~Chapitre 24~

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NDA : Bonsoir bonsoir. En écrivant ce chapitre, j'ai subitement décidé de changer un petit quelque-chose dans l'histoire, alors je vous conseille vivement de relire le chapitre 22 avant de lire celui-ci... Merci à tous de votre compréhension ! Vive la République, la France et les raclettes.

Bonne lecture !

La nuit commençait à tomber et le camp du Clan du Lac baignait dans la lumière du crépuscule. Les chatons étaient dans la pouponnière, blottis contre le ventre de leur mère, les apprentis rentraient tour à tour dans leur tanière, tandis que quelques guerriers se préparaient pour une patrouille frontalière.

Dans l'antre de la guérisseuse, Feuille Vive s'occupait de trier des graines de pavot. Elle en garda quelques-unes de côté et se tourna vers les nids réservés aux malades et aux blessés. Tous étaient vides, sauf un, où reposait une guerrière rousse. Celle-ci faisait peine à voir. Son pelage, autrefois flamboyant, était terne et sa fourrure était emmêlée comme si des chatons avaient passé leur journée à jouer avec. On ne voyait dans ses yeux mi-clos qu'un voile vitreux dans lequel se reflétaient la fatigue et le chagrin. Ses côtes ressortaient de chaque côté de ses flancs et elle était secouée de frémissements incontrôlables.

- Écaille d'Eau ? Risqua Feuille Vive d'une voix emplie de douceur.

L'intéressée ne réagit pas.

- Écaille d'Eau... Tiens, je t'ai apporté des graines de pavot. Cela va t'aider à t'endormir.

Du bout de sa patte, elle poussa les graines noires vers elle.

Voyant que la guerrière ne bougeait pas, Feuille Vive lécha son coussinet et colla les graines dessus. Elle la tendit sous le museau d'Écaille d'Eau.

- Lèche ma patte.

  Écaille d'Eau s'exécuta faiblement, et les graines se collèrent à sa langue.

Au même moment, Étoile d'Argent, la meneuse, pénétra dans l'antre de la guérisseuse, et, sondant Écaille d'Eau d'un regard soucieux, demanda à Feuille Vive.

- Comment va-t-elle ?

- Son état ne s'améliore pas. Elle est de plus en plus faible, ne mange plus et peine aussi à dormir. Je lui donne tout ce que je peux pour qu'elle aille mieux, mais...

Feuille Vive marqua une pause, hésitante.

- Mais... ? S'enquit Étoile d'Argent.

- J'ai peur qu'elle ne s'en sorte pas. Elle a perdu beaucoup trop de forces et n'est plus maître de son corps, murmura la guérisseuse dans un souffle, si bas que la meneuse dût tendre l'oreille pour l'entendre.

Un lourd silence s'installa dans la tanière, seulement ponctué par la respiration irrégulière et rauque d'Écaille d'Eau.

Étoile d'Argent se mit à observer la guerrière autrefois si active, si dévouée aux activités du clan, si bienveillante envers tout le monde.

- Lai...laissons-la se reposer pour l'instant, d'accord ? miaula doucement la guérisseuse.

La meneuse acquiesça et sortit rapidement de la tanière, la queue entre les pattes.

***

Une partie du clan dormait, l'autre était divisée en une patrouille de chasse et une patrouille de frontières. Et comme toutes les nuits, un chat était resté devant le camp pour le surveiller.

Dans la tanière de la guérisseuse, celle-ci ronflait, roulée en boule, dans un coin de sa tanière. De l'autre côté, Écaille d'Eau, elle, avait les yeux grands ouverts. Elle réfléchissait. Elle réfléchissait à toute vitesse.

Puis enfin, elle prit sa décision. Elle rassembla toutes les forces qu'elle avait dans les muscles de ses pattes, et se leva. Chancelante, elle parvint  à atteindre l'entrée de la tanière. Elle serra les dents et se concentra sur ses pattes et elle se retrouva à l'air libre. Tout à coup, se sol se déroba sous ses pattes et elle s'écroula, dans un gémissement de désespoir. Elle stoppa tout mouvement et sentit la tristesse l'envahir. Puis elle secoua la tête.

Il faut que j'y arrive. C'est le seul moyen.

Elle se redressa à grande peine, et essaya d'avancer comme précédemment, mais retomba de nouveau. De rage, elle frappa le sol de ses pattes avant.

Mais sa motivation s'enflamma dans son corps et son esprit et elle entreprit de se traîner à l'aide de ses pattes avant. Elle pria silencieusement le Clan des Étoiles pour que personne ne sorte de sa tanière à ce moment là ou que les patrouilles ne rentrent pas.

Après multiples efforts, elle arriva devant la tas de gibier, bien garni en cette saison des feuilles vertes. Elle eut un moment de doute, mais se rassura en se disant que le gibier abondait, en ce moment. Ses camarades n'auraient pas de mal à retrouver un tas aussi garni.

Alors elle prit une musaraigne, qu'elle dévora. Puis elle choisit un campagnol, qui subit le même sort. Elle dévalisa ainsi la réserve de gibier du clan, avec un pincement au cœur. Mais à partir de maintenant, elle ne faisait plus partie de ce Clan. Elle n'était plus Écaille d'Eau. A présent, elle redevenait Aube. Elle était née sous ce nom et mourrait en tant que tel.

Elle finit de manger. Elle avait repris des forces et pouvait maintenant se lever. Elle se dirigea sans un bruit vers le coin des besoins et jeta un rapide coup d'œil à  Plume de Suie, assis tranquillement devant le tunnel de ronces. Le chat noir regardait fixement devant lui, attendant sûrement le retour des patrouilles. Malheureusement pour Aube, il était bien réveillé et l'entendrait au moindre bruit qu'elle ferait. Heureusement pour elle, ce guerrier avait aussi un problème d'odorat. Il y a quelques lunes, il s'était pris un coup de griffe puissant sur le nez, ce  qui avait diminué fortement ses capacités et conduit à une certaine perte de l'odorat. En revanche, son ouïe était aussi fine qu'une moustache.

Alors qu'Aube réfléchissait à un moyen de passer sans se faire entendre, la chance lui sourit : une proie remua dans les fougères non loin, attirant irrésistiblement l'attention de Plume de Suie. Celui-ci remua ses moustaches et concentra toute son attention sur l'écureuil qui venait d'apparaître du côté opposé à Aube, qui pût s'engouffrer dans la forêt sans un bruit et sans se faire remarquer.

***

Les crocs de la chatte rousse se plantèrent bien vite dans la chair délicieuse du campagnol qu'elle venait d'attraper. Sa proie était bien dodue, ce qu'elle trouvait assez étrange en ce début de mauvaise saison.

Elle finit rapidement sa proie et se remit en route. Elle pensait quelques fois au Clan du Lac et regrettait bien souvent les journées paisibles qu'elle y passait, mais d'un autre côté, elle était bien contente d'être sortie de cette transe presque suicidaire qui avait bien failli l'engloutir. Un éclair l'avait frappé, un éclair noir comme un corbeau et aux yeux verts transcendants, qui s'était traduit comme une évidence dans son esprit : elle devait partir à la recherche de son fils.

Ainsi, cela faisait deux saisons qu'elle poursuivait son voyage et elle sentait qu'elle n'était pas loin. Elle était persuadée que le Clan des Étoiles la guidait. Car bien qu'elle soit née chatte errante, elle avait très vite adopté cette croyance envers le Clan des Étoiles. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'elle s'était lancée dans ce voyage : elle savait que jamais elle ne serait seule.

Tandis qu'elle marchait, elle regarda autour d'elle. De hautes collines l'encerclaient, des collines dont le sommet se perdait dans les nuages. Elle se sentait démunie, intimidée face à ces géants pourtant si verts et d'apparence chaleureuse. Elle se trouva bientôt face à un ravin entre deux plateaux, seulement reliés par un énorme tronc d'arbre.

La peur l'envahit lorsqu'elle jeta un coup d'œil vers le fond du ravin, mais elle déglutit difficilement, et, ne voyant aucun autre choix se présenter à elle, entreprit de monter sur le tronc d'arbre. Celui-ci était couvert de mousse et rendait la tâche très difficile. Aube y plantait ses griffes de toutes ses forces pour éviter de glisser.

La terreur l'envahit lorsqu'elle dérapa soudain, une de ses pattes avant partant dans le vide. Son poil se hérissa au maximum et elle miaula désespéramment en tentant de retrouver l'équilibre. Ce qu'elle réussit tant bien que mal, son cœur battant à toute vitesse. Les yeux écarquillés, elle reprit son souffle et continua à avancer, tous ses sens en alerte. 

Finalement, elle arriva de l'autre côté. Elle soupira de soulagement lorsqu'elle bondit sur le plateau. Soudain, elle sentit une odeur étrangère.

Encore ? grogna-t-elle en son for intérieur. A quoi dois-je faire face cette fois-ci?

- Hé ! Toi !

Elle se retourna vivement et vit une patrouille de trois chats de l'autre côté du tronc d'arbre. Elle ne tenta pas de fuir. Au contraire, elle s'assit, la queue enroulée autour des pattes.

Peut-être que ces chats pourront m'indiquer la route à suivre... Et puis de toute façon ils vont mettre des lunes à traverser ce tronc d'arbre.

Mais la chatte rousse hoqueta de stupeur lorsqu'elle vit les nouveaux arrivants monter aisément sur le tronc et traverser aussi facilement qu'un guerrier affamé dévore une musaraigne.

Elle n'eut pas le temps de faire un mouvement, les chats se tenaient déjà devant elle, la toisant avec un air féroce. Deux étaient gris aux yeux bleus et l'autre était écaille aux yeux verts.

- Qu'est-ce que tu fais là ? lança l'un des deux gris.

- Heu... bonjour, répliqua Aube, un peu perdue.

- Dégage de là, ici c'est notre territoire. 

Pardon ?

- Pardon ? feula Aube, irritée. Calmez-vous, je viens juste...

Elle s'arrêta d'un coup de parler et dévisagea ses interlocuteurs du regard.

- Comment ça, votre territoire ? Vous faites partie des Clans ? 

Un lueur d'espoir naquit en elle mais s'éteignit rapidement lorsqu'elle croisa le regard du chat écaille, rempli de haine.

- Plus maintenant.

- Viens avec nous, miaula un des gris, plus calmement que son camarade, néanmoins d'un ton ferme. Si tu viens des Clans, tu dois venir avec nous.

Confuse, Aube s'obligea à les suivre. De toute façon, elle ne survivrait pas à un combat contre ces trois chats. Et elle était beaucoup trop faible pour courir. Ils la rattraperaient.

***

Après quelques instants de marche dans le silence, pendant lesquels elle essayait d'identifier où ils étaient et de retenir le chemin au cas où elle aurait besoin de s'enfuir. 

Ils pénétrèrent bientôt dans une grotte, tellement haute qu'on ne pouvait distinguer le sommet.

Aube tressaillit. Elle avait un étrange sentiment de déjà vu.

Elle leva la tête et vit avec effroi qu'elle était encerclée de chats qui, perchés du haut de leurs antres surélevées, la fixaient avec mépris.

Une voix la sortit de son observation.

- Qu'avons-nous donc là ? Salutations, je suis Étoile Rouge.

Un imposant chat roux venait de sortir de l'ombre. Il avait une allure de chef et ses yeux bleus fantomatiques la transpercèrent de tout part. A partir de ce moment, une pensée lui frappa l'esprit : elle avait reconnu l'endroit dans lequel elle se trouvait. C'était la grotte de son rêve.

- Elle n'a pas l'air très bavarde, ricana le chat roux, tirant la guerrière rousse de ses réflexions. 

Cette dernière se rendit compte que tous les chats présents dans la grotte l'observaient et ils étaient très nombreux. Aucun n'avait une once de chaleur dans son regard. Elle avait l'impression qu'au moindre geste de sa part, ils lui sauteraient dessus pour la déchiqueter. 

Elle inspira profondément et rassembla tout son courage pour toiser à son tour le chat devant elle. Le menton relevé, elle lança d'une voix qu'elle voulait forte et assurée :

- Je suis Aube. Je suis à la recherche de mon fils. 

Un long silence s'installa durant lequel toute son assurance disparut.

Puis une odeur qu'elle ne pensait ne plus jamais sentir parvint jusqu'à ses narines.

Elle leva ses yeux et croisa ses yeux. Elle peina à le reconnaître.
Il avait largement atteint sa taille adulte, il était robuste et musclé, et son pelage noir luisait de santé.

Il ressemble tellement à son père... 

Son visage était dur et impassible, mais elle crut déceler dans son regard vert une once de surprise et de détresse. Il était sans doute bouleversé de revoir celle qui l'avait mis au monde.

Tandis qu'Étoile Rouge observait la scène avec un intérêt déstabilisateur, Corbeau s'approcha de la femelle rousse, méfiant.

- Maman ? Souffla-t-il.

À ce moment là, les yeux d'Étoile Rouge se plissèrent, et le bout de sa queue remua.

- Mon fils... hoqueta Aube.

Elle fit un pas vers lui mais il recula. Puis la patte massive du meneur s'abattit sur elle, la clouant au sol. Elle cracha férocement.

- C'est mon fils, je suis venu le récupérer ! Lâche-moi immédiatement !

- Quoi ? Feula le Corbeau en se rapprochant de son chef.
Étoile Rouge le fit taire.

- Corbeau était un chaton quand il est venu me trouver. Je l'ai pris sous ma protection, et maintenant il fait partie des nôtres, et est même mon lieutenant. Il n'ira nulle part.

Il se tourna vers le concerné. « À moins que tu ne veuilles l'accompagner ?

- Non ! s'écria le chat noir. Je resterai avec vous jusqu'à ma mort, car ma place est ici. Je ne te trahirai jamais, Étoile Rouge. Après tout ce que tu as fait pour moi... - il hésita - Mais, laisse-la partir, au moins.

Étoile Rouge eut un rictus.

- Tiens donc... Tu fais preuve d'affection envers cette chatte ? Je dois t'avouer que cela me dérange un peu. Elle représente ton passé, celui que tu as choisi d'oublier en intégrant cette tribu.
Le lieutenant écarquilla les yeux, craignant la suite.

- Et ce passé ne doit pas refaire surface, poursuivit le meneur en se jetant sur Aube.

Cette dernière se releva aussi vite qu'elle le pu et évita la charge de son adversaire de justesse. Mais ce dernier pivota si rapidement qu'il la percuta de plein fouet, et elle alla s'écraser contre un rocher non-loin. Le souffle coupé, elle grimaça de douleur lorsque le chef lui planta ses griffes dans ses épaules. Il plaqua son museau contre le sien, en crachant.

- Corbeau a choisi son camp, il y a longtemps. Il m'a voué sa loyauté. Tu n'as rien à faire là. Mais tu vas cependant m'aider grandement...

Aube lui martela soudain le ventre de ses pattes arrières. Elle parvint à se libérer quand son adversaire recula sous la douleur. Sans attendre, elle lui flanqua un coup de griffe et lui déchira l'oreille gauche. Puis elle attaqua encore une fois, en visant la gorge, cette fois-ci.

Je le tuerai s'il le faut.

Mais avant qu'elle n'ait le temps de refermer ses mâchoires autour de la gorge du meneur, elle se sentit soulevée de terre avec une force et une vitesse impressionnantes. Elle ne comprit pas ce qui lui arrivait, elle sentit juste une grande douleur lui parcourir soudain sa colonne vertébrale. Quand elle reprit ses esprits, elle était étendue sur le sol, Étoile Rouge au-dessus d'elle, qui la toisait.
Puis sans crier gare, il lui asséna une baffe puissante qui projeta sa tête sur le côté. À demi consciente, elle vit à travers ses yeux plissés Étoile Rouge se diriger vers Corbeau :

« Achève-la »

Le chat noir, qui avait suivi toute la scène sans intervenir une seule fois, sembla pris au dépourvu.

- Co...Comment ?

- Tu m'as bien entendu. C'est le prix à payer pour me prouver entièrement ta loyauté, dont tu as réussi à me faire douter...

- Mais... Mais c'est ma mère !

- Elle est ton passé. Nous sommes ton présent. À toi de choisir, à présent. Je te laisse le choix : tu restes avec nous, où toi et ce sac de poils roux êtes chassés de notre territoire.

Corbeau baissa la tête. Puis il s'avança vers Aube, qui peinait à respirer. Quand il la regarda, son regard avait changé. Il était déterminé, et haineux. Il poussa un cri de rage et referma sa mâchoire sur sa gorge. Mais il ne pût serrer. Une force l'en empêchait.

Et c'est honteux et à l'air vulnérable qu'il se redressa et qu'il marcha lentement vers son chef, pour s'incliner devant lui.

- Je te serai redevable à jamais, je te donne ma vie, je te jure ma loyauté, je ne supporte pas que tu en doutes. - il fixait maintenant le meneur de ses yeux verts - mais tu ne peux pas me demander de la tuer.

Étoile Rouge ne dit rien, puis lâcha :

- Très bien. Je le ferai moi-même, dans ce cas. 

Sur ces mots, il s'approcha de l'ancienne chatte errante, se pencha vers elle et lui feula :

- Je crains que tu n'aies perdu...

Et, dans un rugissement qui ferait trembler des pierres, il saisit la gorge de sa victime et, à l'inverse de Corbeau, serra fort.
Aube ouvrit la bouche, mais à la place du son de sa voix en sortit du sang. Les ténèbres l'attrapèrent et elle se sentit tomber...

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