Chapitre 11 - Le vent et le feu sont de bons amis

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Dans le chapitre précédent : 

« Je suis comme un détective privé... en quelque sorte. Je recherche des informations sur des personnes et vu que je suis une femme, j'utilise ça pour les attirer pour qu'ils soient plus amemne à me donner des informations. Je te le répète, je ne couche pas avec tous les hommes que je rencontre. Et surtout pas des gars complètement saouls. J'essaye juste d'aider... ça m'a vraiment blessée quand papa m'a dit toutes ces choses. Je sais que je ne suis pas une traînée mais je sais pas, ça m'a blessée... je... »

Ma mère me prit dans ses bras avant que je ne dise plus de mots. Elle avait l'air tellement ému.

« Mais pourquoi fais-tu cela ? »

J'haussai les épaules. « J'aime aider les gens. J'aime le danger. J'aime les défis... Je ne sais pas quoi te répondre maman. »

Elle soupira puis déposa un baiser sur mon front. « Tu es vraiment impossible ma chérie. »

Ma mère fit un sourire qui faisait resplendir son visage et je fis de même. Elle sortit ensuite de la chambre, me laissant seule avec mes réflexions. Il était peut-être temps que je parle à mon père et, surtout à Eleonore puisque c'est à cause d'elle ou plutôt pour elle que j'étais ici.

***

Je partis à la recherche de ma belle-sœur en commençant d'abord par sa chambre qu'elle partageait avec mon frère. Je toquai et entendis des grognements suivis de pas. Je reculai un peu avant que la porte ne s'ouvre à la volée sur un Logan nu et à moitié endormi. Une habitude chez lui. Comme chez presque tous les loups-garous.

A force de le voir revenir torse nu ou entièrement nu après une "balade en forêt", qui était en réalité une bonne chasse, je n'étais plus gênée de le voir ainsi. Ni lui, ni les autres en fait. Je pense qu'ils faisaient même un effort depuis que j'habitais avec eux. Je me rappelai encore de la première fois que je les avais tous vus sortir des bois. Nus. Avec un ralenti, cela aurait été tout simplement digne d'une bonne scène de film. Film assez bizarre en soi. Je sortis de mes pensées quand mon frère me cria dessus avec un ton bourru.

« Quoi ?! » Reculer encore d'un pas ne me ferait pas de mal.

En voyant que ce n'était que moi, il se calma et bailla avant de repartir dans son lit auprès de sa femme. Il avait laissé la porte ouverte ce qui voulait dire que je pouvais entrer. Enfin, je crois. Je restai, néanmoins, près de la porte et appelai Eleonore qui était couchée mais ne dormait pas. Elle me vit et penchait la tête montrant une interrogation qu'elle ne formulait pas de vive voix.

« On pourrait discuter un peu, » chuchotai-je timidement. D'un côté, je voulais revenir plus tard mais d'un autre, je ne voulais pas revenir souvent ici à cause de la mission en cours mais je devais savoir. Je devais avoir des réponses à mes questions.

Eleonore me sourit puis se leva, faisant ainsi grogner son mari qui ne voulait pas la lâcher. Au bout d'un moment, elle lui souffla des mots au creux de son oreille, ce qui le fit délier ses bras d'autour de sa taille.

Gênée, j'attendis hors de la chambre jusqu'à ce qu'Eleonore me rejoigne. Nous marchâmes ensuite, côte à côte, sans qu'un mot ne soit prononcé. Des personnes que je savais être des loups-garous nous saluèrent tout le long du chemin. Arrivées dans la grande bibliothèque du manoir, nous nous installâmes avant qu'elle ne brise le silence devenu pesant.

« Qui y a-t-il Kelly ? Je ne crois pas que tu sois venue, jusque dans ma chambre, pour ne plus rien dire ensuite. » Je respirai un bon coup avant de me lancer.

« Raconte-moi, encore une fois, comment tu as rencontré Logan, » exigeai-je mes yeux rivés dans les siens avec un air décidé. Elle parut surprise et confuse par ma demande mais me raconta tout de même.

« Il était venu, avec son père, pour nous rendre visite... pour donner à nos loups respectifs des territoires où ils pourraient gambader sans se tuer. Mes parents, comme tes parents, représentent un cercle assez fermé de personnes possédant des loups et donc pouvant être amener à travailler ensemble. Logan et son père étaient là. Vu que j'étais la fille aînée, je pouvais regarder de loin ce qu'il se tramait sans vraiment intervenir dans la conversation, mais ça ne me dérangeait pas du moment que je pouvais les écouter. Très vite, j'ai comme ressenti une odeur distincte et je l'ai donc suivi. Une délicieuse odeur douce et musquée, qui était la meilleure chose que je n'avais jamais senti. »

Soudain, elle se leva avec un air passionné, comme si elle était là-bas. Comme si elle se remémorait cet instant magique et unique.

« Lui aussi m'avait sentie puis il s'est retourné et là... Ses yeux... Son regard bleu d'une merveilleuse intensité. Son odeur qui m'enveloppait à mesure que je marchais vers lui. Il n'y avait plus que lui devant moi. Que lui. Personne d'autre. Il m'a sourit et il était tellement beau. On était à quelques centimètres l'un de l'autre et j'attendais avec impatience qu'il me touche. Nos souffles se mélangeaient. Et là, il me prend dans ses bras et on reste comme ça pendant un long moment, » dit-elle avec des étoiles dans les yeux tout en serrant ses bras comme si elle l'étreignait, comme si elle le sentait. « Son toucher était... fabuleux. J'avais l'impression de fondre dans ses bras. A chaque fois qu'il me caressait... non même maintenant, à chaque fois qu'il me touche, une magnifique chaleur se dégage à son contact. Il me regarde une nouvelle fois, dans les yeux puis m'embrasse. Devant tout le monde. »

Le jeune conteuse éclata de rire comme si c'était irréelle. Puis elle se rendit compte que j'étais là aussi. Gênée de toute cette passion dont elle avait fait preuve, elle se rassit le rouge aux joues et légèrement essoufflée.. Je lui souris mais une chose m'interrompit.

« Je ne savais pas que vous vous étiez embrassés, » évoquai-je les sourcils fronçés. « Vous vous connaissiez à peine et vous vous êtes embrassés ? Comme ça ? »

D'habitude, elle s'arrêtait toujours avant, quand il la prenait dans ses bras mais elle était tellement dans son souvenir enchanté qu'elle avait continué son récit un peu plus loin. J'étais intriguée. Je n'avais pas ressenti tout ça avec Gabriel. C'était surtout son regard qui m'avait subjuguée. Il m'avait été difficile de détourner les yeux. Je n'avais pas l'odorat aussi développé qu'un loup-garou et je ne l'avais même pas touché... A part, sa joue, quand ma main avait accidentellement cogné son visage.

Déception. J'étais triste qu'il n'ait pas eu une belle louve comme compagne. Elle au moins, l'aurait sentie et ce serait peut-être même embrassé dès leur première rencontre comme pour Logan et Eleonore. Je n'avais jamais demandé à ma mère mais elle avait sûrement dû avoir une expérience similaire. Comme tous les loups-garous.

« Je ne t'ai pas tout dit Kelly. On s'est embrassé mais nos deux pères étaient présents et il y avait mon petit frère aussi. Ils nous ont séparés tout de suite, et on a dû rester loin l'un de l'autre au moins pendant la durée de leur discussion. J'avais l'impression que c'était une éternité, » rit-elle en secouant la tête. « Puis j'ai fait le choix de venir habiter ici. Avec Logan. »

Je savais que ce n'était pas vraiment son choix. Il était de tradition que la femelle aille vivre chez la meute de son âme-sœur mâle. Donc le choix n'était pas du tout présent, mais de toute façon, je pense que ça ne l'avait pas trop dérangé de s'en aller malgré l'éloignement avec sa propre meute.

« Alors tu revois tes parents et ton petit frère de temps en temps? »

« Oui, ça arrive. Je leur téléphone et parfois je vais les voir, » dit-elle en souriant tendrement. Je hochai la tête. « Pourquoi voulais-tu que je te raconte, une nouvelle fois, ma rencontre avec Logan ? » demanda-t-elle, curieuse, mais une pointe d'amusement transparaissait dans ses yeux.

« P-pour rien... » bredouillai-je, gênée. « Je voulais juste... »

« Tu as rencontré quelqu'un ? Comme, le fameux Gabriel Blackwood, par exemple ? » Je me mis à rougir violemment. Elle éclata de rire à mes dépens.

« Arrête, il n'y a rien entre nous, » boudai-je agacée.

« Allons, tu peux tout me dire, ma très chère amie. Tu dois sûrement le trouver très séduisant, non ? »

D'abord mon père puis ma belle-sœur. Pourquoi tout le monde dans cette famille voulait que je sois avec Gabriel ?

Peut-être parce qu'il est ton âme-sœur ! entendis-je crier une petite voix qui était sûrement ma conscience.

« C'est vrai qu'il me plaît physiquement mais je ne peux pas être avec lui. Pas maintenant, » murmurai-je en regardant tout sauf elle.

« Que veux-tu dire ? » demanda Eleonore confuse.

« C'est compliqué. »

« J'ai tout mon temps, » répliqua-t-elle de suite. Je soupirai.

« J-je ne peux pas faire ça. Je ne le connais pas e-et je ne pourrais jamais tomber amoureuse de lui comme toi Eleonore. Ça ne sera pas comme Logan et toi. Je ne le mérite pas du tout...i-il... » arrivai-je à bredouiller maladroitement.

« C'est faux. Je ne sais pas pourquoi tu te dis tout ça, mais c'est faux. Tu es quelqu'un de tellement bien et... »

Heureusement à ce moment-là, Logan ouvrit la grande porte en bois et entrai dans la bibliothèque pour voir son épouse. Il portait Claire dans ses bras.

« Je dérange ? »

Je secouai la tête alors qu'Eleonore soupira en me regardant. Je remerciai les Dieux pour avoir fait intervenir Logan à ce moment précis. La jeune femme s'en alla auprès de son mari et de sa fille. Je restai assise à les contempler. Ils étaient tellement heureux et... complet. Une bulle semblait les couvrir. Une couverture d'amour infranchissable que seul eux pouvaient accéder et y avoir droit.

C'était impossible pour moi de vivre un amour semblable au leur. J'étais en grande partie humaine alors que Gabriel était si... différent de moi. Pourquoi les Dieux s'amusaient à mettre deux espèces différentes ensemble ? Je ne comprenais pas. Ça n'avait pas de sens. Etais-je sensée aider Gabriel à accomplir quelque chose ? Ou peut-être était-ce moi qui aurait besoin d'aide à l'avenir ?

J'avais pourtant tout pour moi. Une famille qui m'aime, des amis, un boulot, de l'argent... mais pas un homme, c'est vrai. Mais pourquoi me donner un âme-sœur ? J'avais déjà presque tout et il avait fallu que les Dieux me gâtent encore.

J'avais pourtant appris que les Dieux donnaient mais prenaient aussi. Qui prendraient-ils cette fois-ci ? Je soupirai et m'en allai les laissant encore dans leur petite bulle de pur amour. Comme si j'étais de trop.

« Attends ! Kelly ! »

Avant de refermer la porte, je me retournai pour voir Eleonore souhaitant me dire quelque chose. Mais mon père était là aussi. A côté de moi. La jeune femme se tut, me faisant juste un léger sourire. Son mari nous regardait confus. J'étais certaine qu'Eleonore allait lui parler de notre petite conversation. Peut-être même que mes parents sauraient aussi. Leur pouvoir de télépathie était bien pratique.

Mon père se tourna face à moi puis annonça d'un voix douce : « Kelly, je dois te parler. »

Je hochai la tête sans dire un mot. Je le suivis jusque dans son bureau. Stressée. Ma pauvre lèvre devait bien souffrir à force d'être attaquée par mes dents.

Il referma la porte et me laissa m'installer sur un fauteuil juste devant la cheminée. Il s'assit sur l'autre fauteuil près du mien. Personne ne parlait pendant un instant.

Le feu grésillait sur le bois qu'il dévorait petit à petit. Pour l'utiliser assez souvent, je connaissais le feu et la destruction qu'il engendrait. Il ne faisait pas de distinction entre vie humaine et vie végétale. Il brûlait. Réduisant en poussière tout ce qu'il touchait. Ou plutôt tout ce qui osait s'aventurer sur son chemin brûlant. Il était impartial tout autant qu'inhumain. Depuis le temps que je l'utilisais, j'étais attentive à ses soudain changement de direction. Car oui, le vent s'amusait avec le feu et avait le pouvoir de le faire dévier.

« Le vent et le feu sont de bons amis, » chuchotai-je tout en fixant les braises hypnotisantes.

« Quoi ? » demanda mon père, ce qui me fit sursauter. J'avais oublier où j'étais et avec qui j'étais.

« Désolée, je parlais à moi-même. »

« Pourquoi le vent et le feu sont-ils de bons amis ? » demanda-t-il en regardant le feu logeant dans la cheminée.

« Parce que le vent, grâce à son souffle, peut guider le feu où il le veut et le feu l'écoute sans aller contre lui. » Je ne savais pas si mon père arriver à déceler le sens de mes mots.

« Mais peut-être que le vent oblige le feu à aller par là alors que le feu ne le veut pas. Peut-être qu'ils sont, au contraire, des ennemis. »

Je n'avais jamais vu les choses sous cet angle mais c'était impossible que le vent soit aussi cruel car c'était les Dieux qui le contrôlaient. C'était les Dieux qui soufflaient vers les flammes pour les guider à travers la forêt. Tout comme c'était les Dieux qui autorisaient la pluie de se déverser sur les immenses flammes avant qu'elles n'atteignent des êtres autres que les végétaux. Mais tout cela, mon père n'avait pas besoin de le savoir. Aussi gardai-je ces connaissances pour moi et hocher simplement la tête.

« Pourquoi on parle de ça en fait ? » demandai-je bêtement. C'était tellement étrange de discuter de sujets aussi profonds avec des parents et mon père surtout. D'habitude, nous parlions toujours de sujets futiles et légers.

« Je ne sais pas, » dit-il en riant. Je me détendis contre mon confortable fauteuil. Les jambes repliés devant moi, je continuai de fixer les braises jusqu'à ce que mon sourire disparaisse.

« Je suis désolé ma puce. » Je le regardai dans les yeux et il semblait réellement s'en vouloir. « Je ne voulais pas te dire tout cela... »

« Alors pourquoi tu as dit tout ça ? Même si tu es désolé maintenant, tu pensais vraiment... ce que tu m'as dit. »

« Non ! » J'ouvris grand les yeux quand il se leva et vint devant moi. Il s'accroupit pour que nos visages soient au même niveau. Ce qui m'étonnait d'un Alpha. S'abaisser au même niveau qu'une humaine.

« Je t'aime comme ma propre fille. Non. Pas comme. Tu es ma fille ! Je ne voulais pas te dire ces choses-là. Je voulais que tu arrêtes de nous éviter comme tu le fais en sortant à chaque fois pendant la nuit, juste parce que tu as déménagé loin de nous. J'ai l'impression que tu ne veux plus de nous mais nous, on t'aime. Si tu as des problèmes ou des choses à régler, on est là pour t'aider et te soutenir. On ne veut pas que tu te caches pour régler tout toute seule. On est une famille, ma puce. »

A la fin, je ne savais que dire. J'avais juste les larmes aux yeux. Jamais mon père ne m'avait parlée avec autant de franchise. Il se mettait réellement à nu. Je ravalai ma salive alors qu'il essuyait mes joues. Moi aussi, j'allais être franche.

« Je vous aime aussi, » croassai-je presque. « Mais je suis une grande fille maintenant et le fait d'habiter un peu loin de vous ne veut pas dire que je vous veux hors de ma vie. Je veux juste, faire ma vie comme bon me semble. C'est vrai que je garde beaucoup de secrets mais parfois j'ai l'impression que je ne peux rien te dire sans que tu ne te fâches. Et tu as cette aura bizarre. En fait, tout le monde la possède dans cette maison. C'est juste encombrant. J'ai l'impression d'être faible, pas comme vous. Tellement différente. Parfois vous vous parlez entre vous en un simple regard. Je suis mise à l'écart et je ne peux rien faire. Tu veux que je sois pareille que toi. Que vous tous. Que je suive les même règles. Mais, je ne suis pas comme vous. »

Je laissai mon père abasourdi par mes mots. Il ne savait que dire parce qu'au fond, il savait que j'avais raison. J'étais différente d'eux, les loups-garous. Je partis ensuite dans ma chambre et m'y enfermai. Mon père ne m'avait pas suivie. Sûrement encore choqué et... coupable.

Lui dire ces mots, je me rendis compte que j'avais été odieuse. Cette famille avait tout fait pour m'aider et m'aimer mais moi, je les repoussai encore et encore. Des larmes traçèrent leurs chemins sur mes joues. Calme. Je m'étais promise de tout leur raconter une fois cette maudite mission finie. En boule sur mon lit, je m'endormis.

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