Chapitre 13 : La paire

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Cette nuit-là, le ciel était dépourvu d'étoiles. Les seules sources de lumière étaient les sirènes des gyrophares hypnotisant de la police. Il y avait des héros aussi. Ils avaient éteint le feu. Mis à part ça, le silence bourdonnait dans mes oreilles comme un murmure assourdissant. Nous étions en deuil. Eux, de l'échec de leur mission et de toutes les personnes qu'ils n'avaient pu sauver et moi, de la personne que j'avais été.

Il s'était mit à pleuvoir sur nos têtes comme pour approfondir notre accablement. J'étais recouverte de sang et de suie, les yeux rivés sur les chaînes à mes pieds, blottie dans une couverture de survie, lorsque je la rencontrais. Une femme aux longs cheveux noirs comme la nuit et dont les yeux azurs étaient semblables à deux puits sans fond. Je me noyais dans ce regard indescriptible, comme s'il s'agissait de ma bouée de sauvetage au milieu d'une mer déchaînée. 

- Comment tu t'appelles ? Me demanda t-elle en s'agenouillant à ma hauteur.

- Yumeko, m'étais-je entendu répondre.

- Bien Yumeko, ça te dirais de venir avec moi ?

Un cri strident m'arracha violemment du sommeil. J'avais les joues trempées de larmes et mon cœur battait à une allure folle sous ma poitrine. Je sautais de mon lit et me précipitais dans la salle commune, alertée par ce cri qui m'avait tiré de ce rêve déchirant.

J'y trouvais Nemuri en pleine forme en train de discuter avec Todoroki et ne comprit rien à la situation. Je l'interpellais et les deux se tournèrent simultanément vers moi.

- Oh tiens, c'est toi Yumeko, l'entendis-je dire.

- Oui, c'est moi. Maintenant expliques-moi pourquoi tu t'es soudainement mise à hurler ? Lui demandais-je, sur les nerfs.

- Je t'ai réveillé ? Désolée, je venais pour te chercher mais je suis tombée sur Todoroki dans le noir et je me suis fais une frayeur toute seule, dit-elle en se grattant la nuque.

Un ange passa.

Je soupirais et passais une main sur mon visage. Elle était irrécupérable. J'avais bien cru qu'il s'était passé quelque chose de grave.

Je ne sentis pas Nemuri arriver et déposer ses mains froides sur mes joues. Je ne compris pas tout de suite ce qu'elle me voulait et eu un mouvement de recul par réflexe. Mais elle passa simplement ses doigts fins sur le coin de mes paupières, les sourcils relevés d'inquiétude.

- Tu as encore fais un cauchemar ? Me demanda-t-elle.

Je posais mes mains sur les siennes et soupira faiblement.

- Tout va bien.

Elle ne semblait pas convaincue mais elle n'insista pas. Todoroki ne nous avait pas lâché des yeux et elle savait que ce n'était pas un sujet à aborder en présence de quelqu'un d'autre. Elle soupira à son tour et baissa les bras.

- Bon, par contre c'est pas en étant aussi débraillée que tu vas aller t'entraîner !

Elle m'attrapa les épaules et me fit pivoter sur moi-même avant de me pousser vers ma chambre.

- Au fait, Todoroki, l'interpella-t-elle en se retournant. Je t'embarque avec nous aujourd'hui, sois prêt dans quinze minutes !

Je la vis lui faire un clin d'œil et il ne broncha pas. Todoroki n'allait évidemment pas refuser une journée d'entraînement avec des héros professionnels. Nemuri me fit avancer jusqu'à l'intérieur de ma chambre et me chercha une tenue de sport parmi les quelques affaires dans mon placard. Je dus la forcer à sortir pour pouvoir m'habiller tranquillement. J'attachais mes longs cheveux dans une queue de cheval et rejoignais Nemuri et Todoroki dans le salon.

Todoroki s'était changé à la vitesse de l'éclair. Il avait un bermuda bleu foncé et un simple t-shirt blanc mais mon regard s'égara, je crois, un peu trop longtemps sur lui car Nemuri se racla fortement la gorge avant de me lâcher un très long regard. Je détournais les yeux avant que Todoroki ne s'en aperçoive et sortis dehors sans les attendre.

De la même manière qu'hier, Nemuri nous fit courir une heure entière sur un itinéraire complètement tiré par les cheveux à travers tout Musutafu. Todoroki tenait parfaitement le rythme alors que j'étais à la limite de vomir mes poumons.

On s'arrêta dans un parc où il y avait des installations prévues pour la musculation et Nemuri s'improvisa en vrai coach sportif. Elle nous fit suer, Todoroki et moi, à grosses gouttes. J'avais l'impression d'être un porc traîné dans la poussière. C'était vraiment charmant.

Je crus que mes bras allaient littéralement se briser lorsque je tentais une énième traction. Dans un petit gémissement, je forçais sur mes muscles pour soulever mon poids jusqu'à la barre de métal quand deux mains se posèrent sur ma taille et me hissèrent jusqu'au sommet. Après ça, je lâchais totalement et Todoroki m'évita la chute.

Je m'écartais, peu habituée aux contacts humains malgré tout, et le remerciais d'un hochement de tête. Ce à quoi il répondit par un "Y'a pas de quoi", totalement blasé.

Ce Todoroki n'avait rien à voir avec celui que j'avais voulu aider la veille. Mon camarade portait de nouveau ce masque désintéressé et calme en toute circonstance. 

L'entraînement suivit ensuite le même schéma que la veille et s'était même intensifié. Si la cadence augmentait chaque jour, je n'allais jamais tenir.

L'après-midi, Ectoplasm nous avait demandé de nous battre une première fois sans alters. J'avais brillamment tenu tête à mon camarade pendant un long moment, trouvant mes talents dans le combat à mains nues, mais il m'avait magnifiquement mis à terre dans une prise que je ne vis même pas venir.

Todoroki avait gagné et j'étais au sol, pantelante.

- Pas mal du tout, les enfants ! Commenta le héro des clones.

- Tu es une adversaire redoutable au corps-à-corps, déclara Todoroki en s'asseyant à côté de moi, essoufflé.

- Je peux dire la même chose de toi, tu as gagné.

Ectoplasm nous donna des bouteilles d'eau et j'en saisissais une comme si ma vie en dépendait. On profita de quelques minutes de pause pour retrouver nos esprits et nos forces. La journée ne faisait que commencer et nous avions déjà consommer une bonne partie de notre énergie. Et moi beaucoup plus que Todoroki.

Je me tournais, toujours allongée au sol, vers mon camarade qui me tendait une serviette propre. Je le remerciais et épongeais la sueur de mon front et de mon cou. Je me sentais si sale que j'étais prête à tout arrêter pour me ruer sous les douches des vestiaires.

Je me relevais péniblement et effectuais quelques étirements.

- Aller, on se relâche pas, déclara Ectoplasm, vous allez maintenant m'affronter avec vos alters dans un match à deux contre un.

Son sourire presque effrayant lui fendait toujours le visage et je me sentis tout à coup mal à l'aise. Je n'avais encore jamais fais équipe avec Todoroki même pendant un cours de super-héros 101. Mon camarade était souvent associé à Momo et contrairement à elle, je manquais cruellement d'expérience. J'arrivais bien à invoquer une deuxième arme mais en combat avec alters j'étais encore un vrai boulet.

Todoroki sentit sûrement mon anxiété car il attira mon attention en posant une main sur mon épaule. Son visage n'exprimait aucune émotion. Il était sûr de lui. Et je crois bien que c'est ce sang-froid qui me rassura. À travers la chaleur de sa main, je ressentais le message qu'il essayait de me faire comprendre. Aie confiance. Je hochais la tête et on se mit en position face à Ectoplasm qui nous attendait déjà.

- Bien, les enfants. C'est le premier battu ou en dehors de la limite du terrain qui perd. Désavantage pour vous puisque si un seul de vous deux perd, peu importe si l'autre peut toujours se battre, vous perdez le match, railla-t-il.

- Nous ne perdrons pas, déclara simplement Todoroki.

- J'attends de voir ça, répondit le héros en créant une horde de clones qui foncèrent droit sur nous sans attendre.

Nous les esquivions avec facilité et Todoroki lança une gigantesque vague de glace vers Ectoplasm. Celui-ci l'évita sans crainte et même avec une facilité déconcertante. Je sortis un des revolver de ma poitrine et tentais d'éliminer les clones qui nous barraient la route.

Soudainement, Ectoplasm lâcha un rire à en donner la chair de poule et les clones doublèrent, non, triplèrent. Tandis que je leur brisais le crâne avec les balles de mon arme, Todoroki les attaquait avec sa glace.

Mais nous étions complètement débordés.

Quelques clones brisèrent la distance de sécurité que nous nous évertuions à garder entre eux et nous et je ne vis pas le puissant coup de poing de l'un d'eux venir se fracasser contre mes côtes. Je fus éjectée sur plusieurs mètres et à ce rythme j'allais dépasser la limite du terrain. Nous allions perdre.

J'allais faire perdre Todoroki.

Un gros bloc de glace prit soudainement forme derrière moi et m'empêcha la sortie de terrain. Todoroki se précipita vers moi et me saisit le bras. Il me tira sur mes deux pieds et me demanda si j'allais bien. Je lui répondais par l'affirmative et il hocha la tête.

- J'ai un plan, dit-il en repoussant les clones qui s'approchaient de nous.

- Je t'écoute.

- Tu es forte au corps-à-corps, n'est-ce-pas ? Ectoplasm nous empêche de l'approcher en créant une salve de clones dès qu'il ne lui en reste que deux. Alors je vais te couvrir avec mon alter et tu vas t'approcher suffisamment de lui pour l'occuper et l'empêcher de créer plus de clones. Qu'est-ce que t'en penses ?

- On a pas d'autre choix de toute façon et ça semble être une bonne idée, lui répondis-je, déterminée.

On se mit en position d'attaque, prêts à en découdre avec le héros. Ensuite, les choses s'accélérèrent. Todoroki attendit la prochaine vague de clones pour tous les figer dans la glace et me frayer un passage jusqu'à Ectoplasm. Je fonçais droit sur le héros mais au lieu de le prendre en un-contre-un, je le surpris en sortant cette belle lame bleu ébène de mon plexus. Je me baissais et abattais l'arme sur ses prothèses pour le déséquilibrer. Il ne se laissa pas faire et tenta plusieurs frappes que j'esquivais avec peine. Il essaya de me faire reculer et je le repoussais en fonçant en ligne droite, lame en avant.

En cherchant à l'esquiver, il laissa à Todoroki le temps de l'expulser du terrain avec une puissante vague de glace. Il avait suffit d'un seul instant à mon camarade pour trouver l'ouverture.

Les yeux grands ouverts et la bouche à m'en décrocher la mâchoire, je me retournais vers mon camarade. Le froid de son attaque transforma ses expirations en vapeur et mon cœur rata un battement quand nos regards s'accrochèrent.

- Todoroki ! On a gagné ! C'était super impressionnant ! M'exclamais-je soudainement en m'approchant de lui.

Il détourna le regard, les oreilles roses. Ectoplasm nous félicita et nous avoua avoir intentionnellement laissé l'ouverture à Todoroki. Quelque peu frustrés, mon camarade et moi pestions contre le comportement du héros qui se fit une joie d'en rire.

Après ça, Ectoplasm nous fit nous battre l'un contre l'autre jusqu'à la fin de la journée. Sur dix matchs, j'avais réussi à sortir Todoroki une seule fois du terrain juste par inadvertance de sa part. J'avais juste profité de sa fatigue en soit, mais je savourais cette petite victoire. Après tout, Todoroki était sans aucun doute un des plus forts de toute notre classe.

Il faisait complètement nuit lorsque je sortis des douches communes de l'internat. Je fus surprise de voir que le repas était prêt lorsque je rejoignais la salle principale. Je remerciais Todoroki pour ses efforts et il haussa les épaules en m'assurant que ce n'était rien. On mangea une nouvelle fois en silence, plus parce que nous étions exténués de notre journée qu'autre chose.

Je m'attardais à table, beaucoup trop fatiguée pour aligner encore deux pensées correctes dans mon cerveau. Mes paupières se fermèrent toutes seules et je n'arrivais malheureusement plus à lutter contre le sommeil.

Je ne sentis pas les bras chauds de mon camarade autour de moi et me soulever de ma chaise. Je ne le sentis pas non plus me déposer dans les draps frais de mon lit et rabattre la couverture sur mon corps. Je ne sentis pas les doigts froids de sa main droite passer dans les mèches de ma frange et n'entendis pas sa voix douce résonner dans l'obscurité de ma chambre.

- Reposes-toi bien, Yumeko.

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