien, c'est quelqu'un qui protège une autre personne. Dans ses paroles, l'ange-gardien serait quelqu'un qui aurait permis à la personne en question d'échapper à la mort. Qui est-ce que ça pourrait être ? Quelqu'un qui viendrait ou qui a, un jour, échapper à la mort ? Je ne sais pas.

Je soupire longuement en m'approchant de la baie vitrée avant de m'arrêter net, c'est la fille, que j'ai sauvé des flammes, je ne vois qu'elle. Ils semblent lui en vouloir, mais je ne peux plus rien y faire. Après un petit moment, je finis par souffler en rentrant dans la maison, fermant la fenêtre derrière moi. Je me mords la lèvre et va reposer les glaçons, c'est calme, trop calme. Je regarde autour de moi, ils ne sont pas là. Je tends un peu l'oreille avant d'entendre du bruit dans le sous-sol, je les ai trouvés. Je descends donc les escaliers et les observe se débrouiller pendant quasiment une heure.

Beth, Emily, et Sarah sont assez habiles, mais manque de souplesse, surtout en ce qui concerne Sarah, elle tape fort, mais c'est tout ce qu'elle sait faire, elle n'est qu'agressive. Emily, elle ne fait qu'éviter, en tout cas, elle essaye, mais elle n'y arrive pas vraiment. Sans parler de ses coups, ils ne casseraient pas des briques, elle sait cependant bien tirer, c'est un sniper. Et Beth, que dire d'elle. Elle donne l'impression qu'elle sait ce qu'elle fait, mais c'est faux, elle n'arrive pas à correctement se coordonner, c'est un gros défaut.

Passons aux garçons maintenant. Ils se battent tous comme des brutes de décoffrage, jusque-là, ça se voyait déjà bien avant que je ne les vois se battre, mais là, c'est encore plus flagrant. Je voudrais bien dire que chacun a une façon différente de se battre, mais ce serait mentir, car on sent qu'ils ne font que reproduire les mêmes mouvements, qu'ils ont dû apprendre à la boxe ou quelque chose comme ça, je ne vois que cette possibilité. C'est affligeant, ils donnent cette impression de savoir se débrouiller, mais devant eux, ils doivent se prendre tellement de dérouiller, et c'est navrant. Je vois que William m'a remarqué et il s'approche de moi, je sais ce qu'il va dire. Je suis la cible de nouvelles menaces, peut-être que les aider pourrait me permettre d'être davantage en sécurité ? Même s'ils ne seraient pas d'une grande aide.

- Tu comprends ce que je veux dire maintenant ?

- Aucun d'entre eux ne sait se battre, tu veux aller où avec ça ? soupirais-je en secouant la tête d'un air désespéré.

- A ton avis, pourquoi je suis ici ? Ils ont besoin d'une formation d'urgence.

- Pourquoi moi ? Je veux dire, tu en connais d'autres, qui savent aussi bien se battre, même mieux que moi, qui travaille encore, et qui peuvent le faire.

- Parce que tu es la seule instructrice que je connaisse qui soit capable de les former au combat en peu de temps, et j'en ai besoin.

-Qu'est-ce que tu pressens ? demandais-je, suspicieuse. Tu ne demandes jamais rien sans raison, je te connais.

- Un gros problème va nous tomber sur la tête, et les jeunes ne sont pas préparés à ça. Je me suis dis que même si tu ne veux plus de ça, tu nous aiderais.

- Un petit peu optimiste dis-donc, tu as de la chance.

- Comprends bien une chose chérie : tu es ma seule solution à l'heure actuelle. Et si tu ne finis pas par accepter, tu auras le sang de ces personnes sur les mains,.

Je grince des dents en l'entendant et soupire longuement avant de lâcher un petit rire. L'enfoiré, il m'a eu en plus, j'y crois pas. Je ferme les yeux d'un air agacé avant de souffler très fort en hochant la tête, j'y replonge, la tête la première, sans même apprendre à nager. Je m'avance donc vers les autres, tandis que j'entends William rigoler fortement tout en applaudissant, ce qui attire tout le monde. Ils me regardent alors que j'avance vers le ring, ils commencent tous à se rapprocher de moi.

- En cercle. dis-je sans ajout

- Je te demande pardon Carter ? raille McGiver.

- A partir de maintenant, Amélia serait non seulement notre hôte, mais aussi votre instructrice, elle va vous apprendre toutes les bases en peu de temps.

- Les bases ? Désolée, mais on les connais déjà, souffle Sarah. Et je suis sûre qu'on est plus forts qu'elle, ça ne fait aucune doute.

- Fermez-là. Aucun de vous ne peut prétendre être fort, quand on voit comment vous vous battez, et contre qui.

- Je rêve ou tu nous insultes ? enquille Waylon

- Non, je n'insulte personne, je ne dis que la vérité. Sarah, l'agressivité n'est pas le seul moyen de gagner un combat. Emily, éviter ne fait pas tout, et dans ton cas, ça ne fait rien du tout. Mais tu tires bien, tu as donc quasiment ce qu'il te faut pour être ce qu'on appelle un sniper, encore faut-il que tu apprennes à te défendre. Beth, coordonne toi, tes bras et tes jambes peuvent s'actionner pour enchaîner tes adversaires.

- Depuis le temps qu'on vous dit que vous ne savez pas vous battre les filles, rigole John

- Faites comme nous, vous réussirez, poursuit Clay

- Vous pouvez parler, mais aucun de vous n'est mieux pour autant.

- Pardon ? disent Clay et Josh, il me semble

- Aucun de vous ne sait se battre, vous n'avez pas les compétences requises pour être de bons combattants, surtout contre ces personnes-là. Pour savoir se battre, il ne faut pas juste apprendre des mouvements et les répéter en boucle, il faut adopter son style, il n'y a que comme ça qu'on peut se débrouiller.

- Bats toi contre William, lance Sarah, visiblement énervée

- On n'est pas là pour ça, dit le concerné, les sourcils froncés

- Vous voulez qu'elle nous apprenne à nous battre ? On veut voir de quoi elle est capable, continue-t-elle

-Prenez Nolan, c'est le meilleur d'entre vous il me semble, souffle-t-il

-Oui, mais elle nous a observés, donc ce n'est pas du jeu, et la seule personne qu'elle n'a pas vraiment vue se battre, c'est toi, alors, bats toi contre elle, explique-t-elle

Je vois William murmurer un juron dans sa barbe avant de me regarder, je lui renvoie un regard indifférent, peu m'importe, mais j'ai besoin de leur confiance, alors autant que ce soit utile.

- Je crois qu'ils n'attendent que nous, dit-il d'un ton ironique.

- Je vais me servir de toi pour leur montrer quelques trucs, lui murmurais-je à l'oreille quand il passe devant moi alors qu'il acquiesce.

Je monte donc sur le ring, suivi de William, et nous mettons nos gants avant de soupirer. Je me mords la lèvre et commence à l'attaquer, de manière très agressive, sans penser à ma défense, enchainant les coups sur son corps, sans trop forcer non plus. Il finit par me mettre un uppercut dans le ventre, ce qui me fait assez mal je dois dire, mais sans plus, il n'y est pas allé très fort, et il m'enchaîne avec un coup dans le dos qui me met au sol, celui-là, par contre, était assez fort.

- Tu vois, elle peut parler de moi, mais elle n'est pas mieux, ricane Sarah

- C'est normal, j'imitais ta façon de combattre, pas très efficace contre des gens qui sont d'un niveau au moins équivalent à celui de William, soupirais-je en me relevant, un sourire aux lèvres.

Je fais signe de tête à William, et nous recommençons le combat, j'esquive du mieux que je peux, je reproduis les mêmes gestes que j'ai vu lorsque j'ai observé Emily, et je sens qu'elle se tend, elle a compris ce que je voulais faire. Je finis par perdre, une fois encore, par le même enchainement. Je reproduis ensuite la façon dont Beth se bat, puis comment, grosso modo les garçons se battent avant de perdre, une fois de plus, ce qui n'est pas étonnant. Je me relève donc, un léger soupir s'échappe de mes lèvres.

- Bon, vous voyez bien que la façon dont vous vous battez, n'est pas la plus adaptée, déclarais-je

- Montre nous alors la bonne, madame la cheffe, sauf si tu ne veux pas avouer que tu ne sais pas te battre, siffle McGiver.

Je lève les yeux au ciel et regarde William qui semble légèrement essoufflé, ce qui me fait rire. Il prend ce rire comme il devrait le prendre, comme une provocation, il comprend rapidement que les coups retenus c'est terminé, ils veulent du spectacle, ils en auront. Alors que je me mets en place, j'entends mon téléphone sonner dans le coin du ring, ce qui me fait soupirer. Je prends donc mon téléphone et le colle à mon oreille en m'écartant du centre du ring.

-Allô ?

- Tu n'étais pas censée avoir arrêter toi ?

- Quoi ?

Je sors du ring en m'écartant petit à petit de ce dernier, je ne reconnais pas cette voix.

- Je suis ton ancien boss, tu as oublié ?

- Tu m'observes maintenant ?

- J'ai pas vraiment le choix, William ne me tenait pas au courant de l'endroit où il avait trouvé refuge.

- J'ai arrêté.

- Tu les formes et les héberges parce que ça t'amuses alors ?

- Arrête, si tu m'as observé, tu sais bien pourquoi je fais ça.

- Je n'ai donc qu'une seule question pour toi Amélia, et elle va être lourde de conséquences

- Je sais, et j'aimerais y répondre un autre jour si tu le veux bien.

- Je te laisse 36h, pas une de plus.

Il finit par raccrocher et je ferme longuement les yeux. La question est simple, si j'arrête, je les chasse de chez moi, et j'aurais leur sang sur les mains, mais si je décide de reprendre, alors j'ai très peur de ce qui pourrait se passer. Je n'ai pas arrêter pour rien.