Chapitre 18 : Une rage protectrice

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{Ce chapitre contient une légère évocation à l'auto-mutilation. Si jamais ce sujet est trop sensible pour vous, faites le moi savoir et je vous résumerai les grandes lignes du chapitre pour que cela ne stoppe pas votre lecture.
Prenez soin de vous,
Ashley}

Notre professeur de mathématiques me tendit un mouchoir pour que j'essuie le sang qui coulait le long de ma joue. Logan ne m'avait pas loupé.

— Va à l'infirmerie, m'ordonna-t-il.

Je hochai la tête, encore un peu tremblant à cause des événements précédents, puis quittai la salle de classe.

Je descendis les trois étages et me rendis dans le bâtiment de l'administration, puisque l'infirmerie était là-bas. J'entrai sans plus attendre.

L'infirmière du lycée vint vers moi, un peu surprise.

— Que se passe-t-il ?

— J'ai été mêlé à une bagarre et on m'a dit de venir ici.

Elle soupira et me fis asseoir sur une chaise en plastique. Elle imbiba un coton de désinfectant et le posa sur ma blessure à la joue.

— Bordel, ça fait mal, me plaignis-je.

— Il ne fallait pas se battre, rit-elle.

— C'était pour défendre quelqu'un.

— Une demoiselle ?

— Non, au contraire. J'ai dû frapper une fille.

— Pas très galant, tout ça ! fit-elle en allant jeter le coton.

— J'ai dû le faire pour encaisser la responsabilité du coup à la place d'une autre personne. L'administration n'aurait pas été aussi clémente avec elle.

— Un enseignant ? s'étonna-t-elle en posant un pansement sur ma blessure.

Après un brève hésitation, je hochai la tête.

— Je vois, dit-elle, surprise.

Elle n'ajouta rien, et je lui en fus reconnaissant.

— As-tu été blessé autre part ?

— Je ne crois pas.

J'avais pourtant encore très mal au ventre à cause du coup de Logan, et au dos car il m'avait plaqué contre un mur, mais elle ne pourrait rien y faire.

— Bordel, je te dis que je n'ai pas besoin d'aller à l'infirmerie ! cria une voix que je ne connaissais que trop bien.

— Volontairement ou non, tu t'es blessé, alors tu vas aller demander un putain de bandage pour ta putain de main car ton putain de sang a tâché ton putain de bureau ! s'énerva la voix d'un autre élève.

Je ne sus quoi dire en voyant les deux énergumènes entrer. Un garçon que je ne connaissais pas, qui devait dépasser Milo d'environ une tête et ayant une forte carrure portait celui-ci comme une princesse - une princesse se débattant de toutes ses forces, mais bon.

Mon acheteur fut lâché sur une chaise comme n'importe quoi.

— Je commence sérieusement à en avoir marre de vous, Milo et Karia, soupira l'infirmière. Il ne se passe plus une semaine sans que vous ne veniez ici pour telle ou telle raison !

— Je ne voulais pas venir, rétorqua mon acheteur en s'asseyant correctement, les bras croisés.

— Tu t'es éclaté la main, alors n'abuse pas, fit le dénommé Karia.

— Montre moi ta main, dit l'adulte au Wildstone qui serrait fort un mouchoir imbibé de sang. Et toi, Noah, tu peux retourner en cours.

— Noah ?! s'étrangla le blessé. Que fais-tu ici ?

J'ignorai sa question et me dirigeai vers lui pour voir sa main. Sa paume était barrée d'une longue griffure assez profonde... mais particulièrement droite.

— Arrête de mentir ! crachai-je. C'est une blessure volontaire.

— Non ! se défendit-il. Je ne sais même pas comment j'aurais pu me faire ça.

Je tournai les talons, prêt à quitter cette pièce, quand j'aperçus un petit objet argenté devant la porte. Je le ramassai, fis volte-face et le brandis devant Milo :

— Avec cette lame de rasoir, peut-être, connard ?! criai-je.

Karia vérifia aussitôt l'état de ses poignets et souffla de soulagement.

— C'est... c'est faux !

Une rage indescriptible était en train de monter en moi. Milo avait osé se faire du mal. En toute connaissance de cause. Et il se permettait encore de le nier.

— Noah, calme toi, dit l'infirmière.

Milo avait osé se faire du mal. Mon acheteur avait osé se faire du mal. Milo avait osé, mon acheteur avait osé, mon Milo avait osé.

Je le saisis par le col de son T-shirt, le relevai de sa chaise, la faisant tomber par la même occasion, et le plaquai violemment contre le mur.

— CONNARD ! T'AS PAS LE DROIT DE TE BLESSER ! SALE CON ! hurlai-je, hors de moi. JE TE L'INTERDIS ! C'EST CLAIR ?!

Karia m'attrapa par les épaules et me tira en arrière pour je lâche Milo, ce que je ne fis pas : je l'entraînai dans ma chute. Je nous relevai aussitôt et le plaquai de nouveau contre un mur.

— TU N'AS PAS LE DROIT, TU M'ENTENDS ?! TU N'AS PAS LE DROIT DE TE FAIRE DU MAL ! ESPÈCE D'IDIOT ÉGOÏSTE !

— JE NE SUIS PAS ÉGOÏSTE !

— BIEN SÛR QUE SI !

— JE...

— COMMENT JE FERAIS, SI JAMAIS LA DEUXIÈME PERSONNE À QUI JE TIENS EN VENAIT ÉGALEMENT À DISPARAÎTRE ? TU Y A PENSÉ ? TU N'ES QU'UN SALE ÉGOÏSTE !

— C'EST PLUTÔT IRONIQUE, PUISQUE TU ES SUICIDAIRE, NOAH !

— TU N'AS PAS DE RAISONS DE L'ÊTRE, TOI !

— SI ! SI, J'EN AI !

Je ne me rendis compte qu'à ce moment là que je pleurais.

Pourquoi ?

— Tu n'as toujours pas le droit de me reprocher des choses que toi aussi fais, Noah, dit Milo en me repoussant faiblement.

— Je ne me fais pas de mal, moi.

— Je vais devoir parler de cela au psychologue du lycée.

On se tourna vers l'infirmière, qu'on avait totalement oubliée.

— Si vous faites ça, je vous poursuivrai en justice. Et croyez moi, vous ne voulez pas vous opposer aux Wildstone.

J'écarquillai les yeux en séchant mes larmes en regardant Milo, incrédule.

L'adulte soupira longuement, désolée par le caractère de mon acheteur.

— Soit. Mais si je revois une seule scène de ce genre, je n'hésiterai pas, quitte à perdre mon emploi par la faute de ta famille.

Milo accepta en hochant la tête. L'infirmière souffla longuement en s'occupant enfin de sa main, et Karia ramassa la lame que j'avais fait tomber pour la mettre dans une poubelle.

Je restais là, immobile, tentant encore de me calmer. Ma colère était peut-être passée, mais pas cette sensation de mal-être qui m'était apparue quand j'avais insulté Milo.

Je ne devais pas culpabiliser. Il avait mérité que je lui hurle dessus.

Mais peut-être pas autant.

Je n'avais qu'à m'excuser, et cette histoire serait finie.

Or, je ne le fis pas.

— Noah ?

Je me tournai vers Milo, croisant directement son regard brun - il m'observait.

— Quoi ?

— Tu comprends ce que je ressentirai si jamais tu te blessais, maintenant ?

Ses mots pesèrent lourd sur mon cœur, tel un poids qu'il me transmettait inconsciemment.

— Mais j'en suis incapable, dis-je en pensant amèrement à mon Écran de Contrôle. Tu m'en empêches.

— Parce j'aurais trop peur, autrement, souffla-t-il en se laissant tomber contre le dossier de la chaise, les yeux clos. Je ne pourrais pas vivre avec la crainte constante de ne pas te retrouver le lendemain.

Du coin de l'œil, j'aperçus l'infirmière qui tentait de masquer son sourire attendri. Je ne compris pas pourquoi.

— Je ne comprends pas pourquoi tu tiens autant à moi, Milo.

— Je pourrais très bien te dire la même chose, sauf que j'ai déjà une petite idée de la réponse.

— Qui est... ?

— Oublie ça, dit-il en ouvrant les yeux.

Il se passa une main sur le visage, gêné.

— Je veux savoir.

— Tu finiras bien par trouver.

L'infirmière dut cette fois se tourner pour ne pas qu'on la voie rire.

— Qu'est-ce que vous avez, vous ?! m'irritai-je.

Elle nous refit face, et faillit dire quelque chose. Milo l'en empêcha en faisant "non" avec la tête, presque paniqué.

— Ce qu'elle veut dire, c'est que...

— La ferme, Karia !

— C'est que vous êtes adorables, tous les deux, rit le lycéen à la peau métisse. Carrément adorables.

Je fronçai les sourcils, perdu. Comment ça, "adorables" ? La dernière fois qu'on m'avait dit ça, j'étais avec elle, donc cela n'avait aucun rapport.

— Je ne comprends pas pourquoi tu dis ça, Karia.

Il éclata de rire. Milo détourna le retard puis s'écria :

— Bref, ma main est opérationnelle, on peut retourner en cours !

— C'est vrai que je dois être très en retard, maintenant, confirmai-je. Au revoir.

La dernière chose que je vis en quittant l'infirmerie fut Milo mettant une claque derrière la tête à Karia sous le regard de l'infirmière, qui ne put s'empêcher d'éclater de rire. C'était à ne rien y comprendre.

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