|Nouvelle personne.|

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À ce stade de ma vie, la meilleure solution était de ne plus rien ressentir.

Pendant des années, j'avais assez souffert de tout ce que j'avais vécu. Rien que dans mon enfance, je n'étais pas joyeux. Je pensais déjà que la vie voulait me faire regretter d'être né, je n'avais déjà aucun but ni aucune ambition pour mon futur. Tout ce que j'aimais, c'était mon père qui agissait comme un héros dans chaque situation. Lui qui m'avait permis de garder une envie de vivre, et d'arriver à trouver une ambition. Je voulais faire comme lui, devenir comme lui, un héros. Sauver des gens aussi bien physiquement que mentalement.

Sauf qu'en même temps, il y avait ma mère, et elle ne semblait pas être d'accord avec moi pour mon avenir. Elle ne voulait pas que je devienne comme lui, elle voulait que je reste avec elle, que je lui obéisse, que je reste un gentil garçon. Je pensais qu'elle faisait ça parce qu'elle voulait me voir sombrer peu à peu, ne plus avoir aucune émotion et avoir la sensation d'être vide. Je pensais qu'elle faisait ça pour mieux me manipuler et faire de moi sa chose, pour que jamais je n'atteigne mes rêves. Ça, c'est tout ce que je pensais.

Alors qu'en fait, c'était entièrement faux. Je m'étais complètement trompé, comme toujours. Elle ne voulait pas me voir souffrir, mais ça, je l'ai compris trop tard. J'ai tout compris trop tard, et maintenant j'en étais arrivé là. À penser constamment à tout ça, essayer de comprendre ce qui avait bien pu bloquer, ce qui avait été mal fait dans tout ça. Si j'avais écouté ma mère, je n'aurais pas suivi les traces de mon père, je n'aurais pas eu cet accident, je n'aurais tué personne. Et ça, je me le répétais en boucle. Et quand j'y pensais, ça me donnait presque la nausée. Toute cette histoire n'était qu'un malentendu. Un malentendu qui aurait pu être réglé si ma mère m'avait juste expliqué tout ça.

Si depuis le début, on ne m'avait pas laissé dans le flou, on ne m'avait pas laissé le doute quant au sens de ma vie, j'aurais pu éviter tout ça. Ça ne tenait juste qu'à des paroles, qu'à de simples mots qui auraient pu changer tant de choses.. Si on pouvait modifier le passé, je l'aurais fait depuis des années. Il y avait trop d'erreurs à réparer dans ce passé. Trop d'erreurs qui n'ont pas été réparées à temps. Tout était une question de temps. Et pourtant, on en avait eu, du temps, on aurait pu en profiter pour mettre tout ça au clair. Ma mère voulait juste me protéger, au final. Elle voulait m'éviter toutes les souffrances qui allaient suivre. Elle connaissait tout ça, tous les risques, elle ne voulait juste pas me perdre comme elle risquait et avait déjà perdu son mari. Elle non plus ne voulait pas souffrir davantage.

Mais malheureusement, elle ne me l'a pas montré de la bonne manière. Elle n'a pas su me l'expliquer, elle aurait juste pu me dire qu'elle tenait à moi et qu'elle ne voulait pas que je disparaisse. Il nous suffisait juste de.. communiquer. Mais comme j'avais très rapidement développé une haine envers elle à cause de tous ces malentendus, on ne pouvait plus communiquer. Je ne voulais plus rien savoir, j'étais persuadé qu'elle était la source de tous mes problèmes. Je me disais que c'était elle la méchante. Mais quand j'ai découvert toute la vérité par moi-même, je me suis dit qu'au final, c'était mon père le vrai méchant, et non un héros, pendant que ma mère était elle aussi une victime.

Et je pensais à tout ça, cette fois je pensais au passé mais d'une manière différente. Je ne me lamentais plus, je ne me disais plus que c'était moi le coupable, je vivais mieux maintenant. Mais j'y pensais toujours. Sauf que cette fois j'y pensais en me disant que toute cette histoire était tellement bête, qu'elle aurait facilement pu être changée. Et maintenant tout ça m'avait conduit ici. C'était une suite de mauvais choix qui m'avaient conduit ici. Et aussi le fait que je ne connaissais pas toute la vérité à l'époque. Je pensais tellement tout savoir, être persuadé que ma mère était la fautive de tout ça et que, en partant, j'allais la battre à son propre jeu. La naïveté, comme toujours, m'a très vite bercé d'illusions.

Maintenant, le seul point "positif" qu'il pouvait y avoir était que je n'étais plus autant déprimé par ma vie. Comme j'avais tout découvert, tout compris, il n'y avait plus aucune raison de me morfondre. J'étais simplement.. déçu. Une famille avait était détruite à cause de secrets qu'elle n'avait pas voulu dévoiler. Alors que cette fois, il aurait fallu les dévoiler. Ils étaient tous morts. Mes parents, les soldats que je voyais tous les jours, les personnes que j'avais assassinées, dont Emily. Tout le monde était mort sauf moi, et j'étais même responsable de la mort de certaines de ces personnes.

Avant, la mort me rendait triste, extrêmement triste. Après tout, elle m'avait pris mon père, puis les centaines d'innocents que j'avais vu mourir pendant que je photographiais la guerre. D'un côté, elle m'avait aussi emmené avec elle, sauf que je n'étais pas réellement mort. Et comme je n'étais pas mort, c'est moi qui avait fait le travail à sa place. J'ai toujours dit que c'était comme une renaissance. À partir de cette "mort", j'étais devenu une autre personne. Une nouvelle personne, mais j'aurais préféré que ce soit en bien. Parce que non, évidemment, je n'étais pas devenu une bonne personne, je n'étais pas devenu le héros que j'avais voulu devenir. Je n'avais pas pu réaliser mes rêves.

Au contraire, j'avais pu réaliser mes cauchemars. Ce stade de ma vie était juste un cauchemar éveillé. En échange, j'étais devenu un monstre sanguinaire. Après cet accident, je pensais qu'il m'avait seulement marqué sur le plan psychologique. Qu'il me donnerait seulement ces fameux cauchemars, qu'il me repasserait ces scènes en boucle, qu'il me rappellerait pour toujours pourquoi je l'ai eu. Que tout ça était de ma faute. Mais non seulement j'ai à nouveau découvert qu'il n'y avait pas que ça, mais en plus de cette nouvelle découverte, j'avais perdu toutes mes émotions et donc la capacité à penser que c'était moi le coupable.

Grâce à cet accident, à cette photo que j'avais prise avant je ne sois ramené à la réalité, j'ai découvert que je n'avais plus besoin de ressentir quoi que ce soit. J'avais surtout découvert la beauté dans la destruction, mais en même temps j'ai pris conscience que ça ne servait plus à rien de souffrir inutilement. Surtout pas pour le passé auquel je pensais tout le temps et qui me hantait. En découvrant tout ça, j'avais basculé dans une partie sombre de moi-même. Je m'étais rendu compte que j'étais affreux, abominable, je tuais des gens pour mon seul plaisir égoïste et sadique. Juste parce que je voulais revoir encore et encore la mort, alors que pourtant, j'aurais dû la détester et ne plus jamais espérer la revoir.

Sauf qu'encore une fois, ça ne s'est pas passé comme prévu. J'avais perdu le contrôle de moi-même, je n'arrivais plus à réfléchir comme une personne normale, parce que je n'étais plus normal. Je n'arrivais plus à me gérer, j'obéissais seulement à mon nouveau moi qui était apparu. J'ai passé ma vie à obéir à des gens ou des choses, c'était devenu banal. J'avais l'habitude d'être une marionnette et de ne pas agir selon ma propre volonté. Et comme j'avais fini par adopter cette habitude, je n'ai pas tenté de tout arrêter quand j'ai tué ma première victime. Ni quand j'ai tué les autres, ni même quand j'ai tué Emily, et je n'ai pas non plus tenté de m'arrêter quand je me suis laissé mourir à petit feu.

Je mourais une deuxième fois, tout doucement, silencieusement. Et personne ne pouvait arrêter ça, m'empêcher de mourir. Personne ne le pouvait parce que personne ne le devait. Je ne voulais plus être aidé, je n'en avais plus besoin. Je me disais que je pouvais enfin faire mes propres choix et agir par moi-même, sauf que visiblement c'était une mauvaise idée de me laisser choisir par moi-même. Je n'ai fait que des mauvais choix dans ma vie, qui m'ont tous causé d'énormes ennuis par la suite. Le fait de perdre l'usage d'un oeil m'avait fait perdre bien plus que ça. J'avais perdu mon humanité, au même moment. Je n'étais plus un humain, je ne pouvais plus me considérer comme tel.

Tout ce que j'étais, c'était un meurtrier. Et ce n'était plus moi, mais quelqu'un d'autre. Après tout c'est moi qui ai laissé cette nouvelle personne s'installer, c'est moi qui le voulait. Parce qu'en devenant un monstre sans coeur, la vie était beaucoup plus facile. Ne plus avoir à ressentir quoi que ce soit, de la tristesse, de la joie, ou autre, était nettement plus simple. Plus besoin de s'inquiéter. Plus besoin de culpabiliser à chaque fois que j'osais tuer quelqu'un d'autre. Je ne ressentais plus rien de tout ça car ça ne me servait plus à rien. Les émotions sont plus néfastes qu'autre chose, alors si je n'en avais plus, je pouvais mieux vivre.

Mieux vivre, c'est tout ce que je voulais. Et étrangement, après avoir tout perdu pour la deuxième fois, j'étais presque étonné de trouver du réconfort dans cette beauté dans la mort que je provoquais moi-même. Je la trouvais toujours autant magnifique, j'étais complètement fasciné par elle. Je ne comprenais pas pourquoi je ne m'en étais pas rendu compte plus tôt, quand je la photographiais sur les champs de bataille. Parce que maintenant que je la voyais même dans la destruction, je ne l'avais jamais autant admiré. Enfin, j'étais de nouveau heureux, heureux de vivre, car je savais que j'avais de nouveau une raison d'être heureux. Même si cette raison était horrible, dans son ensemble.

Je savais que j'étais devenu fou, que j'avais un problème, mais ça ne m'intéressait plus du tout. Tout ce qui comptait était mon art que j'avais pu créer grâce à cette prise de conscience. Et j'ai fait tout ça pendant encore trois ans. Je tuais des gens, et personne ne savait que c'était moi. Les habitants de cette ville parlaient de moi et me traitaient de tous les synonymes possibles pour "monstre". Ils me trouvaient horrible, même moi je m'étais trouvé horrible, mais contrairement à eux j'avais pu me rendre compte à temps que ce n'était qu'un avantage. Ils ne savaient pas que je créais de l'art à partir de la mort, ils ne voyaient pas cet art. Seul moi pouvait tout voir.

J'étais tellement obsédé par ça que j'en avais oublié mon passé, tout ce qui m'était arrivé. De temps en temps, je continuais à avoir des cauchemars, et peut-être qu'ils essayaient de me dissuader de continuer tout ça. Ils voulaient me détruire mentalement, me faire regretter, me faire avoir peur, mais c'était fini. Tout ça était fini puisque je ne ressentais plus rien. J'avais fait la paix avec moi-même, j'avais arrêté de me détester et de culpabiliser, maintenant je m'aimais presque pour ce que j'étais devenu. Je n'étais plus faible, mais plus fort. J'avais réussi à oublier mon passé, à ne plus vivre avec lui, mais ça ne s'était pas fait dans les meilleures circonstances. Tout ce que je savais, c'était que pendant les trois années qui ont suivi je ne pensais plus à ça, et si j'y pensais inconsciemment avec ces souvenirs, ils devenaient flous. Plus rien n'était assez fort contre moi.

Alors je continuais à vivre, normalement, malgré les atrocités que je commettais. Et comme personne ne comprenait, je m'étais dit que je pouvais changer leur mentalité. Après tout ce temps à faire ça dans l'ombre sans être reconnu, je pouvais dévoiler mon art au monde entier. J'ai toujours dévoilé ce que je photographiais au monde entier, et comme toujours, ça restait dans le thème de la mort et de la désolation. Mais moi j'aimais tout ça, je ne voulais pas être le seul. Je voulais faire une exposition, pour montrer tout ça, montrer mon travail. J'étais sûr qu'avec un peu de réflexion, les gens arriveraient à comprendre et à penser comme moi. J'avais réussi à changer d'opinion sur ça, alors eux aussi pourraient réussir.

Mais comme toujours, quand je faisais un choix par moi-même, c'était une mauvais idée. J'étais content d'être devenu une autre personne car grâce à ça je vivais mieux, mais je crois que quand j'avais dit que c'était pour le meilleur et pour le pire, il y avait plus de pire que de meilleur.

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