Chapitre 19 : Une question primordiale

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Joyeux Noël 2020 ! Pour l'occasion, je vais publier un ou deux autres chapitres en plus de celui-ci ! Ça sera votre sorte de cadeau, car l'histoire n'est pas encore assez avancée pour que je vous écrive un bonus sur le thème de Noël ^^"
Bonne journée !

Toujours dans le couloir de l'administration, j'entendis un éclat de voix venant d'une pièce que j'allais dépasser.

— Comment ça, ma sœur aussi doit être exclue avec moi ?! gueula Logan. Elle n'a rien fait, et mon père va nous tuer !

— C'est une HC, et elle était sous ta surveillance en raison de son âge inférieur à celui des autres élèves, rétorqua la proviseure. Si tu pars, elle part. C'était la condition pour que notre établissement l'accepte.

— Vous me faites sérieusement chier, madame.

Attendez, Logan avait une sœur... HC ?

— Logan, peux-tu aller la chercher maintenant ? s'enquit une autre voix de femme - sûrement sa mère.

— Non, votre fils ne retournera pas dans la salle de monsieur Nëja. Je vous conseille plutôt d'aller chercher un surveillant ou un élève à proximité pour le faire.

Je soupirai et pressai le pas, peu désireux de me voir encore retardé pour mon retard en classe. Je ne dus cependant pas aller assez vite, car quelques secondes plus tard, une main se posa sur mon épaule, me forçant à faire un bond et à me retourner.

La femme qui me faisait face était aussi brune que Logan. Ses yeux étaient dissimulés derrière des lunettes de soleil totalement inutiles dans un couloir, et ses lèvres avaient été maquillés d'un rouge vif. Elle portait un manteau en fausse fourrure et avait des faux ongles roses. Étonnament, son lien de parenté avec Logan ne me surprit pas...

— Dis moi, tu ne pourrais pas aller chercher ma fille, s'il te plaît ?

Elle se moquait de moi ? Si je ne connaissais ni son nom ni sa classe...

— Oh, j'allais oublier, dit-elle en riant faussement. Elle est en mathématiques avec monsieur Nëja, et elle s'appelle Mélody Kayso.

J'eus l'impression que la Terre arrêtait de tourner. Mélody Kayso. Mélody était de la même famille que... Logan.

Je reculai d'un pas, le souffle court.

— Mélody est la sœur adoptive de Logan ?

— C'est bien cela. Tu la connais ? s'étonna sa mère.

Je hochai faiblement la tête, abasourdi par ce que je venais d'apprendre, avant de tourner le dos à cette femme.

Ma seule amie dans ce lycée était la sœur du type que je détestais le plus, et elle n'avait pas jugé nécessaire de me le dire.

Bien trop rapidement, j'arrivai devant la salle de mathématiques. À en croire le brouhaha qu'on entendait malgré la porte fermée, le cours n'avait pas vraiment repris. Je frappai trois coups et entrai.

— Mélody, ta mère t'attend à l'administration, dis-je simplement, les yeux rivés vers le sol.

Pourquoi ne m'avait-elle pas dit qu'elle était une Kayso ? Il n'aurait fallu que quelques mots, prononcés ou écrits.

J'aurais compris qu'elle ne veuille pas m'en parler à l'oral.

Mais là, elle ne m'en avait pas parlé du tout.

Elle rangea ses affaires sans un mot et se dirigea vers la porte après avoir dit au revoir à la classe.

— Noah... me souffla-t-elle.

Il n'aurait fallu que quelques mots.

— Noah, je ne savais pas vraiment comment te le dire, comprends moi !

Toujours sans croiser son regard, je regagnai ma place. Je ne lui adressai pas non plus le moindre mot, car elle non plus ne l'avait précédemment pas fait.

Elle sortit finalement en fermant la porte derrière elle, ramenant le silence dans la classe.

— Merci, Noah ! fit alors quelqu'un, me faisant relever la tête.

— Si tu n'avais pas réagi aussi vite, monsieur Nëja aurait été licencié, renchérit une autre personne.

— Et comme c'est le seul professeur sympathique de tout le lycée, tu nous as vraiment rendu service !

— Hum... de rien ? tentai-je, encore extrêmement déboussolé par les récents événements.

Tellement déboussolé que je ne paniquai même pas d'être au centre de l'attention de la classe, d'ailleurs. Et pour une fois, ce n'était franchement pas désagréable de se sentir agressé par des regards bienveillants.

Cette constatation m'apaisa légèrement.

Ce qui voulait quand même dire que... que j'allais un peu mieux que depuis cette soirée.

C'est alors que la sonnerie retentit, mettant pour de bon un terme à cette heure qui m'avait semblée interminable. Nous avions encore une heure de mathématiques après la récréation, mais tout de même.

La classe se vida lentement, et alors que j'allais également sortir, monsieur Nëja m'interpella :

— Noah.

— Oui... ? fis-je avec hésitation en me retournant.

— Merci de m'avoir évité un acte stupide, tout à l'heure.

— De rien.

Il laissa planer un court silence avant de demander :

— Qui as-tu croisé à l'infirmerie ? J'ai bien vu que ton humeur avait radicalement changée entre ce matin et ton retour en classe.

J'avais presque oublié son côté profiler, le temps de ce cours. Il avait encore relevé des détails dans mon attitude pour en parvenir à milles et unes conclusions.

Maintenant, restait à savoir si je lui faisais assez confiance pour lui répondre, ou si je préférais jouer la carte prudence et garder le silence.

— Milo. J'ai croisé Milo à l'infirmerie.

— Je m'en doutais, dit-il en souriant. Mais il y a encore une question que je me pose, et pour une fois, je ne suis pas sûr d'en connaître la réponse. Qui est-il, pour toi ?

Interloqué, je ne sus que répondre.

— Si jamais vous trouvez la réponse à cette question, ce serait aimable de votre part de me la transmettre, car je cherche encore, monsieur.

— Bien, dit-il en hochant la tête. Tu peux y aller, maintenant. Mais surtout, rappelle-toi que si tu as un problème, tu peux venir m'en parler.

— Pas besoin, avouai-je en me dirigeant vers la pièce. Je préfère largement me débrouiller seul plutôt que d'embêter les autres.

— Noah...

— Mais merci quand même.

Je sortis enfin, refermant la porte derrière moi. Les couloirs étaient désormais déserts, aussi je me hâtai de regagner la cour. Une fois dehors, j'hésitai longuement entre chercher Milo pour passer le reste de la récréation avec lui ou m'asseoir dans un coin et attendre... puis optai pour cette première option.

Non pas que je ne veuille passer du temps avec lui, hum, mais plutôt pour m'assurer qu'il avait bien fait soigner sa main et être sûr qu'il allait bien. Disons cela.

Finalement, ce ne fut pas lui que j'aperçus le premier, mais Karia, qui lui courait après pour essayer de lui mettre un bonnet de Noël brillant sur la tête.

Mon acheteur finit par s'arrêter devant moi, hilare.

— S'il te plaît, dis lui que je ne mettrai pas ce bonnet ! couina-t-il en se cachant derrière moi, riant aux éclats.

J'hésitai un bref instant avant de l'attraper par le poignet pour l'empêcher de fuir, un mince sourire amusé aux lèvres, et Karia lui mit enfin un bonnet rouge clignotant sur la tête.

— T'es un traître, rigola le Wildstone.

Je haussai les épaules, ne pouvant pas contenir plus longtemps mon sourire.

Ce qui fit aussitôt sourire Milo.

Et je ne pus m'empêcher de détourner le regard, presque... gêné.

***

— Je vous ai affiché au tableau la liste des exercices que vous devez faire, annonça monsieur Nëja. Ce n'est pas car l'heure passée a été, sans mentir, chaotique, que celle-ci doit également être. Au travail, tout le monde !

J'ouvris enfin mon cahier et mon manuel, motivé à travailler.

De plus, c'était pour moi un immense soulagement de ne plus sentir la présence oppressante de Logan à la table d'à côté. Je pris donc un malin plaisir à étaler mes affaires sur sa place sous le regard amusé de notre professeur, puis me mis enfin à faire les exercices demandés.

C'est après en avoir fini la première série sur les deux censées occuper les cours de la semaine que je laissai un peu mes pensées divaguer de madame LEFRIC et de ses 223 oranges dont deux à moins quarante-cinq pourcent. Franchement, qui achetait 223 oranges dans la vraie vie ?!

Je me fis la réflexion que si les mathématiques étaient ma matière préférée, ce n'était pas pour rien. Il suffisait simplement de remplacer des formules par des valeurs concrètes, encore et encore. Dès le moment où l'on avait compris ceci, on pouvait réaliser tous les exercices du monde sans rencontrer aucun souci.

Or, quand il s'agissait d'interagir avec des êtres humains, c'était totalement différent. On ne pouvait ni prévoir leurs pensées, ni leurs réactions. Il fallait donc préparer à l'avance dans sa tête plusieurs cas de figures possibles quant à la tournure d'une conversation, et encore plus si l'on parlait avec un inconnu.

Comment faisaient les autres pour parler à des personnes sans aucune crainte de dire quelque chose de mal, de gâcher une amitié naissante ou je ne sais quoi encore ? C'était incompréhensible.

Je soupirai longuement. Mieux valait que je me reconcentre sur les exercices, je ne faisais que perdre du temps à essayer de comprendre quelque chose qui me dépassait amplement.

Puis une question me brûla les lèvres, et pour une fois, j'ignorai toute logique et la posai à notre enseignant.

— Monsieur, pensez-vous que les HC sont des humains comme les autres ?

L'ensemble de la classe se tourna vers moi, surprise, en même temps que notre professeur.

— Pensez-vous que malgré le fait qu'ils soient fabriqués, ils peuvent être considérés comme égaux aux autres ?

Je ne savais pas ce qui m'avait pris. Mais je voulais savoir.

— Pour ma part, commença-t-il avec sérieux, je considère l'ensemble des HC comme nos égaux. Ce ne sont ni plus ni moins que des humains, à la seule différence qu'ils ne sont pas nés d'une manière jugée "normale" par certains. Or, ils sont comme nous. Ils ont un ADN, un caractère, des émotions et des souvenirs. Ce sont donc des humains.

J'étais donc le seul à me croire inhumain en raison de mes origines... ? Tout le monde pensait réellement comme cet enseignant... ?

Tout le monde, sauf moi... ?

Sous le choc, je relevai la tête pour croiser son regard. Il s'était approché pour me dire quelque chose sans être entendu par les autres.

— Tu es même plus humain que d'autres, Noah, me souffla-t-il avec sérieux. N'en doute jamais.

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