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Page 5, premier article.

UN ADOLESCENT RETROUVÉ MORT

Si l'on commence à le lire, les premiers mots sont : « dimanche matin, un adolescent a perdu la vie sur la plage, près du vieux port. Il semblerait que des passants soient à l'origine de l'appel à l'aide. ». Je ne peux pas affirmer s'ils sont vrais mais ce dont je suis sûre, c'est que de 1) il n'a pas été retrouvé mort et de 2) ce n'est pas des passants qui ont appelés à l'aide.

Je le sais.
Je l'ai vu.

Quand on est sorti, la vieille porte a claqué et la peinture bleu s'est écaillée un peu plus. Quand le vent marin nous a emporté dans la rue, nous avons ris en faisant résonner le bruit de nos claquettes sur le goudron déjà chaud d'avril. Je crois bien que dix heures à sonné pendant qu'on marchait, je ne sais plus trop. Ce dont je me souviens, c'est du short que je portais, le gris. Celui qui lui faisant penser à un dessin animé, il ne m'a jamais dit lequel. On courait dans toutes les rues en chantant, même quand au vieux port, les pêcheurs s'y trouvaient. Ils ne nous ont jamais dit de nous taire, Bernard, le plus ancien nous avait avoué qu'il adorait regarder les personnes vivre et que c'était le cas pour tous les autres marins. Il nous avait dit que voir la « jeunesse » sourire lui faisait vivre une belle journée.

La marée remontait déjà de la veille. Si je ferme les yeux, je peux même entendre le bruit que faisaient les bateaux quand ils tanguaient ce matin-là. On a vu le jour d'avril prendre peu à peu vie du haut des rochers. C'était beau.

Les personnes disent que l'on se lasse a force de voir tous les jours les mêmes choses ou endroits. Que l'on ne fait même plus attention à la beauté du moment quand il devient quotidien. Peut-être ont-ils raison ? Mais ce que je peux affirmer, c'est que voir les vagues se fracasser contre la côte, d'apercevoir la force s'abattre sur la roche d'en haut, c'est extraordinaire. L'hiver, elle prenait sa forme tempétueuse et on avait toujours l'impression que l'on allait y passer. L'été, elle semblait nous accueillir de ses bras bleu. Le meilleur restait au printemps. On ne savait jamais à l'avance ce que nous allions voir. En plus, c'est à ces moments-là que nous pouvions commencer à sauter.

L'air retraçait les courbes de notre corps en caressant notre peau qui n'était pas recouverte de notre maillot. Elle me disait « vas-y, je t'emmènerai où tu veux » et elle donnait à ces dimanches une envie de liberté.

Quand on continue l'article, les personnes découvrent les bosses et les plats de ce qui semble être une vie : « alors âgé de dix-sept ans, l'adolescent semblait connaître les risques de tels sauts. Sa famille a affirmé que ce n'était pas la première fois qu'une telle activité se faisait dans ces matinées encore fraîches d'Avril ». En vérité, ça allait faire deux ans cet été que nous faisions ça. Ce que la plupart des gens ne savent pas. Il ne savaient pas non plus qu'il passait son BAC cette année et que cette idée ne venait pas de lui. Elle venait de moi. Moi et moi seule. Il m'avait juste suivi dans mon délire un peu fou, complètement con et surtout autodestructeur. J'avais besoin de me sentir vivre, parce qu'à seize ans, je n'arrivais et n'arrive toujours pas à être bien en étant seulement là.

Quand nous avons commencer à sauter, nous ne nous doutions pas que ce jour-là, la houle allait se faire plus grande, plus puissante que le week-end dernier. Nous n'en avions surtout pas conscience de ce qui pouvait nous arriver. On prenait confiance à chaque nouveau pas, chaque nouveau saut. Quand je ne l'ai pas vu remonter à la surface, j'ai compris. Tout ce qui m'ait venu à l'esprit sur le coup était : « espèce de trouduc, tu me fais le coup à chaque fois » et c'est sûrement ce qui convient le mieux à lui.

La seconde d'après, j'ai paniqué. Il ne relevait toujours pas la tête. Je savais que je devais courir chercher de l'aide mais je restais paralysée. Je me souviens n'avoir pas compris pourquoi. Pourquoi lui ? Pourquoi maintenant ? Pourquoi ? Et ils sont tous restés dans ce coin de ma tête, cette petite voix qui me répétait et me répète encore en boucle ces phrases. Encore plus lorsque je regarde la mer. Voilà pourquoi on ne l'a pas retrouvé mort. Je l'ai vu mourir de mes propres yeux. Un souffle, une parole et puis plus rien. Le néant, le silence, la fin. Le bruit de l'eau quand son corps l'a touché, mon regard, l'astre d'Apollon.

Puis les paroles sans queue ni tête, le bruit des ambulances et les regards trop tristes pour que je reste. Le corps blanc, les quelques bleus habituels de ses jambes et le blond de ses cheveux couleur soleil devenu terne.

Et je n'ai plus rien dit, j'ai juste écrit dans la première page de mon carnet :

« Ce matin, Samuel est mort »

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