Chapitre 2 - L'invité

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Publié le 2 octobre 2021 à 17h18.

Mardi, 5h30.

Je ne dors pas. Je ne de dors plus. C'est aujourd'hui, c'est le jour. Ils vont venir.

Chaque mardi, jeudi et samedi, ils viendront, et ce pendant deux mois.

Autant dire que "nerveux" est un euphémisme pour décrire mon état actuel.

Je fixe le plafond depuis une demi-heure en évaluant dans ma tête toutes les possibilités de déroulement de cette journée. Il faut dire, pour ma défense, que ça fait bien trois ans que je n'ai plus côtoyé quelqu'un de mon âge. Les seules personnes du "monde extérieur" que j'ai vues en trois ans sont : les infirmières qui viennent si je les appelle ou pour ma séance de contrôle mensuelle, des collègues de mes parents parfois et de temps en temps le plombier ou le chauffagiste. Non, je ne suis pas misanthrope.

*

6h. Je décide de me lever.

Oui, je suis un lève-tôt. Je l'ai toujours été, d'ailleurs. Je ne vois vraiment aucune raison de se lever tard, si ce n'est perdre des précieuses heures sur une journée.

Doucement mais sûrement, je me sors de mon lit par la seule force de mes bras et m'installe sur mon fauteuil roulant. 

Je m'habille avec beaucoup de patience et je me regarde dans le miroir. J'ai des cheveux noir de jais coiffés simplement, sans fantaisie. Je n'aime ni le gel, ni les autres produits à mettre dans les cheveux. Rien ne vaut le naturel. J'enfile un polo bleu et un pantalon noir et ça y est, je suis prêt.

J'avance jusqu'à ma bibliothèque, constituée de quatre grandes étagères en bois et de centaines de livres : du roman à la bande-dessinée en passant par les scripts de films.

J'attrape un livre. Le crime de l'Orient Express d'Agatha Christie. Je l'ai déjà lu des dizaines de fois mais je ne m'en lasse pas.

Je lis jusqu'à midi, quand ma mère m'appelle pour manger. Ma chambre est au rez-de-chaussée, pour que je n'aie pas à utiliser le monde-escalier à chaque fois que je veux aller dans ma chambre. Je ne monte pas souvent les escaliers, et c'est tant mieux !

Pendant le repas, ma mère nous parle d'un nouveau patient : un homme d'une soixantaine d'années qui passe son temps à lui raconter combien il regrette le "bon vieux temps". Alors qu'elle explique qu'à la dernière séance, il lui a amené un bouquet de jacinthes, on entend soudain la sonnette de la maison retentir.

Je me fige. Il y a un moment de silence à table, puis mon père se décide à se lever pour aller ouvrir.

― Ah, bonjour Fred ! l'entend-on s'exclamer. Ça me fait plaisir de te voir. Et toi... tu dois être Alexandre. Enchanté ! Entrez donc, laissez-moi vous présenter à ma petite famille.

Je tourne la tête vers la porte de la salle-à-manger et la vois s'ouvrir sur mon père, accompagné d'un homme et son fils. L'homme doit avoir dans les quarante ans, pas plus. Il a des cheveux noirs, est assez grand ― en même temps il n'est pas très dur d'être plus grand que mon père ― et porte des lunettes.

― Bonjour tout le monde, lance-t-il en entrant dans la pièce.

Ma mère se lève et le débarrasse de son manteau. Il est vêtu d'un costard-cravate, comme s'il se rendait à une réunion importante.

― Bonjour monsieur Clyster, ravie de vous rencontrer. Soyez le bienvenu chez-nous !

― Navré d'avoir interrompu votre repas.

― Oh mais ne vous inquiétez pas, nous avions quasiment fini, répond-elle.

Elle me désigne de la main.

― Je vous présente mon fils Martin. Il a seize ans, comme Alexandre il me semble.

― En effet, acquiesce le père dudit Alexandre.

― Mon mari vous l'a sûrement dit, mais Martin est paraplégique depuis trois ans. Ça veut dire qu'il ne peut plus contrôler le bas de son corps, c'est pourquoi il est en chaise roulante.

Je roule jusqu'à eux pour venir serrer la main de notre invité.

― Enchanté de te rencontrer, Martin, me dit-il.

 ― Moi de même, monsieur, je réponds.

― Ton père m'a beaucoup parlé de toi. J'espère que tu t'entendras bien avec mon fils.

Il termine sa phrase en désignant celui-ci d'un mouvement de la tête.

Alexandre sourit d'un sourire sûrement forcé. Il n'a pas l'air d'être en très bons termes avec son père.

Je me mets à le détailler du regard. Il porte un simple sweat-shirt à capuche blanc et un jean bleu. Il est grand, probablement entre un mètre quatre-vingt et un mètre quatre-vingt-dix. Ses cheveux blonds frisés en bataille sont relativement longs pour un garçon mais n'arrivent pas à ses épaules. Il a le teint légèrement bronzé et des yeux d'un brun profond. Son look est très décontracté.

Nos regards se croisent et il me sourit. Un sourire sincère, cette fois. Mais je détourne le regard. Je ne suis pas habitué au contact humain, je dois vraiment avoir l'air idiot...

― Je suis sûr qu'ils vont très bien s'entendre, dit ma mère.

On verra.

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