Jour 23

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Éliana était amoureuse du sourire de Roxane. Mais il la détruisait. Car son sourire brillait de mille feux, il illuminait son cœur et son quotidien, il clamait « la vie est belle » et « tout va bien ». Mais il suffisait de ne pas se laisser aveugler par sa lumière pour comprendre ce qu'il y avait derrière. Pour voir la fêlure et les ténèbres qui envahissaient son cœur. Éliana s'était approchée au plus près d'elle, elle savait bien. Elle savait que c'était lorsque Roxane souriait le plus fort qu'elle était la plus triste. La plus mal. La plus détruite. C'était lorsqu'elle paraissait la plus heureuse qu'Éliana prenait le plus soin d'elle. Et pourtant, elle aimait tant son sourire, il était si beau, si brillant, si brûlant. Elle aurait aimé, rien qu'une fois, le voir comme le voyaient ceux qui n'y voyaient qu'un sourire heureux, apprécier la simple beauté de celui-ci. Ou alors peut-être était-ce pour cela qu'elle l'aimait. Parce qu'elle souriait toujours comme si elle allait fondre en larmes, parce que sourire était son bouclier ultime face au monde, face à elle-même. Mais ce sourire l'inquiétait. Il n'était pas seulement un rempart face aux autres, un moyen que ni elle ni eux ne s'apitoyassent sur son sort, il était aussi une fuite. Si tu ne vois pas le problème, il n'y a pas de problème. Et Roxane avait tendance à éviter soigneusement ce qui n'allait pas. Fermer les yeux sur son état. Se cacher à elle-même à quel point ça allait mal. Elle souriait, radieuse, et se convainquait qu'elle allait bien.

Roxane savait qu'Éliana la connaissait suffisamment pour ne pas se laisser duper. Pourtant, même devant elle, elle souriait. Souriait, souriait fort, le gravait sur son visage pour qu'il ne s'en allât pas. Et puis un jour, un jour devant elle son sourire se fana et elle craqua. Elle pleura dans ses bras, et lui raconta tout ce qu'Éliana savait déjà mais qu'elle avait besoin d'exprimer. Ce qu'elle devait rendre réel, ce qu'elle ne pouvait plus fuir. Elle pleurait ce que personne voyait, ce qu'elle-même se cachait. Et à ce moment-là comme dans tous les autres, similaires, Éliana lui rappelait par sa présence, son écoute, et son soutien, qu'elle avait le droit de ne pas sourire. Droit d'être triste, d'être fatiguée, d'être en colère, de craquer, de pleurer. Et qu'avec elle, elle n'avait pas besoin de faire semblant. Qu'elle n'en avait pas le droit, presque.

Les lendemains de ces jours-là, Roxane souriait plus brillamment encore. Et les gens souriaient de la voir si heureuse. Éliana aurait voulu leur crier de faire plus attention à elle, de ne pas se laisser glisser dans ses illusions, de l'aider, de ne pas la laisser seule. Mais elle se taisait. Roxane ne le voulait pas. Alors elle regardait son être entier se fissurer, bien à l'abri derrière son sourire angélique.

Un jour Éliana se mit à sourire. Roxane ne le remarqua pas, trop préoccupée par ses propres fêlures. Ou elle finit par le faire. Mais il était trop tard. Le piège s'était refermé.

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