Chapitre 28 : L'orage

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Chapitre 28

- FRANK !

Le gigantesque Oiseau-tonnerre se retourna vers elle.

Il semblait hésiter à lui foncer dessus, serres et crocs en avant, ou à se poser sur un rocher pour regarder de plus près cette étrange humaine. Alizée tendit les mains vers lui et ferma les yeux, ce qui sembla surprendre la créature, et elle s'infiltra dans ses pensées.

C'était surprenant ! Son cerveau ressemblait à un blizzard entourant une maison ; elle lutta silencieusement contre le blizzard durant quelques minutes, son esprit aiguisé brisant les congères et traversant la brume, comme des piques transperçant des nuages matériels, pour enfin arriver au cœur de cette tornade glacée et piquante ; un abri chaud où flottaient par rafale des dizaines de pensées à la seconde. Alizée fut aussitôt débordée : trop de pensées l'assaillaient, elle n'arrivait à en percevoir que des parcelles, des fragments, des mots détachés...

Qui... Frank... Newt... Revoir... Comment... Sortir... Chasser... Orage...

Ce méli-mélo de mots se suivait, sans queue ni tête, se précédant à une vitesse ahurissante. La Brise et Alizée s'affrontèrent un moment, trop occupés à parer ou attaquer pour penser à bouger dans la vraie vie ; enfin, elle parvint à trouver le cœur de ces pensées secondaires, des phrases se succédant à une vitesse plus normale quoique supérieure à celle des hippogriffes ou hiboux.

« Bonjour, Frank, » transmit Alizée, « je m'appelle Alizée Samleer-Neigea. »

Contrairement à Lame, Frank était très bavard ! Il l'assaillit aussitôt de bavardages et de questions pressantes, d'une voix de tonnerre.

Alizée ? Qui es-tu ? Comment me parles-tu dans ma tête ? Pourquoi es-tu ici ? Comment connais-tu mon nom ? Frank... On ne m'a pas appelé ainsi depuis...

- Depuis presque un siècle, acheva la jeune fille à voix haute, d'une voix légèrement enrouée par ces longues minutes de silence. Oui.

Il sembla surpris.

Tu es une ennemie ? Pourquoi es-tu ici ? Pourquoi es-tu venue ?

« C'est Newt qui m'envoie. »

Newt ! Newt !

Une image apparut au creux de l'abri : Newt, tenue bleue et pantalon beige, bien plus jeune, souriant avec douceur à un Frank bien plus petit.

« Il a vieilli », transmit Alizée en lui donnant l'image d'un Newt plus âgé mais tout aussi souriant, avec son épouse à côté de lui. « Ça fait longtemps que vous ne vous êtes pas vus. »

Tina, fit Frank dès qu'il vit l'image de celle-ci. Elle va bien ?

« Elle va bien. »

Tu es une amie de Newt ?

« Oui, je veux devenir comme lui, c'est mon idole. »

Pourquoi t'a-t-il envoyé ?

« Un sorcier très méchant dénommé Royle est à ta recherche. S'il me possède, et toi aussi, alors il régnera sur le monde entier, enverra des Détraqueurs partout et tuera ses opposants. Mais pour ça, il a besoin de toi, et de moi, aussi. Ensemble, on pourrait l'aider à détruire le monde. »

Il ne faut pas !

« Non, il ne faut pas. Alors Newt m'a envoyée te voir pour te mettre en lieu sûr. Tu vas revoir Newt. Et Tina. Quand tout sera terminé, alors, tu pourras revenir ici, en sécurité. Tu comprends ? »

Je comprends, mais comment savoir si tu n'es pas envoyée par le méchant sorcier pour m'emmener vers lui ?

« Comment te le prouver ? »

Je ne sais pas.

Alizée eut alors une idée pour lui montrer qu'elle n'était pas une disciple de Royle et leva les mains vers Frank.

« Tu as un esprit puissant. J'ai essayé avec les Sombrals, mais ça n'a pas marché. Peut-être que toi, tu pourras entrer dans mes pensées pour les lire et voir mes souvenirs ? Ainsi tu auras la confirmation que je ne mens pas. »

La Brise agita ses six ailes et secoua la tête, réfléchissant très fort aux avantages et inconvénients de la situation. Enfin, il entrouvrit le bec et lâcha un cri perçant, le ciel se striant d'éclairs jaunes et blancs.

On peut essayer. Comment dois-je faire ?

« C'est simple. Approche un peu, qu'on essaie. »

Approcher de l'humaine ?

« Je m'appelle Alizée. »

Alizée ?

« Oui. Je ne te ferais pas de mal. »

Il hésita, passant en revue tous les scénarios de pièges possibles, puis finit par se dire qu'il était grand et fort, et elle, minuscule et impuissante. D'un battement de ses six ailes, il vint se poser sur une saillie rocheuse sur laquelle tomba un éclair qui le traversa sans, apparemment, lui infliger de quelconques dommages. Depuis ce perchoir, il se baissa vers elle et la jeune fille, émerveillée, tendit une main sans aucune crainte. S'il avait l'intention de lui mordre le bras, elle le verrait de toute façon avant qu'il ne le fasse, puisqu'elle était connectée à ses pensées.

Il approcha son bec d'elle et elle posa sa paume dessus, qu'elle retira aussitôt : elle avait l'impression de s'être prise une décharge électrique – mais elle s'empressa de reposer la main, de peur qu'il ne prenne ce mouvement de recul pour un geste agressif ou un début d'attaque. Elle n'avait jamais réussi à faire ça auparavant, mais il fallait bien qu'elle essaye un jour. Alizée inspira un grand coup puis ouvrit ses pensées au volatile de foudre. Aussitôt, elle eut l'impression de voir toute sa vie défiler devant ses yeux.

Petite, elle collait des affiches d'Aurors connus sur le mur de sa chambre. Elle pleurait parce qu'elle était tombée d'une balançoire. Son père la grondait parce qu'elle s'était dit que les murs du salon seraient beaucoup plus beaux si elle renversait un pot de peinture dessus, ce qu'elle avait fait. Karl l'appelait Étincelle et lui souriait en lui offrant un lapin en peluche. Elle trouvait Fitz et l'adoptait. Elle rentrait à Poudlard et était placée à Gryffondor ; elle envoyait une lettre pleine de mensonges à sa mère. La découverte que Karl était son cousin, sa délivrance, son désir de devenir magizoomage et non pas Auror, son amour pour Zéphyr, ses amis, la mort d'Albe, la trahison de Gill et de Gwendolyn, Alizée en train de relâcher Ambar, Annie qui était un loup-garou. Les bois, Pré-aux-lards, Laden, chez Newt, Kathy et Kenric qui se taquinaient l'un l'autre, l'Occamy-Patronus, Royle, les Détraqueurs, ses doutes à propos d'Annie et Zéphyr, la rébellion à Poudlard... La dispute avec Zéphyr et les mots qu'il lui avait criés... Son désespoir et ses larmes... Son air impuissant...

- STOP !

Alizée fut projetée en arrière et roula dans la poussière rouge, une, deux, trois fois avant de s'écraser au bas du rocher, le souffle court et le visage maculé de poussière pourpre. Elle toussa. Des larmes coulaient sur ses joues. Revoir tous ces souvenirs avec une telle puissance, avec une telle réalité, c'était horrible – surtout la mort d'Albe, les trahisons de Laden, Gill et Gwendolyn, et les derniers événements avec Zéphyr.

Elle reçut soudain une pensée qui ne lui appartenait pas.

Il pense que Kenric et toi, vous êtes ensemble.

Elle releva sa tête maculée de larmes et de poussière. Frank avait dit ça ? Mais il n'avait pas à se mêler de sa vie sentimentale !

Il te l'a crié. Il n'y a rien entre Annie et lui, mais il pensait qu'entre Kenric et toi, si.

D'un côté, elle était nauséeuse : on aurait dit qu'il était dans sa tête – il parlait de ses amis, de ses sentiments, comme s'il avait vécu tout ce qu'elle avait vécu. Enfin, après tout, c'était un peu le cas, vu qu'il avait vu toute sa vie.

Mais s'il avait raison ? Annie et Zéphyr n'étaient pas en train de s'embrasser, ils se tenaient juste le bras. Peut-être était-elle juste paranoïaque... Et ce qu'il lui avait crié, et à quoi elle n'avait d'abord pas fait attention...

« Attends ! Il n'y a rien entre Annie et moi ! C'est toi que j'aime ! Je pensais que toi et Kenric... Attends, Alizée, attends ! »

Oh non. « Je pensais que toi et Kenric... » Et quant il était entré, elle était dans les bras du jeune homme. Oh, non, non. Il pensait qu'elle était en couple avec Kenric, pendant qu'elle était persuadée que lui sortait avec Annie ! Bon sang, quelle idiote elle avait été ! Comment avaient-ils pu se leurrer comme ça ?

En parallèle à son humeur, il se mit à pleuvoir comme si la mer s'était retrouvée accrochée au ciel et se déversait sur eux : des éclairs zébraient le ciel et l'horizon, du tonnerre s'abattait autour d'elle et l'électricité flottait dans l'air. Alizée se redressa d'un bond, les larmes et le sable sur son visage emportés par l'averse, les yeux brillants, couleur orage.

- Frank, s'exclama-t-elle, il faut que tu me ramènes à Wildwind ! Je dois parler à Zéphyr !

Les yeux de la Brise étincelaient ; il s'envola, s'éloigna et revint vers elle en planant sur ses six ailes avant de l'attraper avec ses serres de taille impressionnante. Agrippée à ses griffes, elle vit l'idée qu'il avait en tête et se laissa tomber vers le vide.

- WAAAAH !

Il fondit en piquet et la rattrapa au dernier moment : avec un choc lourd et assez douloureux, elle tomba sur son dos, entre ses deux plus grandes ailes. Frank volait, entouré d'éclairs et de nuages noirs, vers le petit village, survolant les vallées, les canyons et les rivières en quelques instants. Alizée, elle, avait l'air déterminé et fixait son regard sur l'horizon.

Mène-moi à Wildwind !



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Merci beaucoup !

On a dépassé les 1k sur ce livre, et sur les autres, 1,1k, 1,5k et 1,7k. C'est ... énorme!

Désolée si je ne poste pas trop pour la rentrée.

Bises!

Hermy

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