Chapitre 16 - C'est la dernière victime en date

Màu nền
Font chữ
Font size
Chiều cao dòng


Des photos d'hommes et de femmes souriants. Cela faisait déjà deux heures que j'étais chez Ethan. Après avoir mis un semblant d'ordre dans son appartement, le policier m'avait montrée le dossier sur les personnes enlevées. Je ne connaissais aucune de ces personnes.


Ethan participait, avec d'autres policiers d'autres villes, à cette affaire. Et, je me rendis compte que ces enlèvements ont été faits sur le territoire de la meute de Gabriel Blackwood. Je me rappelai de la conversation entre mon père et lui, et il me semblait bien qu'une bonne partie du territoire avait été dévastée. Ce devait être sûrement à cause d'une attaque des chasseurs, d'où les enlèvements.


Ces hommes et femmes que j'avais sous les yeux étaient des loups-garous. Les loups-garous de Gabriel. Je traçai du doigt une jeune fille d'à peine une dizaine d'années. Ces grands yeux bleus contrastaient avec sa peau blanche. Elle était si belle. Et si jeune.


« Kelly... » Sa voix me fit lever la tête de ma rêverie.


Cet homme de plus d'une trentaine d'années, avait des cernes plombant ses yeux marron et son visage mal rasé ne montrait que fatigue et déception. Cela faisait des jours qu'il était sur cette affaire, et il n'avait pas du tout avancé.


« C'est la dernière victime en date. Enlevée hier soir, » dit-il en pointant du doigt la photo de la petite fille.


« Quoi ! » m'écriai-je, choquée. « Hier ? »


Il hocha la tête d'un air triste. Les kidnappings avaient continué jusque maintenant. Les chasseurs narguaient clairement la police. La colère m'envahit. Je soufflai pour dissiper ce sentiment. Les chasseurs avaient suivi la meute de Gabriel jusqu'à cette ville. C'était la seule explication possible.


« Bon, tu as interrogé tous les proches ? »


« Juste les parents. Ils semblent innocents, mais les hommes sont assez froids et distants. »


Normal, un loup-garou ne montrait pas ses faiblesses devant un inconnu. Et, ils devaient sûrement être ennuyés par les questions des inspecteurs. Après tout, ces créatures étaient plus du genre actifs, à chercher sur le terrain, plutôt qu'à rester assis pour parler. Ils savaient d'avance que les policiers ne trouveraient rien à propos des chasseurs.


« D'accord. Repartons au tout début. Où ont-ils été enlevés ? »


« Tous dans la forêt, près de la ville. D'après les proches, les victimes avaient l'habitude de se promener dans ces bois, donc elles connaissaient bien les lieux. Elles ne peuvent pas s'être perdues et, d'après eux, les loups qui y habitent, n'ont rien avoir avec ces disparitions. »


Je hochai la tête, pensive et décidai de lui révéler certaines informations.


« Une nouvelle meute de loups est arrivée il n'y a pas longtemps. Mon père les héberge dans la ville. »


Il hocha la tête, sans vraiment porter attention à mes paroles. Il pensait sûrement que je m'égarais, que ce que je disais était sans importance. Je soupirai.


« Et, les chasseurs ? » demandai-je, pour l'aiguiller sur le chemin des loups enlevés.


« Les chasseurs ? » répéta-t-il, confus, mais plus réveillé qu'avant.


« Les chasseurs de loups. Il y en avait dans le coin ou pas ? » Il me regarda avec les yeux ronds.


« Il est interdit de chasser les loups, » déclara-t-il.


« Dans cette ville, oui. Parce que mon père possède les loups de la forêt, et comme il est un homme avec beaucoup d'influences, il a fait en sorte de protéger les loups de la ville, mais la ville où la plupart des personnes ont été enlevées, devait sûrement être un magnifique terrain de chasse. »


Ethan se précipita pour noter tout cela sur papier.


« Personne n'a entendu de coups de feu ou des cris ? »


« Non, rien. Les victimes étaient trop loin dans les bois. » Je soupirai.


« Comment ont-ils été enlevés ? » demandai-je.


« Nous ne le savons pas. On peut voir des traces de pas avec presque toujours des traces de luttes, mais au bout d'un moment, il n'y a plus rien. Comme s'ils s'étaient envolés. »


Intéressant, mais je ne voyais pas comment les chasseurs pouvaient s'envoler avec un loup-garou tout en portant un loup-garou.


« Kelly, C'est bon, tu peux arrêter de te casser la tête. Tu m'as lancé sur une piste intéressante. Ça suffit pour aujourd'hui, » dit-il en me souriant. Je lui souris et préparai à dîner avant de rentrer chez moi.


Ethan m'avait montrée tout ce qu'il avait sur l'affaire. Ça ne servait à rien de rester chez lui pour la nuit. Je préférai rentrer pour cogiter encore un peu. Le dîner prêt, nous mangeâmes en silence, puis je rejoignis ma voiture.


La nuit était déjà bien entamée. Je me pressai de rouler. Une fois à l'abri dans mon antre, j'espérai qu'Ethan pourrait prouver le fait qu'Eli et sa bande se soit trouver là-bas au moment des enlèvements. Malheureusement, je doutai qu'il trouve des preuves pour les inculper. Je repensai à la petite fille enlevée hier. Ses yeux pleins de vie. Il fallait que je la retrouve et la sauve. Je m'endormis sur ces pensées.


Le lendemain, je fus de nouveau accueillie par les messages de Eli.


Eli : Bjr ! Alors ta soirée d'hier s'est bien passée ?

Kelly : Oui, on a discuté, rattrapé le temps perdu. Je suis déçue, il n'a toujours pas de petite-amie.

Eli : Haha ! T'es encore chez lui ?

Kelly : Non, je suis rentrée chez moi hier soir.

Eli : D'accord. T'es libre ce soir? Je voudrais te parler d'un sujet très important.

Kelly : Eli... Je ne cherche pas de relations pour l'instant, même si je t'aime bien.

Eli : Non, ce n'est pas pour ça, même si je t'aime bien aussi. Je voudrais te parler des loups.

Kelly : Des loups ? Je ne suis pas à l'aise avec eux...

Eli : Je sais. C'est juste que je peux peut-être t'aider à surmonter ta peur des loups et tu pourrais peut-être m'aider en retour. Je préfère qu'on en parle en face à face. Ce soir ?

Kelly : Ok pour ce soir.


Si mon instinct avait juste, Eli voulait me révéler l'existence des loups-garous et peut-être l'aider à les combattre. Une bonne avancée dans notre relation qui me permettra peut-être de savoir où ils cachent les personnes enlevées.


Aujourd'hui était mon jour de repos, donc j'en profitai pour faire un petit ménage. Je passai ensuite, l'après-midi chez ma meilleure amie. Emily avait repris les cendres et ne savait pas quoi en faire. Nous avons conclu qu'on devait les répandre à l'air libre, près de la mer. Nous roulâmes en voiture à quelques kilomètres de la ville pour rejoindre la mer. Emily recommença à pleurer en se blottissant contre moi. Je souris au ciel sachant que les Dieux prendraient soin de notre défunte, puis nous rentrâmes chez Emily.


Son mari, Thomas, était là. Ayant une tête de plus que moi, il me regardait souvent de haut. Derrière le comptoir de la cuisine, il s'affairait à la vaisselle. Il alla parler, mais se stoppa en me regardant avec son air ennuyé et mécontent. Ses cheveux blonds et aussi longs que ceux d'un surfeur aurait pu lui donner un côté joueur et dynamique, mais il était tout le contraire.


« Qu'est-ce qu'elle fait là ? » demanda-t-il à sa femme avec un ton bourru. Je plissai les yeux et lui tirai la langue comme une petite fille, tandis qu'Emily roulai des yeux. Quand son mari et moi étions dans la même pièce, c'était toujours ainsi.


« Pourquoi tu t'es mariée avec ce type ? » chuchotai-je à mon amie. Une question que je posais à chaque fois que je le voyais. Emily voulut répliquer, mais l'autre l'interrompit.


« J'ai entendu ! » dit-il à l'autre bout de la cuisine.


« M'en fout ! » criai-je alors que j'étais dans la chambre. Emily éclata de rire.


« Arrêtez vous deux. De vrais enfants ! C'est pas possible, » dit-elle en secouant la tête.


Je m'installai sur la chaise de son bureau, tandis qu'elle essayait de nouveaux vêtements achetés plus tôt.


« Alors, comment se passe ta mission ? » demanda-t-elle innocemment, alors que je l'aidais à plier et ranger.


« J'avance petit à petit. » Elle essayait d'en savoir plus, mais il était hors de question que je cède. Je savais bien qu'elle voulait m'aider, mais toute cette histoire ne la mettrait que plus en cœur du danger. Et c'est aussi une des rares fois où moi et son mari sommes d'accord. Moins elle en savait, mieux ce sera.


« J'aide aussi Ethan sur une affaire d'enlèvement et peut-être que les deux choses sont corrélées, mais c'est trop tôt pour le dire. » Elle hocha la tête.


« Comment va Ethan depuis... »


« ça va. Il est juste très fatigué. » Elle hocha de nouveau la tête. Je me demandai à quoi elle pensait exactement, mais préférai la laisser dans son monde.


Vers l'heure du goûter, je m'en allai de chez Emily pour rendre visite à Jack. Je voulais savoir comment il s'en sortait avec son nouveau boulot. J'espérai qu'il n'avait pas fait de crise de colère, pouvant le faire virer.


Je sentis le regard de Raphaël sur moi. Il allait sûrement faire en sorte de recueillir le plus d'informations sur chaque personne que je côtoyais. Emily, son mari, Ethan, Jack...


Ayant les clés de l'appartement, je rentrai sans ménagement. Jack et sa mine sérieuse faisaient peur à voir.


« Tout va bien ? » demandai-je en me déchaussant.


« Ouais, » dit-il en passant la main dans ses boucles brunes.


« Eh bien, ça n'a pas l'air. » Il soupira. « C'est à cause du boulot ? » Je commençai à m'imaginer mille scénarios où il pouvait se faire renvoyer.


« Non, t'inquiètes. Ça se passe plutôt bien. »


Je hochai la tête, mais voulais en savoir plus. Il ne semblait pas bien bavard. Comme toujours. Mais, aujourd'hui, il semblait vraiment perturbé. Cela m'inquiétait.


« Où sont les autres garçons ? » demandai-je en marchant vers le salon.


« Sorti dehors. » Je hochai encore de la tête.


« Bon, qu'est-ce que t'a ? » dis-je, exaspérée. Je m'installai en tailleur sur le canapé.


Il soupira, mais il sembla s'avouer vaincu en s'asseyant à mes côtés.


« J-j'ai rencontré une fille... » commença-t-il, indécis.


Surprise, un grand sourire illumina mon visage, alors que mon ami prit un air gêné. C'était la première fois que je le voyais ainsi et c'était assez amusant. Sans que je ne le veuille, un gloussement s'échappa de ma bouche. Vexé, le jeune homme se leva et alla se réfugier sur le balcon. Son petit endroit pour souffler et décompresser quand les choses n'allaient pas.


J'éclatai de rire en envoyant des excuses, mais il ne m'écoutait plus. L'air frais de la soirée s'engouffra et habita le petit appartement. Sur le balcon, je me plaçai en silence à côté de Jack. Les bras appuyés sur la rambarde comme lui, je tournai la tête pour voir son profil. Ses cheveux bouclés bondissaient au vent, mais ce devait être la seule caractéristique qui adoucissait ses traits durs.


Je lui donné un coup d'épaule pour l'inciter à se confier de nouveau. Après quelques minutes à apprécier les timides étoiles qui pouvaient se refléter à travers le ciel de la ville, Jack se lança avec un ton doux.


« Je l'ai rencontré au boulot. Elle est venue avec son frère pour faire réparer une moto. Apparemment, c'était une habituée parce que le patron a pas mal parlé avec eux. Je travaillais à côté, sur la réparation d'une voiture, donc je ne pouvais pas tout entendre. Mais je sais qu'elle me regardait de temps en temps, » raconta-t-il avec un sourire béat.


Je le fixai, stupéfaite par cette réaction. Je n'avais jamais pu observer un sourire si doux sur son visage. Et surtout pas en me racontant sa rencontre avec une fille, qui n'était au final, pas réellement une rencontre puisqu'ils ne s'étaient pas parlé.


« Oh ! Tu coeur serait en train de fondre ? » le taquinai-je. Il lâcha un grognement mécontent. Je feignis un air choqué en mettant la main sur mon coeur.


« La ferme, » dit-il, boudeur. J'éclatai de rire et bientôt, il me suivit.


Dans le silence qui nous accompagna, je regardai non plus le ciel rougeoyant, mais plus bas. Là, deux paires de yeux bleus d'une intensité rare, me coupèrent le souffle. Je ne voyais ni son visage, ni son corps caché dans l'ombre des arbres, mais ses magnifiques yeux ne pouvaient appartenir qu'à une seule personne. Gabriel.


Mon âme-sœur en personne me suivait. Devais-je être flattée ou apeurée ? Je fus tirée de mes pensées quand une porte claqua dans l'appartement. Nous sursautâmes, puis nous retournâmes vers la source du bruit. Il semblerait qu'un coup de vent ait fait claquer la porte d'une chambre.


Jack rentra à l'intérieur pour vérifier et il confirma mes pensées. Toujours sur le balcon, je me détournai vers la rue d'en face, mais je ne vis plus ses deux points lumineux de couleur bleue.


« Tu comptes rester encore longtemps dehors ? » demanda Jack, agacé. Je secouai la tête et rentrai au chaud.


Nous mangeâmes des friandises devant un film. Jack avait rendossé ce visage fermé et dur qu'il n'arborait que devant d'autres personnes. Le fait qu'il mâchouillait l'intérieur de sa joue me confortait dans l'idée qu'il souhaitait me dire quelque chose, mais qu'il n'osait pas. Assise sur le canapé, je me retournai complètement vers lui avec un air agacé.


« Vas-y accouche, » déclarai-je en reportant toute mon attention sur lui.


Les yeux écarquillés par la surprise, il grommela un juron, puis arrêta le film. J'attendis patiemment qu'il partage ses pensées avec moi.


« Ne te moque pas de moi. Je ne te demande pas de me croire, juste de m'écouter. »


Je lui intimai de continuer avec un vif hochement de tête.


« Les loups-garous existent. »








Bạn đang đọc truyện trên: Truyen2U.Pro