Libre, mais terrifiée

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Je soufflai de soulagement. Alex resterait avec moi malgré mon passé. La journée suivante se passa sans dérangement. La neige n'était pas tombée durant la nuit. Les couches blanches sur le trottoir étaient plus discrètes nous laissant apercevoir le pavé brut et noir. Les voitures recommençaient leur circulation pour le plus grand bonheur de leurs utilisateurs.

La matinée était passée rapidement avec une nouvelle complicité entre moi et Mégane. Elle était comme ma meilleure et seule amie. Rares étaient mes amis au travail. Nous avions gardé un lien professionnel sans rentrer dans une relation plus privilégiée. Des collègues étaient-ils, pas des amis.

Mégane et moi passâmes la journée ensemble à regarder la télévision ou à cuisiner. Même si je n'étais plus aussi effrayée par Stan, je ne le prenais pas souvent dans les bras et limitais mes élans d'affection envers le bébé. Mégane me racontait des anecdotes sur son couple. L'arrivée de Stan avait été une bonne surprise. Elle était enceinte alors que je travaillais toujours dans l'entreprise de Max. Son accouchement étant un mois plus tôt, Max avait pris une semaine de congé paternité avant et il ne lui restait plus qu'une semaine qu'il avait prise maintenant d'où sa présence ici.

« Tu devrais passer plus de temps avec lui au lieu de rester avec moi.

– Oh tu sais, je pense qu'il est content de passer du temps avec son frère, » dit-elle en souriant.

Elle planta de nouveau ses baguettes dans le plat de nouilles tandis que Stan s'agitait dans le berceau près du canapé où nous étions installées. Je continuai de manger jusqu'à ce que le téléphone sonne. J'attrapai mon portable sur la table et vis le nom de ma mère. Je décrochai de suite curieuse de savoir pourquoi elle m'appelait si tôt. En général, nos conversations se passaient le soir ou la nuit.

« Allo, ma chérie ? On est à l'aéroport de New York. On va enfin prendre l'avion pour te rejoindre ! » cria-t-elle presque, excitée à cette idée.

D'abord surprise, elle continua de parler en m'énumérant l'heure de décollage de l'avion, ainsi que l'heure d'atterrissage, en finissant par l'endroit où ils seraient dans l'aéroport. Je mis en haut-parleur pour avoir plus de facilités à noter les informations.

À ce moment-là, la porte d'entrée s'ouvrit à la volée.

« On est rentré ! » cria Max comme à son habitude.

Je me figeai tandis que mon portable devint muet. Les deux hommes nous regardèrent de manière interrogative.

« Qu'est-ce qu'il se passe ? » demanda Alex, inquiet en voyant nos visages blêmes.

« Ma chérie, tu n'es pas toute seule ? » questionna ma mère, surprise.

Je me précipitai pour désactiver le haut-parleur.

« Allo, Maman, je vais te rappeler. Je serais à l'aéroport quand votre avion atterrira. Je vous aime ! »

Je raccrochai en vitesse avant qu'elle ne puisse répliquer une autre question que je ne saurais répondre. Je ne pouvais pas avoir cette conversation au téléphone. Face à face, ce serait plus difficile, mais au moins ce sera fait. Je leur aurais tout dit de ma vie. Je leur aurais tout révélé de mes peines.

« Euh, qu'est-ce qu'il vient de se passer ? demanda Max, ne comprenant rien.

– Vous savez que mes parents doivent venir ici, commençai-je.

– Oui, mais apparemment, eux ne le savent pas, continua Max, en levant un sourcil.

– C'est vrai, je ne leur ai pas vraiment parlé de ma situation. Ils savent juste que j'ai divorcé et que j'ai déménagé, déclarai-je en soupirant.

– Ce qui expliquerait sa réaction, conclut Max. Mais pourquoi tu ne leur as rien dit ?

– Je ne voulais pas qu'elle apprenne que j'avais déjà refait ma vie après le divorce qui était précipité d'après elle. Et je lui ai toujours pas parlé de mon avortement qui m'a définitivement donné envie de partir de cette ville.

– Att-attends, ton quoi ?! »

La voix forte de Max fit crier le petit Stan toujours allongé dans son berceau. Mégane lança un regard noir en direction de son mari que je vis déglutir, puis elle alla prendre son enfant dans ses bras pour le calmer.

« J'ai appris que j'étais enceinte juste après avoir quitté notre maison...

– Mais pourquoi tu as avorté ? demanda-t-il, complètement incrédule.

– Max ! » réprimanda sa femme.

J'ouvris la bouche pour répondre, mais aucun son n'en sortit. Ma gorge s'était resserrée dans un étau ferme, m'empêchant d'énoncer un mot. Mon corps ne voulait pas que je parle. Ce corps m'emprisonnait dans un état de détresse apparente.

Toujours debout face à ces deux hommes, la panique commençait à brouiller mes sens. Ma gorge devint de plus en plus douloureuse. Je n'arrivais plus à respirer. Je me tins la nuque en espérant qu'elle s'ouvre. Mais elle resta bloquer. Alex me prit rapidement dans ses bras en me soufflant des mots, mais je ne les comprenais pas.

« J'ai mal, » crossai-je de douleur alors que j'étais assise sur le tapis en compagnie d'Alex.

Je lui broyai sa main tandis qu'il m'indiqua de respirer doucement. Qu'il serait toujours là. Toujours près de moi. Petit à petit, je réussis à inspirer correctement de l'air. Je déglutis avec difficulté comme si j'avais couru des kilomètres. Je laissai ma tête reposer sur l'épaule de mon amant et restai ainsi pendant plusieurs minutes. Si seulement je pouvais rester dans ses bras pour le restant de mes jours.

Je me décidai enfin à me relever. Alex m'y aida puis me pris encore dans ses bras. Au début surprise, je me rappelai ensuite que sa mère faisait souvent ce genre de crise de panique. Apaisée, je commençai à calmer Alex qui semblait paniqué.

« Je vais bien, Alex. »

Il me relâcha enfin en me fixant toujours de ses yeux bleus éclatant d'inquiétude. Je souris doucement alors qu'il me tenait la main, réticent à me laisser complètement, et ce n'était pas pour me déplaire.

« Je suis désolé Alicia, dit Max, mais cela lui valut le regard assassin de son frère.

– Ce n'est pas grave. J'ai cru que Mégane t'avait tout raconté.

– Non, je t'avais dit que je ne dirais rien. J'ai jugé que c'était à toi seule de dévoiler ton passé.

– Merde, je suis vraiment désolé, répéta Max en se levant du canapé où il s'était assis le temps de ma crise. J'aurais dû te le dire plus tôt.

– Me dire quoi plus tôt ? demandai-je curieuse.

– Te dire qu'il couchait avec cette femme ! » cria-t-il en colère.

Il se passa les mains dans les cheveux tout en marchant dans le grand salon. Il jurait à voix basse tandis qu'il secouait la tête. Son état d'impuissance me toucha.

« C'est du passé maintenant... chuchotai-je calme.

– J'aurais dû te le dire. Tu l'aurais peut-être quitté plus tôt et tu ne serais pas tombée enceinte. J'suis vraiment con ! » s'écria-t-il en se prenant le visage dans ses mains.

Je regardai Mégane avec détresse. Elle aussi était inquiète pour son mari. Elle essaya de le consoler, de le faire évacuer cette colère et cette tristesse mêlée.

« Max, tu sais d'un côté, je suis contente d'avoir subi tout ce que j'ai subi. Je me suis sentie honteuse, triste, en colère, peinée, brisée, et surtout trahie par cet homme. J'ai regretté mon avortement, mais si je n'avais pas fait ça, si je n'étais pas passée par toutes ces épreuves, je ne serais peut-être pas si décisive quant à ma relation avec David. Peut-être que j'aurais même pu lui pardonner son adultère. Je n'aurais peut-être jamais tourné la page. Mais cet avortement m'a fait tourner une grande page de ma vie sans que je ne me rende compte vraiment. Et de toute façon, amoureuse comme j'étais, je ne t'aurais jamais cru si tu m'avais dit qu'il me trompait. »

Je souris à Max, mais son visage de peine le défigurait encore.

« Un monde rempli de « si » et d'autres hypothèses ne devraient pas exister. En tous cas, pas ici. Tu ne dois pas regarder le passé pour essayer de le changer. Tu te causes de la peine sans le vouloir. Tu dois avancer, et je ne regrette pas avoir avancer jusqu'ici, continuai-je. Je suppose... »

Je ne savais pas d'où me venaient toutes ces convictions, mais le flot de paroles avait devancé mes pensées profondes. J'étalai ce que j'avais subi. Parce que regarder le passé, ne pas réussir à tourner la page malgré mon envie, c'était mes épreuves de la vie et j'étais sûre que je n'étais pas la seule à avoir subi tout cela.

Je regardai mon annulaire gauche vide d'une bague que j'avais portée pendant des années durant. Tout ce parcours pour en arriver là. Jamais je n'aurais cru que je retrouverai l'amour et pourtant il était là, à jouer avec mes sentiments. Alex me déposa un baiser sur les cheveux. Mégane aussi réconforta son mari qui avait l'air exténué. Mais il comprenait mes idées, et une partie de ses remords semblait s'être soulevé de ses épaules.

Cependant, les cris de Stan redoublèrent, accusant sa mère de l'avoir laissé dans le berceau loin de sa chaleur. Mégane lâcha avec regret son mari puis alla le porter. Elle revint vite près de Max qui ne put s'empêcher de sourire en voyant le visage apaisé de son fils.

Je souris à cette scène familiale plus que chaleureuse. Peut-être qu'un jour ce serait moi et Alex qui serions à leur place...

« Pour tes parents, tu crois que ça va aller ? demanda Alex au bout d'un certain temps.

– J'espère... Ma mère va peut-être m'en vouloir. Je ne sais pas. Ça fait tellement longtemps que je ne les ai pas vus que j'ai peur de tout gâcher en leur disant toute la vérité.

– Tu n'es pas obligée de leur dire dès qu'ils arrivent, supposa Max. On te laissera un peu d'intimité pour leur raconter.

– Non ! criai-je un peu précipitamment. Je...je veux dire, vous pourriez rester avec moi ? »

Je détestai cette voix faible que je prenais. Je me sentais démunie. Je ne savais pas si j'aurais la force de le dire à mes parents. J'avais peur de leur réaction, de leur déception.

« Alicia... souffla Alex. Je serais là si tu veux.

– Merci... »

Je leur informai qu'ils seront présents à l'aéroport dans la soirée. Mes parents et leur fille adoptive aussi. J'avais tellement hâte de les voir, mais une boule de terreur se formait en mon être tandis que les aiguilles tournaient dans le cadran avec une indubitable régularité. Un rythme que je ne pourrais casser. Une fuite impossible.

Après le dîner, un nouveau coup de téléphone retentit. Mes parents venaient de sortir de l'avion. Nous embarquâmes dans la voiture. Excitée et terrifiée, je ne savais pas quel sentiment dominait. Ils me partageaient tous les deux dans la douleur. Mais je n'étais pas seule. Alex était là.

« Alicia, ne fais pas de crise, » ordonna Alex assis à la place du conducteur.

Je laissai échapper un rire qui me détendit sur le coup.

« Je vais faire de mon mieux, » répondis-je doucement en regardant les avions s'envoler par la vitre.

C'est bientôt la fin de cette histoire ! Merci encore à tous ceux et celles qui ont suivi cette histoire jusqu'au bout et qui ont aimé ^^




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