Chapitre 1 - Un rêve

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Publié le 26 septembre 2021 à 7h57.

― Je t'ai dit que j'allais le faire !

Je soupire. Ma mère ne cesserait donc jamais de me couver ? Je lève les yeux au ciel et pousse sur mes bras pour passer la porte de la maison. Porte que ma mère vient d'ouvrir.

Pas très pratique pour les déplacements, le fauteuil roulant, mais je sais quand même ouvrir une porte !

― Je voulais juste t'aider, proteste ma mère.

― Je sais, je réponds, et je ne te remercierai jamais assez pour tout ce que tu fais pour moi, mais il y a des choses que je peux faire seul !

― D'accord d'accord, désolée, sourit-elle en me faisant un clin d'oeil.

Je soupire à nouveau.

Paraplégique depuis mes treize ans, renversé par une voiture en sortant d'une librairie car j'avais oublié de regarder avant de traverser la route, je suis depuis lors en fauteuil roulant. Trois ans, et toujours aucun résultat à ma rééducation. Mais je ne perds pas espoir, je me répète qu'un jour je pourrai à nouveau marcher ― même avec une canne ou un déambulateur, qu'importe ! Un rêve. Une chose si simple pour les gens normaux, mais un rêve pour moi.

Je ne vais plus à l'école, j'ai des professeurs privés qui me font cours à la maison. Et je lis beaucoup aussi, énormément. En même temps, il faut bien trouver une occupation quand on n'a pas d'amis à qui parler, quand on ne peut pas sortir en ville, quand on ne peut pas... faire autre chose que rester dans sa chambre, en fait. Si encore j'avais un ami, j'aurais pu lui demander de me conduire à certains endroits, j'aurais pu sortir un peu. Mais vu que je ne vais même pas à l'école et que j'habite en centre-ville... aucune chance d'avoir des amis sans sortir. Et hors de question de demander à ma mère de me conduire partout.

De toute façon, j'aime ce confort, cette routine, je ne m'en plains pas. Et par dessus tout, j'adore lire. Résultat, je connais probablement bien plus de choses que la majorité des adolescents de mon âge. Et ce sans être allé à l'école depuis trois ans !

Ma famille et moi occupons une maison assez grande dans le centre d'une petite ville. Il y a trois étages, tous à nous, et un monte-escalier pour moi. Je vis dans cette maison depuis ma naissance : j'ai grandi en ville et n'ai donc jamais connu la campagne. Un de mes nombreux rêves est d'avoir une grande maison en pleine campagne, avec un jardin. J'aimerais beaucoup découvrir la campagne, mais ce n'est qu'un rêve parmi tant d'autres. Pour l'instant, je suis très content de notre maison, ça me suffit amplement.

J'aime aussi beaucoup apprendre. Et on apprend énormément grâce à la lecture. Alors je peux passer des heures enfermé dans ma chambre à lire sans voir le temps passer. Il faut parfois m'obliger à faire autre chose des mes journées.

― Martin, tu viens manger ? j'entends ma mère crier.

Martin. C'est comme ça que je m'appelle. Un prénom simple et courant, que demander de mieux pour un garçon tout sauf simple et courant ?

Je sors de mes pensées et dirige ma chaise vers la salle-à-manger pour m'installer à table. J'ai une paraplégie et non une tétraplégie, ce qui fait que je peux encore manger moi-même. Seule la moitié inférieure de mon corps ― donc mes jambes, mon bassin et cætera ― est paralysée. La partie supérieure fonctionne parfaitement.

La raison, c'est que ma paralysie n'est pas due aux blessures physiques causées par l'accident ― bien que je suis resté à l'hôpital pendant deux semaines ― mais bien au traumatisme psychologique. Eh oui, ma paraplégie est d'origine psychosomatique. L'esprit qui agit sur le corps. C'est très rare, d'après les médecins. De plus, je n'ai "qu'une" paraplégie incomplète, ce qui signifie que j'arrive encore à... effectuer mes besoins vitaux disons. On peut donc dire que j'ai eu de la chance... Tout est relatif !

Selon toute logique, il serait possible que je remarche un jour, vu que le choc est uniquement psychologique. Malheureusement, il semblerait que mes séances de psychothérapie hebdomadaires ne portent pas leurs fruits. Comme si j'avais un blocage. Enfin soit, ça va bien finir par se débloquer un jour, j'espère...

Pendant le repas, j'écoute mon père raconter sa journée éreintante de travail. Il est architecte et travaille beaucoup, sur des gros projets de la ville entre autres. Il gagne plutôt très bien sa vie, ce qui fait que nous ne sommes jamais dans le besoin. Cependant il n'est pas très présent. Toujours fourré dans son bureau ou chez un particulier.

Ma mère, elle, est psychologue. C'est elle qui s'occupe de mon cas, entre autres. Elle est beaucoup plus présente que mon père, vu que son cabinet se trouve dans notre maison au troisième étage et qu'elle ne travaille pas tous les jours de la semaine. Elle me consacre beaucoup de temps et m'aide énormément dans les choses que je ne sais pas faire tout seul, comme prendre une douche par exemple.

Je suis fils unique. Mes parents n'ont jamais voulu un deuxième enfant. Un seul, c'était déjà suffisant. Il y a des avantages et des inconvénients à cela, je ne pourrais ni dire que j'aimerais avoir un frère ou une soeur, ni dire que j'aime être seul. Je pense qu'on ne peut pas comparer deux choses si l'on n'a pas l'expérience des deux.

― Au fait Martin, commence mon père entre deux bouchées de viande, je vais travailler pendant deux mois, trois jours par semaine, avec un collègue sur un très gros projet de la ville : un centre de loisirs. Il viendra chez-nous dès ce mardi et nous travaillerons dans mon bureau.

― Super ! je réponds. Je suis content pour toi.

― Mais ce n'est pas tout, ajoute-t-il. Son fils viendra aussi à chaque fois avec lui. Je le lui ai proposé car je me suis dit que ce serait une excellente occasion de te faire un ami. Il a ton âge, justement.

― Oh... je murmure.

― Il s'appelle Alexandre.

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