Jour 24

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Elle marchait sur le fil tendu entre l'amour et l'amitié, et pour la première fois, elle ne tremblait plus. Elle se sentait bien. Simplement apaisée. Parce qu'elle avait accepté. Elle avait accepté que le monde était flou, que les choses se mêlaient parce que les frontières nettes n'existaient pas. Elle avait compris qu'il n'y avait pas nécessairement besoin de comprendre. De chercher à savoir où le fil était tendu. Que les choses pouvaient être bien telles qu'elles étaient. Il n'y avait pas besoin de faire de distinction entre l'amour et l'amitié, ils étaient deux amants qui cherchaient régulièrement à s'entremêler.

Elle marchait sur le fil, et elle y marchait avec une assurance qu'elle ne pouvait feindre. Souvent le fil tremblait, souvent elle trébuchait et croyait tomber, souvent elle s'y raccrochait désespérément. Mais la façon dont elle marchait n'avait pas d'importance à cet instant précis. Seule comptait cette nouvelle certitude acquise : il n'y a pas de barrière nette, on oscille entre les deux, flous, fous.

Pourtant elle se demandait quand même, par curiosité, où pouvait bien être tendu son fil. Elle aurait voulu comprendre. Pour savoir où mettre les pieds, comment marcher, gagner en assurance. Moins trembler. Pouvoir fermer les yeux et avancer, intrépide et heureux équilibriste. Ça n'aurait pas empêché les chutes les trébuchements les hésitations la peur. Mais l'assurance d'où elle était, de qui elle était.

Elle se demandait qui savait, au fond. Qui pouvait prétendre savoir où se situait son fil, où sa frontière se dessinait et à quel point il l'enjambait. Il s'en moquait. Comme il la narguait depuis son ciel. Y avait-il seulement une personne au monde qui le savait ? Où était-ce le mystère d'une vie qui la rendait un peu plus belle encore ?

Il y avait des jours pourtant où elle ne voulait plus avancer, elle voulait savoir de quel côté aller. Elle prenait à gauche, toujours, par règle de vie, et il lui semblait que c'était la chose à faire, la bonne direction, son chemin. Mais comment être sûre ? Et elle détestait l'incertitude. Elle s'asseyait donc, perdue, et regardait le vide. Les choses qui se mêlaient. Avec au loin, d'un côté l'un et de l'autre côté l'autre, sans aucune trace ni de l'un ni de l'autre. Devait-elle rester sur son fil, celui qu'elle connaissait et qui la confortait, celui qui vivait du flou, qui plongeait dedans avec une agréable aisance ? Ou devait-elle s'aventurer plus loin d'un côté ou de l'autre, chercher à atteindre le bout, sans certitude de retour possible ?

Les responsables de ses questionnements étaient multiples. Des mots, des doutes, des peurs, des certitudes, mais étaient-ils pour le bien ou pour le mal ? L'aidaient-ils ou l'éloignaient-ils de son chemin ? Elle ne le saurait probablement jamais. Alors, elle reprit son chemin, sur son fil tendu entre l'amour et l'amitié, se jouant du flou, l'apprivoisent, l'adoptant, se laissant envahir, pour le bien pour le pire, mais pleine d'une agréable sensation de la certitude absolue : la vie ne connaît pas de frontière.

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