Naëlle aimait Théa, comme elle aimait les étoiles, le chant des rivières, l'odeur de la pluie après un orage. Avec la même profondeur évidence de la chose essentielle à sa vie, à son équilibre et à son bonheur.

Théa était amoureuse de son rire éclats, de ses cheveux aux reflets de Lune, de son regard océan. Elle adorait ses plissements de nez concentrés, ses éternuements carillons, la beauté paisible de son visage endormi.

Naëlle aimait perdre ses doigts dans les bouclettes de Théa, leurs regards amoureux s'entrelaçant passionnément.

Théa n'avait pas le droit d'aimer Naëlle, et Naëlle ne pouvait l'aimer. Amour silence, amour poésie contraint à la clarté des étoiles ou aux immeubles abandonnés. Mais si la Lune devait demeurer leur seule complice, il en serait ainsi. Rien n'était plus important dans leur vie que l'être aimé.

Un souffle exhalait sur leurs corps entremêlés allongés dans l'herbe. Un souffle de vie, enfantin, éblouissant, sémillant, qui les englobait. Havre de paix dont elles étaient les reines incontestées.

Théa fit éclater un rire aux accents chantants. Naëlle le laissa résonner dans son cœur. Regards amoureux, le temps se suspendit. Baiser douceur échangé, yeux clos. Cœurs à l'unisson.

Présence menaçante, tapie. Claquement sec. Sang.