Chapitre 49 : La lande des lys

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Chapitre 49

Alizée ouvrit les yeux et fut immédiatement aveuglée par la lumière d'une blancheur stupéfiante qui l'entourait. Elle s'aperçut alors qu'elle était étendue au sol, mais pas dans les gravats de Londres à l'odeur de sang et de cendres, mais sur un parterre doux, qui lui chatouillait la peau avec douceur, et avec le délicat parfum des fleurs printanières. Elle se redressa en position assise et constata avec surprise qu'elle était dans une grande clairière d'herbes hautes, de pissenlits et d'autres boutons d'or. Le ciel était d'un blanc lumineux tirant vers l'or, si brillant qu'il en était aveuglant.

Elle baissa les yeux, et découvrit qu'elle ne portait plus son jean déchiré, sa cape, son T-shirt blanc et son écharpe de Gryffondor mais une longue robe blanche, légère, qui la surprit car elle n'avait pas froid alors qu'ils n'étaient qu'en début de printemps. Ici, à vrai dire, il faisait bon et l'air était agréable. Mais où était-elle ? Qui l'avait amenée ici ?

Difficilement, elle se redressa et se tint debout, surprise de ne pas voir ses jambes fatiguées se dérober sous elle. Alizée fouilla la clairière du regard : elle s'étendait à l'infini, au loin, de tous les côtés, les herbes et les fleurs agitées par une douce brise qui faisait également voleter ses cheveux en tout sens. Elle se dirigea vers un petit ruisseau qu'elle entendait serpenter au milieu du champ, et regarda son reflet dans l'eau ; pas de sang sur son visage, pas de plaies béantes, pas d'ecchymoses sanguinolentes, pas même de traces de cendres et de crasse sur sa peau pâle : pas de doute, elle devait rêver. Mais le fait même qu'elle ait fait ce constat lui indiquait que ce n'en était pas un normal ; dans un rêve habituel, on ne comprenait pas qu'on était en train de rêver. Elle se redressa pour chercher un bâtiment ou une personne aux environs. Loin devant elle, elle avait l'impression de voir une vague sur les herbes, comme si elles étaient englouties par l'eau. Elle s'aperçut alors qu'il ne s'agissait pas du tout d'eau. Deux silhouettes s'avançaient vers elle d'un pas lent, et sous leurs pieds, des dizaines de lys blancs et rouges fleurissaient, se rependant sur leur passage comme des racines d'arbres poussant sous terre. Les deux silhouettes étaient, elle s'en aperçu en s'approchant, Albe et Annie.

Elle n'aurait su dire laquelle invoquait les lys rouges et laquelle faisait apparaître les blancs. Mais elles avançaient vers elle d'un pas lent mais décidé, enjambant les fougères et les feuilles dansant dans la brise avec aisance. Albe avait les cheveux bruns attachés en deux tresses qui sursautaient sur ses épaules à chacun de ses pas ; son visage doux et souriant était illuminé d'une aura de bonheur, elle était propre comme si elle n'était jamais tombée dans une flaque d'eau de mer saline à sa mort, et elle portait une délicate robe bleu pâle. Celle d'Annie était rose pastel : celle-ci n'était plus couverte de cendres, avec du sang coulant de sa bouche et de sa blessure au cœur. À vrai dire, la blessure avait disparu. Son unique tresse blonde reposait dans son dos, ses lèvres fines et pâles s'étiraient en un sourire gentil. Elles étaient assez différentes, mais partageaient leurs yeux clairs et brillants d'attention et de gentillesse.

- Albe ? balbutia Alizée. Annie ?

Sa voix était normale, pas saturée par les cendres qui lui emplissaient les poumons durant la guerre, ni rendue rauque par ses pleurs et sa colère.

Comment ses amies pouvaient-elles être devant elle ? Elles étaient mortes toutes les deux.

- C'est vraiment vous ?

- Salut, Lizzie, lui sourit Annie.

La sorcière sentit sa gorge se serrer, repoussant ses sanglots.

- Je suis désolée, dit doucement Albe. On ne voulait pas te faire pleurer.

- Désolée ? hoqueta Alizée. C'est moi... Tout ça est de ma faute... Je suis tellement navrée, je ne voulais pas que ça vous arrive... Albe, tu allais grandir, te marier, peut-être à Teddy, devenir médicomage... Annie, tu allais guérir de ta maladie, poursuivre tes études et devenir celle que tu souhaitais... Et moi... C'est de ma faute...

- Lizzie, ne pleure pas, s'il te plaît, murmura Albe. Rien n'est de ta faute, bien au contraire ; tu viens de préserver des centaines de personnes innocentes en combattant Royle.

- Mais... Vous êtes mortes.

- Ne pleure pas, supplia Annie.

Elle serra les dents. Comment pouvait-elle leur parler ? Comment tout ceci pouvait être possible ? Elle s'efforça de chasser ses larmes pour leur sourire, apaisée par les vapeurs parfumées émanant des lys blancs et rouges et par leurs voix réconfortantes.

- C'est vrai, on est mortes, mais ne plaints pas les morts, Lizzie. Ne te perds pas dans le passé. Va de l'avant et aide les vivants au lieu de t'égarer dans le passé en regrettant ce qui ne sont plus.

- Est-ce que c'est mon tour ? De mourir, je veux dire.

Cela expliquerait sa présence en ce lieu. Était-ce le paradis ?

Albe et Annie échangèrent un regard entendu, puis se tournèrent vers elles.

- C'est à toi de voir. Après ce que tu as traversé, peut-être que tu veux te reposer et laisser tes responsabilités de côté.

- Je sais pas...

Alizée hésita. Effectivement, elle ne voulait plus être la sorcière de seize ans qui avait affronté Royle et qui se devait de sauver et protéger le monde. Elle se souvint du soir de la mort d'Albe, quand elle était restée au sommet de la tour d'Astronomie à se demander si elle devait sauter pour s'écraser au bas du château. À envisager sérieusement le suicide.

- Oui, peut-être qu'au fond, je veux mourir.

Puis des visages lui vinrent, Zéphyr, Kathy, Kenric, Gwenn, Teddy, River, Karl, et tous les autres... Qui l'attendaient dans le monde des vivants...

Elle entendit une voix l'appeler derrière elle, celle de Kenric.

« Tu ne peux pas mourir, Lizzie ! »

Ils devaient tellement s'inquiéter de ne pas la voir se réveiller. Non, après la mort d'Annie, elle n'allait pas les faire souffrir encore plus.

- Annie, Albe... Vous m'en voudrez si je retourne là-bas ?

- Bien sûr que non, sourit Annie. Bien au contraire. Je te trouve courageuse d'avoir la bravoure de retourner affronter tout ça.

- C'est qu'il faut que j'y aille... Tous les autres... Je ne peux pas leur faire ça.

De nouveau, elle entendit la voix de Kenric au loin.

« Lizzie, on a besoin de toi. Reviens, je t'en prie. »

Elle regarda Annie et Albe, qui lui souriaient avec confiance.

- Les images que Royle m'a montrées... Elles étaient réelles ?

- Oui, répondit Albe.

- Alors... argua Alizée. Victoire, Yx, Klyr, le professeur Chourave, Alithéa... ils sont morts ?

- Tu le sauras si tu y retournes, dit simplement Annie, évasivement.

- Et Tina est avec vous ?

- Oui.

Elle hésita à nouveau. Elle entendait toujours les appels derrière elle. Non, décidément, elle ne pouvait pas laisser ses amis appeler jusqu'à désespérer. Et puis, il y avait Zéphyr, qu'elle aimait, l'amour et la vie qu'elle avait imaginés, et leur éventuel futur enfant pour lequel elle avait déjà choisi le prénom « Lukas ».

Laisser cette vie rêvée pour mourir et rejoindre la sérénité de la mort, Albe, Annie, Tina, peut-être Yx, Victoire, Klyr, Pomona Chourve et Alithéa ? Non... Elle n'abandonnerait pas la vie. La vie était un cadeau d'une valeur incommensurable.

- Vous savez... Vous allez tellement me manquer !

- On se reverra, promit Albe. Un jour.

- Oui, reprit son amie aux cheveux blonds, et on sera réunis à nouveau. Tous.

Alizée hocha la tête. Elle sourit à ses amies.

Pauvre Annie. Elle avait tant perdu.

Perdu son humanité en devant loup-garou.

Perdu ses deux meilleures amies l'une après l'autre.

Perdu son petit-ami Juan.

Perdu son ami Klyr.

Perdu sa santé en devenant anorexique.

Perdu sa joie de vivre en devenant dépressive.

Et à présent, elle avait perdu la vie.

Lycanthrope, anorexique, dépressive, morte. Tant de fléaux qui s'étaient abattus sur elle alors qu'elle n'avait même pas seize ans. Et Albe, délaissée par Teddy qui préférait Victoire, aimée par celle qu'elle ne considérait que comme son ami et qu'elle avait peur de briser, promise à un avenir resplendissant qui avait éclaté sous ses yeux en milliers de fragments brillants...

Au moins, à présent, elles étaient souriantes et heureuses, ensemble, meilleures amies même dans la mort.

- Prenez soin l'une de l'autre jusqu'à ce que je vous rejoigne, demanda Alizée.

- Juré, répondirent-elle en chœur, avant d'échanger un regard complice et amusé et de rire aux éclats, faisant frémir les lys rouges et blancs.

Alizée se détourna d'elles après leur avoir adressé un dernier regard, puis elle marcha dans le champ de lys, les cheveux agités par le vent, jusqu'à sentir une présence auprès d'elle. Elle se dirigea vers elle et eut l'impression qu'elle lui prenait gentiment la main pour la tirer loin du champ, à travers des ténèbres épaisses.

Elle fut emportée loin, très loin de la vallée de lys où ses deux amies défuntes la regardaient avec un sourire sur les lèvres, et arriva enfin à rejoindre son corps. Éreintée, elle ne parvint pas immédiatement à s'éveiller et resta dans un état de mi-conscience. Elle se réveilla plusieurs heures plus tard, à Poudlard, chez elle.


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Merci pour tous vos retours ici, sur Silur, et sur la Fangirl, le petit livre de gifs provisoire que j'ai posté. Et aussi pour toutes les questions pour la FAQ, etc. ! Je vous adore, vous êtes les meilleurs lecteeeurs <3

Bises,

Hermy

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