Chapitre 30 : L'enfant du rêve

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Le sang et le tintement des chaînes.

Les cris et les supplices. 

Le claquement des fouets et les hurlements. 

Les larmes et le désespoir. 

Et toujours cette odeur de putréfaction. Cette odeur putride des corps entassés qu'on ne peut déjà plus reconnaître. Brûlés pour ne pas laisser de traces. La fumée est un rappel que les flammes nous consument jusqu'aux os et ne laissent rien de nous. Alors on avance. On avance, dans la peur et la souffrance, sous les coups et les hurlements de ceux qui ne peuvent plus avancer. Si nous mourrons, nous sommes cendres. Si nous mourrons, personne ne se souviendra de nous.

Mais dans toute cette misère, je voyais cette petite main. Cette frêle petite main, aux si petits doigts, aux ongles crasseux et aux nombreuses égratignures. Je la reconnaissais toujours.

Elle était mon espoir.

Celle qui me ramenait sans cesse à la lumière.

J'entremêlais mes petits doigts à la sienne et, en relevant la tête, je croisais ces magnifiques prunelles vertes comme l'émeraude. J'aimais l'éclat de malice qu'on pouvait voir dans ces deux pierres précieuses. Doucement, l'enfant aux cheveux châtains me tira et me libéra des chaînes qui me retenaient aux abysses profondes.

Alors j'avançais, avec lui et sans un regard en arrière, un sentiment de légèreté réchauffant mon cœur abîmé.

Dans ce couloir blanc dans lequel nous avancions, main dans la main, inséparables, la lumière était si forte qu'aucune noirceur ne pouvait nous atteindre. Et au bout de ce long tunnel je vis une silhouette, elle était à peine plus grande que nous.

L'enfant nous attendait, un sourire tendre sur le visage et lorsqu'Hisobe remarqua sa présence, il me tira avec lui dans une course folle pour le rejoindre. Alors on avança, dans la sérénité et la douceur, et lorsqu'on fut assez proche du petit garçon que nous aimions tant, on se jeta tous les deux sur lui.

Celui-ci ouvrit grand les bras pour nous attraper et on tomba tous les trois à la renverse. Lorsque j'ouvris les yeux, mon cœur rata un battement en remarquant l'endroit où nous étions. Les sous-terrains et les flammes avaient disparus pour laisser place à une magnifique clairière. L'herbe verdoyante me chatouillait les bras et les jambes et le ciel était si bleu qu'il en était éblouissant.

Il y avait du soleil.

Et ses rayons réchauffaient doucement ma peau.

Je lâchais un hoquet de surprise lorsque je vis de longues mèches noires tomber de part et d'autres de mon visage. Mes cheveux n'étaient plus courts, mes mains n'étaient plus petites et mon corps avait grandit aussi.

Je n'étais plus une enfant.

- Yumeko !

Je me retournais vers ces deux voix graves qui m'arrachèrent un sursaut. Les battements de mon cœur s'accélèrent alors que mon regard se posa sur les deux hommes en face de moi.

Le premier était plus vieux que moi. Il avait grandit mais son regard était toujours le même que j'avais connus, plein de douceur et de tendresse. Ses longs cheveux blonds lui arrivaient aux épaules et encadraient son pâle visage où plus aucune trace de cendre ne venait souiller sa peau.

À ses côtés, il y avait aussi un garçon plus jeune. Il était à peine plus grand que moi et je reconnus tout de suite la malice dans ses yeux verts. Il était brun et malingre, sûrement bien plus fragile que le blond et son corps n'était pas recouvert de bandages.

Ils étaient si beaux.

Doucement, je me relevais, hissant mon corps sur les herbes sauvages et attrapais les deux mains tendues vers moi. Je tirais les deux garçons et passais mes bras derrière chacune de leurs têtes, les cajolant contre moi dans une étreinte affective. L'émotion me gagna et les larmes dévalèrent mes joues. Ils avaient tellement grandis. Ils n'étaient plus les enfants que j'avais connus.

- Teruko, Hisobe...

Leurs bras vinrent se resserrer sur ma taille avec délicatesse et mon corps tout entier fut secouer par de terribles sanglots. Je ne savais pas moi-même quels sentiments me traversaient. Autant de douleur de savoir ce qui leur était arrivé que de joie de les revoir enfin.

La douce main de Teruko se perdit dans ma longue chevelure alors que celle d'Hisobe frottait tendrement mon dos.

- Yumeko, tes cheveux sont de la couleur de l'obsidienne, commença Teruko.

- Et tes yeux sont encore plus précieux que l'or qui les composent, continua Hisobe.

Je resserrais encore plus mes bras autour d'eux.

- Ne partez pas, les suppliais-je.

Teruko lâcha un rire clair, nous surprenant Hisobe et moi lorsque d'un coup, il se libéra de mes bras et se jeta sur nous deux. Un petit cri de surprise s'échappa de mes lèvres et le rire d'Hisobe résonna lui aussi avec bonheur dans mes oreilles. De la même manière que nous étions arrivé dans ce petit paradis, on tomba tous les trois à la renverse, Teruko pesant de tout son poids sur nous.

- Teruko, t'es trop lourd ! S'exclama Hisobe d'un ton guilleret.

Celui-ci fit la moue, visiblement vexé par la remarque du châtain.

- Tu te moques de moi, jeune homme ? Dit-il d'une voix sévère.

Je vis Hisobe arquer un sourcil avant que Teruko ne se jette sur lui pour le chatouiller furieusement. Hisobe se tordit dans tous les sens, pleurant de rire et criant de douleur.

- La-la-lâche-moi ! Cria-t-il.

Je les regardais, en plein fou rire alors que ces deux-là se battaient juste à côté de moi. Hisobe me lâcha son regard le plus suppliant mais je lui tirais la langue pour toute réponse. Je vis le désespoir sur son visage et il recommença à se dandiner sous le supplice de Teruko.

Je ne pouvais détacher mon regard d'eux, ils étaient ma famille, les garçons les plus précieux à mes yeux. Et alors que j'étais plongée dans mes pensées, je ne les vis pas s'arrêter et m'observer à leur tour. Je sursautais lorsque je sentis leurs mains sur mes joues.

- Yumeko, m'appelèrent-ils.

Les larmes recommencèrent à couler et je me mordis la lèvre le plus fort possible pour retenir ce flot incessant qui trempait mon visage. C'est Teruko qui, dans son habituel instinct protecteur, nous prit Hisobe et moi dans ses bras.

- Allons ne pleure pas, tu rends les choses plus difficiles, dit-il de sa voix douce en me caressant la tête.

On se laissa aller dans les bras de notre grand-frère, et je pleurais silencieusement toutes les larmes de mon corps. Le châtain attrapa ma main et la porta à sa joue avant de me regarder avec tendresse.

- Yumeko, commença-t-il. Tu es notre précieuse sœur, notre seule famille et ce, quand bien même aucun lien de sang ne nous relie tous les trois. On en a vécu des choses et malheureusement, elles n'étaient pas toujours joyeuses. Mais les précieux souvenirs des moments que nous avons passé ensemble ne s'effaceront jamais.

- Yumeko, reprit Teruko. J'ai l'intime conviction que si nous ne nous étions pas rencontrés dans les flammes et les ténèbres, nous nous serions tout de même connus dans la lumière et le soleil.

Je hochais doucement la tête, comme l'enfant que j'avais été et qu'ils avaient toujours protégé le faisait. Hisobe capta une fois de plus mon regard et je l'observais, la gorge serrée alors que mes larmes floutaient ma vision.

- Nous serons toujours ensemble mais c'est encore trop tôt pour toi.

Il lâcha ma main et mon estomac se tordit par la peur.

- Tu es du côté des héros maintenant, ne l'oublie pas, continua le blond. Malgré que la vie n'a jamais été tendre avec nous, je ne veux pas que tu perdes foi en celle-ci. Avance, comme on nous l'a toujours apprit, mais cette fois-ci fais-le pour aider les autres.

Teruko me poussa l'épaule, doucement, pour me retirer de notre étreinte chaleureuse. Hisobe resta dans ses bras et, tous les deux, me regardèrent avec tendresse alors que j'étais désespérée de les perdre à nouveau.

- Donne tout ce que tu as pour vivre et devenir une héroïne qui empêchera les enfants de devenir des cobayes et des esclaves, continua Hisobe. Je ne veux pas te voir revenir ici prématurément. 

- On restera ici tous les deux, reprit Teruko en caressant les cheveux de son petit frère. Nous n'irons jamais autre part, c'est promis, on t'attendra.

- Non, ne me laissez pas toute seule ! Suppliais-je, tremblante, frottant mes yeux pour retenir mes larmes abondantes.

- Hé, comment tu t'appelles ? Me demanda soudainement Hisobe, un sourire rayonnant au visage.

Je relevais la tête, surprise, le souvenir de cet instant clair comme de l'eau de roche dans ma mémoire. Mon cœur battait la chamade et un maigre sourire étira le coin de mes lèvres.

- Yumeko...

- Moi, c'est Hisobe ! T'as intérêt de t'en souvenir !

Je les regardais une dernière fois, calmes et paisibles tous les deux, et une force inconnue me tira des songes et effaça l'image de ce petit paradis.

_________________________

Bonjour tout le monde ! 

Ce chapitre était normalement un BONUS, mais je le jugeais tout de même nécessaire et très important pour la suite alors je l'ai publié comme un chapitre normal malgré le fait qu'il soit très court.

DE CE FAIT, je vous réserve une petite surprise pour aujourd'hui ;) Ça vous dit ?

Que pensez-vous qu'était ce chapitre ? 🧐 

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