Chapitre 37 : L'Ombre

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Chapitre 37

Alizée était encore en train de sécher un Will trempé et grognon lorsqu'elle entendit les premiers hurlements.

Elle échangea un regard paniqué avec Zéphyr, et ils se mirent à courir, suivis par Teddy et Annie, tandis que Will essayait de se faire léviter à leur suite. Ils sortirent dans la cour et constatèrent qu'une centaine de sorciers paniqués hurlaient et se ruaient en une masse compacte de citoyens vers les portes du Chaudron Baveur : ils passèrent en trombe devant eux, et les Patronus se retrouvèrent séparés dans la mêlée. Alizée se prit un coup de pied dans le ventre et s'étendit de tout son long sur le sol, où elle s'apprêtait à être écrasée par le troupeau de sorciers effrayés.

Ce serait vraiment trop bête, comme mort !

Durant l'infime instant durant lequel elle resta indemne, elle sentit soudain quelque chose, à sa portée, quelque chose en elle, qui pourrait peut-être la sauver, une chose puissante et dévastatrice. Une sorte de poussée d'énergie. Dans l'urgence, elle y fit appel et constata soudain qu'il s'agissait de l'ombre qui la hantait depuis un moment et essaya de réfréner la chose qui menaçait de la dévorer. Trop tard.

Une gigantesque bulle semi-transparente aux parois légèrement grisâtres naquit autour d'elle et repoussa brutalement ceux qui allaient l'écraser dans leur terreur. Ils crièrent et furent projetés en tout sens, tandis qu'Alizée, qui se sentait capable de détruire tout le Chaudron Baveur d'une seule pensée, peinait à garder le contrôle.

En libérant toute cette puissance, elle avait été saisie dans un tourbillon duquel elle ne pouvait s'échapper et elle se sentait incapable de reprendre en main son propre corps. Était-ce ce qu'avait ressenti Karl en étant possédé par Royle ? C'était tellement horrible de n'être que spectateur de ses propres actes !

Des briques du mur que la bulle grise avait démoli explosèrent et des sorciers se mirent à hurler en chœur. Entendant son nom à travers la foule, Alizée ferma les yeux, fort, très fort, pour essayer de se reconcentrer. L'Ombre pouvait détruire toute la taverne, toute la rue, sans doute, si elle la laissait la recouvrir : en plus, c'était douloureux de se battre contre cette masse de destruction, et quelque chose lui disait qu'en abandonnant, elle pourrait enfin être en paix et laisser quelqu'un d'autre prendre les décisions... une douleur insupportable lui écrasait le crâne, l'empêchant de réfléchir. L'Ombre gagnait en puissance.

- Alizée ! hurla quelqu'un. Arrête ! Arrête ça !

Qu'était-elle encore en train de faire ? Qu'avait-elle détruit, qui avait-elle tué ? Elle n'arrivait pas à savoir qui l'appelait. Son crâne la faisait souffrir de plus en plus cruellement.

À l'aide, hurla-t-elle au fond d'elle-même. À l'aide !

Elle perdait pied. L'Ombre prenait lentement le contrôle, et les cris autour d'elle étaient de plus en plus forts, bien qu'étouffés, comme si la bulle l'isolait des sons.

Brutalement, elle parvint à mettre un nom sur celui qui l'appelait. Zéphyr Feliann.

Alizée eut un sursaut et se recroquevilla sur le sol, se tenant la tête à deux mains. Ses cheveux noirs volaient autour d'elle comme des algues agitées par un courant sous-marin et ses yeux avaient entièrement, totalement viré au noir. Elle serra encore plus fort les paupières pour échapper à cette réalité et parvint à lancer une offensive sur l'Ombre, qui se rétracta.

C'est ma tête. Va-t'en !

Les ténèbres massives se cabrèrent et essayèrent de regagner du terrain, mais elle hurla, cette fois à voix haute :

- VA-T'EN !

Comme une pieuvre d'encre ayant étendu ses tentacules, l'Ombre rappela ses prises sur son esprit et se rétracta, totalement, cette fois, dans un creux sur son cœur qui lui servait de repaire. Les cheveux d'Alizée retombèrent sur ses épaules, et elle ouvrit des yeux dans lesquels sa pupille qui avait envahi toute l'orbe reprenait lentement sa place, laissant enfin voir l'iris bleue et le blanc de l'œil.

La douleur disparut en même temps, presque totalement, et elle parvint à se redresser. En regardant autour d'elle, elle n'en crut pas ses yeux.

Plusieurs murs avaient explosé, laissant voir des chambres ravagées de dommages ; des gens criaient en essayant de fuir, mais sa bulle grisâtre leur barrait le passage et elle vit Zéphyr qui frappait désespérément contre la paroi pour essayer de l'aider. Leurs cris étaient comme étouffés par le mur flasque.

Alizée courut vers lui et se heurta à la bulle, qui était élastique mais totalement infranchissable : elle regarda Zéphyr et le paysage désolé, émietté, avec terreur et incompréhension. C'était elle qui avait fait tout ça ! Ce dôme, cette destruction, tout ça, c'était elle, juste parce qu'on allait la piétiner.

« Non. »

Ce n'était pas elle. C'était l'Ombre. L'Ombre avait prit le contrôle de son cerveau, l'avait corrompue, manipulée, parce qu'elle l'avait laissée s'enfuir de son trou et que la pieuvre s'était étendue dans sa tête en lui donnant cette affreuse migraine.

Alors qu'elle constatait cette évidence, l'orbe gris disparut avec un plop ! et la foule lui passa devant, fuyant en criant ces disciples de Royle et – elle le comprit avec un coup au cœur douloureux – la fuyant, elle aussi.

Zéphyr courut vers elle et la serra dans ses bras, la pressant contre lui en lui caressant le dos. Elle se mit à trembler, ballottée par la foule effarée, et il l'emmena dans un coin plein de caisses remplies de bouteilles de Bièraubeurre, loin du troupeau.

- Tu vas bien ? hoqueta Zéphyr. C'était quoi, ça ?

- Je vais bien, souffla Alizée en éludant sa deuxième question et en se plongeant dans ses yeux bleu nuit qui la faisaient rêver.

La jeune fille hésita, puis murmura :

- Ce n'était pas moi qui ai fait ça... C'était...

Là, elle bloquait, incapable de poursuivre. Elle n'arrivait pas à lui dire. Elle ne pouvait pas lui parler de l'Ombre. Et Zéphyr semblait la comprendre.

- Viens, chuchota-t-il doucement. Tu m'en parleras plus tard. Will, Annie et Teddy sont sortis aider Kathy et Ken – il faut qu'on face fuir la population blessée.

- Bien dit.

- Je te laisse te débrouiller ? Je m'occupe des sorcières, là-bas.

Il lui posa un baiser sur le front de sa petite-amie, et elle lui fut reconnaissante de ne pas chercher à en savoir plus. Les dernières traces de migraine disparurent et elle se sentit aussitôt mieux.

Il courut vers de vieilles magiciennes qui hurlaient parce qu'elles avaient perdu leur précieuse pousse de pommier appelée Brigitte-Bernadette et qu'elles ne voulaient pas partir sans elle.

Alizée fouilla la foule du regard, cherchant quelqu'un qui aurait besoin de son aide, et vit soudain Cyrah Deep qui hurlait quelque chose d'incompréhensible, poussée de tous côtés. La jeune fille courut vers elle.

- Qu'est-ce que tu as ? hurla Alizée par-dessus le brouhaha de la foule.

Cyrah lui prit le bras et se mit à pleurer toutes les larmes de son corps sur son épaule.

- C'est Marisa ! Je ne sais pas où elle est ! Je ne veux pas qu'elle meure ! Mary ! hurla-t-elle en mettant ses mains en porte-voix. MARISA !

- Du calme, la rassura doucement Alizée, comprenant son affolement pour son amie. Elle est comment ?

- C'est mon amie... ma meilleure amie... les cheveux violets... elle est gentille, très gentille, je ne veux pas qu'elle meure, je ne veux pas qu'elle meure ! Je ferais ce que tu voudras, mais je ne veux pas que Mary meure !

- Elle ne mourra pas. Suis-moi.

Alizée prit la main de Cyrah et la conduisit dans un coin, à l'écart. Elle attendit que le troupeau de sorciers se tarisse et qu'il ne reste qu'un vieillard qui claudiquait vers la sortie à une vitesse d'escargot, les sorcières qui cherchaient Brigitte-Bernadette et elles.

Pas de fille aux cheveux violets.

Alizée hésita. Elle se souvenait, à présent, de Marisa Smith, de Serdaigle, et elle n'était certainement pas dans la cour du Chaudron Baveur... Cyrah commençait à paniquer et Alizée se dit que ce n'était pas si habituel de chercher la meilleure amie de l'ex de son propre meilleur ami.

- Bon, du calme, Deep, essaya de la calmer Alizée. On va la trouv...

- MARISA ! Marisa ! Marisa, où es-tu ? Ma...

Alizée lui fit signe de se taire. Elle croyait avoir entendu un petit cri étouffé.

En effet, dès que Cyrah eut fini ses hurlements incessants, elle entendit un hurlement venant d'un tas de caisses de carton.

- Sissi !

- Mary !

Cyrah courut vers le tas de boîtes et commença à les jeter en l'air, dans tous les sens. Alizée préféra s'abstenir d'utiliser ses pouvoirs mentaux mais utilisa en revanche un sortilège de lévitation pour aider les deux jeunes filles à se retrouver : Marisa Linah, avec ses cheveux violets et son nez aquilin, sauta dans les bras de son amie en sanglotant qu'elle n'avait plus pu respirer et que c'était horrible.

La magizoomage leur fit signe de s'enfuir, ordre auquel elles obéirent, et elle fila aider le vieillard qu'elle conduisit vers la sortie en moins de deux. La Patronus se retourna en entendant Kenric qui courait vers elle, suivi de Kathy qu'il tenait par la main, tandis que Will flottait au-dessus d'eux, lévitant grâce à la baguette de Will et Annie, qui venaient à leur suite.

Zéphyr, qui s'était enfin débarrassé des sorcières têtues, fila vers eux et ils attrapèrent le bras de Kenric avant de se volatiliser.


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Coucouuu!

Déjà, je voulais vous dire Merci. Oui, encore. Mais là, c'est justifié: ce tome a dépassé les 1,3k de lectures ! Ouiii! Je vous remercie du fond du cœur!

Aussi, si vous avez une idée de chapitre spécial pour la fin de ce tome qui sera l'avant-dernier, svp dites-le-moi avant la fin... Car c'est très bientôt la fin!

J'ai aussi remarqué deux choses : d'abord, les chapitres sont de plus en plus longs. C'est pas ma faute (prend un air de petshop innocent) il y a trop de choses à raconter et j'ai du mal à couper les chapitres. Cette longueur vous gêne-t-elle ou ça va? Et aussi, je finis souvent mes chapitres avec des personnages qui transpanent, c'est peut-être un peu ennuyeux à la longue... N'hésitez pas à me le dire si c'est le cas.

En tout cas, merci, plein de bises!

Hermy


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