Jour 33

Màu nền
Font chữ
Font size
Chiều cao dòng

La nuit amie l'engloutit, devient terrifiante et impitoyable ennemie. Elle se sent suffocante, les ténèbres l'oppressent, l'écrasent, l'étouffent. La fatigue marque ses traits, envahit chacun de ses pores, engourdit son corps et ses sens. Mais elle ne dort toujours pas. La nuit est sur elle, pourtant ses yeux ne veulent pas se fermer. Ne peuvent pas se fermer. Ne doivent pas se fermer. L'heure trop tardive lui empêche d'allumer une quelconque lumière, et en conséquence de ça l'obscurité lui gagne le cœur, lui entrave l'esprit, lui prend les tripes. Elle souffre. Et elle ne s'est jamais sentie aussi seule et désespérée. Elle aimerait envoyer un message à quelqu'un, discuter, fuir, combattre la solitude, pourtant la nuit est trop avancée pour ça. Qui, à cette heure tardive lui répondrait de toute manière ? Alors, elle continuer de se battre pour que la vague d'angoisse reflue, pour que les larmes ne la submergent pas.

La lueur est si faible qu'elle aurait facilement pu ne pas la voir. Mais dans le noir complet où elle était, le rien que son téléphone a produit a tranché l'obscurité de manière si évidente. Elle attrape son téléphone. Geste fluide. La lumière agresse ses yeux déshabitués, qui se plissent par réflexe. En grognant, elle s'attèle à baisser autant que possible la luminosité de son cellulaire avant d'enfin regarder ce que ça peut bien être. Elle s'attend à une notification de jeu, candy crush peut-être, mais son cœur fait un agréable saut périlleux dans sa poitrine. Victoire, sa sœur de cœur.

« Ça fait une demi-heure que je suis réveillée, impossible de me rendormir, j'abandonne... J'imagine que tu es toujours là toi, wanna talk ? »

« Je ne sais pas si je devrais être plus inquiète par le fait que tu es réveillée ou par celui que tu me sais pas encore endormie... »

Elle ajoute un smiley qu'elle affectionne particulièrement, regard vers le haut, en pleine réflexion, une main devant le menton.

« Les deux mon général, mais ne t'inquiète pas du fait que nous sommes deux épaves, toi fuyant le sommeil et moi le sommeil me fuyant, et raconte-moi plutôt ce que tu faisais. »

« J'avais fini par éteindre la lumière mais le noir commençait à m'oppresser. Quand je m'occupe, j'arrive à ne pas écouter mes angoisses, mais dans l'obscurité, il n'y a plus rien. Plus que mes pensées. J'entends leurs voix, leurs injures, j'ai l'impression de sentir la douleur effacée de leurs coups sur mon corps. Et toi ? Quel rêve t'a éveillé ? »

« Le même que d'habitude. Mon père. Son regard, ses mains, sa bouche... Tout, trop vrai, trop douloureux. Et refermer les yeux ça fait défiler les images. Ma nuit est terminée pour aujourd'hui. Tu devrais songer à commencer la tienne. »

« Peux pas. Pas tout de suite. Pas le courage. J'étais prête à essayer mais tu es revenue, j'ai pas la force de me retrouver seule alors que je te sais là. Que je te sais seule. »

Il n'y a pas de réponse pendant un moment. Théa sent que l'angoisse qui a commencé à diminuer revient, plus fort encore. Lui prend la gorge. Les larmes reviennent, menacent de couler, et elle, elle n'a plus la force de les en empêcher. Elle va craquer. Et elle déteste ça.

Lueur.

Sauvée.

« Tu ne m'ôteras pas de l'esprit qu'on forme un drôle de duo, avec nos insomnies en décalé. »

« Ça ne me viendrait même pas à l'esprit de le faire, j'en suis bien d'accord. Drôle, mais frustrant. »

Théa ne pourrait dire combien de temps elles ont continué à discuter ainsi, suffisamment pour que petit à petit, la lumière agressive de son téléphone pousse ses yeux à se fermer d'eux-mêmes. Le sommeil l'enveloppe alors sans qu'elle ait besoin de passer par une nouvelle phrase d'angoisses nocturnes. Un doux sourire flotte sur ses lèvres. Un sourire de bien-être et de reconnaissance. De l'autre côté du cellulaire, le même sourire naît sur le visage de Victoire, alors qu'elle comprend ce que l'absence de réponse de son amie signifie. Soulagement.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen2U.Pro