Jour 14

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Tête posée sur son épaule, Méline lâcha un faible soupir à la nuit. Elle ne voulait pas que celle-là s'arrêtât, elle tremblait que ce moment arrivât. Car il était inévitable. Céleste, elle, perdait son regard dans les étoiles en laissant s'écouler un flot de paroles, comme si le silence risquait d'accélérer le temps. Et Méline l'écoutait, se laissait bercer par les intonations chantantes de sa voix, cette voix qu'elle connaissait par cœur. Le silence risquait de ramener la réalité, aussi. De percer leur bulle. Alors, Céleste parlait. Elle racontait ce qui lui passait par la tête, même si cela n'avait aucun rapport avec la phrase précédente. Et puis, elle n'eut plus rien à raconter. Et puis, elle inventa alors une histoire.

Elles étaient sur un bateau, un voilier, la lune au-dessus d'elles dans le ciel étoilé et en-dessous dans le reflet-océan. Tout était si calme, si paradisiaque. Il n'existait qu'elles. La réalité était restée loin, si loin sur la rive là-bas, avec ses angoisses, ses obligations, ses humains, ses terreurs. Elles étaient loin, elles étaient seules, elles étaient ensembles, elles étaient nocturnes. La nuit leur appartenait. Elle était leur foyer rassurant, le moment où la fuite prenait une agréable réalité, où le fil tendu entre le bien-être et la terreur leur semblait plus stable que jamais, ou atteignable, au moins. Il leur faisait moins peur. Le bateau commençait à ralentir, il fallait que Méline gréât la voile pour le relancer, mais pour une raison qui échappa à Céleste, elle ne bougea pas.

Elles ressortirent ensemble de leur rêverie marine. Il restait de l'eau dans les yeux de Méline. Des larmes. La réalité l'avait heurtée de plein fouet, lui brûlait les entrailles. Dans quelques heures, quand leurs adultes qui dirigeaient encore leur vie les auraient retrouvées dans leur retraite, la vie les séparerait. Et Méline n'était pas prête à être une nouvelle fois séparée de sa meilleure amie. Plus encore que la réalité qui les hantait, elle craignait la solitude. Celle immuable qui la menaçait, sursis destructeur. La main de Céleste se glissa dans la sienne. Elle s'était tut. Les deux filles profitèrent, sous la surveillance bienveillante de la Lune, du silence et de la présence de l'autre. S'en imprégnaient. S'en enivraient. Pour ne pas se laisser ensevelir, pour ne pas se retrouver dans les sables mouvants de la vie. La Lune amie chassait les ténèbres autour d'elles, chassaient les ténèbres dans leurs cœurs. Un sourire mutin sur le visage, Céleste serra la main de sa complice de toujours et le lui offrit. Cette nuit était la leur, et elle était loin d'être finie. Le reste les rattraperait bien assez tôt pour qu'elles se laissassent abattre. Les heures nocturnes leurs appartenaient, elles en étaient les reines.

« Viens, on s'en va. Viens on va là où personne ne pourra nous rattraper, où on nous retrouvera pas, où il n'existera rien d'autre que nous et la nuit. Fuyons. Qu'importe le reste. Il n'amène qu'angoisses et terreurs. Viens avec moi.

– Où ?

– Loin. »

Un sourire échangé. Promesse éternelle, nocturne. Elle savaient parfaitement qu'au matin, leurs parents les retrouveraient, qu'elles se sépareraient et compteraient les jours jusqu'à leur prochaine rencontre. Elles savaient parfaitement que ça n'était que la plus jolie des idylles, un rêve qui faisait du bien. Sourires promesses. Ensemble, en esprits, elles continueraient de fuir, amitié éthérée. Ensemble, elles ne laisseraient pas la réalité les noyer.

La Lune, amie, continuait d'éclairer leur amitié.

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