Chapitre 33 : Difficultés et basket

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Le week-end s'était ainsi terminé.

Milo et moi étions donc rentrés à Zéphyr-Sur-Mer alors que, grâce à Sarah, Ylan fut mis en garde à vue aux alentours de dix-neuf heures. Le commissaire avait approuvé l'idée que dans cette affaire, s'il était laissé en liberté avant qu'elle ne remonte jusqu'à un tribunal, il aurait le temps d'inventer d'énièmes faux alibis avec ses complices... j'étais choqué de voir à quel point on me prenait au sérieux alors que le jour même de la soirée, on avait ri et m'avait pris pour un imbécile cherchant à attirer l'attention.

Tout était plus crédible lorsqu'on était secondé par une policière et un avocat, visiblement.

***

— Tu es sûr que tu veux aller au lycée ? me questionna Milo avec un regard sincèrement inquiet.

Il venait de se garer sur le parking.

— Oui, répondis-je. On a déjà séché les cours pour aller à Disneyland, je te rappelle !

Il rit légèrement, ce qui m'arracha un sourire.

— Compris ! Soyons réglos cette semaine.

On descendit de la voiture sans plus attendre, pressés par la sonnerie stridente annonçant le début des cours de la journée.

L'un des avantages qu'avait engendré son ancien coup de gueule pour être dans la même classe avait un avantage : nous avions le même emploi du temps et, logiquement, les mêmes professeurs, soit monsieur Nëja pour les mathématiques et la littérature. Nous commencions d'ailleurs par ce cours là.

– Ça va me faire bizarre de revoir Liam en tant qu'enseignant, commenta distraitement Milo.

— Cieux, appelle le par son nom de famille ! le réprimandai-je, gêné de la familiarité qu'il employait envers cet adulte.

Adulte que nous avions certes vu avec ses deux compagnons puis totalement bourré dans une discothèque, mais adulte tout de même.

Il n'essaya pas de répondre - et c'était tant mieux, car il avait perdu ce débat avant même de commencer !

Les autres élèves rentraient petit à petit dans la salle, y compris Milo, et le couloir se faisait de moins en moins bruyant. D'autres faisaient de même dans la pièce d'en face. Cependant, je me figeai en apercevant quelqu'un.

— Ce bahut me manquait presque, enfoiré, déclara distraitement Logan en craquant ses doigts.

— Va en cours et laisse moi tranquille.

Il m'effrayait beaucoup moins qu'avant. Comparé à Ylan et ses complices, il n'était qu'un imbécile de service ; violent et intolérant.

— Comment tu me parles, pédale ?

Mon poing se serra instinctivement.

Comment avais-je pu me laisser apeurer et frapper par ce type ?

Je fis un pas en avant. Ma propre colère menaçait de guider mes actes, comme aidée par ma fatigue, et je n'étais pas vraiment sûr ni de savoir ni de pouvoir la retenir.

Il fit de même, et mon regard accrocha le sien. Je ne baissai pas la tête.

La haine que nous ressentions mutuellement était tellement puissante qu'elle me semblait physique, comme si, d'un coup, plus le moindre courant d'air ou le moindre son ne pouvait suffire à nous séparer. J'allais lui casser la gueule et lui faire regretter son comportement.

— Cessez immédiatement, je vous prie.

Une personne posa ses mains sur nos épaules pour nous forcer à reculer : monsieur Nëja.

— Kayso, vous venez juste de revenir. Ne serait-il pas dommage de vous faire exclure de nouveau mais cette fois, définitivement ? Ne vous approchez plus de Noah et rentrez dans votre salle.

Il me lança un dernier regard haineux et obéit.

— Ne te laisse pas emporter, me souffla mon enseignant avec sérieux en se tournant vers moi. Je vois bien que tu es en colère, et c'est tout naturel, mais... dirige la contre les ennemis qui en valent la peine à long terme. Si Logan te frappe, il sera renvoyé, mais si tu le fais sans raison, il pourrait porter plainte et entacher ton casier judiciaire, ce qui diminuerait ta crédibilité au tribunal. Lever la main sur lui, c'est lâcher la corde mentale qui retient Ylan et le laisser s'échapper, tu comprends ?

Je hochai lentement la tête, calmé.

— Merci, dis-je avant de rentrer dans sa classe pour m'asseoir à côté de Milo, qui commençait sérieusement à se demander pourquoi je n'étais pas rentré si l'on en croyait sa mine adorablement inquiète.

— Tout va bien ? Que s'est-il passé ?

— Rien de bien important, et le problème est réglé, assurai-je en lui prenant la main. S'il s'en prend à moi, monsieur Nëja le fera virer, comme ça, je n'aurais aucun souci.

Encore une fois, je n'eus rien besoin d'expliquer. Il semblait avoir très bien compris à qui je faisais allusion. Cela me plaisait fortement, d'ailleurs : j'avais bien conscience d'être très mauvais en communication - verbale ou non -, alors cela m'aidait grandement à ne pas me laisser submerger par une vague de panique due à l'idée de ne pas satisfaire son interlocuteur avec ma réponse.

— Bien, bonjour à tous, fit notre professeur. Je suis de retour après m'être octroyé quelques jours de congés bien mérités qui se sont finalement avérés bien chargés, ce qui m'épuise légèrement - je hais la personne ayant décidé que les cours commençaient à huit heures. Malheureusement pour vous, je dois vérifier que vous avez bien appris vos leçons. Rangez vos cahiers et sortez une copie double.

Une vague de protestation lui répondit, et il ne réagit que par un léger sourire amusé.

— J'ai oublié de réviser, couina Milo, dépité.

— Pourtant, je t'ai envoyé les cours ! rétorqua Karia, lui-même peu confiant.

Il avait raison : j'avais, la veille, emprunté le téléphone de mon petit-ami pour travailler et m'occuper l'esprit pendant quelques minutes. Comme à mon habitude, j'avais tout retenu, de la façon que son ami avait de faire ses "f" sans boucle du bas au moindre mot qu'il avait rédigé.

Avec un soupir amer, je me fis la réflexion que ma mémoire était bien étrange.

***

— Un contrôle surprise de mathématiques dès le lundi matin, grimaça Karia en sortant de la salle, juste avant nous. Je n'y crois pas. Je croyais que monsieur Nëja nous aimait bien.

— C'est une trahison, renchérit Milo.

— N'exagère pas, c'était facile, lâchai-je en remettant correctement la capuche de mon pull par-dessus mon sac.

L'intégralité de la classe se retourna vers moi, y compris notre enseignant, les yeux écarquillés. Je me sentis rougir. J'étais le seul à penser ça, donc.

Je ne m'attardai pas et, les mains partiellement rentrées dans mes manches pour en sentir le contact irrégulier rassurant, je me dépêchai de marcher vers notre salle de cours suivante, le cœur battant trop vite. Ma montée de confiance face à Logan m'avait presque fait oublier à quel point je haïssais attirer l'attention. Ridicule.

Cette peur, contrairement à beaucoup d'autres qui me tracassaient, était totalement injustifiée et déraisonnable. Mais pourtant, il suffisait que des personnes autres que Milo, Karia, monsieur Nëja, Raphaël et Sarah se tournent vers moi pour que je me sente oppressé et menacé. À cela s'ajoutait mon incompréhension constante des sous-entendus et du sarcasme, ce qui m'empêchait presque entièrement de converser "normalement".

Cela avait quelque chose d'épuisant.

Nous avions désormais une heure de sport. Je quittai le bâtiment sans attendre Milo, espérant que cela ne le vexe pas, et me dirigeai vers le gymnase.

Je croisai brièvement le regard de madame Saphir, la professeure, avant d'entrer dans les vestiaires des garçons.

Je n'avais pas envie de me changer tout en sachant qu'un autre membre de la classe pourrait débarquer n'importe quand. Surtout que, sauf erreur de ma part, les cours de sport étaient partagés une semaine sur deux avec mon ancienne classe... où se trouvait Logan.

Je soufflai longuement, tremblant. Cela faisait longtemps que je ne m'étais pas senti aussi vulnérable, comme dans les locaux de John Johnson. Ma fatigue mentale et le retour de mes souvenirs avait dû m'affecter et m'inquiéter encore plus que ce que je n'avais imaginé. J'en avais marre de me sentir aussi faible pour réaliser des actions banales. C'était terriblement frustrant.

Je m'empressai de retirer mon pull rouge bordeaux et mon T-shirt noir, puis enfilai mon débardeur de la même couleur, nerveux. C'était bien pire avec le retour de mes souvenirs.

— Tu as fait vite, dis donc ! s'exclama Milo en entrant dans le vestiaire, me faisant sursauter. Pourquoi tu t'es autant pressé de partir ?

— J'étais mal à l'aise, soufflai-je pour ne pas être entendu par les autres élèves qui arrivaient, amenant avec eux un brouhaha agressif pour mes oreilles.

— Bah, pourquoi ?

Il jeta négligemment son sac à côté du mien et, après m'avoir adressé un sourire lumineux, il sortit sa tenue de sport.

— Tu sais, ça a juste un peu surpris que tu aies autant de facilités en mathématiques, fit-il en haussant le ton pour se faire entendre.

Un détail me fit étrange : face au bruit ambiant qui s'accroissait, je baissais la voix dans le but de ne pas attirer l'attention alors que Milo allait presque jusqu'à crier.

— Je n'aime pas quand les gens me regardent, admis-je.

Rassuré par sa présence qui éclipsait largement la mienne, je finis de me changer.

— Pourtant, tu es beau, alors les gens te regardent beaucoup.

— Je ne...

— Tatata, ne nie pas ! s'écria-t-il en me posant un doigt sur les lèvres pour me réduire au silence. Tu es beau, mon pafa.

Je me contentai donc de hocher négativement la tête.

Sans même ressentir le besoin de me justifier, mon apparence me déplaisait toujours autant que le jour des enchères de Johnson. Trop banal, trop... moi, peut-être ?

— Mais tu es parfait, Noah.

Sur ces mots, il m'embrassa tendrement sur le front.

Je rougis brusquement. Quelques élèves lâchèrent des "oooooh, mignon" et d'autres se hâtèrent de sortir avec agacement. Logan en faisait parti.

— Je t'aime, dit Milo un peu plus bas pour ne pas trop me mettre mal à l'aise. Ne te sous-estime pas.

J'avalai ma salive avec difficulté, le regard fuyant.

— Mais... je...

En réalité, je ne savais même pas quoi dire. Certes, la beauté était subjective, mais... comment pouvait-il apprécier mon apparence alors que moi, je la détestais ?

— Compte sur moi pour te lister tout ce qui est parfait chez toi une fois rentrés à la maison ! Mais pour l'instant, il faut sortir des vestiaires, ou la prof va s'impatienter.

Gêné, je gardai le silence et le suivis dans la salle principale du gymnase. Quelques semaines plus tôt, nous y avions couru et j'avais magnifiquement battu Logan en plus de lui rendre son vicieux croche-patte.

— Bonjour tout le monde ! gueula littéralement madame Saphir pour attirer notre attention. J'adore les cours partagés, mais je déteste hurler. Le prochain à me couper la parole servira d'esclave au meilleur élève du jour, compris ?

Étonnamment, le silence revint aussitôt. J'en déduisis qu'elle ne plaisantait qu'à moitié.

— Bien, c'est mieux comme ça ! Donc, je disais...

Un grand sourire étira ses lèvres.

— Aujourd'hui, nous allons jouer au basket. Bien évidemment, je jouerai avec vous, j'aime bien trop ce sport pour rester spectatrice. Les dispensés arbitreront.

Je souris également. Cieux, du basket ! Une véritable opportunité de m'amuser un peu dans cette journée angoissante. C'était certes un sport d'équipe, mais... je savais y jouer, et bien, même si mon individualisme m'attirait souvent les foudres de mes anciens camarades de session en plus de me faire commettre quelques banales fautes.

— C'est moi qui vais réaliser les équipes, poursuit madame Saphir. Comme nous sommes au total quarante joueurs, cela fera huit équipes, qui s'affronteront tour à tour, un peu comme un tournoi. Les matchs seront bien plus courts que les matchs officiels car nous n'avons pas énormément de temps - maudite soit l'éducation nationale !

Elle nous fixa tous longuement, un à un, avant de décréter :

— La première équipe sera constituée de Noah, Milo, Karia, Mélody et Isis.

Si les deux noms ayant suivi le mien m'avaient ravi, le troisième me tendit. Mélody. Évidement, si l'autre brute était revenu, sa "sœur" aussi.

— La seconde sera celle de Logan, Maëva, Enzo, Taylor et Emma.

Je serrai les dents. Il ne fallait pas être bien malin pour comprendre que les deux premières équipes à s'affronter seraient celles-ci : or, la deuxième était constituée des personnes m'ayant un jour bloqué dans une classe vide pour me traiter de pédale et me frapper. Je reconnaissais leurs visages.

La partie ne serait pas une compétition, ce serait une véritable reprise de la guerre froide.

— Salut, Noah...

— Salut, répondis-je froidement à l'autre HC.

Sa ressemblance avec Arayah me déplut tout particulièrement à cet instant. Jouer au basket avec elle risquait de m'énerver plus qu'autre chose, finalement. 92 était la seule à supporter mes sautes d'humeur et à ne jamais abandonner la moindre partie qui nous opposait. C'était mon adversaire, alors en voir la version moins élaborée tenter de reprendre ce rôle, c'était terriblement énervant.

— Tu sais, je... je suis sincèrement désolée de ne pas t'avoir parlé de ma famille plus tôt.

Je ne lui accordai même pas un regard et me dirigeai vers Milo, Karia et la dénommée Isis. Mélody me suivit de près.

— Je sais que j'ai mal agi, surtout quand on sait quelle attitude avait Logan envers toi.

— Non, vraiment ? répliquai-je sarcastiquement.

Je me tournai vers la fille que je ne connaissais pas mais qui était pourtant dans ma classe pour essayer de l'analyser un peu et de prévoir ce qu'elle vaudrait sur le terrain, mais l'HC m'attrapa par le poignet pour attirer mon attention. Je me dégageai brusquement de son emprise. Elle ne m'effrayait pas et je ne faisais pas le lien avec Ylan, mais... son toucher me mettait mal à l'aise - me dégoûtait, même. J'étais de très mauvaise humeur.

— Laisse-moi tranquille, ordonnai-je en fronçant les sourcils.

Je passai ma main là où elle m'avait tenu. Cela calma légèrement mon malaise.

— Je t'ai dit que j'étais désolée, bon sang ! s'écria-t-elle, blessée par mon geste. Pourquoi ne veux-tu pas me laisser la moindre chance de remonter dans ton estime ?

J'ouvris la bouche pour répliquer, mais Milo fut plus rapide : il passa son bras autour de mes épaules et lui lança un regard noir, ce qui me rendit encore plus fier de l'avoir à mes côtés. Son contact ne me dérangea même pas, ce qui me fit légèrement sourire.

— Très badass, tout ça, mais maintenant, il faut aller sur le terrain, intervint Karia. On a des cons à battre.

Mon sourire devint tout de suite plus malicieux. En effet, mauvaise équipe ou non, nous devions aller jouer et écraser nos adversaires.

Si la bagarre était le point fort de Logan, le basket était sans aucun doute le mien. C'était un sport qui me faisait me sentir vivant. À mes yeux, attraper la balle rugueuse et contrôler sa trajectoire, que ce soit en l'air ou sur le sol, étaient deux choses inestimables.

Mélody semblait déterminée à gagner, elle aussi.

— Si tu joues bien, je te reparlerais, lui soufflai-je en la dépassant pour rejoindre le centre du terrain.

Mon équipe fit face à celle, bien trop confiante, à celle de Logan. Je croisai son regard. Je ne le laisserai pas gagner.

C'est sur cette pensée que le match commença.

Madame Saphir, confortablement assise avec les autres élèves de l'autre côté du gymnase, appuya sur le bouton jaune du chronomètre qu'elle portait autour du cou et siffla un grand coup pour nous en prévenir.

Pendant vingt minutes, le temps me sembla comme suspendu tant je l'appréciai. J'avais presque oublié à quel point il était bon de dribbler, de faire la passe, de recevoir et de tirer. Je remarquai bien vite que Mélody avait les mêmes aisances que moi. Je me laissai emporter par l'agréable sentiment que ce sport me provoquait.

Et lorsque le sifflet retentit une deuxième fois, les autres élèves acclamèrent bruyamment une équipe : ce n'était pas celle de Logan.

— 16 à 0 ! s'extasia la professeure, émerveillée. Incroyable !

Un large sourire étira mes lèvres. J'étais fier. Nos adversaires, eux, étaient dépités. Bien fait.

— Putain, tu es genre... beaucoup trop fort ! me cria Karia.

Durant la partie, je n'avais cessé de crier des ordres aux autres joueurs pour être plus efficaces - avec une bonne technique et de la rapidité, être entendu des ennemis m'importait clairement pas. Il me semblait que cela avait bien marché pour notre équipe.

— Allez vous changer, conclut madame Saphir, vous transpirez tous. Revenez aussitôt que vous avez fini, le match suivant aura déjà commencé.

Ce retour à la réalité me tendit légèrement. Il fallait retourner aux vestiaires, avec seulement deux "alliés" mais trois enfoirés dangereusement vexés à supporter...

☆☆☆

Salut ma team ! J'espère que ce chapitre vous a plu, même si, en soi, il ne contient pas grand-chose d'intéressant du point de vue de l'intrigue (il fallait tout de même que je fasse, en quelque sorte, le point sur l'état mental de Noah !)^^"

De base, le chapitre faisait 600 mots de plus, mais... j'ai préféré couper et reporter au suivant. Sinon, il faisait vraiiiiment trop long. Même si j'aime bien ce qu'il se passe ensuite T-T

Enfin, vous vous en souveniez sûrement, mais là, on entre vraiment dans un arc de vengeance ! On se rapproche vraiment de la fin, et comme je suis une auteure responsable, je dois résoudre chaque problème et chaque embrouille que j'ai créés, et croyez-moi ils sont nombreux XD

Bref bref, on se rapproche des un an de cette histoire ! Je vous publierai un chapitre le jour J (09/07/2020), comptez sur moi ^^

D'ailleurs, je dois savoir quelque chose ! Avez-vous une adresse mail ? C'est en rapport avec l'idée potentiellement stupide que j'avais évoquée au chapitre précédent ^^ (je ne veux pas la connaître, juste savoir si vous en avez une)

Bonne journée, ma team HNC ! ♡

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