Chapitre 11 : Cacher n'est pas mentir

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Premièrement, j'envisageai d'appeler à l'aide. Puis je me souvins qu'à cette heure ci, les couloirs étaient déserts, et que Milo devait avoir regagné sa classe pour suivre son emploi du temps depuis longtemps.

Hé, pourquoi aurais-je appelé Milo à l'aide, déjà ?!

En réalité, au lieu de m'éloigner de la menace Logan, je m'en étais rapproché. Quelle joie.

Le concerné me releva en m'attrapant par le col de mon T-shirt – qui allait être totalement étiré, à force – et me plaqua contre le mur. Dans un élan de combativité, je fis passer mes deux frêles poignets entre les siens et écartai brusquement les bras, roulant au sol une fois qu'il m'eut lâché.

Une fois, avec Arayah 92, nous avions fait semblant de nous battre – bien avant la soirée. Nous avions fini par perfectionner quelques techniques de self-défense. Pourquoi ne m'en étais-je pas rappelé plus tôt ? Je ne connaissais pas grand-chose, juste assez pour pouvoir potentiellement semer Logan et son envie douteuse de se venger pour une montre.

En soi, c'était déjà bien.

Le concerné me rattrapa par le poignet. Je me souvins de ce qu'Arayah 92 m'avait montré. Tirer un peu pour déconcentrer. Tenir son poignet avec la main qu'il pensait retenir. Utiliser l'autre pour pousser le bras dans le sens contraire permis par les articulations, le tout sans lâcher son poignet.

Il me laissa m'éloigner malgré lui, un cri de douleur inélégant s'échappant de sa bouche. Je me remis à courir le plus vite que je le pouvais, ce qui me fit réaliser quelque chose : j'étais certes plus frêle que Logan, mais j'étais bien plus rapide que lui.

Je ne mis pas longtemps à trouver la sortie du bâtiment E et me précipitai dans la cour, presque heureux de me retrouver au milieu d'une foule dense et compacte de lycéens bruyants. Mon cœur battait encore à mille à l'heure.

J'espérais que cet imbécile se désintéresserait vite de mon cas.

— Noah ! s'écria alors la voix de Mélody. Où étais-tu ?

— À l'intérieur, répondis-je en la rejoignant.

— Le prof t'a retenu ?

— Pas vraiment, répondis-je, mal à l'aise en me rappelant les affirmations de ce dernier. J'avais envie d'être un peu seul.

Elle me lança un regard peu convaincu mais n'ajouta rien.

— Où est Milo ? m'enquis-je alors.

— Il est rentré, comme sa classe a un emploi du temps différent du nôtre. Il m'a dit qu'il reviendra te chercher à la fin des cours pour que tu n'aies pas à prendre le bus.

— Rentré ?! répétai-je, inquiet.

Je n'étais pas très rassuré qu'il soit ainsi parti.

— Une semaine sur deux, le lundi, il n'a cours que de huit à dix heures, m'expliqua-t-elle.

Je soufflai longuement. Formidable. Nos emplois du temps étaient totalement différents et cela signifiait qu'il me laissait sans potentielle aide extérieure contre Logan pour le reste de la journée.

Ce premier jour de lycée était définitivement horrible.

— Où est ton sac ? me questionna alors Mélody.

— Mon... sac ?

Puis je me rappelai l'avoir laissé dans le couloir après mon altercation avec l'autre imbécile.

— Merde, m'énervai-je.

— Quelqu'un l'a peut-être trouvé et déposé à l'administration ?

Je fronçai légèrement les sourcils, perturbé. Elle ne me demandait même pas comment j'avais pu le "perdre" ?


Nous étions donc allés le récupérer, puisqu'un surveillant l'avait en effet ramené. En revanche, aucune trace de mon carnet de dessin.

—  Quelqu'un te l'a volé ? me demanda l'Humaine l'Humaine Contrôlable.

Je hochai la tête.

— C'est bizarre. Tu sais qui aurait pu faire ça ?

— Non, mentis-je.

Elle ne me posa pas plus de questions, comprenant que je ne voulais pas parler.

On alla manger sans plus attendre. Le repas était écœurant.

***

— Alors, ta journée ? me questionna Milo quand je passai le portail  – comme promis, il était venu me chercher.

— Banale, mentis-je encore. Rien que l'idée de revivre la même tout au long d'une année scolaire me donne envie de m'enfermer dans ma chambre et de ne plus en sortir. Jamais.

— Pff, tu abuses, me contredit-il avec un sourire amusé. Ce n'est pas si terrible que ça, ici !

Je ne répondis pas, peu désireux de voir la conversation dériver sur les causes de mon retard en mathématiques de ce matin. On monta dans sa voiture sans un mot de plus et cela m'arrangeait fortement.

— Au fait, me dit-il en commençant à conduire. Que faisais-tu dans la cour et non pas en mathématiques, ce matin ?

Je fus pris d'une forte envie de sortir de la voiture, mais, comme elle était en marche et que je n'avais pas envie de me blesser inutilement, je n'en fis rien.

Putain.

— Je me suis perdu. Je ne savais plus où aller.

Je me rendis brièvement compte que cette phrase pouvait aussi être utilisée pour parler de mon état d'esprit.

Ce que j'étais bizarre...

— Ah oui ?

Il se tourna vers moi, dubitatif, surveillant la route presque déserte du coin de l'œil. Je m'efforçai de soutenir son regard.

— En effet.

— Pourquoi tu n'as pas suivi Mélody, dans ce cas ? me demanda t-il en se reconcentrant sa conduite.

– Je...

Hum, je n'avais vraiment pas pensé à me préparer un alibi parfait... surtout que, pour moi, un mensonge devait être longuement préparé et réfléchi, afin qu'il se soit tellement ancré dans notre esprit qu'on ne puisse plus se tromper en le récitant.

— Je n'en avais pas envie. Je l'apprécie, mais je ne veux pas passer pour un stupide pot de colle. Les gens s'imaginent trop vite des choses.

Il haussa les épaules. Pour l'instant, mon mensonge semblait l'avoir convaincu. Mais combien de temps réussirais-je à lui dissimuler que Logan me détestait un peu trop violemment ?

Je n'avais vraiment pas envie de mêler Milo à tout ça. Rien que l'imaginer s'attirer des ennuis pour un idiot me faisait me sentir mal.

— Au fait, il faudra qu'on discute, fit-il distraitement. À propos d'Ylan.

— De qui ça ?

— Du demi-frère de ma sœur.

Je ne pus m'empêcher de pâlir légèrement et de baisser la tête lorsque je compris. Il voulait que l'on parle de ce type.

Milo le remarqua et se reprit aussitôt :

— Je veux juste t'expliquer le lien qu'il a avec ma famille ! Les Wildstone sont, en quelque sorte, une famille recomposée par dessus une recomposition. C'est juste pour que tu comprennes que je n'ai aucun lien avec lui.

Je me détendis légèrement, rassuré.

— Par contre, je veux que quelque chose soit clair.

— Quoi ?

— Je ne te parlerai pas de mon enfance sans retour de ta part, je ne veux pas être le seul à faire un effort là-dessus.

Je haussai les épaules. Pour l'instant, son enfance n'était pas un sujet qui m'intriguait plus que cela. Enfin, j'avais plutôt intérêt à ne pas m'y intéresser car moi, je n'étais toujours pas prêt à lui raconter le moindre détail de la soirée.


Une fois rentrés, quelques minutes de trajet plus tard, Milo me fit raconter toute ma journée – et je passai sous silence les détails qui m'arrangeaient –, puis il passa un bon quart d'heure à râler contre l'administration du lycée qui ne nous avait pas mis dans la même classe.

— Au fait, que te voulait monsieur Nëja ?

— Qui ça ?

— Le professeur de mathématiques. Il t'a donné une tonne d'exercices et tu es sorti après tout le monde, selon les dires de Mélody.

— Il voulait me dire que j'étais très doué en mathématiques, voilà tout, fis-je un peu sèchement.

Savoir qu'un enseignant avait une capacité particulière pour assimiler les moindres détails et reconstituer une histoire était plutôt effrayant, surtout que je ne voulais pas mêler Milo à ma... disons dispute, avec Logan.

— Ah ? Mais...

— Tu es très bon en littérature, apparemment ? le coupai-je, croisant mentalement les doigts pour qu'il ne revienne pas sur mon sujet.

Enfin, je les croisai mentalement et les craquai réellement pour vaguement me donner une contenance.

— Oui, fit-il, un peu surpris par mon changement de sujet. C'est ma matière favorite.

Je n'ajoutai rien et, curieusement, il fit de même.

***

Milo s'affala sur le canapé.


— Bon, parlons d'Ylan, dit-il.

Dehors, la nuit était presque déjà tombée. Nous avions passé l'après-midi à faire nos devoirs pour le lendemain.

— Ok, dis-je en m'asseyant un peu plus délicatement que lui.

— Déjà, sache que je suis le fils de Jean Wild, et non pas Wildstone.

— Hein ? fis-je, perdu.

Il ne put s'empêcher de rire devant ma réaction.

— Mon père s'appelle Jean Wild, et ma belle-mère Sarah Stone, m'expliqua-t-il. Lors de leur mariage, les deux ont fait fusionner leurs noms par souci d'égalité, comme ça, aucun d'eux n'abandonnait réellement le sien.

— Bizarre.

— Mon père et Sarah étaient amants depuis trèèès longtemps, poursuivit-il. Ma mère, Belle, a fini par le savoir et l'a quitté. De même pour l'ancien conjoint de Sarah.

— Et donc, que vient faire ce Ylan dans l'histoire ? demandai-je un peu plus durement que je ne l'aurais voulu.

— C'est est le fils de Sarah, tout comme Lys.

— Je croyais que c'était ta sœur.

— Ma demi-sœur, me corrigea-t-il.

— Je n'y comprends rien ! C'est la fille de qui, à la fin ?!

— C'est aussi ce que disent mes amis quand je tente de leur expliquer, rit-il.

– Mais là, je ne comprends vraiment rien. Et je ne suis pas un de tes amis.

— Mon père était toujours marié à ma mère, Belle, et Sarah à son conjoint de l'époque, elle est tombée enceinte de son amant. Elle a éduqué Lys mais voyait encore plus souvent mon père, pour que je rencontre ma demi-soeur non officielle. Après, Sarah a eu un enfant avec Martin, son conjoint de l'époque : Ylan.

— Donc Lys est le résultat d'un adultère, toi juste le fils de Jean, et Ylan le fils de Martin et de ta belle-mère ?

— Oui, c'est ça !

— Quelle famille de tordus, grimaçai-je. En plus, ton père a continué de mentir à ta mère, puisqu'ils t'ont eu alors qu'il était déjà papa en secret !

— Je confirme, fit-il. À part Lys, avec qui je ne m'entends pas toujours bien, je n'ai jamais aimé les Wildstone. Pourtant, je dois porter ce stupide nom de famille et c'est comme ça.

— Que fait ta famille pour être aussi influente ? questionnai-je alors. John Johnson t'as tout de suite reconnu, et il était presque effrayé.

— Ils travaillent. Mais je ne veux pas me joindre à l'entreprise. Je ne veux plus.

— Dans quel domaine sont-ils spécialisés ?

— Scientifique.

— Mais encore ?

— Bon, il est tard, on ferait mieux de se coucher si on ne veut pas être en retard au lycée demain ! s'écria-t-il alors en se levant.

— Hé, tu n'as pas...

— Bonne nuit, Noah, fit-il en quittant le salon.

Venait-il vraiment de fuir la conversation avec autant de naturel que moi ?!

Un soupir m'échappa.

Dans le domaine scientifique... c'était beaucoup trop large pour que je ne puisse deviner dans quoi se spécialisait la famille Wildstone.

Je remarquais que Milo avait oublié son téléphone sur la table basse du salon. Si Milo ne voulait rien me dire, Internet le ferait.

Je déverrouillais son portable, et ouvris la barre de recherche. Alors que j'allais taper le nom "Wildstone" comme mot clé, je m'immobilisais soudainement, comme paralysé.

Un violent maux de tête me prit alors. En grimaçant sous la douleur, je fermais la barre de recherche sans plus attendre, et ma migraine passa aussitôt.

Mais qu'est-ce que...

L'Écran de Contrôle.

Milo avait dû enclencher un réglage m'empêchant de me renseigner sur sa famille.

Mais quel était le problème de ces Wildstone, bon sang ?!

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