Chapitre 7 - Salut, je suis Eli

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Dans le chapitre précédent :

« Damien m'a avoué que tu l'aidais à protéger des gens même si je ne sais pas ce que vous faîtes vraiment mais tes proches seront inquiets s'ils l'apprenaient, Kelly, » me sermonna-t-il doucement.

« Je sais, mais je dois le faire. Je dois les protéger. C'est ce qui me semble le plus juste à faire, Ethan, » murmurai-je assez pour qu'il m'entende.

« Je ne te ferais pas changer d'avis, hein ? » soupira-t-il. Je ris une nouvelle fois.

« Non, désolée, j'ai du boulot j'y vais. A plus ! »

« Ok, fais attention à toi ! »

Je soupirai et pensai à ce fameux chasseur que Damien m'avait montrée dans la boîte de nuit. Je devais repartir là-bas pour pouvoir lui parler et obtenir quelques informations nécessaires à la localisation de leur quartier général.

***

Je soupirai avant même d'avoir commencé ma mission. Mais je me disais que c'était pour le bien des êtres surnaturels. Je devais les aider du mieux que je pouvais. C'était ce pourquoi j'étais née. C'était ce pourquoi les Dieux avaient autorisé ma simple existence. J'étais la seule au monde dans mon cas.

Je me retournai et aperçus Gabriel et Raphaël me fixant d'un air inquiet. Je savais qu'ils avaient entendu ma conversation avec Ethan. Ce dernier était un bon agent fédéral d'une trentaine d'années qui me procuraient des couvertures sur certaines de mes missions. J'espérai maintenant que l'absence de son aide ne m'handicaperait pas pour cette mission délicate où j'étais seule.

Je leur souris par pure politesse puis repris mes activités dans mon bureau. La journée passa assez lentement ce qui m'agaçait. J'avais l'impression de perdre mon temps. A travers les dédales des couloirs, je ne recroisai plus Gabriel ni aucune autre personne de sa meute. Mais je savais que ma vue était trompeuse. Je pouvais sentir leurs yeux me surveiller. Surtout ceux de Gabriel. Une sensation étrange mais plaisante pas comme avec les loups de mon père. J'avais l'habitude de me faire surveiller par ceux-ci mais la sensation n'était pas la même. Elle m'étouffait même à certains moments. Apparemment, mon père ne connaissait pas mon espace vital.

Vers la fin de journée, je sentis mon portable vibrer. Jack m'avait envoyée un message me donnant rendez-vous au parc près de mon appartement. Je fronçai les sourcils me demandant ce qu'il me voulait. Mais je compris ensuite qu'il souhaitait encore de l'argent. J'en étais quasiment certaine.

Cependant, j'étais légèrement réticente à lui donner de l'argent en main propre sachant qu'il était complètement bourré hier soir. J'espérai pour lui, qu'il avait une bonne raison pour me donner ce rendez-vous. Je soupirai une nouvelle fois le visage rivé sur mon téléphone tout en entrant dans l'ascenseur.

Soudain, je relevai la tête et tombai nez à nez avec mon beau Gabriel. Lui que je n'avais pas aperçu de toute la journée, se trouvait dans l'ascenseur au même moment que moi. Les Dieux ne me jouaient-ils pas un tour ?

Captivée par ses yeux bleus, je ne remarquai que plus tard la présence de Raphaël qui se racla la gorge. Je me détournai enfin vers lui pour lancer un regard menaçant. Il se figea de peur qu'il ait fait quelque chose qui mettrait son Alpha à dos, mais je repris sur moi et lui souris comme si rien ne s'était passé. Il se détendit instantanément.

Arrivée au rez-de-chaussée, je sortis de la cage en métal avec mes deux acolytes juste derrière moi.

« Salut Raphaël, » lui dis-je sans me retourner. Il vint à ma hauteur.

« Salut Kelly, la forme ? » Ses yeux pétillants de malice me scrutèrent pendant que je souris à sa belle tentative pour parler comme les jeunes de notre époque. Il était amusant.

« Oui et toi ? » demandai-je en le tutoyant sachant que cela pourrait le faire plaisir que je le considère comme un « jeune ». Malgré le fait qu'il ait plus d'une centaine d'années, le tutoyer ne semblait pas déplacé contrairement à l'emploi du tutoiement face à Gabriel qui était dérangeant pour moi sans réellement savoir pourquoi.

Encore une fois, je ne pus m'empêcher de penser à cet homme qui n'était qu'à quelques centimètres derrière moi. Je pouvais sentir ses yeux de loups me trouant l'arrière de ma tête tel un prédateur à l'affût de sa proie. Cette proximité me mit vite mal à l'aise. Je soufflai un bon coup avant de sortir du bâtiment de verre.

Ma voiture était garée au sous-sol du bâtiment mais je devais retirer de l'argent au distributeur le plus proche pour mon très cher Jack. A coup sûr, c'était cela qu'il allait me demander alors autant me préparer pour le rendez-vous de ce soir.

Avant que je puisse faire quelques pas, Raphaël m'attrapa le bras.

« Où vas-tu ? »

« Je dois retirer de l'argent. »

« Tu ne demandes pas à ton père ? » demanda-t-il surpris.

« Non, je gagne mon propre argent. Je n'ai pas besoin de demander à mon père quoi que soit. Je suis assez indépendante financièrement... Quand mon père ne s'amuse pas à me verser de l'argent alors que je n'en ai clairement pas besoin, » murmurai-je tout en marchant. « Je fais dons de la plupart de son argent de toute façon... »

Je me tus quand je me rendis compte que je parlais de mon argent à un parfait inconnu. Mais une voix me susurrait que je pouvais lui faire confiance. Pourtant, il était un loup-garou. Je devrais avoir peur de lui comme la première fois que j'avais découvert que ma famille adoptive étaient des loups-garous mais je ne ressentais pas cette appréhension ici. Pas de peur, juste de la confiance et de la tendresse. Comme s'il faisait parti de ma famille. Je voulais les protéger plus que d'habitude.

« Oh, » dit-il après ma petite tirade.

Gabriel était toujours près de son Bêta mais il ne parlait pas. Ce qui, en un sens, m'agaçait un peu. J'étais déçue de son manque de parole. Ou peut-être étais-je déçue de ne pas entendre le son de sa voix ? Et comment pouvais-je parler de mes finances face à mon âme-sœur alors qu'il y avait bien d'autres sujets de conversation ?

Des sommes, des chiffres... Je passais beaucoup trop de temps au travail pour y penser même maintenant. Ça en était presque désolant.

Après avoir fini mes réflexions internes ainsi que mon auto-apitoiement, je pris les billets rendus par le distributeur et m'en allai vers l'immeuble où la voiture logeait au sous-sol.

« Vous comptez me suivre encore longtemps ? »

« Oui, » entendis-je Gabriel d'une voix étouffée mais qui s'apparentait à un doux murmure.

« Non, bien sûr que non. Mais notre voiture est au même niveau que le tien, » me taquina Raphaël. Cet homme aimait bien m'embêter apparemment.

Je ris puis me dirigeai vers ma voiture. Une fois dans l'habitacle, je les vis me surveiller à travers mon rétroviseur. Je rougis quand je croisai le regard intense de Gabriel.

Je conduisis jusque chez moi sans trop d'encombres sur la route. Une solitude froide enveloppait mon petit appartement. Damien n'était plus là. Encore une fois.

Ce soir, j'avais prévu d'aller dans la boîte où Damien m'avait montrée le chasseur que je devais suivre. J'espérai le trouver encore ce soir. Sinon, je réessaierai un autre soir. Je pris une douche et me préparai pour l'occasion. Je sortis de l'appartement et marchai jusqu'au parc. Installée sur un banc, j'observai les parents et leurs enfants qui venaient s'amuser après l'école.

Je repérai enfin Jack. Ses cheveux bouclés mal coiffés lui donnaient un air doux mais ils possédaient un caractère fort. Presque agressif. Son passé dans la drogue et son père n'ont pas embelli son caractère.

Nous partîmes dans un coin plus tranquille et avec beaucoup moins de regards. Je le fixai alors qu'il scrutait les alentours faisant tout pour ne pas croiser mes yeux. Il était clairement gêné et stressé.

« Je suis désolé, » annonça-t-il d'un coup. « Pour hier. »

Je le fixai en essayant d'assimiler ce qu'il venait de m'avouer. Jack se gratta la nuque et recommença à parler comme je ne disais rien.

« J'étais bourré. Tu me connais, j-je voulais pas faire ce que... » J'éclatai de rire et le pris dans mes bras. Tout son corps se raidit à mon contact.

« Ne t'en fais pas, je savais que tu étais complètement bourrée. Heureusement que c'était moi la fille que tu tripotais parce que si ça avait été quelqu'un d'autre, soit elle serait partie en courant, soit elle t'aurait envoyée une bonne gifle. »

« J'aurais préféré que ce soit quelqu'un d'autre que toi justement, » murmura-t-il. Je lui donnai une petite tape à l'arrière de la tête. Il grogna un peu.

« Tu as été accepté à ce boulot de mécano ? » Il me fit un grand sourire, ses yeux marrons pétillants de fierté. Comme un petit garçon, il hocha vivement la tête. Ses boucles avaient l'air de danser de joie tellement ils bougeaient.

« Oui, ils m'ont pris pour un essai d'une semaine alors j'ai pas intérêt à foirer. »

Je souris heureuse de le savoir enfin prendre en main sa vie professionnelle au moins. Je repensai ensuite à l'argent que j'avais emporté pour le lui donner. Il ne servait plus à grand-chose au fin fond de mon sac. Je pris une petite somme et le lui donnai. Il refusait au début donc je dus insister pour qu'il le prenne. C'était un acte si différent de son comportement habituel. Normalement, il acceptait l'argent sans broncher.

Je réussis tout de même à lui fourrer des billets dans la main malgré son entêtement. Une fois parti chacun de notre côté, je mangeai rapidement le sandwich que je m'étais préparée tout en me dirigeant vers la boîte de nuit « Secret » en espérant trouver le bras droit du chasseur.

Je réussis à entrer sans problème sachant que j'étais une habituée des lieux. Je repérai un homme assez mince et grand qui semblait bien être le chasseur que Damien m'avait signalée. Il était assis devant le bar en promenant son regard sur la foule comme la première fois que je l'avais vu.

Je m'installai à côté de lui et le barman, que je connaissais bien, m'offrit un verre. Je lui intimai le silence en plaçant un doigt sur ma bouche. Il semblait surpris mais partit néanmoins s'occuper des autres clients en me laissant tranquille.

Le chasseur ne remarquait pas ma présence donc je fis tomber exprès mon portable à ses pieds. Comme je le souhaitai, et tel un gentleman, il se pencha en même temps que moi pour ramasser mon pauvre appareil. Je le remerciai quand il me le remit. Ses yeux d'un marron clair et son visage presque doux ne trahissaient pas du tout son appartenance à la classe des chasseurs de loups-garous. Il semblait même assez humain et sain. Mais ce n'était pas maintenant que j'allais douter de Damien. S'il s'avérait être un chasseur, je devais jouer la carte de la prudence sinon je ne finirai pas vivante de cette affaire.

Il me sourit. Et je fis la même chose. Que le spectacle commence.

« Salut, » dis-je.

« Salut, je m'appelle Eli, » m'annonça-t-il de but-en-blanc.

« Kelly. »

Je sirotai mon verre pendant que ses yeux me scrutaient de la tête au pied à travers l'obscurité ambiante de la boîte. Je voulus rouler des yeux mais je m'abstins. J'avais au moins réussi à capter son attention.

« Tu es nouveau ? Je ne t'ai jamais vu par ici... »

« Et toi t'es une habituée ? » répliqua Eli malicieusement. J'acquiesçai. Il continua ensuite sans que je n'ai à le relancer. « Je viens d'emménager dans le coin avec des amis. »

« Oh ! Il faudrait que tu me présentes à tes amis ! » Il rit.

« Ils ne sont pas là. Mais peut-être que plus tard... » J'acquiesçai, pensive. Je pouvais l'utiliser pour voir ce fameux chasseur qui les dirige.

Nous continuâmes de parler de tout et de rien. Je faisais bien attention de ne pas trop poser de questions à propos de ses amis chasseurs pour éviter une quelconque suspicion de sa part. Après quelques heures de bavardages et de rigolades, je commençai à me lever en faisant semblant de tanguer un peu alors que le verre bu n'était pas du tout alcoolisé. Il me prit par la taille pour m'aider à tenir debout et ne me lâchait plus jusqu'à ce que nous décidâmes de nous rendre chez lui.

Pendant qu'il conduisait il était assez tendu donc je lui proposai de l'eau. Bien sûr, ma bouteille contenait une bonne dose de somnifère pouvant le faire dormir pendant au moins toute la nuit. Il avala de bonnes gorgées d'eau sans se méfier. Je commençai à hésiter quant à la véracité des propos de Damien. Cet homme n'avait pas l'air d'être dangereux. C'était troublant mais je restai tout de même sur mes gardes au cas où.

Toujours collé l'un à l'autre, nous rentrâmes dans son appartement. Il me prit par surprise en m'embrassant dès que la porte d'entrée fut fermée. Il m'emmena jusque dans sa chambre tout en se déshabillant avec entrain. Il se retrouva en boxer quand il tomba littéralement sur le lit. J'étais soulagée que les somnifères agissent maintenant.

Je m'essuyai la bouche avec dégoût et, sans que je ne sache pourquoi, une image de Gabriel me passa en mémoire. J'avais l'impression de le trahir. Il était mon âme-sœur mais cette mission permettrait à beaucoup de personnes de vivre sereinement. Sans le danger de chasseurs qui rôdaient aux alentours.

Je fis le vide en moi et me laissai submerger par le calme de la pièce, qui n'était au final pas si calme que cela à cause des ronflements d'un Eli bien endormi. Je tendis l'oreille pour que mes pouvoirs puissent agir. J'entendis les battements de cœur de chacun des locataires vivant dans ce bâtiment. Je me concentrai sur cet étage et fus soulagée de savoir qu'il n'y avait pas d'autres personnes dans une autre pièce de cet appartement.

Je ne savais pas combien de temps il me restait donc je commençai mon investigation des lieux. J'espérai au moins trouver des indices sur le quartier général des chasseurs ou à défaut, le nombre de chasseurs présents dans cette ville ainsi que leurs identités.

Une longue nuit sans sommeil m'attendait.

Enfin un nouveau chapitre ! Désolée pour l'attente qui devait être assez longue... Je me suis plus concentrée sur mon autre histoire You, by my side d'où le temps de publication relativement long pour cette histoire -_-

J'espère que ce chapitre vous a quand même plu ! ^^

MERCI pour tous vos votes et commentaires <3


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