Chapitre 15 - Donc, tu hais les loups

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Dans le chapitre précédent :

Je retournai sagement dans mon bureau. Ce soir, je dînai avec Eli et j'espérai en apprendre plus sur ses amis chasseurs. Cela serait un bon début s'il pouvait s'ouvrir à moi dès cette soirée.

Je devais aussi parler à Ethan à propos de ces enlèvements. C'était son affaire après tout. J'allais sûrement obtenir beaucoup d'informations en nous aidant mutuellement. Je devais juste faire en sorte qu'il ne suspecte pas que les êtres enlevés n'étaient pas humains.

Je soupirai et partis de l'entreprise sachant que Raphaël me suivait comme mon ombre.

Arrivée devant le restaurant, je rentrai à l'intérieur, souhaitant me réchauffer. En scrutant les tables, je vis qu'Eli était déjà là. Je lui souris et m'installai. Il avait déjà commandé, ce qui ne me dérangeait pas plus. Nous commençâmes à parler de manière formelle sur des banalités, comme le temps et la journée passée au travail. Rien de bien intéressant en soi.

« Tu ne voulais pas rester avec ta famille ? Je veux dire, tu sembles être content d'être en colocation avec tes amis, » dis-je, alors qu'il payait l'addition.

Nous sortîmes avant qu'il ne me réponde. De l'animation couvrait encore les rues de la ville. Nous nous arrêtâmes sur un banc du parc public, qui était situé près de mon immeuble. Intérieurement, je paniquai un peu. Les hommes de Gabriel et de mon père me suivaient sûrement en ce moment. J'espérai qu'ils étaient à une distance raisonnable pour ne rien entendre de ma conversation avec le chasseur.

Mais, au final, n'était-ce pas ce que je voulais ? Etre toujours près des chasseurs, quitte à me faire détester des loups-garous.

« Je n'ai plus de famille, » dit solennellement la voix d'Eli. « En fait, mes amis sont ma famille maintenant. »

Je le regardai, confuse.

« Mes parents et ma petite sœur sont morts à cause de loups, » ajouta-t-il.

« Des loups ? » réitérai-je la voix rouée.

Il hocha la tête, en regardant droit devant lui. Perdu dans ses pensées.

« Une attaque dans la forêt. »

« Comme moi, » murmurai-je, en abaissant mon regard.

« Quoi ? Que veux-tu dire ? »

« Quand j'avais sept ans, des loups nous ont pourchassés et ont réussis à tuer mes parents. Je suis passé de famille d'accueil en famille d'accueil, jusqu'à ce que la famille Wolff m'adopte. »

« Oh, donc tu n'es pas liée par le sang avec les Wolff, » réalisa-t-il.

« Liée par le sang ? » Sa formulation était inhabituelle pour une humaine. Mais, je savais qu'il faisait référence aux loups-garous, qu'étaient les membres de ma famille d'adoption. Eli avait donc fait des recherches sur moi.

Il voulait trouver et capturer les loups-garous à travers moi. Et, maintenant qu'il pensait que j'étais entièrement humaine et sans connaissance des créatures surnaturelles, il allait se servir de moi. J'en étais sûre. C'était comme cela qu'ils fonctionnaient. Ils se servaient puis rejetaient.

Peut-être pensait-il que je connaissais l'existence des loups-garous malgré ma nature humaine ? Et il aurait raison de douter. Il allait sûrement me poser des questions pour me piéger et connaître ce que je savais.

Prudente. Je devais l'être avec cet homme. Sinon, je risquerai de mourir avant même d'avoir découvert quelque chose de convaincant.

« Euh... je voulais dire que ce n'était pas tes parents biologiques, » dit-il avec un rire gêné. « Donc, on a un passé similaire avec les loups. »

Je ris. « Oui, on dirait bien. Ces loups sont des vraies calamités. » Pardonnez-moi pour dire des choses aussi horrible. Je regardai le ciel étoilé, en espérant que les Dieux m'aient entendue.

« C'est vrai, » souffla-t-il, alors que je sentais son regard sur moi. En tournant la tête, je m'aperçus qu'il semblait réfléchir. « Donc, tu hais les loups. »

Je réfléchis à sa phrase. « Disons que j'en ai peur plutôt. Mon père possède des loups, mais je préfère ne pas m'approcher trop d'eux. Il a bien essayé de m'aider à surmonter cette peur... mais, plus je les vois, plus je repense à... à leurs morts, » racontai-je.

« Toi, qui a peur des loups, tu t'es faite adopter par une famille qui en possède, » dit-il en riant. J'éclatai de rire.

« Oui, c'est vrai ! » Je soupirai. « Il vaut mieux que je rentre, il se fait tard et je suis crevée. Mais j'ai passé une belle soirée. Merci. »

Je me levai du banc municipal et il m'imita.

« On pourrait peut-être se revoir encore, pour discuter. »

« Bien sûr ! De toute façon, tu as mon numéro, » envoyai-je en souriant.

Nous nous fîmes la bise, puis il repartit de son côté. Il avait insisté pour me raccompagner, mais après tous mes refus, il baissa les bras. Enfin seule, je marchai jusque chez moi. Quelques personnes restaient encore dans les rues, à profiter de la clarté de la Lune.

Épuisée, je m'affalai sur le canapé après une bonne douche. Au final, Eli ne m'avait pas dévoilée grand-chose. C'était plus, moi, qui lui avais raconté ma vie. Au moins, maintenant, il avait une raison de plus pour me faire confiance.

Alors que j'allais me coucher, mon portable sonna.

« Kelly, j'espère que je ne te dérange pas. »

« Non, ça va Ethan. Je suis chez moi. Tu as besoin de quelque chose ? »

« En fait, je t'appelai par rapport au plan que tu m'avais envoyé. Je t'envoie l'adresse d'où il est situé. Si tu vas t'aventurer là-bas, n'oublie pas de m'avertir avant pour que je t'envoie des hommes, d'accord ? » dit-il d'un voix bourru et sans équivoque.

« Oui, papa, » répondis-je, en riant. « Merci, Ethan. Tu m'aides beaucoup. »

Je l'entendis soupirer, pas très convaincu. « Kelly, je n'aime pas te savoir seule dans cette mission, comme tu aimes l'appeler. »

Je roulai des yeux. « Ne t'en fais pas pour moi, tu as d'autres choses qui te préoccupent, non ? Cette affaire d'enlèvements. »

« Oui, à propos de ça, je veux bien que tu y jettes un coup d'œil. Parce que moi et mon équipe, on sèche complètement. On ne trouve rien de plus. »

« Pas de souci ! J'ai cru que tu ne me le demanderais jamais. Je passerais chez toi demain. Ça te va ? Et, bien sûr, je ne dirai pas un mot à qui que ce soit. »

« Oui, demain. Viens dès que tu peux. De toute façon, tu as les clés de ma maison, alors faufile-toi, comme toujours. Et maintenant au lit, jeune fille ! » dit-il d'une voix qu'il voulait autoritaire, mais elle était plutôt fatiguée.

« Oui, papa, » déclarai-je en prenant une voix de fillette. « Je t'aime. A demain. »

« Moi aussi, je t'aime et, fais attention à toi. » Il raccrocha et ce fût encore le silence dans la pièce.

Le lendemain, un sms arriva juste après que mon réveil sonne.

Eli : Bonjour ! Ça va ?

Kelly : Salut ! En forme ! ^^

Eli : Tu vas au boulot ?

Kelly : Oui, j'y vais. Je vais voir un ami après. Peut-être que je dormirais chez lui.

Plusieurs minutes passèrent, tandis que je le laissais cogiter tout en me préparant pour partir.

Eli : Un collègue de travail ?

Kelly : Non, c un ami dans la police. Ça faisait lgtps qu'on ne s'était pas vu. Il est comme un grand frère pour moi. 'Fin, plutôt comme un père xD

Eli : Oh Dac !

Je me chaussai de mes bottines et enfilai mon manteau.

Kelly : Je vais au boulot. A plus !

Eli : Bon courage ! A bientôt !

En voiture, je roulai dans la bonne humeur. Mais, je sentais que des yeux indiscrets me surveillaient de loin. C'était presque effrayant. Avoir des loups constamment sur soi. Je soupirai et montai à mon étage. Logan, qui passait par là, m'aperçut et me sourit. Je forçai mes lèvres à fendre mon visage d'un magnifique sourire. Mais, la méfiance que j'éprouvais, me fit faire une grimace étrange et fausse.

J'ouvris mon bureau et m'y engouffrai. Je retirai mon manteau et m'installai sur ma chaise en allumant mon ordinateur. Je faisais tout pour éviter le regard de mon frère ainsi que sa présence, qui était pourtant difficile à passer outre.

« Alors ton rendez-vous ? C'était bien ? »

Et voilà ! Je savais bien qu'il voulait quelque chose. Je soupirai bruyamment en l'ignorant.

« Allez Kelly ! » dit-il en s'asseyant sur la chaise devant moi. Il tritura des stylos placés dans le pot. Il m'empêchait de travailler en faisant du bruit. Il savait que je détestais les cliquetis et autres petits bruits parasites. Le silence me calmait et il était nécessaire pour que je me concentre.

« Arrête, » ordonnai-je, les yeux se promenant entre mon ordinateur et le stylo qu'il tenait entre les mains.

« Quoi ? » demanda-t-il innocemment.

« Ça va. Arrête. C'était juste un ami. On a dîné, puis discuté dans un parc. »

« Oh ! Et, de quoi avez-vous parlé ? »

« De lui. De sa famille. »

« Sa famille ? »

Je lui avouai ce qu'Eli m'avait racontée sur sa sœur et ses parents ainsi que le fait que la situation était semblable à la mienne. A mes mots, Logan se figea, faisant ainsi tomber mon stylo. Mécontente, je daignai enfin le regarder. Ce que je vis me frappa. Il arborait un visage dur et renfermé. Il avait saisi l'allusion aux chasseurs. Dans son esprit, il y avait maintenant une infime chance pour que je devienne une chasseuse. Pour que je devienne l'ennemi des loups-garous. C'était une sensation horrible et éprouvante. J'avais l'impression de briser son cœur. En mille morceaux.

Logan se ressaisit et ramassa l'objet au sol. Je ne pus m'empêcher d'essayer de réparer les dégâts que j'avais causés.

« Je sais que nos loups ne sont pas comme eux. Toi et Papa, vous les avez en quelque sorte apprivoisés. Sinon, ils m'auraient attaquée depuis longtemps. J'aime bien nos loups, même si je ne leur parle plus aussi souvent qu'avant. En fait, depuis que les loups de Gabriel sont là, je n'ai plus mis les pieds dans la forêt. Il faudrait peut-être que je passe là-bas de temps en temps. »

« Non, » déclara durement Logan.

« Non ? » répétai-je sans comprendre.

« Je veux dire que tu devrais éviter d'aller dans la forêt, justement à cause des autre loups. Ils pourraient te prendre pour une proie ou un ennemi, » expliqua doucement mon frère en se raclant la gorge.

Je hochai la tête. « Oui, tu as raison. »

Il sortit ensuite du bureau, tandis que je méditais sur ses dernières paroles. Un ennemi. C'était ce que je devenais à leurs yeux. Et, contrairement à ce que je pensais, cela faisait atrocement mal au cœur. Même si ce n'était qu'une grande comédie que je jouais, la douleur restait. Resterait. Et, se propagerait tel un virus, au fur et à mesure de la mission.


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