|Accident.|

Màu nền
Font chữ
Font size
Chiều cao dòng

Ce jour-là, je n'avais pas vraiment compris ce qui m'était arrivé. Moi qui voulait tout comprendre.. Qui pensait enfin avoir vu qui était vraiment la guerre, celle qui m'avait suivi depuis mon enfance. J'avais tellement été à l'aise, pendant ces trois ans, je pensais tellement qu'à force, j'étais intouchable, qu'à moi, il n'allait rien m'arriver.
Et encore une fois, j'avais tort.

Personne n'était à l'abri de la mort, dans ces conditions, et moi, ce n'est pas avec mon appareil photo que j'allais être protégé. J'étais même une des personne au devant du danger. Chaque jour je le frôlais, et la mort n'était jamais loin. Elle devait sûrement attendre le bon moment. Mais moi, ça ne m'aurait pas dérangé. Depuis tout ce temps, je n'avais pas entièrement retrouvé ma joie de vivre, il y avait quelque chose de cassé, au fond de moi, et ça ne s'était jamais réparé.

C'est pour ça que, ce jour-là, la mort a décidé de venir me chercher une bonne fois pour toute, sûrement pour me dire que je ne pouvais rien faire face à elle, mais aussi pour mettre fin à cette douleur que j'avais, mais que même moi avait oublié.
Sauf que comme toujours, elle n'a pas réussi. Et je ne sais pas si je devrais dire heureusement, ou malheureusement.

●●●▪▪•▪▪●●●

Encore une fois, je me retrouve au milieu de tout ça. Le champ de bataille.. la désolation. C'est ce que je vois quotidiennement depuis un moment, maintenant. À force je suis habitué... Sauf que j'ai l'impression que ça va bientôt toucher à sa fin. Comme si je ne pouvais pas faire ça éternellement, et que j'allais bientôt devoir arrêter. Mais pourquoi ?

Jusqu'ici il ne m'était rien arrivé, même au devant du danger j'arrivais toujours à m'en sortir, pourquoi ce serait différent cette fois ? C'est peut-être la peur, à force. Et aussi parce que depuis un moment, les combats ici font rage, ce qui augmente les chances de mourir. Je ne devrais pas m'inquiéter, mais la dernière fois que j'ai eu un mauvais pressentiment, on m'a annoncé la mort de mon père.

D'ailleurs, c'est un peu lui qui m'a amené là.. C'est lui qui a fait en sorte que je veuille venir ici, même s'il ne l'avait sûrement pas fait exprès. Non, je le sais, il ne le voulait pas. Personne ne le voulait. Et c'est seulement maintenant que je me dis qu'ils avaient peut-être raison. J'aurais peut-être dû faire autre chose.. rester... là-bas.

En fait, non, je n'ai pas envie de retourner là-bas, alors je resterai ici, c'est la meilleure solution, le seul moyen pour être qui je suis réellement. J'ai enfin eu la sensation d'être moi, d'être libre, et elle est exceptionnelle, alors je ne vais pas tout gâcher pour des regrets.

Sauf que ces regrets auraient pu me faire prendre conscience d'une chose, là tout de suite.
Du fait que je ne suis pas au meilleur endroit pour penser à ça maintenant, et si je perds ma concentration c'est aussi ma vie que je vais perdre. En soit, peut-être que ça ne me dérangerait pas.. Déjà, je n'aurais pas le temps d'y penser, sur le moment. Et peut-être que...

J'ai dit de ne pas y penser, ce n'est vraiment pas le moment. J'entends des coups de feu et des explosions de partout, ça ne s'arrête pas. Ça ne s'est jamais arrêté. Même quand il n'y en a plus, ça continue. Peut-être que c'est moi qui deviens fou, en fait. Mais ça non plus, je ne dois pas y penser, je dois juste me focaliser sur ce qui est devant moi, sur ce pourquoi je suis là. C'est tout.

Pourtant, ce qui est devant moi, ce sont des hommes qui tombent un à un sous les tirs d'obus. Je n'arrête pas de les voir, de les entendre. Je me suis toujours demandé, est-ce qu'ils souffrent sur le moment ? Est-ce qu'ils ont le temps de ressentir la douleur, ou bien est-ce que la mort ne les attrape avant ? J'ai l'impression que tout ce qui se passe ici, c'est une course continue contre la mort. Qui tombera en premier ? Qui arrivera en premier ? La mort ou la douleur ?

Je me pose constamment ces questions, depuis trois ans. Même depuis mon enfance, au final. Quand j'ai appris la mort de mon père, je me suis toujours demandé, "est-ce qu'il avait souffert ?". Ce que je n'espérais pas, je pensais qu'il méritait de mourir rapidement, sans douleur, pour récompenser la personne si gentille qu'il était. Enfin, ça c'est ce que je pensais. Car maintenant que j'ai pu voir de moi-même ce qui l'entourait au quotidien, tout mon avis d'enfant s'est écroulé.

J'ai enfin pu découvrir la vérité, c'est tout ce qui importait.

Mais maintenant, je vais aussi pouvoir découvrir que je ne suis plus en sécurité. Moi qui pensais que mon simple appareil photo, celui qui exprimait la vérité dans tous les sens du terme, avec ce mot justement gravé sur lui, allait pouvoir me protéger, je m'étais bien trompé. Il n'y a pas d'exception, pour moi aussi, la vérité allait me faire découvrir des choses. Ou plutôt une chose.

C'est pour ça que, après avoir à nouveau pris une photo d'un pauvre soldat se faisant attraper par une explosion et perdre la vie, au même moment, mon tour arrive, sans prévenir. Et c'est à partir de ce moment là que je n'avais plus vraiment compris. Quelqu'un pouvait m'expliquer ?
Pourquoi, d'un seul coup, j'avais ressenti une vive douleur, au niveau de mon oeil droit ?
Pourquoi je n'avais rien vu venir ? Je n'avais rien compris ?

Il y avait tant de questions qui s'étaient déjà immiscées dans mon esprit. Alors que sur le coup, j'avais chuté. Cette chose, cet objet qui avait l'air de s'être planté dans mon oeil m'avait fait souffrir, avant d'arriver à me faire tomber. La douleur.
Je l'avais ressenti. C'est elle. Je l'avais ressenti. Mon heure était donc venue ? La course contre la mort avait fini par faire gagner la douleur, ce qui voulait dire que la mort en question n'était pas loin...

J'étais en train de mourir. C'est ce qui m'arrivait. Et c'est à partir de là que je ne savais plus si j'étais paniqué à cette idée, ou joyeux. Joyeux ? J'étais content de me dire que c'était enfin le moment venu pour moi de mourir ? En fait, je le savais au fond de moi. J'avais toujours eu cette envie. Alors pour une fois, enfin, j'allais pouvoir me reposer, entièrement.

Et pendant que je comprenais à moitié ce qui m'arrivait, quand la seule chose que j'avais finalement réussi à comprendre était que j'allais mourir, j'ai souri. J'étais heureux.

"Il est temps de partir, Stefano."

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen2U.Pro