Chapitre 24 - Dis-leur ce que tu sais

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Je fixai les yeux bleus de cette petite fille. Elle me semblait si familière. Ses yeux étaient comme ceux de Gabriel. Je me mis une claque mentale, et aperçus qu'elle me fixait aussi. Son regard était triste.

Je voulais tellement la prendre dans mes bras et la consoler, mais je restai figée sur place. La culpabilité me rongeait.

« Vous ne les torturez pas, j'espère ? »

« Non, ils sont juste là comme appas... Ils sont bien mieux traités que les adultes si c'est ce qui te tracasse. »

Je hochai la tête. Nous sortîmes enfin de cet endroit qui me donnait le tournis. De nouveau, on me remit un bandeau sur les yeux, puis on repartit en voiture jusqu'à la forêt. Je ne me tracassai plus à repérer les différents virages. Peut-être avions-nous pris un autre chemin ? Je ne le savais pas, et je ne m'en préoccupais plus. Je n'arrêtai pas de penser à ces loups-garous et surtout à ces enfants. Je devais les sauver coûte que coûte.

La voiture se stoppa. Je sortis et Eli enleva mon bandeau. Il se faisait tard. Les bois étaient très sombres et inquiétants.

« Je suis désolé, je ne peux pas t'accompagner jusqu'à la ville. J'ai encore des choses à faire, » dit Eli, coupable. Je hochai la tête en laissant transparaître un petit sourire hypocrite.

« Ne t'en fais pas, je vais m'en sortir. »

« A demain soir, » envoya-t-il en me prenant dans ses bras.

« A demain, » soufflai-je.

Je m'éloignai rapidement de lui et de la voiture. Je voulais mettre le plus d'espace possible entre cet homme et ma personne. Je me dégoûtai à force de traîner avec ce chasseur. Ce monstre.

Je respirai un bon coup, et avançai tout en m'imprégnant de la nature. De son odeur. De ses bruits. Des animaux nocturnes. Très vite, j'aperçus les lumières de la ville. Dans le ciel, les étoiles étaient moins nombreuses à cause de ces lumières artificielles.

Je traversai les rues vides et me dirigeai vers un hôtel encore ouvert. Je pris une chambre et y essayai de m'endormir. Mais mes pensées étaient rivées vers cette petite fille et ses yeux bleus similaire à ceux de Gabriel. Au bout d'un moment, mes paupières se refermèrent sous la fatigue.

Le lendemain, je me hâtai de rentrer chez moi. Je pris un bus qui s'arrêta au parc près de mon appartement.

Quand les portes du transport s'ouvrirent, je fus surprise de trouver Jack assis sur le banc. Je descendis lentement la marche et le regardai confuse. Que faisait-il là ?

Le transport en commun s'en alla, me laissant avec cet homme aux regards menaçants. Je pouvais presque sentir les éclairs que ses yeux lançaient. Je me mordis la lèvre et avançai vers lui. Je déposai une main sur sa joue et étant donné qu'il ne réagissait pas, je lui pinçai la joue.

Il dégageait ma main tout en se levant. Quant à moi, j'éclatai de rire. Jack me regardait toujours avec ses yeux colériques.

« Viens, » dit-il en me prenant le bras. Son air sérieux commençait à me faire peur.

« Jack, qu'est-ce qu'il se passe ? Pourquoi tu es en colère ? »

« Pourquoi à ton avis ? » répliqua-t-il énervé. Je fronçai des sourcils face à son ton. J'étais blessée.

Il soupira en s'installant sur un banc du parc. Je fis de même.

« Tout le monde est inquiet. Ton père est venu chez moi pour voir si t'étais là, mais il est reparti direct. »

« Mon père ! Oh, je suis désolée, je ne pensais pas qu'il viendrait jusqu'à chez toi pour me chercher, » dis-je en me prenant la tête dans les mains.

« Il était flippant, mais... »

« Mais, quoi ? » demandai-je, curieuse.

« Tu te rappelles de ce que je t'ai dit à propos des loups-garous ? »

« Oui, mais... »

« Regarde derrière moi, ces hommes, je pense que ce sont des loups-garous, » souffla-t-il.

Je regardai derrière lui, comme il me l'avait dit. Et je vis Gabriel. Gabriel, Raphaël et trois autres hommes. J'ouvris grands les yeux avant de détourner rapidement mon visage.

« Ce sont les associés de mon père, pas des loups-garous, » dis-je en riant. Jack secoua la tête en gardant son sérieux.

« Ce sont des loups-garous. Peut-être que tu ne vois leurs auras de pouvoir parce que tu vis avec des loups-garous depuis quelques temps. Mais ta famille et ces gars sont des loups-garous, » déclara-t-il sans sourciller.

Je secouai la tête. « Arrête Jack, les loups-garous n'existent pas ! Un point c'est tout ! » m'écriai-je.

Je regrettai de suite mes paroles quand je vis le visage blessé de Jack. Il se leva et partit sans se retourner. Je voulus courir après lui, mais au final, ce que je disais était pour le protéger. Je ne voulais pas qu'il s'immisce de trop dans les affaires de ces créatures surnaturelles. Il ne fallait pas que les chasseurs sachent qu'il connaissait leur existence. Je ne voulais pas qu'il meurt.

Je soupirai et réfléchis un peu. Jack ne semblait pas lâcher les loups-garous. Peut-être que je pouvais tout lui dire plus tard dans la journée. Je pourrais tout lui avouer comme cela, il ferait plus attention à ces mots devant d'autres personnes.

Je fixai de nouveau l'endroit où il était parti. C'était décidé, je lui révélerai tout.

Je me levai pour rentrer enfin dans mon appartement. Mais c'est à ce moment-là que Gabriel ainsi que les autres hommes vinrent me rejoindre. Ils s'arrêtèrent devant moi et arboraient un air étrange. De la colère émanait de Gabriel ainsi que de son Beta. Je ne savais que penser.

« Qu'est-ce que vous faîtes là ? » demandai-je.

« Ton père est inquiet. Il nous a demandé de t'emmener à lui une fois que tu serais ici, » annonça Raphaël sans une once de sympathie.

« D'accord. Je vais juste à mon appartement et... »

« Non, tout de suite, » dit Raphaël sans que je puisse m'y opposer. Il me prit le bras et me tira en direction d'une voiture noire.

« Quoi ?! Attends ! Gabriel, qu'est-ce qu'il se passe ? »

L'homme ne daigna même pas se retourner vers moi. La colère commença à prendre part de mon corps.

« Gabriel... Gabriel ! » criai-je plus fort.

« Quoi ?! » gronda-t-il plein de colère. D'un coup, tout le monde se tut. La tension était palpable.

Je masquai ma peine sous de la colère aussi forte que la sienne. J'entrai dans la voiture et claquai la pauvre portière. Il s'installa à mes côtés, sur la banquette arrière, tandis que Raphaël s'installa devant. Par la vitre, je regardai la rue passer rapidement.

J'avais l'impression que la colère de mon âme-sœur se confondait avec le mien. Ce lien semblait encore plus présent qu'avant. Je soufflai un bon coup pour me calmer. Cette situation me dépassait complètement. Je ne savais pas du tout ce qu'il s'était passé quand je n'étais pas là, et maintenant personne ne veut me dire quoique ce soit.

Enfin arrivée devant la maison de mes parents, je descendis de la voiture et me dirigeai vers la porte d'entrée massive. Sans me retourner une seule fois, j'ouvris la porte et entrai. Je savais que les hommes me suivaient.

Je vis le majordome Théodore. Il ne me souriait pas. Au contraire, il possédait un visage triste. Je ne comprenais vraiment plus rien. Les hommes me rattrapèrent et me demandèrent d'avancer. J'avançai en espérant que mon père me donne des réponses.

En passant le seuil du salon, je me figeai par la vue. Une trentaine de personnes me regardaient. Certains avec colère, d'autres avec tristesse. La panique m'envahit quand je me rendis compte que c'était tous des loups-garous sous forme humaine. Que faisaient-ils là ?

« Ma chérie. » La voix de ma mère me soulagea. Elle était près de son mari. Je me hâtai d'aller vers eux.

« Papa, qu'est-ce qu'il se passe ? » demandai-je. Mais dès que j'arrivais à sa hauteur, ma mère me prit dans ses bras.

« Viens, on va discuter là-haut, » dit mon père en me traînant.

« Non, dis-moi maintenant. »

De toute façon, avec tous ces loups-garous, que je sois en haut ou ici, ils entendraient tout. Mon père soupira, mais je ne bougeais pas.

« Je suis désolée, ma chérie, mais tu dois arrêter de disparaître comme ça... » commença mon père, mais il fut interrompu par Raphaël.

« Tu es encore allée voir ton ami, alors que je t'avais dit de rester loin de lui, » annonça rageusement Raphaël.

« Quoi ?! C'est quoi le rapport avec... » Je regardai mon père puis ma mère. Je compris ce qu'ils voulaient faire. Ils voulaient m'enfermer pour me protéger d'Eli qu'il connaissait en tant que chasseur.

Je voulus m'enfuir, mais deux hommes me tinrent les bras. Je ne pouvais plus bouger.

« Ecoute, je vais tout t'expliquer, d'accord ? » dit calmement mon père.

« M'expliquer quoi ? Et pourquoi tu veux m'enfermer ?! »

« Parce que vous êtes une des leur ! » lança un homme. Gabriel grogna et se plaça devant moi.

« Elle n'est pas une chasseuse ! » gronda mon âme-sœur.

Un silence assourdissant se fit.

« Et pourquoi pas, Alpha ? Je sais qu'elle est ton âme-sœur, mais elle n'a pas arrêté de traîner avec ce chasseur, » cracha une femme aux cheveux blonds. Une femme que j'avais déjà vue dans notre entreprise. C'était la sœur de Gabriel.

Elle était aussi une des seules à pouvoir tenir tête à l'Alpha étant donné qu'ils étaient liés par le sang. Elle avait pleuré longtemps. Cela se voyait sur son visage. Ses beaux yeux bouffis étaient cernés de gris et ses joues étaient rougies.

Je regardai Gabriel qui ne trouva rien de mieux à dire que de grogner sur sa sœur. Bien sûr, elle grogna en retour.

« Elle a raison, Alpha, » souffla un homme la tête baissée. Il avait peur, mais avait osé exprimer ses pensées. Tout le monde croyait que j'étais avec Eli, et c'était ce que je voulais, mais maintenant, je n'étais plus sûre de ce que je voulais faire.

De là, une polémique commença. Plusieurs personnes parlèrent en même temps. D'un côté se trouvait mon père et Gabriel et de l'autre côté, Chloé, la sœur de Gabriel. J'avais causé une scission entre cette famille. Je m'en voulais tellement. Mais face à toutes ces personnes qui criaient, je ne pouvais plus parler.

Les deux hommes me relâchèrent et rejoignirent la cohue. Je restai où j'étais en réfléchissant à un quelconque moyen de leur prouver que je n'étais pas une chasseuse.

Soudain, le visage du vieux Théodore retint mon attention. Il me regarda et fit un hochement de tête.

Je repensai à ce qu'il m'avait dit plus tôt.

« Les secrets sont faits pour être cachés au plus profond de soi. Mais ils souillent le coeur s'ils sont gardés trop longtemps. Alors que les secrets avoués à des personnes de confiance sont un trésor que deux personnes puissent chérir ou combattre ensemble. »

Je secouai la tête en comprenant ce qu'il voulait que je fasse. Mais je ne pouvais pas. Je ne pouvais pas tout leur révéler. Je le suppliai du regard, puis il remua ses lèvres.

« Dis-leur ce que tu sais. »

J'hésitai. Il avait raison. C'était l'occasion de tout leur dire. Et je ne supportais plus que Gabriel et sa sœur s'hurle dessus à cause de moi.

« Les loups-garous existent ! » criai-je. Seules les quelques personnes près de moi se retournèrent choquées par ce que je venais de dire.

« Vous êtes tous des loups-garous ! » m'écriai-je, une nouvelle fois. Enfin, ils s'arrêtèrent tous de parler et me fixèrent complètement choqués par ma révélation subite.

Je souris, mais cela dû ressemblait plus à une grimace qu'à autre chose. Ils ne dirent rien pendant quelques minutes, et je commençai à avoir peur.

Peur qu'ils me rejettent parce que, pour eux, j'étais humaine et, non une louve, comme eux.


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