Jour 31

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La dernière ligne clôturait de manière élégante son chapitre, Érik en était plutôt satisfait. Très satisfait. Tout s'enchaînait parfaitement bien, fluide, clair, les phrases se succédaient logiquement, tout allait bien. Très bien. Il n'avait pas besoin de réfléchir, juste de s'ouvrir, de laisser le flot l'envahir et retranscrire. Il ne se sentait pas acteur, mais marionnette. Et il s'en savait privilégié.

Mais la page suivante était vide. Et le flot interrompu. Rien ne venait, rien ne correspondait, il essayait, raturait, contournait, prenait un autre chemin, faisait demi-tour... Il échouait. Un mur se dressait face à lui, et il ignorait comment l'esquiver. Rien à faire. Il écoutait, seul le silence acceptait de lui répondre. Il patientait, oubliait, pensait à autre chose, laissait mariner, le rêvait. En vain. Et il ne parvenait à simplement le chasser de son esprit pour qu'il mijotât dans son coin et revînt quand il fut prêt. Au lieu de cela il y pensait au travail, dans la rue, quand il faisait du sport, quand il mangeait, quand il dormait, quand il draguait, quand il couchait... Triste obstruction de son esprit. Rappel constant de son échec éphémère. Car il savait que la situation changerait. Il l'espérait tout du moins. Cela n'avait pas été la première fois que la page suivante était blanche, mais le manège recommençait, imperturbable. Il n'écrivait plus, il ne vivait plus. Il avait essayé de passer ce moment du récit, de faire une ellipse pour revenir plus tard au sujet épineux, mais rien n'y faisait. Il devait dénouer son problème pour espérer avancer, retrouver l'équilibre, l'harmonie. Les jours passèrent, les semaines, et l'encre de son stylo se desséchait. Moins que lui cependant.

Et alors il commença à douter. En lui, en ses capacités d'écouter, d'écrire, de retranscrire. Et il en souffrait. La moindre ligne lui semblait fade, comme cendre dans sa bouche. Ce qu'il tentait alors tant bien que mal de produire devenait insipide, et il en pleurerait. Alors il fuyait. Quittait son monde de papier, son imaginaire protecteur, affrontait la réalité, tremblait de celle-ci. Et aujourd'hui, la solution à son problème ne l'avait toujours pas trouvé. Il ignorait « ce qu'il fallait faire » pour s'en sortir. La « bonne méthode ». Il rit de cette pensée. Comment pourrait-il exister un seul et correct chemin pour une question aussi personnelle ? Il devait tracer sa propre route, avancer seul sur la voie. Retrouver sa direction.

Une nuit, une nuit d'insomnie, le déclic se fit sans qu'il ne comprît pourquoi ni ne cherchât réellement à comprendre. La seule chose qu'il savait était ce qu'il devait faire. Alors, à quelques quatre heures du matin, il se releva, attrapa la première feuille à disposition, un stylo, et griffonna frénétiquement. Flux d'inspiration et d'information dans ses veines. Adrénaline. Plénitude. Sous ses pieds, sa voie se déroulait sans obstacles, il y avançait avec une assurance parfaite. Humilité. Gratitude. Les phrases s'enchaînaient dans un ballet de fluidité, danseuses étoiles au bout de son crayon, tandis que ses mains effectuaient leur belle et efficace chorégraphie. La feuille trouva son chemin sur le sol, et aussitôt une autre la remplaça. Le réveil annonciateur de sa journée de travail l'interrompit, et Érik réalisa alors seulement le temps écoulé et le nombre de feuilles accumulées. Un sourire heureux flottait sur ses lèvres, presque de taille à affronter sa torpeur qui envahissait chacun de ses pores. Mais l'habitude lui permettrait de survivre aux heures de boulot qui l'attendaient, et il revint sain et sauf chez lui, épuisé mais empli d'une énergie nouvelle qui lui permettrait de soulever des montagnes. Ou simplement de continuer son récit, cela semblait bien aussi.

Un sourire, un café, son crayon comme seule arme, il repartit dans l'immense aventure de son histoire.

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