Chapitre 22 : Des explications méritées

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Les yeux écarquillés, je ne répondis rien, comme figé par ses paroles.

Que... que venait-il de dire ?

Milo était amoureux de moi ?

Mais... ça n'avait aucun sens ! Il ne se servait de moi que par obligation pour sa famille.

N'est-ce pas ?

— Je ne te crois pas, soufflai-je, alors que la seule chose que je ne croyais pas était celle que je venais de dire.

— Je te le jure, Noah, me dit-il entre ses larmes. Je te le jure sur ma vie. Je ne mens pas.

— Tu es... amoureux de moi ? Tu m'aimes ? demandai-je d'une voix tremblante.

Mais et puis quoi, encore ? Je saisissais pas. C'était étrange. Irréaliste. Un mensonge pour gagner du temps ? Cela n'avait aucun sens, sinon.

Personne ne pouvait m'aimer.

Il hocha la tête, et l'obscurité de la nuit ne suffit pas à cacher ses joues rouges.

Milo... m'aimait. Je ne savais pas vraiment quoi dire.

J'étais pourtant dénué d'intérêt. Un ridicule adolescent fabriqué en laboratoire, incapable d'être normal ou d'assumer ses actes. Incapable de vraiment aimer.

La seule chose logique qui me vint à l'esprit fut de repasser du côté sécurisé de la barrière à laquelle je me tenais.

— Noah...

— Quoi ?

Ce mot m'avait échappé par automatisme. Je savais que j'aurais dû répondre quelque chose de plus doux, de plus calme, mais je m'étais habitué à dire rapidement ceci après qu'on m'appelle par mon prénom.

Milo, toujours à genoux et les joues rougies trempées de larmes, semblait chercher ses mots, ceux qui feraient une fois de plus basculer cette soirée. Moi, debout, j'attendais qu'il les trouve avec appréhension.

— Et toi ? me demanda-t-il simplement.

Je n'eus pas besoin de lui demander de préciser sa phrase, j'avais très bien compris ce qu'il me demandait.

Presque angoissé par cette question à laquelle je ne savais que répondre, je reculai légèrement, et ce fut la barrière métallique qui m'empêcha de chuter de trente mètres de haut.

— Je ne sais pas, balbutiai-je précipitemment. Je ne sais pas vraiment. Je ne sais vraiment pas. Je ne...

— Ce n'est pas grave, dit-il simplement. Prends tout le temps que tu veux pour trouver ta réponse.

Je n'ajoutai rien.

Il se releva enfin, visiblement un peu calmé.

— Rentrons, et je t'expliquerai tout, absolument tout sur ma famille. Je ne veux plus mentir.

Je n'hésitai qu'une brève seconde avant de le suivre.

***

Nous étions désormais dans le petit salon de lecture de la villa, assis sur deux "poufs" transparents remplis d'une sorte de gelée incolore pour les rendre agréables.

— Quand m'as-tu vu pour la première fois ?

Il écarquilla brièvement les yeux, surpris que j'ai choisi cette question pour commencer, mais se ressaisit bien rapidement.

— Cette question est probablement celle à laquelle je vais avoir le plus de mal à répondre, avoua-t-il, penaud.

— Pourquoi donc ?

— Car tout dépend de ce que tu entends par "voir", étant donné que tu étais l'un des deux HC dont je devais m'occuper de la création.

{D'ailleurs, si au moins trois lecteurs étaient ravis de le lire, je compte écrire un bonus, peut-être publié après l'épilogue, qui raconterait le moment de la Création de Noah, comme c'est Milo qui s'en est chargé !}

— C'est vraiment toi qui as dû te charger de moi ? m'étonnai-je un peu.

— Oui, et je suis même la première personne à t'avoir parlé.

— Non, c'était Ayah.

— Et non, dit-il avec un léger sourire. Ce que Johnson ne vous a pas dit, c'est que dès le moment où votre création était finie, vous étiez déjà conscients. C'est juste que votre mémoire ne s'était pas encore réellement enclenchée, donc vous n'en avez gardé aucun souvenir.

— C'est-à-dire que nos cerveaux ont oublié les quelques temps après notre création, comme ceux des humains lambdas lors de leurs premières années de vie ?

— C'est exactement ça ! Si la période où un humain normal n'a aucun souvenir va de trois à quatre ans, celle des HC ne dure que 20 à 30 minutes. Passé ce délai, il commencera à se souvenir de ce qu'il voit. C'est pour ça qu'on ne doit jamais rester avec eux après la fin de la vingt-cinquième minute, par précaution, et laisser la place à Ayah !

— Je comprends.

Si je me laissais aller au silence, j'allais repenser à ce qu'il m'avait dit plus tôt et ce serait une très mauvaise idée.

Je réfléchis donc puis repris la parole.

— Pourquoi m'as-tu acheté ?

— Car tu me l'as demandé.

— Je n'ai jamais fait ça.

— Si, me répondit-il, un peu gêné. À ton premier réveil – celui que tu as oublié. Quand je t'ai dis que je devais te rendormir, tu as été pris de panique et tu m'as fait jurer qu'on se reverrait.

— Et tu as accepté sans batailler ?

— En effet.

C'était à ne rien y comprendre.

— Explique moi pourquoi Ylan se trouvait près des locaux de John Johnson, demandai-je ensuite.

— Tu... est-ce que tu as lu quelque chose concernant une dispute entre ces deux là ?

Je hochai la tête.

— Si j'ai bien compris, Johnson a refusé la requête d'Ylan, qui était d'augmenter le nombre d'HC par session.

— C'est exactement cela. Et ce connard a très mal pris le fait de ne pas avoir eu le dernier mot dans cette affaire. Il tenait absolument à se venger envers John.

C'est alors que je compris.

Cela me fit un choc, immense, l'effet d'une bombe.

Mon souffle se coupa quelques secondes.

— Cette soirée là... il n'en avait pas après Anaëlle, mais après moi ?

Il voulait... me détruire, pour nuire à Johnson.

Ces mots me brisèrent un peu plus le cœur.

C'était de ma faute si... si Anaëlle...

— C'est exactement ça, avoua Milo, les yeux baissés sans savoir quelle était ma dernière pensée. Voir que mon père l'a ensuite défendu face aux médias m'a rendu dingue, et j'ai quitté l'entreprise.

Tout s'expliquait, à mon plus grand désarroi. Tous les faits évoqués dans l'article que j'avais lu étaient en fait des conséquences à une seule dispute.

Pendant plusieurs minutes, je restai silencieux, essayant de calmer le tourbillon de pensées qui m'agitait. Je connaissais enfin les grands traits de l'histoire, il n'y avait plus de place au hasard.

Et je ne sus si cela m'apaisa ou me donna envie de me rouler en boule pour hurler fort, très fort, toujours plus fort.

— Noah ?

Je sursautai légèrement en me retournant vers Milo.

— Je sais que je ne suis pas bien placé pour exiger des réponses, mais... je voudrais savoir quelque chose. Pourquoi étais-tu à l'infirmerie quand Karia m'y a emmené ?

Je baissai soudainement les yeux, nerveux. Dénoncer Logan ? Garder le silence ?

— J'ai été mêlé à une bagarre, dis-je lentement, craignant de brusquement regretter mes paroles. J'ai frappé quelqu'un pour que monsieur Nëja ne le fasse pas. Ça a énervé une autre personne, et nous nous sommes battus.

— Et qui étaient ces deux personnes ? demanda-t-il doucement, hésitant visiblement à me faire dire la vérité.

Jouant nerveusement avec mes mains, je ne mentis pas.

— Callia et Logan.

— Logan Kayso ? Le type avec qui tu es en binôme ?

— On ne se parle jamais autrement que par des insultes et des menaces, mais oui, lui.

Milo écarquilla les yeux, et je me rendis compte avec effroi que je venais de révéler la manière dont le Kayso me traitait.

— Oublie ça, demandai-je précipitamment.

Trop d'émotions en une soirée. Je me sentais mal. Allais-je perdre connaissance ?

— C'est hors de question ! s'exclama-t-il en se relevant. Tu viens à mi-mots d'avouer que Logan t'harcelait !

— Ce n'est pas du harcèlement, répliquai-je sans grande force.

— Bien sûr que si, Noah !

— Je te dis que n...

— D'autres personnes sont-elles au courant ?

— Ses amis, avouai-je à contrecœur, les yeux  mi-clos. Et monsieur Nëja, qui a deviné en à peine quelques secondes.

— Alors lui, il va m'entendre ! Le connard !

— Mais pourquoi tu t'inquiètes autant pour moi, à la fin ? Je peux gérer ce qu'il se passe !

— Mais tu le sais très bien, alors pourquoi tu redemandes ?! s'exclama-t-il en se retournant vers moi.

Je rougis sans le vouloir.

Oui, maintenant je comprenais pourquoi il était aussi protecteur envers moi, mais...

Pendant quelques longues secondes, personne ne dit rien.

— Demain, on ira parler à la proviseure, décréta-t-il finalement. Je m'assurerai personnellement que Logan ne mette plus jamais les pieds dans cet établissement si besoin.

— Non ! refusai-je, soudainement bien éveillé. Si Logan est exclu, Mélody le sera aussi.

— Ah bon ?

— Je ne peux pas te dire pourquoi, mais sache que c'est la vérité.

Une part de moi me disait de le laisser faire exclure les deux Kayso, mais une autre me disait que Mélody était la seule personne que j'appréciais après Milo.

— D'accord, soupira-t-il en se rasseyant. Alors, comment faire pour être sûr que Logan ne te fera plus de mal... ?

Il réfléchit quelques secondes avant de se redresser d'un bond, enchanté :

— Je sais, tu vas venir dans ma classe !  Comme ça, je pourrais m'assurer personnellement que personne ne te fasse de mal.

Le pire dans tout cela fut que je ne trouvai aucun argument pour contre sa joie et qu'il suffit de quelques mails pour que cela soit approuvé par la proviseure. Je changerai donc de classe lundi prochain.

Et, même si je ne l'avouerais pour rien au monde... si j'avais trouvé des arguments pour empêcher cela, je les aurais gardés pour moi.

{On se rapproche beaucoup des 1K de lectures, je suis tellement heureuse *^*}

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