Libre, mais perdue

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Nous passâmes les journées suivantes avec la compagnie de Max, sa femme et de leur bébé. Malheureusement à cause des intempéries, ce fut mes parents qui ne pouvaient pas venir alors qu'ici moins de flocons se déversaient des cieux.

Après la venue inattendue de cette famille, Alex était plus disant. Il se renfermait dans son travail. Au garage, il y restait parfois des nuits entières à réparer avec toujours un prétexte pour ne pas me croiser.

Bien sûr, je laissai passer parce que je savais que c'était de ma faute. Il avait senti que je lui cachais un secret. Que je ne lui avais pas avoué tout de mon passé. Et cela nous bloquait dans cette relation. Ou plutôt me bloquait. Je n'arrivais pas à en parler alors j'avais pris un rendez-vous chez un psychologue prévu dans plus d'un mois. Trente jours où je devrais subir ce manque dans notre couple. Je ne savais pas si nous tiendrions.

Bientôt la nuit, je restai au lit. Seule. Alex était encore au garage. Je me cachai jusqu'à la tête sous la couverture chaude en espérant un certain réconfort. Alex me manquait, mais je n'étais pas prête à lui révéler mon ancienne grossesse et surtout mon avortement. Je m'endormis avec ces tristes pensées qui ne menaient à rien.

Le soleil m'intima de me réveiller d'un songe oublié. Je fus surprise en me retournant dans la couche de trouver un homme à mes côtés. J'avais cru qu'il passerait la nuit sur le canapé pour ensuite dormir dans notre lit toute la matinée quand je serais éveillée. Mais il reposait tranquillement, tout en baignant entre les rayons de l'astre jaune.

Je roulai sur le côté et le fixai avec une certaine distance entre nous. Je tendis la main pour remettre une mèche de ses cheveux noirs vers l'arrière. Je pus admirer son visage paisible pendant quelques minutes.

Soudain, il se retourna vers moi et passa la main sur ma hanche. Je me mordis la lèvre pour ne pas l'éveiller quand il m'enlaça. Nos jambes dessus dessous, nos corps collés, ma tête dans son cou, j'appréciai ce moment d'intimité.

« Alex, si je te dis un secret, est-ce que tu le garderas pour toi ? demandai-je sans attendre une réponse, mais je fus surprise d'en entendre une.

- Oui.

- Est-ce que tu m'aimeras quand même ? continuai-je.

- Oui.

- J'ai peur. C'est un secret que je n'ai jamais dit à personne, chuchotai-je comme une enfant craintive.

- Je t'aimerais quoi qu'il arrive.... A part si tu as couché avec quelqu'un d'autre pendant mon absence... 

- Quoi ? Non ! criai-je, outrée.

- Alors c'est bon. »

Je lui donnai une tape sur le torse alors qu'il rit doucement. Il s'étira pendant que je me levais de meilleure humeur. Alex m'informa qu'il avait un client aujourd'hui. Il passerait donc la matinée au garage. D'un air las, je descendis au salon. Seule la femme de Max était assise sur le canapé en lisant un livre.

« Où est Max ?

- Oh, il est déjà au garage.

- Et, le bébé ? demandai-je avec hésitation.

- En haut. Stan dort, dit-elle en me montrant l'appareil de surveillance. 

- D'accord. »

Je m'installai à côté d'elle et ne sachant pas vraiment quoi faire, je tendis la main pour prendre la télécommande, mais elle me parla.

« Tu sais, je vois bien que les enfants ne te plaisent pas vraiment, commença-t-elle.

- Oh Mégane, je ne voulais pas paraître indifférente...

- Ne t'en fais pas pour ça. Ce que je voulais dire c'est que j'ai déjà eu une fausse couche... Alors je sais ce que c'est que de perdre son enfant.

- Q-quoi ? Pourquoi me parles-tu de cela ? demandai-je gênée.

- Parce que je vois bien à ton regard la peur et la tristesse à chaque fois que tu poses les yeux sur Stan. J'avais aussi ces yeux quand je regardais les autres bébés après ma fausse couche. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé pour toi, mais je peux te raconter ma petite histoire.

Avant de rencontrer Max, j'étais avec un homme...pas très fréquentable. Il se droguait souvent et parfois je le laissai me piquer. Je suis tombée enceinte et depuis j'ai arrêté la drogue. J'ai réussi à m'en sortir, mais pas lui. Il revenait toujours plus en manque. En plus, il me demandait de l'argent. Tu sais, il était un homme bien quand il ne prenait rien... »

Elle s'arrêta un instant, regardant ses mains posées sur ses cuisses. Elle était repartie dans ses souvenirs.

« Mégane ? Tu n'es pas obligée de me raconter tout ça.

- Je sais, mais je le veux, dit-elle avec un doux sourire. Même après qu'il ait su que j'étais enceinte, il m'a forcée à prendre de la drogue alors que j'avais enfin réussi à arrêter cette dépendance. J'ai fait une fausse couche après ça. Je me rappelle avoir pleuré. Beaucoup. Même si l'enfant n'était pas encore né et que son avenir était incertain, je voulais lui donner naissance. Je voulais le tenir dans mes bras. Le caresser. L'aimer. Mais il est parti... L'homme avec qui j'étais est mort aussi avec une overdose. J'ai continué ma vie. J'ai fini mes études et j'ai rencontré Max. J'ai mis du temps à lui avouer mon passé. Mais il voyait bien que je lui cachais quelque chose. Après quelques mois de relation, j'ai dû tout lui dire après une dispute. Je lui ai tout balancé à la figure alors que je voulais lui révéler ma fausse couche calmement. Pour être choqué, il l'a bien été. Mais il est resté avec moi. Il m'a réconfortée, m'a rassurée, m'a donnée la force de me reconstruire. J'ai pu avancer et avoir cet enfant. Bien sûr, il ne remplacera jamais mon premier bébé, mais Stan est vraiment un bonheur pour moi. »

Je souris tristement à cette histoire. Elle m'avait confiée une partie de sa vie. La partie la plus douloureuse. Je n'ai pas été la seule à avoir subi les épreuves de la vie.

« J'ai avorté, avouai-je dans un souffle. J'étais enceinte de quelques semaines quand j'ai découvert que David me trompait. Je ne l'ai jamais dit à personne. Même David ne sait pas. J'ai tout fait seule.

- C'est très courageux de ta part.

- C'est stupide, mais je regrette maintenant. J'aurais pu l'élever, ce n'est pas l'argent qui me manque, j'aurais pu l'aimer, ce n'est pas l'affection qui me manque non plus... Je l'ai fait parce que j'étais trop détruite par David pour pouvoir y arriver. Mais maintenant en y repensant, peut-être que ce bébé m'aurait fait ouvrir les yeux. Il m'aurait donné une raison d'avancer malgré la douleur.

- Mais tu ne serais jamais venue ici. Je comprends mieux pourquoi tu as démissionné. Peut-être que tu aurais aussi démissionné si tu n'avais pas avorté. Mais tu l'as fait et tu es ici. Il n'y a aucune honte. Tu as fait ce que tu as cru juste sur le moment. Tu as de la chance de pouvoir enfanter. Je ne dirais pas que je comprends ce que tu ressens, nos histoires sont différentes, mais tu peux avancer. Avec Alex. C'est tout ce qu'il veut aussi, j'en suis certaine.

- Moi aussi je le voudrais bien. Mais parler de ça avec toi est différent que de lui avouer ma grossesse et mon avortement ! m'écriai-je, désespérée.

- Si, tu le peux. Et s'il te plaît, dis-lui avant que votre relation empire.

- Je ne sais pas si j'aurais la force, soufflai-je, les yeux me piquant de larmes contenues.

- Viens avec moi. »

Elle se leva et monta dans la chambre qu'ils occupaient elle et son mari. Je la suivis docilement curieuse de savoir ce qu'elle allait me montrer.

La jeune mère s'approcha du berceau de son enfant et je me figeai sur place.

« Que fais-tu ? »

Elle ne me répondit pas tandis que l'angoisse attaqua mes jambes. La sensation grimpa jusque dans mon cou alors que Mégane porta le petit bambin dans ses bras. Chaque berceuse qu'elle lui chantait m'embrumait l'esprit. Chaque pas qui avançait vers moi me gela le corps. Une fois devant moi, Mégane me montra son bébé avec un doux sourire.

« Je ne peux pas faire ça Mégane, dis-je en reculant. La peur devait s'inscrire dans mes pupilles tandis que les secousses se répercutaient dans mes mains. 

« Si, tu peux. Stan serait ravi que tu le tiennes. Juste quelques minutes. Pour moi. »

Sa supplication et le visage endormi du bébé eurent raison de moi. Je voulais le toucher. Je voulais le caresser tant qu'il était dans ses songes.

Je hochai doucement la tête et pris Stan avec précaution comme sa mère l'avait porté. Il bougea un peu, mais frotta son visage à mon sein. Je le berçai tout en allant m'assoir sur le bord du lit. Je ne savais pas ce que je ressentais. Tellement d'émotions me tiraillaient en tous sens.

La peine d'avoir mis fin à une vie, la honte d'avoir pris cette décision, la colère d'avoir été si stupide, mais aussi la joie de tenir ce bébé dans mes bras, le bonheur d'avoir une nouvelle famille, l'espoir d'un nouvel avenir avec Alex.

Je le voyais maintenant. Ce nouveau chemin qu'on m'avait tracé. Cette nouvelle chance qu'on m'avait offerte.

Les larmes se transformèrent en sanglots bruyants. L'enfant toujours près de mon coeur, je déposai un baiser sur ses cheveux bruns. Je restai je ne sais combien de temps ainsi. Prostrée sur ce bébé. 

Au bout d'un moment, il pleura tellement que je dus le redonner à sa mère qui était restée à mes côtés.

« Désolée.

- Pas de souci. Ton enfant sera toujours là dans ton coeur et dans tes souvenirs. Il restera en mémoire pas seulement pour toi, mais pour Alex aussi. Il a le droit de savoir pourquoi tu es si distante avec lui.

- C'est lui qui est distant avec moi, la contredis-je en me mouchant le nez.

- Il est distant parce que tu ne veux pas lui parler. Ça l'a vexé, m'expliqua-t-elle.

- Il t'a dit ça ?

- J'ai surpris une conversation entre les deux frères, avoua-t-elle en souriant.

- Génial, grognai-je perdue. Comment je suis censé lui dire que j'ai été enceinte ?

- Tu n'es pas obligée de tout lui révéler ce soir, mais fais-le avant qu'il ne s'énerve à cause de la situation. La frustration est vraiment un sentiment qui pousse à bout au même titre que la colère. »

Je comprenais ses mots. Elle avait raison. Je devais lui dire avant que cette tension entre nous n'éclate et nous brise.

« On est rentré les filles ! s'écria Max dès qu'il franchit la porte de la maison.

- La ferme, elles sont pas sourdes, » réprimanda Alex.

Nous éclatâmes de rire, ce qui ne sembla pas plaire à Stan qui monta dans les aigus. Sa mère le déposa sur la longe pour lui changer la couche. Je restai assise à les regarder.

Les deux frères étaient enfin montés pour nous voir. Max encercla sa femme avec amour tandis qu'Alex resta sur le seuil de la chambre.

« Alors vous avez bien discuté ? demanda Max avec hésitation et une pointe d'inquiétude.

- Oui, » répondit doucement sa femme.

Quelque chose clochait. Alex restait à me fixer comme si j'allais bondir comme une furie et Max demandait si on avait bien parlé à sa femme sans m'adresser un seul regard. Soudain, tout se mit en place dans mon esprit et j'ouvris grands les yeux et la bouche.

« Ah ! Vous m'avez piégée ! m'exclamai-je en les regardant tour à tour.

- Je suis vraiment désolée, Alicia. C'était leur idée. Je ne voulais pas le faire au déb...»

Avant qu'elle ne finisse sa phrase, j'éclatai de rire.

« Vous m'avez bien eue alors.

- Tu n'es pas fâchée ? demanda tout de même Mégane.

- Non, c'était nécessaire je pense, » avouai-je. 

Nous nous sourîmes d'un air complice. Puis nous prions aux hommes de prendre une douche car ils sentaient encore l'huile de moteur. Obéissants et surtout d'accord avec nous, ils allèrent chacun dans une salle de bain tandis que nous descendîmes dans la cuisine. J'avais entendu le four émettre sa sonnerie, mais je ne savais pas ce que Mégane avait préparé pour le déjeuner.

Ce serait un nouveau repas en famille. Avec un cœur plus léger que la veille. Il ne restait plus que je trouve le bon moment pour parler avec Alex.






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