Chapitre 22 - A bientôt, grand frère

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Gabriel lâcha un terrible grognement et était prêt à foncer sur Joshua. Heureusement, Raphaël le tira en arrière et le garda prisonnier de ses bras. Je pouvais voir toute la force qu'il exerçait pour garder son Alpha à ses côtés.

Gabriel ne me regardait pas, mes lais yeux peinés de son Bêta me scrutèrent. J'avais l'impression de recevoir un coup dans le ventre. D'être une traîtresse. De leur avoir joué un tour. Je me détournai de son regard et fixai mes mains. Elles tremblaient. Je tremblai et j'étais sur le point de pleurer toutes les larmes de mon corps. Cette situation me tuait.

« Kelly est comme une petit sœur pour moi, » annonça Joshua. D'un coup, tout le monde se retourna vers lui, moi y compris.

Il me regardait avec amour et pris ma main dans la sienne. Je souris à mon tour, mon angoisse dissipée.

« Et Kelly m'aime comme un grand frère, ni plus ni moins, » finit-il.

« Alors pourquoi êtes-vous mariés ? C'est stupide ! » s'écria mon père, toujours rageux. Tandis qu'il marchait dans la petite chambre, ses mains se pliaient et se dépliaient en un poing.

Je ne savais pas s'il était en colère envers moi ou juste parce que la situation lui échappait. Peut-être que ses deux raisons suffisaient à le mettre dans cet état-là. En tous cas, sa colère et les regards de Raphaël et Logan ne me mettaient plus autant mal à l'aise.

« Nous nous sommes mariés il y a deux ans, sur ma demande. Kelly n'est pas à blâmer. Elle ne voulait pas se marier au début, et si elle se mariait avec moi, elle voulait que vous le sachiez, mais je lui ai fait promettre de ne rien vous dire, » expliqua Joshua.

« Cela n'explique pas pourquoi vous êtes... mariés, » dit mon frère avec un certain dédain. Il n'aimait clairement pas mon mari, mais je ne pus m'empêcher de me sentir viser. Coupable.

Après tout, je leur avais caché mon mariage. Maintenant, je pouvais imaginer leurs réactions dès que je leur annoncerais que je savais déjà tout sur eux et que je n'étais pas celle qu'ils croyaient. Ils me verraient comme la pire des traîtresses. Une manipulatrice.

« Kelly, tu as des pensées bien malsaines, » déclara Joshua. « Tu devrais arrêter de penser du mal de toi-même. Tu es très bien comme tu es. Sois forte comme tu l'as toujours été. »

Je levais rapidement la tête pour voir qu'il me fixait d'un air sérieux. Comme s'il me déchiffrait. Gênée, je repartis dans la contemplation de mes mains.

« Qu'est-ce que... » commença mon père.

« Je l'ai épousé pour qu'elle reçoive tous mes biens dès que je mourrais. »

« Pourquoi vous feriez cela ? Je ne comprends pas, » avoua mon père confus.

Parce que, contrairement à Damien, je ne pouvais pas savoir quand il allait mourir. Depuis que j'avais touché le pendentif de Damien, nous avions créés un lien entre nous. Un lien unique caractéristique des Verndaris. Nous formions une paire et devions fonctionner ensemble. C'était ainsi que les Verndaris fonctionnaient autrefois. Apparemment, Damien et Joshua ne voulaient pas former cette paire. Je ne leur avais jamais demandé pourquoi, et respectais leur choix. De ce fait, en touchant la pierre rouge de Damien, j'avais, sans le savoir, enclenché un lien incassable avec lui.

« Kelly, » gronda mon père. J'étais repartie dans mes songes et il semblait que Joshua était aussi dans ses pensées, étant donné qu'il n'avait pas répondu à la question de mon père.

« Excusez-moi, » dit Joshua en se raclant la gorge. « Je le fais parce que Kelly est ma seule famille... Comme je l'ai déjà dit, elle est comme une petite sœur pour moi, et sa simple existence est un cadeau. Tout comme vous, sa vraie famille, je ferais tout pour la protéger. »

« Votre logique est bancale. Vous n'étiez pas obligés de vous marier à elle, » continua mon père, les bras croisés sur son torse.

« C'est vrai, mais il me fallait une solution simple et rapide. C'est un mariage blanc. Nous n'avons pas consommé notre mariage et cela ne se fera jamais, car comme je l'ai annoncé précédemment, j'ai retrouvé la femme que j'aimais. Kelly a été très heureuse pour moi, ce qui prouve bien que nous n'avons pas de sentiments amoureux entre nous... » expliqua-t-il.

Mon père le regarda d'un nouvel œil. Je pouvais presque voir les rouages de son cerveau tourner à une vitesse prodigieuse.

« Je ne veux pas divorcer maintenant, mais dès que j'aurais l'occasion, je le ferais. Vous pouvez en être sûr, » ajouta-t-il.

Je me tournai vers Gabriel qui semblait s'être calmé. Il regardait toujours Joshua, mais plus avec cette envie de meurtre. Il arborait juste un regard méfiant avec une aura de colère. Comme s'il sentait mon regard, il détourna la tête pour plonger ses yeux dans les miens. Je restai ainsi subjuguée.

La couleur bleue de ses yeux virevoltait comme un tourbillon. Ses émotions dansaient dans ses prunelles, montrant qu'il gardait en coupe ses sentiments.

Je détournai mon visage, trop honteuse d'être une si mauvaise âme-sœur. Je devais bien être la pire âme-sœur qu'un loup-garou ait pu avoir.

« Bon, ce n'est pas tout, mais je dois y aller. Tu es bien entourée donc je suppose que tout va bien aller pour toi, » déclara Joshua en me faisant un clin d'œil.

Je lui souris et le pris dans mes bras avant qu'il ne parte.

« Prends soin de toi, je t'aime. »

En me prenant dans les bras, je sentais sa main me glisser un papier dans mon dos. La feuille, à l'intérieur de ma robe d'hôpital, glissa jusqu'au niveau de mes fesses.

« Moi, aussi, je t'aime, » soufflai-je en souriant.

Il ouvrit la porte et s'en alla, tandis que Thomas entra. Les sourcils froncés, il me regarda avec colère.

« C'est bon, tu as assez parlé, la zombie ? »

« Zombie ? » répétai-je confuse. C'était la première fois qu'il m'envoyait ce surnom.

« Oui, parce qu'avec tes cernes jusqu'aux joues et tes cheveux en bataille, tu ressembles plus à uns saleté de zombie qu'à un simple panda... Et encore, j'insulte ces pauvres zombies en disant que tu leur ressembles.

Je le regardai d'un air blasé. Puis, je me rendis compte que Gabriel était là aussi. Je rougis et cherchai rapidement des yeux, un miroir dans la chambre.

« Tu es très belle comme tu es, » gronda Gabriel, qui me prit au dépourvu.

Il n'avait plus cette aura de méfiance envers moi. Au contraire, il semblait apaisé, ce qui était plus effrayant. Je n'arrivais pas à distinguer ses réels sentiments. Etait-il en colère envers moi ou pas ? Je le remerciai néanmoins, mais en bégayant lamentablement. Je n'aurais pas été surprise si mon visage avait viré au rouge.

D'un coup, Gabriel s'avança vers moi et me prit dans ses bras.

« Qu'est-ce que... »

« Tu es à moi, » grogna-t-il le visage plongé dans mon cou, me donnant des frissons de plaisir.

« Qu-quoi ? » demanda-je pétrifiée, et surtout incapable de réfléchir.

Gabriel me relâcha, puis grogna sur Thomas avant de sortir de la chambre. Les loups-garous étaient enfin partis, ce qui me permit de mieux respirer. Lentement, un sourire se dessina sur mes lèvres. Un sourire benêt. Je portai ma main sur mon cou. J'avais l'impression se sentir encore son souffle. Cette chaleur et son odeur était juste enivrante.

« Hey ! L'idiote amoureuse, t'a fini avec ton sourire... » s'exclama Thomas en claquant des doigts devant mon visage.

J'avais oublié qu'il était resté ici. Je soupirai doucement.

« Joshua ne peut pas brûler le corps de Damien, donc je dois y aller, » lui annonçai-je.

Thomas me lança un regard noir. « Pas avant que tu ais dormi un peu. Après, tu pourras jouer à l'héroïne. »

Il ne me laissa pas discuter sur ce point et s'en alla en claquant la porte. Je me dépêchai de prendre le papier dans mon dos et le dépliai. Il y était inscrit une adresse avec le fait que des amis à Joshua s'occupaient du corps de Damien.

Je soupirai en m'allongeant, puis fermai les yeux. Le sommeil vint de suite, prouvant que j'étais terrassée par ces derniers jours.

Le lendemain, Thomas me réveilla pour que je parte avant que quiconque ne me voit. Il me donna des vêtements, un sac et mon portable. Je me préparai et sortis par l'arrière de l'hôpital.

Je marchai en direction de la ville où Damien devait se rendre. D'après ce que Joshua avait écrit, il avait envoyé des personnes qu'il connaissait pour cacher son corps. Les amis de Joshua m'avaient donné un rendez-vous dans une maison. J'espérai que son corps n'était pas dans ladite habitation. Il valait toujours mieux laisser le corps du Verndari à l'endroit où il avait perdu la vie.

Tout en marchant vers le bus aux portes ouvertes, je pris mon portable et composai le numéro de ma mère. Je ne pouvais pas appeler mon père sachant qu'il paniquerait beaucoup trop face à ma fugue inexpliquée. Ce n'était pas la première fois que je disparaissais ainsi sans n'avouer à qui que ce soit ou je me rendais. Mais c'était la première fois que je disparaissais après avoir pris une balle.

Je pris un siège près de la sortie de bus pour m'enfuir si besoin était. Ma mère décrocha à la première sonnerie.

« Bon sang ! Où es-tu? Ça fait des heures qu'on te cherche ! » cria-t-elle, affolée. Je m'en voulais de la faire tout le temps paniquer ainsi.

« Je vais bien, maman. Je dois partir. Je serais de retour demain ou après-demain. Dis-le à papa s'il te plaît et surtout ne t'en fais pas pour moi, » dis-je doucement en essayant de l'apaiser, mais mes mots eurent l'effet inverse.

« Quoi ?! Non ! Tu ne peux pas disparaître maintenant ! Tu viens de te faire tirer dessus par je ne sais quel malade ! » Ma mère commença à pleurer. Je me mordis la lèvre sous la culpabilité.

« Je suis désolée maman. Je dois y aller. Une vie est en jeu, » avouai-je.

« Et moi, c'est ta vie qui m'importe ! » répliqua-t-elle, à présent furieuse.

« Je vous aime. A demain, » soupirai-je.

Je raccrochai avant qu'elle ne dise un mot de plus. J'enlevai la batterie et la carte sim et glissai la batterie dans le sac d'une femme qui allait descendre du transport en commun.

Je devais être prudente, surtout avec mon père. Il me faisait déjà suivre quand j'étais adolescente et je savais qu'il avait la possibilité de retrouver la localisation de mon portable. Je préférai le jeter plutôt que de le garder sur moi. De toute façon, je serais revenue dans la journée si tout allait bien. Je ne savais pas du tout si Damien avait réussi à tuer tous les chasseurs. Je ne savais pas s'il avait récolte des informations. Je ne savais rien.

Normalement, nous nous envoyions les données par mail, cryptés par un langage ancien que seuls les Verndaris connaissaient. Mais je n'avais pas reçu de mails de sa part jusqu'à présent. La peur me fit légèrement trembler. Je devais absolument réussir à le brûler. Je ne connaissais que Damien et Joshua comme Verndari encore vivant et je ne pouvais pas les perdre. Nous étions tellement peu. Peut-être qu'il en existait d'autre, mais nous ne les avions toujours pas croisés. Damien et Joshua avaient plus de mille ans, au cours de leur longue existence. Jusqu'à ce que Damien me rencontre.

Moi. Une mi-humaine, mi-Verndari. Un être qui n'aurait jamais dû exister. La seule personne au monde à avoir cette nature-là. D'après Damien, je n'aurais jamais pu naître étant donné que le fœtus mourrait au bout de quelques mois de grossesse. Mais j'étais là, j'étais née, et j'étais vivante. Ils voyaient l'espoir en moi. Si j'existais, pourquoi pas d'autres comme moi.

Peut-être que je pouvais moi-même donner naissance, mais heureusement ni Damien, ni Joshua n'avait tenté de s'accoupler avec moi. Ils avaient tous les deux une compagne. Une Félagi. Joshua avait réussi à retrouver sa félagi, il ne manquait plus que Damien. Quand il reviendrait à la vie.

Une larme coula sur ma joue, je l'essuyai de suite et continuai mon chemin vers Damien.

Avec ma perruque blonde et mon sac, je me fis passer pour une touriste qui passait la journée dans la ville. Un appareil photo tendait à mon cou pour compléter cette apparence. Je me rendis de suite dans la maison où logeaient les amis de Joshua. Ils ne savaient pas qui j'étais réellement, ni à quoi je ressemblais.

Une fois à l'intérieur, je confirmai que j'étais bien une amie de Joshua. Ils firent de même. Apparemment, Joshua leur avait sauvé la vie quelques années plus tôt. Ces hommes lui étaient redevables.

Heureusement le corps de Damien n'était pas dans l'appartement. Joshua avait spécifié de le déplacer, pour le cacher des promeneurs. Je fus rassurée. Ils m'affirmèrent que Damien avait fini ce qu'il avait commencé. Ainsi il n'y avait plus de chasseur à combattre. Il avait réussi sa mission. Mais ne pouvait plus m'aider avec la mienne. Il était mort et ne reviendrait que dans un mois. Le temps qu'il ait un nouveau corps à s'approprier.

Nous allâmes de suite vers l'endroit où il était. Une forêt. Il reposait sur la terre encore boueuse. Je ravalai ma salive avec peine. Comme à chaque fois, j'avais l'impression d'étouffer. Je pris un temps infini pour arriver près de son corps. Je m'agenouillai près de lui et regardai son visage livide. Ses cheveux blonds n'étaient plus aussi éclatants que de son vivant. Son torse était sali par le sang et la terre. Il avait dû recevoir un coup au torse, mais je me demandais comment quelqu'un avait pu lui porter un coup fatal.

Il était vrai qu'il était seul, mais il était assez âgé pour déjouer les pièges des chasseurs. Les seules fois où il mourrait était parce qu'il devait protéger des personnes pendant qu'il se battait. J'étais curieuse de savoir qui il protégeait. Et j'espérais surtout que cette personne allait bien.

Je fis le vide en moi, et utilisai mes pouvoirs pour écouter. Ses battements de cœur étaient inexistants. Morts. J'entendis mes battements et ceux des hommes qui surveillaient les alentours.

Dans un geste qui devenait habituel, je pris la chaîne autour de son cou. A mon contact, le cristal d'un rouge brûlant devint bleu et froid. Il avait perdu de sa vie. Je l'accrochai à mon cou et laissai ses pouvoirs m'envahirent.

Je me levai et pris dans sa poche intérieur un briquet. Un objet qu'il avait toujours sur lui. Je me penchai de nouveau et déposai un léger baiser sur son front glacé.

« A bientôt, grand frère. »

Un des hommes versa un liquide combustible que contenait le bidon d'essence sur son corps, et j'allumai le briquet. Le feu brillait avec une belle intensité.

Je reculai un peu puis lançai le briquet. Les hommes s'en allèrent sans un mot, me laissant à la contemplation des flammes dansantes sur le corps de mon frère. Elles entamèrent leurs danses habituelles et majestueuses. Je restai à admirer cet élément de la nature, puis rivai de nouveau mon regard taché de tristesse vers le corps de Damien.

Je partis sans un regard en arrière, mais des larmes firent leur chemin sur mes joues. A ce moment-là, un papillon aux ailes noires et blanches se posa sur mon épaule. Comme toujours, la chaleur l'avait fait venir jusqu'à moi.

Les hommes m'avaient laissé une moto pour rentrer. Au final, je rentrai le jour même.


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